Recyclage en France

Le recyclage des déchets est en France considéré comme un élément clé du développement soutenable en tant que l'un des piliers de l'économie circulaire.

Usine d'incinération et centre de recyclage de Thiverval-Grignon (78)

Il est réglementé par plusieurs lois et décrets, qui doivent notamment appliquer la législation européenne. Il est aussi encadré par des textes récents tels que la charte de l'environnement (promulguée en 2005) ou par le Grenelle de l'environnement.

La planification globale et le financement ont été transférés de la responsabilité des départements vers les régions, aidés par l'Ademe, mais la France a favorisé la privatisation du secteur des déchets, en confiant souvent la gestion à des groupes ayant aussi des intérêts dans le domaine de la gestion de l'eau ou de l'énergie. Longtemps - et notamment tant que le pétrole n'était pas cher - ces groupes industriels n'avaient pas d'intérêt particulier à favoriser la diminution des déchets à la source, ni le recyclage.

La demande sociale et surtout celle des ONG environnementales ont joué un rôle important dans le développement du recyclage et un début de lutte contre le gaspillage.

Les statistiques officielles (européennes et nationales) proviennent essentiellement de déclarations et n'incluent pas les DTQD (déchets produits en quantités dispersées, dont plusieurs millions de tonnes de gaz, fumées, plomb de chasse ou de ball-trap (plusieurs milliers de t/an en France), le mercure ou d'autres toxiques non retenus par les filtres des incinérateurs et d'autres déchets perdus dans la nature) certains déchets agricoles valorisés comme engrais (lisiers, fumiers, déchets verts agricoles...). Elles peuvent donc sous-estimer la réalité. Les données sur les déchets toxiques et assimilés sont lacunaires.

Chiffres

Avec la prospérité économique, la France est devenue (par habitant) l'un des premiers producteurs de déchets au monde, et sa production de déchets ne cesse d'augmenter depuis les années 1900 (sans même tenir compte des déchets issus de produits agricoles et industriels fabriqués en France et exportés, qui finiront hors de France).

Les français produisent ainsi en 2006 environ 360 kg de déchets par habitant[1]. Soit pour les déchets des ménages et de l'industrie environ 445,8 millions de tonnes de déchets cette même année 2006. Une partie significative et croissante de ces déchets est recyclée, mais souvent après avoir été transportés (en polluant et émettant des gaz à effet de serre). La France est réputée avoir toujours accusé un retard de 10 à 20 ans sur le recyclage, par rapport à sa voisine l'Allemagne ou aux pays d'Europe du Nord, peut-être parce que la France a aussi fortement développé l'incinération (au détriment du recyclage et du réusage) et parce que les distributeurs n'y ont pas été incités à limiter le suremballage qui constitue une part croissante dans les déchets difficiles à recycler (blisters en plastique notamment).
Quelques ressourceries, et recycleries existent depuis peu dans le pays, mais n'ont pas bénéficié d'un grand soutien financier ou politique.

En 2016, selon l' observatoire statistique sur le marché du recyclage de la FEDEREC (qui représente 1.300 entreprises) : environ 100 millions de tonnes de déchets ont été collectées en 2016 (c'est 2 % de plus qu'en 2015 ; hausse qui serait attribuable au tri 5 flux (instauré pour les entreprises, par décret du ) et à une reprise de la consommation[2]. Le chiffre d'affaires du secteur français du recyclage est estimé à 8,147 milliards d'euros (en légère diminution par rapport à 2015 : 8,3 milliards d'euros, lui-même en baisse de 6,6 % par rapport à 2014)[2]. Le coût des matières premières est resté bas et le nombre d'établissements a diminué, principalement «  dans le Grand Nord-Ouest. » après une baisse en 2015, les effectifs son à nouveau en hausse (+2,5 % avec 26 750 employés en 2016, à 87 % en CDI), les investissements des entreprises (465 millions d'euros ; à 56 % pour des machines, 21 % dans des locaux, 12 % pour la logistique et 4 % dans l'informatique)[2]
La Federec s’inquiète de la décision chinoise (annoncée à l'OMC le ) d'interdire l'import sur son territoire de 24 types de déchets dont certaines matières plastiques, scories (de vanadium), papier ordinaire non trié et de certains matériaux textiles. Avec le faible coût actuel des matières premières fossiles, cela pourrait freiner recycler 100 % du plastique et diviser par deux les déchets mis en décharge[2].
La Federec invite à soutenir et optimiser le recyclage (via notamment le certificat CO2) plutôt que l'enfouissement, développer les débouchés des matières, adopter de contraintes réglementaires d'intégration de matières recyclées dans les produits manufacturés[2].

Typologie des déchets

En 2006, sur un total de 445,8 millions de t (Mt) déclarées produites en France - hors déchets agricoles de type lisiers, fientes et fumiers qui sont un gisement très important de déchets mais sont considérés comme fertilisants et non comme déchets dans les statistiques françaises récentes ;

  • les 3/4 du tonnage étaient constitués de déchet minéral dont 359 Mt venaient du secteur BTP (construction, réhabilitation et travaux publics).
  • 85,9 Mt étaient classés en déchets non dangereux
  • 9,6 Mt étaient des déchets dangereux (dont Mt venant du secteur BTP et 3,3 de l'Industrie).

En tonnage, le BTP est classé devant l’industrie, mais celle-ci produit 26,2 Mt dont 3,3 Mt sont des déchets dangereux. Viennent ensuite les ménages (26,8 Mt dont 20 % sont en fait des déchets de type ordure ménagères, mais venant du tertiaire et collectés par les mêmes canaux.) puis le secteur tertiaire (transports, services…) qui en produit 24,1 Mt.

Traitement des déchets

Classement selon la dangerosité (en 2006)

  • 75 % environ des déchets minéraux ont été récupérés ou réutilisés dans le secteur du bâtiment ou de la construction (en grave, fond de couche), en plus de déchets d'origine métallurgiques (laitiers...) également recyclés dans ce secteur. Des réflexions sont en cours pour faire des sédimatériaux, c'est-à-dire des matériaux de construction, à partir des sédiments les moins pollués curés dans les ports ou certains cours d'eau.
  • 45 % (en tonnages) des déchets non dangereux ont été valorisés (recyclage ou incinération)
  • 37 % (en tonnage) des déchets dangereux ont été valorisés (recyclage ou incinération), notamment par manque de décharges de classe I et difficulté à en ouvrir de nouvelles.
  • Au total, 426,6 Mt ont été «traitées» (incinération, recyclage et mise en décharge).
  • 19,2 Mt ne sont pas répertoriées.

Classement selon la destination finale

Sur les 426,6 millions t de déchets acheminés vers les filières d’élimination,

  • 264,8 millions sont recyclées
  • 144,1 millions mis en décharges
  • 0,18 million incinérée (dont seulement 0,1 avec récupération d’énergie).

Parmi ses spécificités, la France est aussi l'un des pays au monde qui a le plus de déchets nucléaires sur son territoire, dont une partie sont recyclés en combustible (MOX).

Histoire

Jusqu'à l'ère industrielle, la plupart des déchets étaient biodégradables et recyclés dans les champs et jardins. Au XIXe siècle les égouts ont collecté de manière de plus en plus organisée les urines et excréments qui étaient d'abord envoyés dans les rivières et fleuves, puis vers des stations d'épuration. Chiffonniers et ferrailleurs récupérant tout ce qui pouvait l'être.

Au XXe siècle, les déchets des ménages et des communes, et des industries ont longtemps continué à être gérés par les communes elles-mêmes, aboutissant dans plusieurs dizaines de milliers de décharges d'ordures ménagères (de une à dix décharges par communes, voire plus, pour 36 000 communes environ).

Les guerres du XXe siècle et leurs séquelles puis les périodes de reconstruction ont été sources d'énormes quantités de déchets, dont une partie a été recyclée pour la reconstruction et le terrassement, sans précautions environnementales. Lors des deux guerres mondiales et durant les périodes de reconstruction qui ont suivi, le recyclage des métaux (dont munitions et armement) a connu un essor important avant de perdre de son importance durant les « Trente Glorieuses » notamment.

Certains déchets dangereux ont en France comme ailleurs en Europe, des années 1920 aux années 1960 été jetés en mer (munitions immergées, boues industrielles exportées en mer, clappages en mer de boues de curages portuaires et de fleuves, chenaux de canaux, incinérateurs flottants anglais, déchets radioactifs jetés en mer (par exemple dans la fosse des casquets au nord de la Normandie..), jusqu'à ce que la convention de Londres mette un terme à ces pratiques ayant gravement pollué l'océan.

Le recyclage à échelle industrielle ne s'est vraiment développé en France dans les années 1970 à la suite du premier choc pétrolier, avec la récupération du papier et du verre usagé, mais au détriment du système de consigne pour le verre.

L'AFME devenue l'ADEME (Agence) a fortement contribué, avec ensuite Éco-Emballages (à partir de sa création) et avec les conseils généraux et régionaux et certaines collectivités locales à développer le recyclage des déchets ; avec des budgets propres ou issus de taxes (éco-contribution volontaire ou TGAP) gérés par des écoorganismes. Ce sont souvent des collectivités qui ont été pionnières en termes de recyclage, avec notamment Dunkerque pour la mise en place du premier centre de tri sélectif. La méthanisation des déchets ménagers a démarré à grande échelle en France dans les années 1980 avec la méthode Valorga à Amiens, mais ne s'est ensuite que peu développée en France (de même pour les déchets agricoles, alors que des expériences danoise ou italiennes montraient la rentabilité et l'intérêt de ces process, pour les lisiers en particulier).
La filière méthanisation semble prendre un élan nouveau dans les années 2010 avec la biométhanisation.

Recyclage des emballages en France

  • Brique alimentaire : 75 % est constitué de carton recyclé en essuie-tout, papier-toilette, papier-cadeau, plaques de plâtre. Les 25 % restants (polyéthylène et aluminium) devraient pouvoir être recyclés en intercalaires de palettes, ardoises, poteaux[3].
  • Carton : les boites en cartons sont recyclables une dizaine de fois, sauf certaines encres ou des excès de colle.
  • Boîtes de conserve. En France vers 2006, 55 % des boîtes en acier sont recyclées[3].
  • Barquettes en aluminium. Peu d'incinérateurs savent le séparer. En France vers 2006, seulement 35 % des emballages en aluminium sont recyclés[3].
  • Plastique. En France vers 2006, on ne recycle que les bouteilles et flacons en plastique, dont on fait des meubles de jardin, des pull polaires (27 bouteilles pour un pull), des tubes, tuyaux, revêtements de sol, flacons opaques non alimentaires.

Faute de filière on ne recycle pas les pots de yaourts, boîtes et barquettes en plastique, films transparents… Vers 2006, on ne recyclait que 20 % des emballages plastique (contre près de 100 % en Allemagne[3]). En 2013, le taux de recyclage reste médiocre selon l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) notamment pour atteindre l'engagement des États-membres de l'UE qui est de recycler au moins 50 % de déchets ménagers et assimilés avant 2020)[4].

Recyclage du papier

L'éco-organisme compétent est EcoFolio dont le champ d'intervention a en 2008 été élargi au publipostage, à l’encartage non annoncé au sommaire, aux magazines de marque, aux imprimés B to B et aux publications d’entreprise (qui ont obtenu une dérogation jusqu’au pour déclarer à Ecofolio les tonnages qu'ils ont mis sur le marché en 2008 afin de les acquitter de leur éco-contribution. Pour rappel, les émetteurs d’imprimés papier ont l’obligation de contribuer à la collecte, la valorisation et l’élimination des déchets via une éco-contribution volontaire, sous peine d’être redevable de la TGAP.

Jusqu'en 2021, l'usine de la Chapelle Darblay du groupe papetier finlanfais UPM, situé à Grand-Couronne près de Rouen, récupérait 350 000 tonnes de journaux, revues, magazines et prospectus via 350 contrats passés avec des collectivités représentant 24 millions de personnes. Cette usine est un maillon essentiel de l'économie circulaire du papier en France, elle représente 40% de la capacité de recyclage française[5],[6]. Employant 230 salariés, arrêté en , le site sera maintenu en état de marche par UPM jusqu'en juin 2021, sa fermeture définitive serait un échec industriel et écologique, cette fermeture met en péril la filière du recyclage papier en France, son remplacement serait localisé à l'étranger[7].

Recyclage des métaux

Le plomb, le zinc et l'aluminium étaient informellement recyclés depuis longtemps. Les impacts environnementaux négatifs du recyclage ont été amplifiés par le manque de filières organisées et écologiquement soutenables, alors que la délocalisation du traitement des déchets en diminuait la transparence et la traçabilité.

Le recyclage des métaux a été et reste source de pollutions graves (recyclage du plomb et a été fortement délocalisée depuis la fin du XIXe siècle (il n'y a plus de capacité importante de recyclage du plomb en France), même pour les déchets militaires[8].

Recyclage de l'électronique

La loi européenne oblige les distributeurs à intégrer le coût de reprise des vieux équipements contenant des puces ou de l'électronique, comme les chargeurs de batteries de téléphones ou d'appareils photo numériques, télécommandes, câbles péritel ou ordinateurs déclassés, via la création d'une éco-contribution au prix d'achat des appareils électroniques[9]. Cette loi permet de récupérer jusqu'à hauteur d'environ 80% du total contenu les métaux ferreux, ou non- ferreux, comme l'aluminum et le cuivre mais aussi le plastique, voire même le verre dans certains cas[9].

Au cours de l'année 2017, près de 750 000 tonnes d'équipements électroniques ont pris le chemin de l'un des 25 000 lieux en France où ils peuvent être collectés et traités[9], car des organismes sont rémunérés pour les recycler[9]. Parmi ces points de collecte, des supermarchés, des magasins d'électroménager, et des déchetteries[9]. Plusieurs sites Internet permettent au grand public de trouver les points de ces collectes situés les plus proches de chez eux[9], via un moteur de recherche comme celui de l'ADEME [10] ou celui de Eco-systèmes [11].

En France, environ 72 millions de smartphones sont inutilisés, soit plus d'un par habitant (1,08) et plus que leur nombre « en activité » (0,89 par habitant), selon une étude publiée par reBuy, société experte en rachat et reconditionnement[12]. Le ratio de portables non-utilisés est très variablen selon les pays d'Europe :en Suède, Finlande, Lituanie, Estonie et Royaume-Uni, il dépasse 1,2, bien plus que pour l'Allemagne (1,02), la Pologne (0,76), les Pays-Bas (0,77) ou la Hongrie (0,83)[12]. Dans ces derniers pays, près de la moitié des utilisateurs communiquent avec des appareils de seconde main[12]. Aux Etats-Unis, la valeur des métaux utilisés dans les téléphones et réutilisables dépasse 560 millions d'euros[12] et le potentiel est important aussi en Europe selon l'étude re-Buy, avec près de 214 millions d'euros en Allemagne, 210 millions au Royaume-Uni et 184 millions en France[12].

Pendant la période de confinement généré par la crise du Covid 19 en 2020, Emmaüs et Envie ont stoppé leurs activités[13] et le principe de reprise d'un ancien équipement à l'achat d'un neuf, normalement obligatoire, a été mis de côté en raison du fait que l'immense majorité des déchetteries publiques a été fermée, ainsi qu'une partie des centres de tri d'emballages. Ecosystem a conseillé fermement aux consommateurs de ne pas emporter d'appareil à recycler lors de leurs achats en grande surface[13].

La récupération des câbles électriques est faite le plus souvent par des sociétés spécialisées dans le recyclage[14]. Alors que sa gaine est en plastique, le cœur du câble contient des fils métalliques, principalement en cuivre, mais qui peuvent également être composés par d'autres métaux comme le plomb, l'étain, l'aluminium, le fer, le nickel, le zinc et le phosphore[14]. Certains sont triés selon la nature du métal, grâce à un principe magnétique[14] puis broyés en granules ou copeaux pour être réutilisés en fonderie[14]. L'industriel lyonnais Nexans a créé en 2017 son service de recyclage, avec des conteneurs vides pour les déchets en vrac, service visant à réserver aux installateurs, distributeurs, exploitants de réseaux, équipementiers, fournisseurs de ressources et sous-traitants une compensation financière en échange[15].

La presse française s'est aussi investie. Le Monde a créé en 2013 des "Prix de l’innovation urbaine", avec un comité de sélection composé d'experts des mutations urbaines qui font remonter de partout dans le Monde des projets présentés à un jury[16]. L'un des lauréats, en 2020, est celui basé depuis 2013 à Accra (Ghana) et baptisé "Agbogbloshie Makerspace Platform", installé dans une des plus grandes décharge réservées à l'électroniques au monde, qui accueille en grande partie des ordinateurs, téléphones et télévisions des pays développésy[16]. Dans la catégorie « Participation citoyenne », ce projet met en application les théories de Yona Friedman y[16], pour des villes construites et improvisées par les usagers, en le croisant avec l'apprentissage des techniques déjà éprouvées consistant à désassembler des déchets électroniques[16].

Recyclage du verre

En France vers 2006, 6/10 des emballages en verre sont jetés dans les bacs de la filière de recyclage (contre 9/10 en Europe du Nord[17]). Le verre est coûteux en CO2, mais recyclable à l’infini. Une bouteille sur deux est fabriquée à partir de verre recyclé[3].

En 2017, le verre concerne la moitié du poids annuel des déchets ménagers, soit 2,3 millions de tonnes par an, et représente 1200 emplois en France (2017)[17].

Jusque dans les années 1960 et l'arrivée des emballages à usage unique très polluant, la consigne prévalait concernant les récipients en verre (majoritairement les bouteilles). Elle permettait ainsi une cinquantaine de réutilisations d'une même bouteille[17]. La consigne existe toujours pour un tiers des bouteilles[17] ; cela concerne celles passées par les circuits de distribution professionnels (bars, restaurants)[18].

De nos jours, une bouteille en France est recyclée en étant brisée fondue dans un four à 1 500 °C afin d'obtenir une nouvelle pâte a verre prête à être moulée[17]. Une étude menée en Alsace et reprise par la fondation Nicolas Hulot a permis d'estimer les bienfaits de la consigne par rapport à la refonte des bouteilles : 75 % d’économie d’énergie et 33 % d’économie d’eau[17]. Le succès de cette expérimentation existe car elle concerne majoritairement des circuits courts et que les acteurs de la filière jouent le jeu[17].

Recyclage des déchets du BTP ; vers un passage du statut de déchet à celui de produit

Alors que certains métaux précieux commencent à manquer et que d'autres sont gaspillés, la tendance est à l'écologie industrielle et à l'économie circulaire, ou le déchet de l'un devenant la ressource d'un autre, ce qui est rendu difficile par une filière restée longtemps informellement organisée et parfois peu respectueuse de l'environnement.

  • La transposition[19] de la Directive Européenne cadre-déchets () cadre le recyclage et la valorisation par un texte général et trois textes secondaires.
  • Un arrêté () précise le cadre juridique de l'admission et traçabilité des déchets inertes (verres, pavés, pierre, terre, sables, gravats, tuiles, béton, ciment, carrelage, n'ayant pas subi de transformation, non souillés par des peintures ou produits toxiques), pour les installations de stockage (ISDI ; installation de stockage de déchets inertes) dès l'entrée dans l'installation et jusqu'au réaménagement après exploitation (réhabilitation écopaysagère), prévention des nuisances sonores et des émissions de poussières, un plan d’exploitation et de signalisation et télé-déclaration (couverture finale, plan topographique). il rappelle aussi l'interdiction de brûlage.
  • Un décret () impose aux maîtres d'ouvrage de faire réaliser un diagnostic des déchets issus de travaux de démolition de bâtiments de plus de 1 000 m2, afin de mieux trier et diriger les déchets vers les filières ad hoc pour recyclage, valorisation ou enfouissement.
  • Un décret () impose des PPGD (plans de prévention et de gestion des déchets du BTP) et la sortie de statut des déchets. Ces plans contiennent des objectifs de recyclage et de valorisation-matière, des priorités pour atteindre ces objectifs, des objectifs et évaluations en termes de capacités d'installations existantes ou à créer pour gérer ces déchets. Chaque exploitant aura une déclaration annuelle à faire à l'administration sur la nature et la quantité des substances quittant ses installations et tient un registre chronologique de la nature du traitement et de l’expédition des substances.
Déchets de matériaux de constructionType d'élimination[20]
Béton, briques, tuiles et céramiques (et bétons revêtus de colles amiantées). Mélanges de béton, briques, tuiles et céramiques (ne contenant pas de substances dangereuses). Verre (ne contenant pas de substances dangereuses). Mélanges bitumineux ne contenant pas de goudrons. Terres et cailloux, boues de dragage et ballast de voie (ne contenant pas de substances = dangereuses). Matériaux minéraux d'isolation : laine de verre, de roche et de laitier, verre expanséDécharge de classe 3 ou recyclage
Matériaux de construction à base de gypse (ne contenant pas de substances dangereuses) : carreaux de plâtre, plaques de plâtre, enduit plâtre.Décharge de classe 3 (en alvéole spécifique) ou recyclage
Déchets de construction et de démolition en mélange ne contenant pas de substances dangereuses et ne contenant que des déchets minérauxDécharge de classe 3 ou recyclage

Dans le secteur industriel

Les industriels recyclent en interne (dans le processus) ou entre eux une partie importante et croissante de déchets qui étaient autrefois envoyés en décharge (interne ou externe).

Un des principes de ce qu'on appelé l'écologie industrielle veut que le déchet de l'un soit la matière première de l'autre. Il fonctionne d'autant mieux que les produites ont été écoconçus.

Dans le secteur agricole

Les déchets de type lisiers, fientes et autres fumiers issus de l'élevage sont valorisés par l'agriculture elle-même, avec un cadre réglementaire qui s'est précisé depuis les années 1970.

Ce secteur « valorise » en outre parfois :

  • Une partie des boues de stations d'épuration des eaux urbaines ou industrielles et certains effluents. À titre d'exemple, les effluents de la station d'épuration d'Achères (Yvelines) - la seconde au monde en taille, après celle de Chicago (États-Unis) - étaient autrefois directement épandus sur les champs. Cette station créée en 1940 traite les eaux usées d'environ 8 millions d'habitants et de 180 communes d'Île-de-France. Aujourd'hui ce sont environ 140 000 tonnes de boues brutes déshydratées qui y sont annuellement produites.
  • des déchets industriels, issus de la métallurgie notamment (matériau de remblai, de chemins de remembrements...)
  • L'agriculture biologique est plus exigeante à l'égard des matériaux qu'elle recycle (compost, déchets verts qui proviennent généralement de sa propre production)

Le recyclage des vêtements en France

La France est pionnière dans la collecte sélective des textiles, son histoire étant marquée par celle des chiffonniers, ancêtre des premiers centres de tri. Elle ne collectait plus que 249.000 tonnes de déchets textiles en 2019, car elle a perdu du terrain et l'Europe du Nord en génère 4,7 millions de tonnes par an à elle seule[21]. L'Europe généralisera la collecte en 2025[21]. Une partie des textiles est revendue dans des magasins ce qui pèse 600000 tonnes de textile par an en France pour un total de 2,5 milliards de pièces. Mais seulement 58 600 tonnes ont été effectivement revendus comme vêtements en France en 2016[22]. Mais le tonnage de déchets textile triés stagnait à la fin des années 2010[23] et cette masse diminue car les particuliers revendent en ligne les meilleurs vêtemements[21] ce qui fait que la partie la plus facilement revendable, celle qui pèse 30 % des recettes en France[21], est tombée de 8 % à 5 % de la collecte en seulement trois décennies[21].

La collecte se fait à 85% via environ 45614 points d’apports volontaires[23] disposés sur le territoire, en général à proximit de nombreux habitants des villes. Leur nombre a augmenté de 10 000, entre 2014 et 2018, soit en 4 ans[23]. Le don aux associations représente 10,6 %, la reprise en magasin seulement 2,5 % et la collecte à domicile 1,8 %[23].

Environ 32% des vêtements ainsi collectés sont effilés ou déchirés pour en faire de simples chiffons, du rembourrage ou de l’isolation acoustique ou thermique, voire, pour 7,5% des combustibles[22]. La difficulté est augmentée pour les fibres textiles composites ou mal identifiées. Parmi les solutions, automatiser le tri grâce à des équipements identifiant la vraie composition des fibres textiles[21], compte tenu du fait que 41 % des étiquettes sont fausses. [21].

Les coûts sont très divers selon les étapes du recyclage et peuvent varier fortement selon la qualité de l'organisation[23]. Celui de la collecte est d’environ 400 €/t, quatre fois plus élevé que celui du tri ( 100 €/t)[23]. Le coût de revente, parfois le plus important de loin[23], varie fortement, il peut aller de 500 à 4 500 €/t pour la réutilisation, selon la qualité des déchets[23], mais n'est que de 300 €/t pour les chiffons[23] et de 150 €/t pour l’effilochage[23]. Le manque de visibilité sur les perspectives de la filière a découragé les embauches dans les centres de tri[23]. Les opérateurs de tri, dont 52 sont français[23], sont conventionnés par Eco TLC[23] en fonction de la qualité du processus et sa fiabilité[23] pour les encourager à investir et recourir en partie à la technicité.

La crise du Covid 19 a rendu cette situation plus difficile[21]. Selon un témoignage du plus gros acteur français, Le Relais, dans Les Echos[21], le soutien financier, versé à la tonne triée, par Refashion, a permis de face face aux lenteurs créées par la crise du Covid 19[21], mais seulement 5 % de la collecte est revendue au grand public dans des magasins en France, en raison du manque de capacité de stockage[21] et environ 80 % des produits sont exportés, en Afrique et en Asie[21].

La quantité de vêtements collectés en France progresse dans les années 2010. Dans son rapport d’activité en 2016, l'organisme Eco TLC estimait que 210 000 tonnes de textile avaient été collectées en France en 2016, soit environ 3,2 kg de textile par habitant et une hausse de 8% par rapport à 20150[22].

Les organismes solidaire, pionniers, ont été rejoints par des marques comme Camaïeu, H&M ou Bonobo[22]. Le groupe de prêt-à-porter Happy Chic a créé Gentle Factory, filiale dédiée à la fabrication de vêtements en textile recyclé à 30%[22], mixé avec 30% de fibres textiles biologiques[22]. Les Récupérables, autre marque de vêtements française, utilise elle des vêtements usés, des fin de séries, des linges de maison et des tissus d’ameublement[22].

Freins et limites au recyclage et marges de progrès

  • Le recyclage n'a pas fait l'objet de directives ou réglementations contraignantes,
  • À la différence de ce qui se passait en Allemagne, Belgique ou Pays-Bas, la place ne manquait pas pour les décharges en France, et même après leur interdiction, elles ont finalement souvent été tolérées ou des dérogations ont été accordés aux collectivités qui étaient en retard sur leurs programmes de recyclage.
  • L'écoconception n'a pas été imposée ni très encouragée par les pouvoirs publics. Elle n'a pas non plus été volontairement développée par la plupart des producteurs de biens et services. Ceci fait que la traçabilité, le démontage facile, la réutilisation ou la réparation ont généralement été découragés au profit du "jetable". Une très faible part des plastiques est ainsi recyclée. Une grande quantité de gadgets et produits de consommation courante contenant des colorants ou composants toxiques, des batteries, ou des piles sont jetés dans les poubelles et contribuent à polluer les fumées et refioms des incinérateurs.

Les déchets ménagers contenaient 39 % d'emballages en 1993 contre 32 % 15 ans plus tard. Selon le planétoscope[24] La collecte sélective récupère de mieux en mieux les magazines, cartons et journaux, mais n'en valoriserait que 50 % environ pour recyclage. « Il reste encore 150 kg d'ordures, par an et par habitant, qui pourraient faire l'objet de gestes pour l'environnement ».

Des freins sociopsychologiques semblent exister dans le domaine des déchets, où l'on préfère parfois ne pas savoir où et comment finissent nos déchets. Ces blocages peuvent aussi concerner des solutions alternatives telles que la récupération des eaux pluviales, les toilettes sèches et la valorisation in situ ou en boucle courte des excréments, voire le compostage qui soulève parfois des réactions de type « Nimby».

France et Union européenne

Un règlement européen[25] impose à la France de publier chaque année pour Eurostat (Office statistique des communautés européennes) un rapport[26] sur la production et le traitement des déchets

La France a souvent été parmi les pays appliquant mal la législation européenne dont concernant les nitrates et phosphates (notamment perdus par les stations d'épuration et de structures agricoles, qui pourraient mieux l'éviter ou le recycler) et de la législation sur le déversement de substances dangereuses dans l'eau [27] et sur les déchets des véhicules hors d'usage (arrêt du ). La Commission européenne a menacé la France de sanctions financières si elle n'appliquait pas mieux ces directives européennes.

Eau

Des stratégies de récupération des eaux pluviales et de recyclage des eaux grises ou de lavage sont testées ou encouragées depuis peu

Voir aussi les articles détaillés décharge (déchet) et recyclage des déchets et recyclage en France.

Notes et références

  1. « Environnement : l'état de la France », dans Le Monde du 18/10/2006
  2. Cent millions de tonnes de déchets ont été collectées en 2016 (d’après un communiqué du 19 octobre, de la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec) ; Environnement-Magazine, le 19/10/2017
  3. Le Monde, 7/11/2007
  4. EEA, L’Allemagne et l’Autriche affichent les taux de recyclage les plus élevés, mais c’est au Royaume-Uni et en Irlande que ce taux augmente le plus rapidement, 19/03/2013, consulté 21/03/2013
  5. Claire Garnier, « Derniers espoirs de reprise pour la papeterie de Chapelle Darblay », Les Echos.fr, (consulté le ).
  6. Yves-René Tapon, « Il est temps de sauver Chapelle Darblay et la filière recyclage pour les salariés de la papeterie », sur francebleu.fr, (consulté le ).
  7. « Il faut sauver la Chapelle-Darblay, dernière usine française de papier 100 % recyclé », sur reporterre.net, (consulté le )
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  14. "Collecte de câbles"le 11/10/2020 par France-Environnement
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  24. Règlement no 2150/2002 du Parlement européen et du Conseil du 25 novembre 2002 relatif aux statistiques sur les déchets
  25. Rapport « Réponse européenne au règlement statistique déchets » produite par le Service de l’observation et des statistiques du Meeddat (SOeS)
  26. arrêt du 12 juin 2003 Substances dangereuses dans l'eau : la France épinglée par l'Europe

Voir aussi

Articles connexes

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