R.wan

Erwan Séguillon, dit R.wan, né en 1974, est un chanteur français. Chanteur, auteur et compositeur du groupe Java, il se lance à partir de 2006 dans une carrière solo, en parallèle à la vie du groupe Java auquel il continue de contribuer jusqu'en 2010. Il participe également au groupe Soviet Suprem, aux côtés de Thomas Feterman (chanteur de La caravane passe), et y tient le rôle d'un « Sylvester Staline » déjanté.

Les débuts

R.wan est le fils du journaliste Pierre-Luc Séguillon (1940-2010)[1] et revendique des « origines métisses : je suis moitié breton, moitié alsacien »[2]. Il grandit dans une banlieue rouge de Vitry-sur-Seine[3]. Il a fait des études de philosophie[4] et de géographie[5].

R.wan commence sa carrière musicale en chantant, en anglais souvent[6], dans des petits groupes de reggae, Sense Lion et Mystik Vibes. Depuis le collège il connait François-Xavier Bossard, alias Fixi (musicien professionnel pour Sinclair ou Tony Allen), et réoriente son style avec lui en 1998 vers la chanson française, le rap et l'humour; ils créent ensemble le « rap-musette »: le groupe Java est né et commence à écumer bars et petites salles. Ils sont bientôt rejoints par Jérôme Boivin, alias Pépouse Man, à la contrebasse et Marlon à la batterie.

R.wan n'est pas passéiste pour autant : « Nous n'avons pas grandi dans la musette, plutôt dans le hip-hop « old school » des années 1980, à travers les émissions de Dee Nasty sur Nova. Quand nous avons fondé le groupe, en 1997, j'étais en fac de géographie et je m'interrogeais beaucoup sur les relations de l'homme à son espace, à son contexte. Je trouvais que le folklore français n'était pas assez exploité. Du coup, nous nous sommes plongés dans les disques des années 1930, pour reconnecter avec notre patrimoine musical, comme les rappeurs l'ont fait avec la soul et le funk des années 1960[5] ».

Avec Java

Le premier album Hawaï (2000)

En , Java enregistre en trois semaines son premier album, Hawaï, qui sort en , avec treize morceaux. On y trouve de la poésie et de l'humour enrobés de gouaille parisienne et, sur le plan musical, du rap (Sex, accordéon et alcool, Pépètes, Dieu, Métro), du jazz (Chihuahua), de la chanson française (Mon monde, Le poil très proche de Boris Vian, Danser, valse musette à l’énergie rock, le refrain de C’est la vie), funk (Au banquet des chasseurs), et même pop (Le Ramsès assez gainsbourien, période Melody Nelson”), le tout porté par une rythmique groove impeccable et efficace.

Le batteur Marlon est remplacé par Alexis Bossard, frère de Fixi. En France, Java passe à l’Européen en , puis en province. Il joue au cours de l’été 2001 au festival des Vieilles Charrues, aux Francofolies de La Rochelle, fait la première partie de M, de Mano Solo… À l’étranger, Java tourne au Mexique et au Liban.

Le deuxième album avec Java, Sur Seine (2001)

Le deuxième album, Sur Seine, paraît en 2001 en écho à cette tournée, fort de sept morceaux, dont deux inédits (Apocalypse et Chronique d’une toxine); la version de Sex, accordéon et alcool y dure près de dix minutes.

En , Java est à l’affiche du film Les Femmes... ou les enfants d'abord... de Manuel Poirier où il anime un bal populaire et fait valser enfants et amoureux.

Le troisième album avec Java, Safari croisière (2003)

En , le groupe part au Brésil pour enregistrer son deuxième album studio. L’enregistrement se poursuit à Paris et à la campagne[6]. Le groupe prend la route au début de 2003, en province et à Paris avec un passage au Nouveau Casino. Le nouvel album, Safari croisière, sort en . Le premier morceau, 6/8, commence par un Erwan survolté. Tous les genres musicaux sont convoqués: rap (Ce s’ra tout, où un inconnu tente de séduire sa boulangère), samba (Samba do Jerusalem), pop voire rock (Carte bleue sur un texte d’Alexandre Kaufmann), funk voire techno (Cendrier, conte de Cendrillon revisité à la sauce nicotine), valse musette (Le 10 ), jazz (Alinéa), musique africaine (La guerre), musique ethnique (Sacrifice chez les Zombilé). Une instance étrange est mise à l'honneur de la pochette du disque: Chrémitman (Chré pour Chrétien, Mit pour Sémite et Man pour Musulman), un Dieu anti-guerre qui suit leur itinéraire. Deux soirées à l'Élysée Montmartre à Paris à guichets fermés en octobre et en novembre, avant une tournée en province jusqu’au mois de décembre. Sur la scène de l'Élysée Montmartre, l’accordéoniste Daniel Colin vient les rejoindre pour jouer de la valse musette, des couples de danseurs se forment dans la salle. À Marseille, ce sont les Massilia Sound System qui se prêtent au jeu. Sur scène, les musiciens se déguisent : Pépouse en Mireille, la boulangère à la coiffure peroxydée et à la tenue si légère, Fixi en bourdon, et R.wan en… Dieu. En 2004, on retrouve Java au Printemps de Bourges, au festival Solidays, à la Fête de l'Humanité (aux côtés de Têtes raides et d'Alain Bashung); en novembre, Java part deux semaines au Québec et en Australie en .

Les albums solo

Le premier album Radio Cortex (2006)

En , R.wan démarre un projet solo, Radio Cortex, avec le batteur Alexis Bossard. Quatorze chansons et cinq jingles composent l'album, conçu en collaboration avec Arno Elbaz (Bazbaz, McAnuff), K.mille (No one is innocent, UHT), Climbié (Faudil Club de France), Nicolas Kassilchik (26 Pinel), Jérôme Paret (Swaat), Camille Ballon, Fixi (Java), Jérôme Van den Hole (Van Den Love), sous la houlette de Laurent Guénau (ingénieur du son).

Album-concept, Radio Cortex rappelle la programmation d'une radio pirate. On y alterne reggae (À ta porte), rap, ragga (Le caramel sur la cerise), électro, chanson française (On se dit tu, en duo avec Maud Le Guénédal, qu'il a abordée à bord d'un train, comme un adolescent[7]), parodies (Radio Active qui reprend Petit Papa Noël, "Lâche l'affaire" qui reprend Laisse béton de Renaud, qui fera savoir à R.wan qu'il était très satisfait de cette ré-interprétation [8], et une reprise, Océan Indien du poète malgache Roger Kha, qu'R.wan avait rencontré en 1993 [9]). Radio Cortex est présenté sur scène en France en octobre.

En novembre et décembre, R.wan tourne avec le Jamaïcain Winston McAnuff (en collaboration avec Fixi) et avec Java, au Zénith de Nancy, à l'Élysée-Montmartre de Paris.

Le deuxième album Radio Cortex 2 (2008)

Le deuxième opus d'R-Wan, Radio Cortex 2, est réalisé par K.1000 (No one is innocent, UHT, MC Solaar) et continue de mixer les influences rap, électro et reggae. On y trouve deux morceaux qui connaîtront du succès, Coin Coin sur l'univers des parcs Disney, et À pic, une forme de Boléro de Ravel en rap.

Le troisième album Peau rouge (2012)

Le premier titre Peau Rouge est plein d’humour et d’énergie, le deuxième Le CRS mélomane fait rire et se plaindre sous les coups de matraques, tragique dans le comique, la mélodie dans le texte. Certains morceaux – Maudit sort, Trois fées – font à nouveau penser à Gainsbourg, tandis que l'atmosphère du bal du samedi soir revient avec La Maffia, et Boby Lapointe avec Julie… Enfin Le papier d’Arménie rappelle dans une ambiance cotonneuse qui berce nos oreilles de pudiques évocations de la mémoire qui se consume, dessinant avec sensibilité, les spirales de fumée d’un génocide dont l’oubli et la négation rajoute au drame: « Une fumée de martyrs, que l’armée nie en bloc… ».

Le quatrième album Curling (2017)

On y trouve le morceau Berbère, qui raconte une histoire d’amour moderne entre un Breton et une Berbère, sur fond de violon magique qui virevolte au-dessus de la Méditerranée. L'album se nomme Curling, en référence au Dude de Big Lebowsky, et à l'expression argotique « être curling », qui désigne une personne qui, dans un état d’extrême lucidité, adopte un comportement détaché, voire « j’m'en-foutiste » face au grand désastre de la vie et à la profondeur abyssale de la bêtise humaine, une sorte de misanthrope bienveillant.

Avec Soviet Suprem

Soviet Suprem est un groupe de chanson française formé de Sylvester Staline (alias R.wan, chanteur du groupe Java), John Lénine (alias Toma Feterman, chanteur de La Caravane Passe) rejoints par DJ Croute Chef[10]. s'appropriant un style de musique qui serait originaire des pays de l'Union soviétique mêlant influences balkaniques, militaro-punk et électro.

Le projet du groupe est de composer de la musique à la manière d'un genre musical populaire dans un futur alternatif où l'URSS aurait remporté la guerre froide, allant ainsi à l'encontre de l'influence américaine sur la musique actuelle[11].

Divers

Le projet Java dure jusqu'en 2010 et Soviet Suprem débute en 2014.

L'humour d'R.wan tend parfois à la satire politique : « La France dans laquelle Java vit, elle est fortement métissée... Et dans cette France-là, c'est plutôt Brice Hortefeux et Éric Besson, complètement coupés du monde, qui ont un devoir d'intégration[5]. »

L'accent gouailleur d'R.wan est décortiqué par une linguiste, Martine Groccia, dans sa thèse La chanson : une approche sémiotique d’un objet sonore et musical : « Le chanteur de Java, Erwan Séguillon, opte dans la chanson Le poil pour une interprétation à connotation gouailleuse, qui se manifeste au travers de traitement vocalique spécifique (voyelle interprétée en glissando descendant dans l’exemple) ou dans une prononciation marquée de certaines consonnes (exemple, le [r] de « bourgeoise », grasseyé davantage que dans une prononciation neutre)[12]. ».

Discographie

Solo

Avec Java

Avec Soviet Suprem

Notes et références

  1. Je ne suis pas militant
  2. Sophie Petit, « Interview : R.Wan - LE MAGue de la Résistance culturelle », sur lemague.net (consulté le ).
  3. « La révolution Soviet Suprem, entre faux-cils et marteau », sur L'Humanité,
  4. « La vitesse de croisière de Java », sur RFI Musique, (consulté le ).
  5. Timothée Barrière, « Quand Java est là », TéléObs Paris, , p. 17
  6. « Java », sur Le Hall de la Chanson
  7. Sophie Petit, « Interview : R.Wan - LE MAGue de la Résistance culturelle », sur www.lemague.net (consulté le )« Maud Le Guénédal est comédienne. Je l’ai rencontré par hasard dans un train. J’étais au wagon bar et je l’ai entendu parler. Elle avait la même voix que Jeanne Moreau. On avait l’impression qu’elle s’était échappée d’un film des années cinquante. Je suis retourné à ma place et j’ai écrit la chanson. Puis j’ai pris mon courage à deux mains et je l’ai rejointe. Je me suis présenté, je suis devenu tout rouge et je me suis mis à chanter. À ma grande surprise, elle a apprécié et nous nous sommes revus à Paris pour enregistrer. Comme quoi ça vaut la peine de se ridiculiser parfois. »
  8. Sophie Petit, « Interview : R.Wan - LE MAGue de la Résistance culturelle », sur www.lemague.net (consulté le ) « Je ne pensais pas le sortir. J’ai parlé des parodies que j’avais écrites des chansons de Renaud à Pascal Fioreto qui m’avait proposé d’écrire un papier pour son canard, Fluide glacial. C’est un ami de Renaud, une semaine plus tard j’ai reçu un mail de Renaud en personne qui me disait qu’il avait adoré. J’étais fier comme si j’avais eu un bar-tabac et j’ai donc décidé de mettre le morceau sur le disque. »
  9. Sophie Petit, « Interview : R.Wan - LE MAGue de la Résistance culturelle », sur www.lemague.net (consulté le ) « Roger Kha, était un grand poète malgache. Il est arrivé à Paris dans les années 60 et a monté divers groupes psychédéliques. 30 ou 40 ans plus tard, du jour au lendemain, il retourne à Madagascar, c’est là où je l’ai rencontré en 1993. Roger avait quatre frères, tous musiciens, poètes et pirates en même temps. La famille possède un bar à Diego Suarez au nord de l’île qui s’appelle le Libertalia, un nom donné à la première et seule république de pirates qui ai jamais existé au XVIIIe siècle. Ce que j’aime dans la musique de Roger, c’est qu’il a su mélanger la chanson française avec des rythmes de saleg qui est la musique typique du nord de l’île. »
  10. « Soviet Suprem », France Inter (consulté le )
  11. Interview de Sylverster Staline à l’occasion du Festejades 2015 - Gruissan.
  12. Martine Groccia, La chanson : une approche sémiotique d’un objet sonore et musical, Lyon, Université Lumière Lyon 2, (theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=1184&action=pdf).

Lien externe

  • Portail de la musique
  • Portail de la France
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.