Rachid Taha

Rachid Taha (arabe : رشيد طه), né le à Saint-Denis-du-Sig (aujourd'hui Sig, en Algérie) et mort le aux Lilas (Seine-Saint-Denis), est un chanteur algérien ayant résidé durant la majorité de sa vie en France. Sa musique est inspirée par différents styles, tels que le raï, le chaâbi, la techno, le rock 'n' roll dans le contexte qui a suivi le mouvement punk avec la vague new wave au début des années 1980.

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Rachid Taha
Rachid Taha en 2011.
Informations générales
Naissance
Sig, Algérie
Décès
Les Lilas, Seine-Saint-Denis, France
Activité principale Chanteur
Genre musical Rock, raï, chaâbi, techno, rock'n'roll, new wave, punk[1],[2]
Années actives 19802018
Labels Naïve Records
Site officiel rachidtahaofficial.com

Biographie

Origines et famille

Le père de Rachid Taha est originaire de Sidi Aïch (dans la région de Béjaïa) et sa mère est originaire de Mascara[3]. Il déménage pour l'Alsace à Sainte-Marie-aux-Mines, avec ses parents en 1968, puis vit quelque temps à Lépanges-sur-Vologne dans les Vosges[4] où, élève turbulent, il est mis chez les sœurs par sa famille[5] au lycée Jeanne d'Arc de Bruyères. À cette époque, il apprend réellement à écrire l'arabe et parler l'arabe littéraire, notamment en écoutant les chansons d'Oum Kalthoum[4].

Carrière

Après des études de comptabilité[6] et différents petits boulots, Rachid Taha s'installe à Rillieux-la-Pape, où il travaille à l'usine Thermix. Il y rencontre Mohammed et Moktar Amini[5], et il forme avec eux en 1980 le groupe Carte de séjour qui prendra sa forme définitive avec l'arrivée en 1982 de Jérôme Savy, prônant l'intégration et la tolérance envers les immigrés (ils participent notamment à la Marche pour l'égalité et contre le racisme de Marseille à Paris[5]) et sortant un premier album intitulé Rhorhomanie en 1984. En 1982, il ouvre également la boîte de nuit « Au Refoulé » dans le quartier de La Croix-Rousse, à Lyon[5]. En 1986, Rachid Taha et Carte de séjour ont défrayé la chronique en reprenant Douce France, une chanson que Charles Trenet interprétait en 1943 pour soutenir le moral des prisonniers français et des jeunes gens réquisitionnés pour le STO dans les territoires du Troisième Reich[7]. Le texte de la chanson fut distribué aux députés de l'Assemblée nationale. Le groupe se dissout en 1989 et Rachid Taha entame une carrière solo avec la sortie de son premier album Barbès en 1991[8].

En mai 1998, il sort Diwân qui compile des compositions chaâbi de Dahmane El Harrachi (Ya Rayah), de Hadj El Anka, de Akli Yahyaten, ainsi que Nass El Ghiwane et Farid El Atrache. Rachid Taha revendique fréquemment l'héritage de Cheikha Remitti, dont il a repris de nombreux rythmes et mélodies. Quelques mois plus tard, en novembre 1998, il sort l'album live Un, deux, trois soleils en compagnie de Khaled et Faudel (notamment sur les tubes Ya Rayah et Abdel Kader)[9]. Il devient un chanteur mondialement connu notamment avec le titre Ya Rayah[10]. En , une réédition de l'album comprend deux titres supplémentaires dont la reprise de la chanson Comme d'habitude de Claude François[11].

Il reçoit sa première Victoire de la musique en 2001[12].

En 2004, il sort l'album Tékitoi, qui reçoit un bon accueil dans la presse en France[13] et aux États-Unis[14]. Cet album reprend le tube Rock the Casbah du groupe punk britannique The Clash, dans une adaptation Rock el Casbah qui est unanimement acclamée[14],[15] : Mick Jones ayant déclaré préférer la version de Taha[4], qu'ils ont chantée ensemble plusieurs fois sur scène, notamment lors d'une session de l'émission Taratata sur France 4[16].

Rachid Taha en concert lors du festival Couleur Café de 2007 (Bruxelles).

En 2008, Rachid Taha interprète le rôle principal de Là où je pense, un court-métrage réalisé à l'occasion de la collection Écrire pour un chanteur, lancée par Canal+. Cette même année, il collabore avec Rodolphe Burger pour le titre Arabécédaire et publie son autobiographie, Rock la Casbah[17].

Dans deux entretiens publiés en 2006 et 2007, Rachid Taha a signalé avoir entrepris des démarches en vue d'obtenir la nationalité française[18],[5], et déclare en 2010 « se sentir totalement français »[19]. Pourtant dans Rock la Casbah, publié en 2008, il affirme n'avoir jamais voulu demander la nationalité française en mémoire de son oncle tué par les militaires français pendant la guerre d'Algérie[20]. En 2012, il assure ne toujours pas avoir la nationalité française[21].

En 2013 sort son neuvième album solo, Zoom produit par Justin Adams[22], qui contient notamment des hommages à Elvis Presley et Oum Kalthoum. Avec cet album, Rachid Taha fait encore une fois le tour du monde en donnant des concerts[23]. Il s'entoure de nouveaux musiciens : Maxime Delpierre (guitare), Juan de Guillebon (basse) et Kenzy Bourras (claviers). Les autres, fidèles au chanteur, complètent l'équipe : Guillaume Rossel (batterie), Idriss Badarou (basse) et Hakim Hamadouche (mandoluth).

En 2015, Rachid Taha écrit en collaboration avec Kenzy Bourras des musiques de films français et fait aussi des apparitions dans ces films[24]. Toujours en 2015, il reçoit un trophée des Victoires de la musique pour l'ensemble de sa carrière[25]. En 2017, tout en donnant des concerts, il s'associe avec son ami Rodolphe Burger et crée le groupe CousCous Clan[26]. Un nouveau batteur, Franck Mantegari, remplace Guillaume Rossel à ses côtés. En 2018, il se produit à l'Institut du monde arabe à Paris pour donner un concert unique en hommage à Dahmane El Harrachi[27].

Rachid Taha a beaucoup collaboré avec le guitariste britannique Steve Hillage du groupe Gong, ce dernier a produit huit de ses albums en plus de jouer la guitare et de s'occuper du mixage sur plusieurs d'entre-eux[28].

Maladie et mort

Rachid Taha a affirmé souffrir de la maladie d'Arnold-Chiari, diagnostiquée vers 1987[29]. Il déclare : « J’en ai marre que les gens me prennent pour quelqu’un de « bourré » sur scène. Alors que ce sont les symptômes de la maladie d’Arnold-Chiari. Je titube, car je perds l’équilibre. Je vacille. Cela génère un dérèglement dans le corps. »[30]

Rachid Taha meurt dans son sommeil dans la nuit du 11 au , aux Lilas (Seine-Saint-Denis)[31],[32], des suites d’une crise cardiaque[33].

Il est enterré à Sig[34]. Ses amis lui rendent un hommage à Paris alors que la mort de l’artiste continue de susciter de nombreuses réactions en France, pays où il est arrivé à l’âge de dix ans[35],[5].

Discographie

Avec Carte de séjour

  • 1983 : Carte de séjour (maxi 45 tours)
  • 1984 : Rhorhomanie
  • 1986 : Deux et demi

En solo

Albums en public

Compilations

Publication

Filmographie

 Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par les bases de données Allociné et IMDb. Rachid Taha a composé quelques bandes originales pour le cinéma ou la télévision :

Il a également joué dans quelques productions :

  • 1990 : Le Lyonnais (série télévisée), épisode Taggers de Cyril Collard : Ali
  • 2008 : Écrire pour un chanteur (série télévisée), épisode Là où je pense de Bénédicte Portal : Rachid
  • 2010 : Between Two Fires d'Agnieszka Lukasiak (en) : le chanteur
  • 2012 : Cheba Louisa, film de Françoise Charpiat : lui-même
  • 2017 : Terrain vague (court métrage) de Latifa Saïd : le chanteur

Notes et références

  1. Sylvain Siclier, « Rachid Taha, le punk du raï, est mort », sur lemonde.fr,
  2. « Rachid Taha a donné chair aux combats d'une génération », sur humanite.fr,
  3. Taha Rachid sur www.arab-art.org
  4. Rachid Taha, à bâtons rompus dans l'émission Décibels du 17 mai 2008 sur France Culture.
  5. Douce transe dans Libération du 20 mars 2007
  6. Anne-Laure Herbet, « Rachid Taha, l'artiste, qui a grandi en Alsace, est mort d'une crise cardiaque à 59 ans », France TV Info, .
  7. Manuel Perreux, « Le véritable sens de la reprise de "Douce France" par Rachid Taha n’a rien de doux », Slate, (lire en ligne)
  8. « Rachid Taha : qui se souvient ? », Libération, (lire en ligne)
  9. « Décès de Rachid Taha : 1, 2, 3 Soleils, ce phénomène raï qui a fait danser la France », RTL,
  10. « Rachid Taha et les Trans Musicales, une histoire d’amour », Ouest-France, (lire en ligne)
  11. « Mort de Rachid Taha, chanteur du métissage musical », Le Monde, (lire en ligne)
  12. « Palmarès des 16es victoires de la musique », sur rfimusique.com,
  13. « Tékitoi », Les Inrockuptibles, (lire en ligne)
  14. (en) Shock the Casbah, Rock the French (and Vice Versa) dans The New York Times du 13 mars 2005.
  15. « Rachid Taha, c’était le rockeur de la Casbah », Le Parisien, (lire en ligne)
  16. [vidéo] Rock el Casbah à Taratata sur France 4.
  17. Avec Dominique Lacout, aux éditions Flammarion.
  18. Emmanuel Marolle, « Rachid Taha : "Français tous les jours et algérien pour toujours" », Le Parisien,
  19. Hervé Dols, « Entretien avec Rachid Taha », L'œil paca.fr, hiver 2010-2011
  20. Rachid Taha, Rock la Casbah, Groupe Flammarion, page ???[précision nécessaire] 2008
  21. Jules Crétois, « L'Interrogatoire à Rachid Taha », sur babelmed.net,
  22. Rachid Taha : « La République a baissé les bras » sur Mondomix le 2 avril 2013.
  23. Anne Berthod, « Zoom, Rachid Taha », Télérama, no 3298, (lire en ligne)
  24. « Rachid Taha », Allociné
  25. « L’engagé Rachid Taha, ambassadeur de la musique chaâbi et de la scène rock, en cinq chansons », Europe 1,
  26. « Couscous Clan », sur histoire-immigration.fr,
  27. « Rachid Taha chante Dahmane El Harrachi », sur imarabe.org,
  28. « Violons du Caire, funk et ordinateurs. Steve Hillage, le directeur artistique, explique sa démarche de mariage des genres », Libération, (lire en ligne)
  29. « Mort de Rachid Taha : le chanteur souffrait d'une maladie rare depuis 30 ans », Femme actuelle, (lire en ligne)
  30. « Rachid Taha souffrait de la maladie d’Arnold Chiari : Courage et dignité », El Watan, (lire en ligne)
  31. « Décès de Rachid Taha, rock star made in France », sur lefigaro.fr,
  32. « Le chanteur Rachid Taha est mort », sur huffingtonpost.fr,
  33. « Le chanteur Rachid Taha est décédé », sur leparisien.fr,
  34. « Le chanteur Rachid Taha enterré en Algérie sur la terre de ses ancêtres », sur jeuneafrique.com,
  35. « Hommage à Rachid Taha - Hassina Mechaï : "Il revient à ma mémoire" », sur afrique.lepoint.fr,

Liens externes

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