Réseau routier français

Le réseau routier français regroupe près de 1 103 451 kilomètres de voies diverses (nationales, départementales et communales). Le réseau routier national comprend 20 656 kilomètres se répartissant en 11 618 km d'autoroutes (9 040 km d'autoroutes concédées et 2 578 km d'autoroutes non concédées) et 9 044 km de routes nationales[1].

Une route de la campagne française, près de Castelnaudary

Consistance du réseau

Classification domaniale

Le patrimoine immobilier des personnes publiques (État, collectivités territoriales, entreprises publiques) se répartit en deux grandes catégories, les propriétés relevant de la domanialité publique et celles de la domanialité privée. La domanialité publique est un régime juridique qui se superpose à la propriété, lui conférant une protection spécifique [2]. La classification domaniale du réseau routier français s'établit au comme suit.

PropriétaireType de voieCatégorie de voieCommentairesLongueur au [1]
ÉtatAutorouteRéseau concédé9 040 km
Réseau non concédé2 578 km
Route nationaleRoutes nationales et rues et places qui y font suite appartenant à l'État.9 044 km
Corse, Nouvelle-Calédonie, DOM/ROM et COM Route territoriale Routes gérées par les collectivités territoriales comme la Corse, la Nouvelle-Calédonie, les DOM/ROM et les COM. Elles correspondent à des liaisons d'importance régionale.

Dans les DROM et dans les COM, elles sont sous forme de route nationale.

DépartementRoute départementaleRoutes départementales et rues et places qui y font suite appartenant au département.377 890 km
CommuneVoirie communaleVoies communalesElles ont vocation à desservir le territoire communal, c'est-à-dire les principaux lieux de vie, d'activité économique et touristique, de relier des routes départementales entre elles.704 899 km
Chemins rurauxIls appartiennent au domaine privé de la commune. Leur vocation est la desserte des fonds ruraux, agricoles ou forestiers.
Voirie d'intérêt communautaireLe code de la voirie routière ne fait pas mention de voirie communautaire, mais lorsque la commune a transféré la compétence voirie à un EPCI, celui-ci exerce pleinement les droits patrimoniaux du propriétaire[3]. La gestion regroupe l'entretien (interventions physiques sur le domaine routier) et l'exploitation (conditions d'utilisation optimale de la route). Toutefois, ce second volet (exploitation) doit tenir compte des prérogatives propres au maire au titre de la police de la circulation. La coordination des travaux, la mise en place de barrières de dégel, le déneigement, à titre d'exemples, relèvent de sa seule compétence.
Privé (particulier, société)Voie privéeVoies urbaines privéesElles sont librement réalisées par les propriétairesNon évalué
Voies rurales privéesChemins et sentiers d'exploitation appartenant à des particuliers et desservant leur propriété (non ouverts à la circulation publique) et autres chemins : chemins de terre, chemins de culture et d'aisance (desserte d'un seul héritage), chemins de servitude, chemins de vidange.
Total (hors voies privées)1 103 451 km

Classification fonctionnelle

Classes fonctionnelles des sections du réseau routier national en 2019[4].
Classes fonctionnelles des sections du réseau routier national. Longueur (mètres)
Grandes Liaisons d’Aménagement du Territoire3289621
Routes Nationales de Liaison2064687
Routes Nationales Ordinaires1584790
Voies à Caractère Autoroutier3673323
Voies Rapides Urbaines de type 501129076
Bretelles Grandes Liaisons d’Aménagement du Territoire511586
Bretelles Routes Nationales de Liaison263734
Bretelles Routes Nationales Ordinaires62096
Bretelles Voies à Caractère Autoroutier1105615
Bretelles Voies Rapides Urbaines de type 50895076
divers547426
total 15127030

Histoire

La mise en place et l'évolution du réseau routier reposent sur deux éléments essentiels :

  • les routes les plus importantes, construites et gérées par le pouvoir central, ont d'abord une vocation militaire jusqu'au Premier Empire.
  • l'évolution du réseau des routes nationales reflète celle du modèle administratif français, du centralisme absolu vers une certaine décentralisation.

De la Gaule à l'époque romaine

L'origine du réseau français est antérieure à la conquête romaine. Comme l'a rapporté Jules César, ce qui est également confirmé par les découvertes archéologiques, la Gaule possédait un réseau de voies comportant des ponts sur les fleuves permettant de se déplacer rapidement entre les cités. Les gaulois, excellents carrossiers, ne pouvaient se satisfaire de chemins non tracés.

Le réseau d'environ 12 000 km de voies romaines a repris en partie leur tracé. Ces voies partiellement pavées avaient pour but de faciliter le déplacement des armées, le commerce et les échanges. Ces voies reliaient Rome aux frontières et aussi les principales cités gallo-romaines entre elles. Des réseaux en étoile étaient constitués au départ des villes les plus importantes notamment Lugdunum. Les déplacements plus locaux sont assurés par de simples chemins de terre.

Les chemins médiévaux

Avec la chute de l'Empire, l'organisation et les moyens qui permettaient d'assurer l'entretien des routes disparaissent. Les chaussées se dégradent, certaines disparaissent. La répartition des populations, le poids respectif des villes et centres d'affaires, évoluent également, faisant perdre leur utilité à certaines liaisons, tandis que d'autres apparaissent, sans pouvoir être équipées avec les solutions techniques utilisées du temps de l'Empire. Au Moyen Âge, la France n'a plus de réseau routier à l'échelle du pays, mais des routes régionales et des chemins en plus ou moins bon état.

XVIe siècle

Par la suite, les gouvernements n'y consacrent que des efforts temporaires à l'époque de Louis XI, de Sully et de Colbert.

XVIIe siècle

Les modes de déplacement au XVIIe siècle sont caractérisés par le développement des messageries et donc des routes de postes empruntées par les messagers.

Au début du siècle, l’état des routes est déplorable consécutivement aux guerres civiles du siècle précédent et à l’absence d’une administration dédiée à la gestion, l’entretien et la construction des routes. Sully, pour qui Henri IV crée en 1599 l'office de grand voyer de France, déploie de louables efforts, mais son action est gênée par le manque de techniciens compétents et les résultats en sont compromis après 1610 par les troubles du royaume et le désordre des finances. Après l'interruption enregistrée par le règne de Louis XIII et la Fronde, la situation n’est pas reprise en main avant Colbert. Les conséquences du renforcement de la notion de service public apparaissent dans différents domaines : le roi dirige, paye et contrôle les travaux, tout au moins dans certaines provinces, pays frontières et pays d’élections. Colbert fait ainsi réaliser des progrès décisifs au service des ponts et chaussées, d’abord en mettant en sommeil les institutions périmées, bureaux des finances et communautés de marchands, puis en utilisant, autour de lui-même et des intendants, un personnel plus compétent. Avec lui, le technicien pénètre dans l’administration.

Les questions techniques de construction et d’entretien n’apparaissent pas, à cette époque, tenir la première place dans l'esprit des contemporains et aucun progrès notable n'apparait dans ce domaine. Dans le domaine des ponts, une évolution est toutefois à noter avec l'apparition des voûtes en anse de panier.

XVIIIe siècle

Indicateur fidèle ou guide des voyageurs, qui enseigne toutes les routes royales, 1785

C'est au XVIIIe siècle que l'établissement d'un véritable réseau routier devient une préoccupation permanente. Le service des Ponts et Chaussées développe et entretient les routes les plus importantes avec le concours du ministère de la Guerre. Il construit avec le système de la corvée près de 30 000 km de voies entre 1728, date de sa création, et la Révolution. Les routes sont bordées d'arbres afin de protéger les piétons et les chevaux. Les voies locales restent à la charge des riverains.

En 1776, un arrêt du Conseil définit quatre classes de routes, depuis les « grandes routes qui traversent la totalité du royaume, ou qui conduisent de la capitale dans les principales villes, ports ou entrepôts de commerce » jusqu'aux petites routes d'intérêt local. Les routes de la première classe, ou routes royales, construites désormais devront avoir 42 pieds de largeur, soit environ 13 mètres. Elles ont été cartographiées par Claude-Sidoine Michel, ingénieur et géographe du Roi à l'Observatoire, Louis Brion de la Tour et Louis Charles Desnos entre 1762 et 1785[5].

Premier Empire

la Route nationale 91 près du col du Lautaret

À la sortie de la Révolution, les routes sont dans un état déplorable. Pour Napoléon Bonaparte, les routes impériales, qui remplacent les routes royales, permettent d'unifier le pays et de faciliter le passage des troupes, comme à l'époque romaine. Il s'attache particulièrement à développer les routes vers l'Italie, à laquelle il attribue une importance politique particulière. La première classe contient quatorze routes dont dériveront les principales routes nationales d'aujourd'hui. Toutes ces routes partent de Paris, même si certaines ont un tracé commun à leur début. Conçues à l'époque d'extension maximale de l'Empire, certaines de ces routes se terminent dans des villes aujourd'hui étrangères. Les voies reliant les grandes villes de province entre elles sont reléguées dans une seconde catégorie. Le décret mentionne aussi les routes départementales, qui correspondent aux routes de 3e classe de l'Ancien Régime.

Les routes impériales
No  Parcours
1 Paris – Calais
2 Paris – Amsterdam
3 Paris – Hambourg (commun avec la 2 jusqu'à Soissons)
4 Paris – Mayence
5 Paris – Strasbourg (commun avec la 4 jusqu'à Châlons)
6 Paris – Rome et Naples
7 Paris – Milan
8 Paris – Rome
9 Paris – Toulon (commun avec la 8 jusqu'à Aix)
10 Paris – Perpignan (commun avec la 8 jusqu'à Moulins)
11 Paris – Bayonne
12 Paris – Rochefort (commun avec la 11 jusqu'à Poitiers)
13 Paris – Brest
14 Paris – Cherbourg

Le Trésor public finance intégralement les routes de 1re et 2e classe et participe à l'entretien des routes départementales.

Restauration et Monarchie de Juillet

Carte des routes nationales de la France en 1848.

Après l'Empire, l'État continue à améliorer les routes redevenues « royales », puis « nationales » après 1830, parallèlement au développement des canaux. La paix retrouvée et l'explosion de la révolution industrielle demandent une voirie adaptée au commerce. L'administration des Ponts et Chaussées construit de nouvelles routes, rénove les voies existantes, reconstruit des ponts. Le système de numérotation impérial est revu en 1824 (il ne changera presque pas jusqu'aux déclassements de 1974). Le réseau compte alors 14 000 km de routes royales en bon état. On ajoute au réseau en étoile centré sur Paris des liaisons transversales entre Lyon et Bordeaux, entre Agde et Toulouse.

Les diligences vont de plus en plus vite sur ce réseau rénové. Le voyage de Paris à Lyon prend moins d'un jour et demi par la malle-poste en 1848. On est à Bordeaux en deux jours.

Pour la première fois l'État commence à s'intéresser aux voies locales. La loi du crée les chemins vicinaux, à la charge des communes mais sous le contrôle des préfets.

La suprématie du chemin de fer

Napoléon III achève la route qui traverse les Alpes par le col du Lautaret (N 91) ainsi que celle qui franchit le Somport (N 134) dans les Pyrénées. Il poursuit l'effort engagé sous la Restauration en faveur des chemins vicinaux et les conseils généraux poursuivent l'extension du réseau des voies départementales. Un état publié en 1864 dénombre 231 routes impériales d'une étendue de 38 262 km ; 1 751 routes départementales d'une longueur de 47 871 km qui passeront à 48 000 km en 1871[6]. Il faut se rappeler que les conseils généraux sont alors soumis à la tutelle du préfet, c’est-à-dire de l'État.

Toutefois l'effort principal, dans la deuxième moitié du siècle, après le vote de la loi du 11 juin 1842, porte sur le développement du réseau ferroviaire, qui permet le développement d'un véritable réseau national là où auparavant, n'étaient créées que des liaisons d'opportunité sans cohérence d'ensemble. Les nouvelles gares ainsi construites, que l'on nomma d'abord des embarcadères, prirent progressivement la place des relais de diligence dans le quotidien des voyageurs. Elles allaient devenir à leur tour le centre d'un nouveau développement urbain au point de finir par être incluses dans la trame urbaine, alors qu'elles avaient été bâties en périphérie. À la fin du XIXe, le maillage du réseau sur l'ensemble assure au chemin de fer un monopole de l'ensemble du transport de voyageurs, en dehors de rares zones non encore desservies, et des marchandises à longue distance. À cette époque, le réseau s'est cependant densifié : de nombreuses routes ont été créées pour relier les gares aux localités proches ou pour améliorer les dessertes locales.

Mais les grands axes désertés ayant perdu leur utilité sont relativement négligés et peu entretenus. Au cours de la dernière décennie du siècle, les premiers cyclotouristes qui redécouvrent ces grandes routes seront à l'origine de la création du Touring Club de France. Le TCF mène à la fin du siècle et au début du suivant une action auprès des pouvoirs publics et de l'opinion pour obtenir leur amélioration.

L'ère de l'automobile

Carte des routes nationales de la France en 1922.

Le XXe siècle remplace les carrioles et les chevaux par des automobiles qui supportent beaucoup moins les irrégularités de la chaussée.

Le revêtement le plus répandu, l'empierrement (sous forme de macadam ou autres techniques), bien adapté aux transports hippomobiles, se dégrade au passage des automobiles qui soulèvent, de plus, des nuages de poussière.

Vers 1920, après une guerre qui avait aggravé le manque d'entretien, le mauvais état d'une partie du réseau est attesté par les cartes routières de cette époque notamment les cartes Michelin qui distinguent les routes généralement défoncées et celles régulièrement entretenues.

Entre les deux guerres, l'État se charge de goudronner les routes nationales puis départementales. Dans les années 1960, il se lance dans une vaste politique de création d'autoroutes.

L'époque contemporaine : la remise en cause des modèles traditionnels

Dès 1972 l'État a déclassé près de 53 000 km de routes nationales secondaires. Plus récemment, la loi du , adoptée dans le cadre de la politique de décentralisation du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, prévoit que l'État doit transférer aux départements la gestion de la majeure partie du réseau des routes nationales. Ce transfert concerne environ 18 000 km de routes, dont les servitudes, droits et obligations sont transférés au département. L'État conservera la responsabilité du « réseau principal structurant », c’est-à-dire des routes et des autoroutes qui desservent les principales villes et qui sont jugées essentielles pour la vie économique. Le ministère de l'Équipement a présenté en la liste des routes que l'État compte transférer aux départements.

Quant au règne de l'automobile, il est remis en cause par les partisans du transport ferroviaire en France, moins polluant. Ainsi la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc du , suivi d'un incendie au tunnel du Fréjus le , a renforcé les partisans d'une grande liaison ferroviaire entre la France et Milan.

Si la voiture reste un objet quotidien pour l'immense majorité des Français, son utilisation pour de grands trajets est fluctuante : les liaisons ferroviaires à grande vitesse, et dans une moindre mesure, l'avion, sont de sérieux concurrents pour la route, mais le covoiturage et les offres de bus et de trains low cost gagnent du terrain, pour des questions de coûts, mais aussi de souplesse par rapport au maillage et aux imprévus (grèves, fermeture des petites lignes ferroviaires et réduction de l'offre). Du point de vue du transport de marchandise, l'effondrement du transport de fret par chemin de fer s'est opéré au profit du transport routier et devrait poser à l'avenir les questions de modes de transports moins polluants (ferroutage par exemple) et, malgré le fiasco de l'écotaxe avortée, d'une plus juste contribution des transporteurs au coût d'entretien des routes et infrastructures gratuites utilisées, bien plus sollicitées, et dégradées, par les poids-lourds que par les véhicules légers.

Circulation routière

Sécurité routière

Accidentalité

Localisation des tués en 2018
Type Tués
Autoroutes 269
Routes nationales 222
Routes départementales 2103
Voies communales 592
Autres voies 62
Ensemble des réseaux 3248

Passages à niveau

Certaines routes, notamment en métropole, présentent des croisements à niveau avec des lignes ferroviaires. De ce fait, ces points peuvent représenter un risque certain d'accidentalité entre un véhicule automobile et un train. Ces passages à niveau peuvent suivant le cas être signalés par un panneau de signalisation de passage à niveau sans barrière en France ou par un panneau signalant un passage à niveau muni de barrières en France[7].

0,4% des passages à niveau se trouvent sur route nationale, 31,4% sur RD, 68,2% sur route communales. Le nombre total de PN est d'environ 15 000 en France. 60 % des PN sont munis d'un dispositif automatique (feux ou barrières)[7].

Équipements de la route

Entretien routier

Construction routière

Notes et références

  1. « Mémento de statistiques des transports 2017 - voir chapitre 3 », sur https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/ (consulté le )
  2. « La délimitation de la propriété des personnes publiques. », sur http://www.geometre-expert.fr/ (consulté le )
  3. « Surveillance et entretien courant des ouvrages d’art routiers - Guide technique », sur http://dtrf.setra.fr/, (consulté le ), p. 15
  4. https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/hierarchisation-du-reseau-routier-national/
  5. Claude-Sidoine Michel, « L'Indicateur fidèle ou guide des voyageurs », Desnos, (consulté le ).
  6. Jules Radu, Instruction élémentaire, Paris, Jules Radu, , 533 p., p. 175
  7. La sécurité routière en France - bilan 2018 - ONISR

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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