Relicte

Relicte a, comme pour le mot « relict » en anglais, eu deux vies.

Relicte avait autrefois deux significations:

  • la Relicte d'homme, synonyme de relief d'homme mort était une « amende due pour le meurtre d'un homme quand il n'y a pas peine de prison ou peine corporelle » (dictionnaire du moyen français du CNTRL[1]);
  • c'était aussi le nom pour une veuve. En anglais « relict » avais aussi la signification de « veuve ». C'était un terme utilisé dans l'Amérique coloniale (britannique) et en Angleterre et c'est devenu un terme générique ou collectif pour les veuves et les veufs[2].

Sous l'impulsion de l’anglais, et traduit depuis « relict », « relicte  » va prendre la nouvelle signification de vestige d'un phénomène naturel.

L'expression a deux signification principales en français : en biologie celle d'une espèce ou groupement végétal qui, à la suite d'une évolution du milieu, subsiste dans une station résiduelle, témoin d'une ancienne extension[3]; en géologie, celle d'un sol dont les caractères attestent qu'il s'est formé dans des temps plus ou moins anciens, et (ou) dans des conditions de milieu différentes de celles d'aujourd'hui. « Relicte  » dans son utilisation moderne peut être vu comme un anglicisme, de l'anglais « relict », qui lui-même vient du terme français « relique », du latin relictus. L'expression anglaise peut apparaître traduite en français de diverses manières par « relicte  », « reliquat  », comme dans « lac reliquat » (en anglais : relict lake, voir aussi Relict Lake (en)), relique ou « héritage » (forme relique, relict landform (en)). Relique apparait aussi comme une traduction du latin relictus, comme pour Ichthyaetus relictus, la mouette relique.

Relicte a donc les significations suivantes en français :

  • En biologie, une espèce relicte (en anglais : relict) est une espèce antérieurement plus répandue, dont la persistance n'a été possible que grâce à l'existence de conditions stationnelles favorables, par exemple topoclimatiques[4]. Il ne faut pas confondre avec « espèce relique  » (en anglais : relic), un organisme qui, autrefois, était abondant dans une grande zone, mais qui se trouve maintenant dans une ou quelques petites zones[4]. De même en écologie, un écosystème qui s'étendait à l'origine sur une grande étendue, mais qui est maintenant étroitement confiné, peut être qualifié de « relique ». « Écosystème et paysage culturel relique de Lopé-Okanda » par exemple, un site de l'UNESCO[5]. En histoire des populations (comme le révèlent les tests ADN), une population relique est un peuple ancien d'une région qui a été largement supplanté par un groupe ultérieur de migrants et leurs descendants. Dans divers endroits du monde, les groupes ethniques minoritaires représentent des lignées d'anciennes migrations humaines; dans des endroits maintenant occupés par des groupes ethniques plus peuplés, dont les ancêtres sont arrivés plus tard. Par exemple, les premiers groupes humains à habiter les îles des Caraïbes étaient des tribus de chasseurs-cueilleurs d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale. Les tests génétiques des indigènes de Cuba montrent qu'à la fin de la période précolombienne, l'île abritait des agriculteurs de l'ethnie Taïno. En outre, une population relique des premiers chasseurs-cueilleurs est restée dans l'ouest de Cuba sous le nom de Ciboneys[6]. Une relique glaciaire, (glacial relict (en)), est un organisme adapté au froid qui est un vestige d'une plus grande distribution qui existait à l'époque glaciaire.
  • En géologie, est qualifié de «  relicte », une structure ou un minéral d'une roche mère qui n'a pas subi de métamorphose lorsque la roche environnante l'a fait, ou une roche qui a survécu à un processus géologique destructeur.

Si l'on se conforme à l'anglais, relique peut ou pourrait avoir les signification suivantes:

  • En géomorphologie, une forme de relief relique est une forme de relief ou modelé, formé par des processus de surface érosifs ou constructifs qui ne sont plus actifs comme ils l'étaient dans le passé.
  • En agronomie, une «  culture relique  » est une culture qui était auparavant cultivée de manière extensive, mais qui n'est maintenant utilisée que dans une région limitée ou un petit nombre de régions isolées.
  • En linguistique historique, « relique  » est un mot survivant d'une ou de plusieurs formes autrement archaïques.

Autres utilisations en anglais :

  • «  Relict raven », le corbeau de Tasmanie[7].
  • En droit immobilier, en anglais « reliction » est le retrait progressif de l'eau par rapport à sa ligne de crue habituelle, de sorte que le terrain nouvellement découvert devient la propriété du propriétaire riverain voisin[8].

Voir aussi

Références

  1. « RELICTE : Définition de RELICTE », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
  2. (en) « Definition of RELICT », sur www.merriam-webster.com (consulté le )
  3. « relicte », sur gdt.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le )
  4. Yves Bastien, Vocabulaire forestier: Ecologie, gestion et conservation des espaces boisés, Forêt privée française, (ISBN 978-2-904740-99-2, lire en ligne)
  5. UNESCO Centre du patrimoine mondial, « Ecosystème et paysage culturel relique de Lopé-Okanda », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le )
  6. Lalueza-Fox, Gilbert, Martinez-Fuentes et Calafell, « Mitochondrial DNA from pre-Columbian Ciboneys from Cuba and the prehistoric colonization of the Caribbean », American Journal of Physical Anthropology, Wiley-Liss, vol. 121, no 2, , p. 97(12) (PMID 12740952, DOI 10.1002/ajpa.10236, lire en ligne, consulté le )
  7. « corbeau de Rowley », sur gdt.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le )
  8. Lear, P.W. 1991, Accretion, reliction, erosion, and avulsion: a survey of riparian and littoral title problems. Journal of Energy, Natural Resources & Environmental Law. vol. 11, pp. 265-285.
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