Raphaël Confiant

Raphaël Confiant, né le au Lorrain, en Martinique, est un écrivain français d'expression créole et française. Il est, depuis le , le doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de l'Université des Antilles et de la Guyane.

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Biographie

Raphaël Confiant est issu, par sa mère, d'une famille de petits distillateurs mulâtres de la commune du Lorrain (région Nord-Atlantique de la Martinique). Son arrière-grand-père, Louis Augustin, et son grand-père, François Augustin, possédaient une petite distillerie de rhum au quartier Macédoine ainsi qu'une cinquantaine d'hectares plantées en canne à sucre. Cette distillerie fut contrainte de fermer ses portes au milieu des années 1950. Raphaël Confiant y a passé ses toutes premières années, « dans l'odeur du rhum » comme il l'écrit dans son autobiographie Ravines du devant-jour (éditions Gallimard, 1993). Du côté paternel, on est originaire de la ville c'est-à-dire de Fort-de-France : le grand-père est un Noir et la grand-mère une Chinoise. Cette dernière a dirigé un commerce de demi-gros à la rue Antoine-Siger, à Fort-de-France, presque en face du Grand Marché et non loin de la fameuse « Rue des Syriens » ou rue François-Arago. Raphaël Confiant a vécu dans ce quartier du centre-ville une partie de son enfance avant d'aller habiter le quartier Coridon où ses deux parents (Fernand et Amanthe), lui professeur de mathématiques, elle institutrice, avaient construit leur maison. À chaque vacances, petites ou grandes, l'auteur était envoyé chez ses tantes au Lorrain, lieu qui nourrit l'essentiel de son imaginaire, même si Fort-de-France y occupe une part non négligeable.[réf. souhaitée] Diplômé de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence[1], (section « Relations Internationales ») et d'anglais à la Faculté des Lettres de cette même ville, il y a fait ses études supérieures entre 1969 et 1974. De 1982 à 1985, il est professeur de lycée et secrétaire de la section éducation de la CSTM[2] En 1986, il obtient un DEA (Diplôme d'études approfondies) en linguistique à l'Université de Rouen avant de présenter un Doctorat en Langues et Cultures Régionales à l'Université des Antilles et de la Guyane en 1994. En 2009, il est qualifié aux fonctions de professeur des universités en anthropologie biologique, ethnologie et préhistoire et en cultures et langues régionales (sections 20 et 73 du CNU)[3].

Écrivain reconnu tant en créole qu'en français, il écrit dans les deux langues. Il est actuellement professeur des universités à l'université des Antilles et de la Guyane et doyen de la faculté de lettres et sciences humaines.

Littérature et langue créole

Militant de la cause créole dès les années 1970, il participe avec Jean Bernabé et Patrick Chamoiseau à la création du mouvement de la créolité.

Raphaël Confiant est le premier Martiniquais à avoir publié un roman en créole[réf. souhaitée] : Bitako-a (éditions du GEREC, 1985). Il a été membre du premier journal entièrement en créole des Petites Antilles[réf. souhaitée], Grif An Tè, qui a duré 4 ans et a publié 52 numéros[réf. souhaitée]. Il a également publié le premier dictionnaire du créole martiniquais (éditions Ibis Rouge, 2007). Depuis trente ans, il multiplie les travaux en et autour de la langue et la culture créole, s'intéressant aux devinettes créoles, aux proverbes, aux contes ainsi qu'au versant didactique de cette question puisqu'il est professeur des universités en langues et cultures régionales à l'Université des Antilles et de la Guyane.

En 1988, après avoir publié 5 livres en créole, Raphaël Confiant passe au français et publie Le Nègre et l'Amiral (éditions Grasset, 1988), roman traitant de la Dissidence durant la Seconde Guerre mondiale, qui est un succès éclatant. Suivront une trentaine d'ouvrages dont beaucoup seront couronnés par des prix (Prix Novembre pour Eau de Café en 1991 ; Prix Casa de Las Americas pour Ravines du Devant-Jour en 1993 ; Prix de l'Agence Française de Développement en 2010 pour L'Hôtel du Bon Plaisir, etc.).

Le GÉREC (Groupe d'Études et de Recherche en Espace Créole)

Créé en 1973, par Jean Bernabé, linguiste et Professeur des Universités, le GÉREC (Groupe d'Études et de Recherches en Espace Créole) fut durant 35 ans le seul groupe de recherches universitaire se consacrant à l'étude de la langue et de la culture créoles en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane. Il a publié 107 ouvrages et un nombre considérable d'articles dans des disciplines aussi diverses que la linguistique, la littérature, l'anthropologie, l'histoire, etc., et a animé des revues telles que Espace Créole, Mofwaz et Textes-Études et documents. Raphaël Confiant fut l'un des piliers du GÉREC avec des créolistes comme Robert Damoiseau, Marijosé Saint-Louis, Robert Fontès, Gerry L'Etang et bien d'autres.

Outre son important travail universitaire, le GÉREC s'est aussi battu pour l'ouverture d'une licence et d'un master de créole à l'Université des Antilles et de la Guyane ainsi que du CAPES de créole. R. Confiant fut en pointe dans la lutte pour ce CAPES qui depuis une dizaine d'années permet désormais de recruter des enseignants du secondaire en créole. Il fut le maître d'œuvre des 11 Guides du CAPES de créole qui furent publiés en 2001 et 2002 aux éditions Ibis Rouge.

Le concept de créolité

En 1989 paraît un manifeste littéraire intitulé Éloge de la Créolité, signé par Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant. Le mouvement littéraire dit "de la Créolité" vient d'être lancé et connaîtra un succès français, puis européen et enfin mondial. Traduit dans une quinzaine de langues, ce manifeste est aujourd'hui étudié dans la plupart des universités des États-Unis et du Canada.[réf. souhaitée] Il faut replacer ce concept dans l'histoire des idées et de la littérature de la Martinique. En effet, à la fin du XIXe siècle, une cinquantaine d'années après l'abolition de l'esclavage, surgit le premier courant littéraire antillais que l'on peut qualifier de manière neutre de "régionaliste" ou de manière critique de "doudouiste" avec des poètes tels que Daniel Thaly ou Victor Duquesnay. Ensuite, dans les années 1930, et cela jusqu'aux années 1960, régnera le mouvement de la Négritude d'Aimé Césaire, suivi de 1960 à 1985 par le mouvement de l'Antillanité d'Édouard Glissant. La Créolité est donc le dernier né des mouvements littéraires martiniquais.

Au contraire du régionalisme, la Créolité chante la totalité du réel antillais et pas seulement la mer bleue, le sable blanc et les colibris. Elle s'intéresse aux quimboiseurs, aux djobeurs, aux coupeurs de canne, aux femmes de mauvaise vie, etc., brisant ainsi le cliché des îles paradisiaques. Au contraire de la Négritude, la Créolité écarte toute connotation raciale ou raciologique : « créole » vient du latin creare qui signifie « créer/se créer » et désigne les nouvelles réalités des Amériques à la suite de la conquête européenne, en particulier dans l'archipel des Antilles. Au contraire de l'Antillanité, la Créolité ne se résume pas à ce seul archipel puisqu'elle vise, dans un premier temps, à englober les zones créolophones des îles du Cap Vert et de l'océan Indien (Maurice, Seychelles, Réunion), puis dans un second temps, les populations mixtes apparues dans les banlieues des grandes métropoles du monde occidental (Paris, Londres, New York, etc.).

Engagement politique

Après ses études de sciences politiques et d'anglais à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), Raphaël Confiant part, en 1974, enseigner l'anglais pendant un an en Algérie où il rencontre l'écrivain Daniel Boukman[réf. souhaitée]. Puis, il rentre à la Martinique, où il milite dans le mouvement d'obédience nationaliste « Les Patriotes non-alignés » avant d'intégrer le MODEMAS (Mouvement des démocrates et écologistes pour une Martinique souveraine) dont il devient le vice-président, le président étant Garcin Malsa, ancien maire de la ville de Sainte-Anne. Il quitte ce mouvement pour celui dénommé Bâtir le pays Martinique, organisation autonomiste dirigée par l'actuel maire du Lamentin, Pierre Samot, avant d'en démissionner au début des années 2000 avec une quinzaine d'autres membres parmi lesquels Louis Boutrin. Depuis lors, Raphaël Confiant est un militant souverainiste sans affiliation partisane particulière, mais il a pris une part active dans la campagne de la consultation référendaire du sur un éventuel octroi de l'autonomie à la Martinique, consultation qui a été perdue par les partisans du "OUI" dont l'écrivain faisait partie.

Raphaël Confiant est aussi un militant journalistique et écologique de la première heure. Sur le plan journalistique, il a participé à la création de Grif An Te, d'Antilla, de Karibel, de La Tribune des Antilles. Sur le plan écologique, il a été parmi les fondateurs de l'ASSAUPAMAR (Association pour la Protection de l'Environnement de la Martinique) et est actuellement membre de l'association "Écologie urbaine".[réf. souhaitée]

En 2007, avec Louis Boutrin, il publie deux livres pour dénoncer l'empoisonnement des terres antillaises par un dangereux pesticide utilisé dans les bananeraies, le chlordécone : Chronique d'un empoisonnement annoncé et Chlordécone : 12 mesures pour sortir de la crise.

En 2006, Raphaël Confiant publie un texte de soutien à Dieudonné M'bala M'bala, dans lequel il désigne les juifs par le vocable « Innommables »[4]. Proche du mouvement des Indigènes de la République et ayant apporté son soutien à Houria Bouteldja[5], il soutient également en 2008 leur appel à la Marche décoloniale du [6] et appelle en les « différents gouvernements à rompre sans délai toute relation diplomatique avec l’entité sioniste » à la suite de la guerre de Gaza de 2008-2009[7].

Œuvres

Romans

  • Bitako-a, 1985 (Chimères d'En-Ville, 1996)
  • Kòd Yanm, 1986 (Le gouverneur des dés, 1995)
  • Marisosé, 1987 (Mamzelle Libellule, 1995)

Divers

  • Jou Baré, poèmes, 1977
  • Jik dèyè do Bondyé, nouvelles, 1979 (La lessive du diable, 2000)
  • Dictionnaires des titim et sirandanes, 1998
  • Jik dèyè do Bondyé, 1998
  • Le Galion, 2000
  • Dictionnaire des néologismes créoles, 2001
  • Dictionnaire créole martiniquais-français, 2007
  • Moun-Andéwò a, 2012
  • Blogodo, lexique, 2013

Romans

Essais

Récits

  • Ravines du devant-jour, 1993, Prix Casa de las Americas
  • Un voleur dans le village, traduit de l'original anglais (Jamaïque) de James Berry, 1993, Prix de l'International Books for Young People
  • Commandeur du sucre, 1994
  • Bassin des ouragans, 1994
  • La Savane des pétrifications, 1995
  • Le Gouverneur des dés, 1995
  • La baignoire de Joséphine, 1997
  • Aventures sur la plante Knos, traduit de l'original anglais (Jamaïque) d'Evan Jones, 1998
  • Régisseur du rhum, 1999
  • La Dernière Java de Mama Josépha, 1999
  • Le Cahier de Romance, 2000
  • Nuée ardente, 2002
  • Le Barbare enchanté, 2003

Contes

  • Les Maîtres de la parole créole, 1995
  • Contes créoles, 1995
  • Contes créoles des Amériques, contes, 1995

Divers

  • Le Galion, Canne, douleur séculaire, ô tendresse!, album, en collaboration avec David Damoison 2000, Prix du livre insulaire, catégorie beaux-livres
  • Chronique d'un empoisonnement annoncé, (Collectif), 2007
  • Chlordécone 12 mesures pour sortir de la crise, (Collectif), 2007
  • L'Emerveillable Chute de Louis Augustin et autres nouvelles 2010
  • Nouvelles des mondes créoles, nouvelles (Collectif)[10], 2013
  • . Une nouvelle page de l'histoire de la Martinique, (Collectif), actualité/histoire, 2016
  • L’insurrection de l’âme. Frantz Fanon, vie et mort du guerrier-silex, 2017

Prix littéraires

[réf. souhaitée]

  • 1993, 2016 : Prix Casa de Las Americas (Cuba)[11]

  • S.d. : Prix de l'International Books for Young People (Espagne)
  • 1994 : Prix Carbet de la Caraïbe (Guadeloupe)
  • S.d. : Prix Shibusawa-Claudel (Japon)
  • 1997 : Prix RFO du livre (France)
  • 2000 : Prix du Salon du livre insulaire d'Ouessant (France)
  • 2004 : Prix des Amériques insulaires et continentales[12] (Guadeloupe)
  • 2010 : Prix Tropiques de l'Agence Française de Développement (France)
[réf. souhaitée]

Annexes

Bibliographie

  • Marie-France Bishop, « Confiant Raphaêl », dans Christiane Chaulet Achour, avec la collaboration de Corinne Blanchaud (dir.), Dictionnaire des écrivains francophones classiques : Afrique subsaharienne, Caraïbe, Maghreb, Machrek, Océan Indien, H. Champion, Paris, 2010, p. 111-115 (ISBN 978-2-7453-2126-8)

Articles connexes

Liens externes

  • Rencontre avec Raphaël Confiant Manioc
  • Penser le tourisme au sein d'une économie non-productive Manioc
  • Présence-absence du paysage dans la littérature créolophone des Amériques Manioc
  • Di kont-lavéyé a kont-podium Manioc
  • An ti Kozé… Café littéraire spéciale traduction Manioc
  • Langage du droit et diglossie à la Martinique : étude de cas Manioc
  • L’Autre-Même, traduire dans un monde post-colonial et globalisé Manioc
  • Du Charivari français au « Chalbari » créole Manioc
  • Histoire et littérature dans la Caraïbe Manioc
  • Problèmes de traduction des concepts caribéens Manioc
  • De Diab'là de Joseph Zobel à Kod Yanm de Raphaïel Confiant (1945-1990) Manioc

Références

  • Portail de la littérature française
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