Raïssa Maritain

Raïssa Maritain (1883-1960), née Raïssa Oumansoff est une philosophe et poète française. Elle était l'épouse de Jacques Maritain avec qui elle a travaillé et a été pendant plus d'un demi-siècle, au centre d'un cénacle d'intellectuels catholiques français. Son livre de souvenirs, Les Grandes Amitiés, en relate la chronique. Ce livre a obtenu le prix du Renouveau français. Jacques Maritain, Raïssa et sa sœur Vera (1886-1959) forment ce que l'on appellera « les trois Maritain ».

Biographie

Jeunesse

Elle naît dans l'empire russe, à Rostov-sur-le-Don, dans une famille juive ; ses parents viennent de familles juives hassidiques très pieuses et pratiquantes. Son père dirige un atelier de couture, sa mère accomplit toutes sortes de tâches domestiques. Quand Raïssa a deux ans, sa famille s'installe à Marioupol, au bord de la mer d’Azov[1]. Sa sœur Véra naît en 1886. Très tôt, Raïssa manifeste une grande envie d'apprendre. A 7 ans, elle est admise au lycée malgré les quotas très limités pour les juifs. Elle admire tout ce qui est lié à l'école et au savoir ; elle réussit très bien ses études.

En 1893, quand elle a dix ans, ses parents décident d’émigrer[2]. Ils veulent assurer l’avenir de leurs deux filles, Raïssa et Vera, ce qui semble difficile en Russie à cause des discriminations antisémites. Le projet initial de leur père est d'aller jusqu'à New-York, mais un ami le persuade de s'établir à Paris ; aussi la famille émigre en France, où Raïssa continue sa scolarité dans une école communale du Passage de la Bonne Graine. En deux semaines, elle apprend le français suffisamment bien pour comprendre les leçons et être classée deuxième de la classe. Deux ans plus tard, elle change d’établissement et se prépare à entrer à l'université.

Jacques Maritain

Elle s'inscrit à la Faculté des Sciences de la Sorbonne, où elle rencontre Jacques Maritain, licencié en philosophie qui prépare une licence ès sciences. Tous deux se sentent vides et désespérés. Ils apprécient la qualité de l'enseignement qu'ils reçoivent, mais les idées de leurs professeurs ne correspondent pas à leurs aspirations et à leurs questionnements les plus profonds.

« Nous décidâmes donc de faire pendant quelque temps encore confiance à l’inconnu ; nous allions faire crédit à l’existence, comme à une expérience à faire, dans l’espoir qu’à notre appel véhément le sens de la vie se dévoilerait, que de nouvelles valeurs se révéleraient si clairement qu’elles entraîneraient notre adhésion totale, et nous délivreraient du cauchemar d’un monde sinistre et inutile. Que si cette expérience n’aboutissait pas, la solution serait le suicide ; le suicide avant que les années n’aient accumulé leur poussière, avant que nos jeunes forces ne soient usées. Nous voulions mourir par un libre refus s’il était impossible de vivre selon la vérité[3]. »

En 1904, elle passe ses vacances dans un village du Loiret avec sa famille et Jacques Maritain. Les normes de l'hygiène n'étant pas respectées à l'auberge où ils logent, Raïssa souffre d'un mal de gorge. On diagnostique un phlegmon rétro-pharyngien, maladie à l'origine des problèmes de santé qu'elle éprouvera jusqu'à la fin sa vie et qui l'empêcheront d'avoir une occupation régulière.

Les cours d'Henri Bergson au Collège de France, que Maritain et Raïssa commencent à fréquenter sur le conseil de leur grand ami Charles Péguy, les aident à sortir de ce désespoir en leur permettant de pressentir l'existence de la vérité objective et une " possibilité même du travail métaphysique "[3]

Conversion au catholicisme

Quelque temps après leurs fiançailles en 1904, ils rencontrent Léon Bloy qui devient leur grand ami, et se convertissent au catholicisme. Leur baptême, ainsi que celui de sa sœur Véra, a lieu, le , à l’Église Saint-Jean de Montmartre, avec Bloy comme parrain.

Après sa conversion, Raïssa se sent appelée à avoir une vie contemplative, laquelle est alors réservée aux religieuse. Avec l'aide de son mari Jacques et de sa sœur Vera, elle parvient à trouver un équilibre entre sa vie de prière et sa place dans le monde[2].

Jacques et Raïssa Maritain choisissent le Père Humbert Clérissac, dominicain, comme leur premier directeur spirituel. Après la mort de celui-ci, un autre dominicain, le Père Garrigou-Lagrange, devient leur père spirituel et leur ami.

Raïssa et Jacques Maritain noueront une grande amitié avec Jean Bourgoint, cistercien qui ira soigner les lépreux. Ils ont laissé une correspondance très intéressante et Jean Bourgoint sera très affecté par la mort de Raïssa le .

Style littéraire

Pour Stanislas Fumet, les poésies de Raïssa ont « une extrême délicatesse de touche, une remarquable pureté de forme et l’accent d’une profonde authenticité »[4].

Publications

Essais
  • De mœurs divines, Librairie de l’Art catholique, Paris 1921.
  • De la vie d’oraison, À l’Art catholique, Paris 1925.
  • Le Prince de ce monde, Plon, Paris 1929.
  • L’Ange de l’École, ou saint Thomas d’Aquin raconté aux enfants, Alsatia, Paris 1957.
  • Marc Chagall, Éditions de la Maison française, New York 1943.
  • Léon Bloy, Pilgrim of the Absolute, Pantheon Books, New York-London 1947.
  • Les Grandes Amitiés, coll. « Livre de vie », Desclée de Brouwer, 1949.
  • Liturgie et contemplation, Desclée de Brouwer, Paris 1959.
  • Journal de Raïssa, Desclée de Brouwer, Paris 1962.
Poésie
  • La Vie donnée, Labergerie, Paris 1935.
  • Lettre de nuit, Desclée de Brouwer, Paris 1939.
  • Portes de l’horizon, Monastère Regina Laudis, Bethlehem (Connecticut) 1952.
  • Poèmes et essais, Desclée de Brouwer, Paris 1968.

Bibliographie

  • Jean-Luc Barré, Jacques et Raïssa Maritain, Les Mendiants du ciel, Stock, 1996
  • Nora Possenti Ghiglia, Les Trois Maritain, Parole et silence, 2006
  • Jean Bourgoint, Le Retour de l'enfant terrible : Lettres 1923-1966, Desclée de Brouwer, (ISBN 2-220-02010-X)
  • Nicole Hatem, Raïssa Maritain ou le courage philosophique, Orizons, 2015

Notes et références

  1. (en) MICHAEL SHERWIN, O.P., « Raissa Maritain: Philosopher, Poet, Mystic », sur catholiceucation.org.
  2. Antoine Mourges, « Raïssa Maritain, contemplative dans le monde », sur fr.aleteia.org, .
  3. Les Grandes Amitiés, coll. « Livre de vie », Desclée de Brouwer, 1949.
  4. Stanislas Fumet, « La mort de Raïssa Maritain », sur lemonde.fr, .

Articles connexes

Liens externes

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