Réginald Gaillard

Réginald Gaillard est un poète, écrivain et éditeur français né en 1972 à Béthune[1]. Il est le fondateur et l'actuel directeur de la revue NUNC et des éditions de Corlevour.

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Biographie

Né d'une mère luthérienne originaire de Belfort et d'un père jurassien issu de la petite paysannerie, Réginald Gaillard fait ses études d'Histoire à l'université Lille-III, au cours desquelles il travaille notamment sur le Génie du christianisme de François-René de Chateaubriand, puis sur le catholicisme romantique[2].

Éditeur

En 1996, il cofonde une première revue avec Michaël Dumont, L’Odyssée, qui disparaît l'année suivante[3]. Il réitère une seconde fois l'expérience, avec la création de la revue Contrepoint, journal de l'unité (1999-2000), « un gratuit de 4 à 8 pages où il publiait de la poésie et de courts articles de critique et de controverse[2] », qui le conduit progressivement vers une troisième revue.

En 2002, il fonde la revue Nunc, devenue au fil des ans l'une des plus importantes revues de poésie française[4], ainsi que les éditions de Corlevour, nom inspiré du village de Courlaoux, berceau de sa famille paternelle[5]. Revendiquant un « enracinement spirituel », la revue NUNC défend notamment, selon son fondateur, « une appréhension spirituelle du réel, de la langue, de la création, de la pensée, et cela sans être au service d’une Église en particulier »[2]. Les différentes publications éditent de la poésie, des romans, des essais, et des livres d’art[6]. En 2011, elles reprennent le fonds français des Éditions Laurence Teper[7].

Dans le cadre de la revue NUNC, il dirige près d'une dizaine de dossiers, essentiellement sur des poètes contemporains, dont Olivier Apert, Pierre Oster, Jean Grosjean, Pierre Emmanuel, Jean-Pierre Lemaire, Adonis, Juarroz[8]...

Poète et écrivain

Il a publié quatre recueils de poésie, dont L'Attente de la tour (2013) L'Échelle invisible (2015) et Hospitalité des gouffres (2020), parus chez Ad Solem[9]. Des poèmes ont par ailleurs paru dans différentes revues telles que Phoenix, Thauma, Recours au poème, etc.

En 2017, il publie son premier roman, La Partition intérieure (Le Rocher[10]), qui reçoit non seulement le Grand Prix catholique de littérature[11], mais également un large écho critique dans la presse[12],[13],[14],[15]. L'histoire se passe à Courlaoux, dans le Jura, terre d'origine de la famille de l'écrivain[16] ; certains personnages s’inspirent d'ailleurs de personnes réellement rencontrées ; d’autres ont été complètement créés[17].

Vie privée

Il est marié et père de deux enfants.

Réception critique

Poésie

La publication de L'Attente de la tour, premier recueil édité chez Ad Solem, provoque une longue critique de Nicolas Rouzet dans la revue mensuelle Europe[18]. Le recueil évoque longuement, dans sa première partie, une mystérieuse jeune femme, une cavalière, arrachée à la vie. Nicolas Rouzet évoque cette démarche en la comparant à la « tradition orphique, tentant de descendre aux Enfers pour en arracher l’aimée par le pouvoir de son chant [...]. Cette descente en enfer, mystérieusement, accompagne la renaissance voire la conversion de celui qui donne voix à ce récit. Vient alors, en filigrane, la figure christique, seule capable de réconcilier toutes les antinomies d’un monde éclaté, tragiquement déconstruit. »

Roman

Dans la revue Études, Jean-Baptiste Sèbe évoque La partition intérieure comme un « journal des égarés », dominé par « deux beaux portraits de solitaires au destin singulier », s'accrochant chacun « à sa partition intérieure et personnelle » : « L'écriture de ce premier roman approche avec douceur les blessures de l'existence, dans un milieu rural difficile à pénétrer »[19]. Olivier Maulin consacre une pleine page à l'ouvrage dans l'hebdomadaire Valeurs actuelles. Il compare le récit à une « chronique de la lente déchristianisation du village, de l'hostilité ou de l'indifférence que suscite la religion  », qui permet notamment au roman d'éviter « toute niaiserie sulpicienne, ainsi que Léon Bloy qualifiait les bondieuseries », de sorte que La Partition intérieure lui apparaît finalement comme « un long poème de la grâce ».

Pierre Monastier, dans le journal en ligne Profession Spectacle, s'il évoque « une partition intérieure tout en caresses poétiques » et « le rythme limpide et lumineux de ce (très) beau roman si maîtrisé », énonce néanmoins une critique à l'égard de cette œuvre, celle d'un entre-deux stylistique entre poésie et prose, que l'écrivain ne tranche véritablement jamais. Il conclut néanmoins sur la force d'un roman qui « intaille subtilement les questionnements dans les silences, y compris celui – terrible et insondable – de Dieu. En une prose agréable, il étreint le mystère de ces êtres qui, en traversant l’abîme de la mort (Dies irae), permettent le bourgeonnement, la feuillaison[16]. »

Olivia de Fournas insiste pour sa part, dans l'hebdomadaire Famille chrétienne, sur le déploiement « magistral » de ce roman « profond, érudit, à l'architecture maîtrisée, au style impeccable et délicieusement suranné[20] », tandis que Bertrand Lacarelle dans le mensuel L'Incorrect évoque un « premier roman d'un classicisme lumineux »[réf. nécessaire]. Figaro Madame évoque un « superbe premier roman hanté par Péguy et Bernanos[21] » et Christophe Chaland, dans Pèlerin, parle de « roman de feu[22] ».

Bibliographie

Poésie
  • 2021 : Ne pas revenir, accompagné d'encres de Chantal Giraud Cauchy, Livre pauvre, Collection Daniel Leuwers.
  • 2020 : Hospitalité des gouffres, préface de Jean-Yves Masson, Ad Solem (Prix Mac Jacob 2021 ; Prix Paul Verlaine de l'Académie française)
  • 2015 : L’Échelle invisible, préface de Fabrice Hadjadj, Ad Solem
  • 2013 : L’Attente de la tour, postface de Pierre Oster, Ad Solem
  • 1994 : Polymères, Éd Ludovic Degroote
Prose
Essai
  • 2021 : Eboulis et moraines, Éditions Corlevour (fragments, notes & articles)

Références

  1. « La partition intérieure par Reginald Gaillard », sur Le Progrès,
  2. Hervé Beligné, « Rencontre avec R. Gaillard (Revue Nunc) : “L’urgence d’une appréhension spirituelle du réel” », sur Cahiers libres,
  3. « Réginald Gaillard », sur Les Hommes sans épaules (consulté le )
  4. Jacques Munier, « Inventer l’écriture / Revue NUNC », sur France Culture,
  5. « La partition intérieure de Réginald Gaillard », Le Progrès,
  6. Alain Paire, « Nunc revue poétique de création contemporaine », sur Ent'revues (consulté le )
  7. « Présentation des éditions de Corlevour », sur Corlevour (consulté le )
  8. « Revue Nunc », sur Éditions de Corlevour (consulté le )
  9. « Fiche auteur : Réginald Gaillard », sur Ad Solem (consulté le )
  10. « Fiche auteur : Réginald Gaillard », sur Éditions du Rocher (consulté le )
  11. Claire Lesegretain, « Réginald Gaillard reçoit le Grand prix catholique de littérature », sur La Croix,
  12. Marie-Lucile Kubacki, « Réginald Gaillard : Un roman de feu bernanosien », sur La Vie,
  13. Claire Lesegretain, « « La Partition intérieure », musique visible et invisible », sur La Croix,
  14. Jean-Marie Guénois, « L'Esprit des Lettres : Emmanuel Godo, Frédéric Boyer, Réginald Gaillard », sur KTO,
  15. Philippe Leuckx, « La partition intérieure, Réginald Gaillard », sur La Cause littéraire,
  16. Pierre Monastier, « La partition intérieure – Réginald Gaillard met le souffle à l’épreuve de la vie, de la mort et de l’art », sur Profession Spectacle,
  17. « Un tout premier roman présenté », La République du Centre, , p. 15
  18. « Revue Europe », sur Europe (consulté le )
  19. Jean-Baptiste Sèbe, « La partition intérieure de Réginald Gaillard », sur Études,
  20. Olivia de Fournas, « Roman d'un curé de campagne », Famille chrétienne, no 2070, 16 au 22 septembre 2017, p. 53
  21. « Ça ferait un bon film », Le Figaro Madame, no 57,
  22. Christophe Chaland, « Quand philosophie, récit et poésie riment avec... Esprit », Pèlerin, no 7049, , p. 54-55

Liens externes

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