Raoul Magrin-Vernerey

Raoul Charles Magrin-Vernerey, plus connu sous le pseudonyme de Ralph Monclar (Budapest, Paris, ), est un officier général français parmi les plus décorés (Grand-croix de la Légion d'honneur, médaille militaire, 7 fois blessé, 20 citations dont 15 à l'ordre de l'armée - près de 10 citations étrangères à l'instar de la Silver star, la Croix du mérite britannique ou encore la Croix de guerre norvégienne) qui s’est illustré durant les deux conflits mondiaux, et particulièrement dans les rangs des Forces françaises libres. Il est l'un des premiers officiers supérieurs à répondre à l'appel du 18 juin. Il commanda le bataillon français de l'ONU pendant la guerre de Corée.

Pour les articles homonymes, voir Vernerey.

Raoul Magrin-Vernerey

Ralph Monclar commandant du bataillon français de l'ONU pendant la guerre de Corée

Surnom Ralph Monclar
Naissance
Budapest (Hongrie)
Décès
Paris (France)
Allégeance  France
 France libre
Arme Infanterie
Légion étrangère
Grade Général de corps d'armée
Années de service 19121964
Commandement 13e DBLE
1re brigade française libre
Bataillon français de l'ONU
Conflits Première Guerre mondiale
Levant - Maroc - Algérie - Tonkin
Seconde Guerre mondiale
Guerre de Corée
Faits d'armes Narvik - Keren - Massaouah
Distinctions Grand-croix de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération
Médaille militaire
Croix de Guerre 1914-1918
Croix de guerre 1939-1945
Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs
Hommages Le quartier de la 13e DBLE à Djibouti porte son nom
Autres fonctions gouverneur de l’hôtel des Invalides

Biographie

Raoul Magrin-Vernerey est le fils d'Anna Magrin, fille de Martial Antoine Magrin et de Marie Élise Vernerey[1]. Sa mère est institutrice en poste à Vienne et elle lui donne naissance à Budapest. Un comte hongrois veille d'abord à son éducation puis il est élevé par sa grand-mère maternelle à Laviron, dans le Haut-Doubs[2].

Après des études au lycée Victor-Hugo de Besançon[3] et au petit séminaire d'Ornans[3], il a seize ans lorsqu'il se présente pour s'engager dans la Légion étrangère[3]. En raison de son jeune âge, il n'est pas admis et reprend ses études et entre à Saint-Cyr en 1912[3], il en sort en 1914 avec la promotion de Montmirail, et le grade de sous-lieutenant.

Première Guerre mondiale

Le 5 août 1914, il rejoint le 60e régiment d'infanterie , il combat au sein de ce régiment et au sein du 260e[3] et termine la guerre avec le grade de capitaine, chevalier de la Légion d'honneur et titulaire de 11 citations[3]. Blessé sept fois et réformé avec une invalidité de 90 % : cuisse fracturée par balle, bras droit brisé par l'explosion d'une grenade, deux blessures à la tête imposant deux trépanations, les yeux brûlés par des gaz.

Entre deux guerres

Après l'armistice du 11 novembre 1918, mis à la disposition du commandant en chef des armées alliées en Orient, il rejoint l’état-major comme chef du 1er bureau au début de 1919. Il est alors administré par le 1er régiment de tirailleurs marocains (RTM). Le , il est désigné pour effectuer un stage au centre d’aviation du 415e RI de San Stefano où il est formé comme observateur avion. À l’issue, il rejoint les services administratifs du Levant à Beyrouth, en qualité d’adjoint à l’administrateur. Il est nommé conseiller administratif de Caza de Sayoun, le , puis inspecteur des milices du territoire des Alaouites, le . À ce poste, il mérite une citation à l’ordre de l’armée. Le , il est désigné pour encadrer la légion syrienne. Il est affecté à la 4e compagnie du 1er escadron, escadron dont il prend le commandement le 1er juillet. Il cumule cette fonction avec celle d’adjoint au chef de corps.

Le , il obtient enfin de rejoindre la Légion étrangère[3] dont il rêve depuis sa jeunesse. Après un bref séjour au 1er REI, il est affecté au 3e REI et prend part à la campagne du Rif[3] au Maroc jusqu'en 1927. Il rejoint alors le Proche-Orient où il est promu au grade de chef de bataillon en 1928[3].

Le , il est désigné pour prendre le commandement du 16e bataillon de chasseurs à pied.

Il est une nouvelle fois affecté à la Légion en 1931[3] et ne quittera cette arme qu'en . Affecté au 2e REI, il séjourne au Maroc[3] puis rejoint le 5e REI au Tonkin[3].

Rentrant d'Extrême-Orient, il prend en janvier 1938 le commandement du bataillon d'instruction de Saïda[3], il est promu au grade de lieutenant-colonel le de la même année[3], avant de repartir au Maroc avec le 4e REI.

Seconde Guerre mondiale

Le , il rejoint le 3e REI qui forme un groupement de bataillons de marche de type montagne. Il est désigné comme chef de corps des deux bataillons de Légion qui forment la 13e demi-brigade légère de montagne de Légion étrangère (DBLE). Regroupée d’abord au camp du Larzac puis à Sathonay, son unité se prépare à une campagne dont la destination n’est pas fixée. Ce sera le début de l'épopée de la 13e DBLE, la longue route ne fait que commencer.

Le , à Bjervik en Norvège, la 13e DBLE livre son premier combat, conquiert quatre objectifs, force l'ennemi à fuir en abandonnant de nombreux prisonniers, des armes automatiques, des équipements impossibles à dénombrer et jusqu'à dix avions bimoteurs.

Du au , le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey et ses légionnaires gagnent à Narvik ce que l'on a appelé « la seule victoire française de 1939-1940 », victoire qui leur vaut d'être cités à l'ordre de l'Armée, avec attribution de la Croix de guerre avec palme de vermeil[4], pour avoir libéré 60 prisonniers alliés, fait 400 Allemands prisonniers, capturé 10 canons et un très important matériel.

À peine revenu en Bretagne, le [3] , avec 500 de ses hommes, il embarque le à Saint-Jacut-de-la-Mer[3] où via Jersey, il rejoint le , avec la moitié de sa demi-brigade[3], les Forces françaises libres en Angleterre et adopte alors le pseudonyme de Monclar (du nom du village de Monclar-de-Quercy, dans le Tarn-et-Garonne, d'où sa famille est originaire[3]). Il est promu au grade de colonel.

Fin août 1940, il est envoyé en Afrique avec la 13e DBLE (Dakar, Freetown puis le Cameroun), il refuse de participer aux combats de ralliement au Gabon pour ne pas avoir à combattre des Français[3].

Participant aux opérations menées contre les forces de l'Axe en Afrique, c'est lui qui, à la tête de la brigade française libre d'Orient en Érythrée, prend Massaoua dans le cadre de la bataille de Keren en mars 1941, une opération qu'il a préparée et menée[3]. Il entre dans la ville avec une section d'éclaireurs motocyclistes[3] et fait prisonniers l'amiral Bonatti[3], commandant des forces italiennes en Afrique orientale, 8 autres officiers généraux, 440 officiers[3] et 14 000 soldats des forces italiennes.

En juin 1941, il refuse de combattre en Syrie contre d'autres Français[3], en particulier les légionnaires du 6e REI. Il est remplacé à la tête de la 13e DBLE par le lieutenant-colonel et prince Amilakvari.

En octobre 1941, il est nommé délégué et commandant des troupes pour le territoire des Alaouites[3] et deux mois plus tard, en décembre 1941, il est promu général de brigade[3]. Il retourne à Londres en et devient Commandant des Forces terrestres françaises en Grande-Bretagne[3].

En novembre 1943 et jusqu'à la fin de la guerre, il est adjoint au général commandant supérieur des troupes du Levant[3] et participe à la pacification du nord de la Syrie où se déroulent des troubles violents en mai et [3].

Après guerre

Promu général de division en 1946[3], il devient adjoint au commandant supérieur des troupes d'Algérie. Il est, en 1948, « chargé de mission permanente d'inspection des unités de Légion ». Pendant près de 2 ans, il effectue d'incessants voyages partout où stationnent et combattent des unités de Légion en Algérie, au Maroc, à Madagascar, en Indochine où il participe aux combats de Cochinchine et du Tonkin.

En 1950, général de corps d'armée, à la veille de sa retraite, il se porte volontaire pour commander le Bataillon français de l'ONU en cours de formation pour intervenir en Corée et échange ses étoiles contre les galons panachés de lieutenant-colonel pour pouvoir le faire[3].

Ayant atteint la limite d'âge, il rentre en France en 1951. En 1962, succédant au général Kientz, il devient gouverneur des Invalides[3]. À ce titre il est désigné président d'honneur de l'association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire.

C'est à ce poste d'honneur, qu'il meurt le au Val-de-Grâce[3] à Paris. Il est inhumé dans le caveau des gouverneurs, dans la crypte de l'église Saint-Louis-des-Invalides[3].

Il a été le président fondateur de l'Association nationale des anciens des forces françaises de l'ONU et du régiment de Corée[5].

Hommages

Décorations

Décorations françaises

Grand-croix de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération (décret du 1er juin 1943)
Médaille militaire
Croix de guerre 1914-1918 (11 citations : 7 palmes, 1 étoile de vermeil, 2 étoiles d’argent et 1 étoile de bronze)
Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs (7 citations : 5 palmes et 2 étoiles de vermeil)
Croix de guerre 1939-1945 (3 citations : 3 palmes)
Médaille de la Résistance française, avec rosette
Médaille des évadés
Insigne des blessés militaires (7 blessures)
Croix du combattant volontaire 1914-1918
Médaille coloniale (avec agrafes Maroc 25-26 et Érythrée)
Médaille commémorative de Syrie-Cilicie
Médaille commémorative de la guerre 1914-1918
Médaille interalliée de la Victoire
Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945
Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre
Médaille commémorative française des opérations de l'Organisation des Nations unies en Corée.
Médaille commémorative pour le Liban (1926)

Décorations étrangères

Grand officier de l'ordre du Dragon d'Annam (Annam).
Commandeur de l'ordre de la Couronne (Belgique)
Croix de guerre 1914-1918 (Belgique).
Grand-croix de l'ordre royal (Cambodge).
Grand-croix de l'ordre de l'Étoile d'Anjouan (Comores).
Cordon Taegeuk avec étoile d'argent de l'ordre du mérite militaire (Corée du sud).
Silver Star (États-Unis).
Officier de la Legion of Merit (États-Unis).
Croix de guerre (Grèce).
Ordre du mérite (Liban).
Grand officier de l'ordre du Ouissam alaouite (Maroc).
Grand-croix de l'ordre de Saint-Olaf (Norvège).
Croix de guerre avec glaive (Norvège).
Ordre militaire de Virtuti Militari (Pologne).
Officier de l'ordre de l'Étoile de Roumanie avec glaives (Roumanie).
Ordre de l'Empire britannique à titre civil (Royaume-Uni)
Croix militaire (Royaume-Uni)

Notes et références

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean-Marie Thiébaud, La Présence française en Corée de la fin du XVIIIe siècle à nos jours, L'Harmattan, 2005, p. 215-216.
  • Edme des Vollerons, Le Général Monclar, un condottière du XXe siècle, Paris, Economica, Hautes études militaires, ISC, 2000. 180 p.
  • Fabienne Monclar, Monclar, le Bayard du XXe siècle, Via Romana, 2014, 468 p. [présentation en ligne]

Liens externes

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