Rasoir droit

Un rasoir droit est un rasoir à lame fixe parfois interchangeable (selon les modèles), qui se replie dans la châsse (le manche) ; il est aussi appelé sabre, rasoir ouvert et plus familièrement « coupe-choux ». À l'origine, le mot désignait un sabre court[1] utilisé autrefois dans l'infanterie.

Le « coupe-choux »

En raison du succès des rasoirs de sûreté ou à lame jetable (qui utilisent des lames uniques à double tranchant ou des cartouches multi-lames) ainsi que des rasoirs électriques dans les pays développés, l'utilisation du sabre y est rare. Les barbiers et les coiffeurs en ont toujours besoin mais, pour des raisons d'hygiène, ont essentiellement des modèles à lames jetables. Le sabre nécessite, par ailleurs, un affilage régulier sur le cuir et, à l'occasion, un aiguisage sur une pierre à aiguiser.

Le rasage au sabre nécessite un petit apprentissage et une certaine habileté car sa lame ouverte peut sérieusement entailler la peau. Le temps de rasage est plus long que pour les autres types de rasoirs (environ 30 à 45 minutes pour un débutant se réduisant à 10 minutes pour un pratiquant régulier).

Description

La largeur de la lame d'un sabre est donnée en huitièmes de pouce. Les lames vont ainsi de 3/8 (0,9 cm ou 9,525 mm), 4/8 (1,3 cm ou 12,7 mm, pour les cheveux), 5/8 (1,6 cm ou 15,875 mm), 6/8 (1,9 cm ou 19,05 mm), 7/8 (2,2 cm ou 22,225 mm) à 8/8 (2,5 cm ou 25,4 mm, rares et difficiles à manier) mais certaines réalisations artisanales ou limités peuvent aller bien au-delà. Pour la barbe, la largeur normale est 5/8 ou parfois 6/8. Il existe aussi des demi-taille exprimées en 1/16 de pouce soit 1,58 mm.

La longueur des lames varie entre 7 et cm. Selon le type de travail à effectuer le choix de la largeur de lame sera différent. Une lame de faible largeur (3/8 par exemple) favorise un travail de précision par sa légèreté mais est moins tranchante qu'une lame plus large (8/8 par exemple) .

Elles sont généralement en acier trempé ou plus rarement en acier inoxydable. Elles peuvent être partiellement ou totalement évidées (« chantantes » ou « sonnantes », surnom dû au bruit émis lors d'une utilisation dextre et rapide pour raser, ce bruit permettant à l'utilisateur de s'assurer du bon usage du tranchant, vitesse et angle) pour les alléger et en aider l'usage.

Méthode de rasage

Il faut d'abord préparer la peau au rasage. Pour cela, il est possible de se raser après une douche ou un bain, ou encore d'appliquer des serviettes humides et chaudes sur le visage, comme il est de coutume chez les barbiers.

Ensuite vient l'application du savon à barbe à l'aide d'un blaireau. Il est aussi possible d'utiliser de la mousse à raser. Certains barbiers travaillent sans savon.

Usuellement, le rasoir se tient par la soie, le pouce en face de l'index et du majeur, l'annulaire s'appuie sur le crochet, permettant une meilleure prise en main de la lame. La position de la main varie en fonction du passage et des habitudes de l'utilisateur.

Le premier passage se fait dans le sens du poil, avec un angle d'environ 30° entre la lame et la peau. Il est possible d'effectuer un deuxième passage en travers du poil et un troisième passage à rebrousse-poil. Le nombre de passages dépend de la dureté du poil et de l'exigence de l'utilisateur.

L'utilisation d'une pierre d'alun ou d'un autre après-rasage est recommandée pour son action apaisante sur le feu du rasoir et coagulante sur les éventuelles coupures.

Entretien

L'affilage sur le cuir est obligatoire avant toute utilisation. Un aiguisage sur la pierre, qui peut être réalisé par un spécialiste des rasoirs droits, devient nécessaire environ une fois par an à une fois tous les deux ans, selon la fréquence de rasage , la dureté du poil de l'utilisateur et la qualité du rasoir utilisé.

Les utilisateurs de sabres

Les professionnels (coiffeurs) ont essentiellement des modèles purement fonctionnels, à chasse en plastique et à lames jetables (shavette).

Les beaux modèles de sabres sont des objets de haute qualité, de fabrication artisanale. On en trouve avec une chasse en différents bois éventuellement précieux, en ivoire, en os ou en corne d'animaux. La lame est souvent ornée aux couleurs du fabricant. Ils sont surtout utilisés par des particuliers pour différentes raisons :

  • la qualité du rasage : comme la lame peut être utilisée comme on le souhaite, sans les limites imposées par les rasoirs de sécurité et les rasoirs électriques, le sabre permet un rasage au plus près. Certains, notamment dans la tradition italienne, utilisent des miroirs spéciaux pour s'en assurer ;
  • le choix d'utiliser un rasoir haut de gamme, par opposition aux modèles en plastique que l'on trouve dans les supermarchés ;
  • la tradition : comme le sabre a une durée de vie très longue (plusieurs générations), il se transmet au sein d'une famille ;
  • la satisfaction de savoir réaliser une opération exigeant plus d'habileté qu'un rasage électrique ou au rasoir "de sécurité" moderne ;
  • l'écologie : l'absence de parties jetables signifie que la production de déchets est quasi nulle ;
  • l'économie, pour la même raison (le prix des lames de rasoir jetables est assez élevé) ;
  • un certain soin de soi, ce type de rasage abîmant moins la peau, selon les dires de ses pratiquants, et certains savons à barbe traditionnels étant de vrais cosmétiques.

Histoire

Si certaines sources mentionnent que le coupe-choux à lame d'acier aurait fait son apparition au Royaume-Uni à Sheffield en 1680, les modèles à lame pliante apparaissant à partir de 1814[2]; il s'agit plus probablement d'une construction historique montée a-posteriori par les artisans de Sheffield dans une visée publicitaire. Le coupe-chou à lame pliante en acier est incontestablement antérieur, un modèle a d'ailleurs été retrouvé dans l'épave d'un navire vénitien coulé en 1583[3].

Une coutume ancienne consistait à utiliser un sabre différent par jour de la semaine, afin de laisser les autres reposer après l'affûtage. Les sept sabres présentés dans un luxueux coffret appelé semainier étaient la version très haut de gamme de l'instrument de rasage. Un autre conditionnement traditionnel est l'étui en cuir, notamment pour le voyage.

L'art de se raser soi-même s'appelle la « pogonotomie ». Si cette possibilité est une évidence de nos jours, il était normal jusqu'au milieu du XXe siècle de se faire raser par un barbier ou, pour les plus riches, par ses domestiques.

Sources

  1. Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
  2. Les inventions qui ont changé le monde, Édition Sélection du reader's digest, 1982 (ISBN 2-7098-0101-9)
  3. http://www.corbisimages.com/stock-photo/rights-managed/DL003619/venetian-artefacts-including-a-razor

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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  • Nettoyage et hygiène
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