Régiment parachutiste (Royaume-Uni)

Le Régiment parachutiste, en anglais Parachute regiment, communément appelé Paras, est un régiment d'infanterie aéroporté de l'Armée Britannique considéré comme une des meilleures unités d'élite du monde[1]. Le premier bataillon est en permanence sous le commandement des Forces Spéciales. Les autres bataillons font partie de la composante réponse rapide de l'Armée britannique. Les Paras sont la seule unité d'infanterie à ne pas avoir été fusionnée avec une autre unité depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Parachute regiment

Création 1940
Pays Royaume-Uni
Allégeance  British Army
Branche Infanterie
Type Infanterie aéroportée
Fait partie de Land Command - 16e Brigade d'assaut par air
Surnom Paras
Devise Utrinque Paratus (latin : « prêt à tout »)
Marche Chevauchée des Walkyries
Pomp and Circumstance (lent)
Mascotte Shetland
Commandant Charles, Prince de Galles
Colonel en chef Lieutenant General Sir John Lorimer KCB

Le régiment de parachutistes a été constitué le , pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il participe à six opérations, en Afrique du Nord, en Italie lors de la campagne d'Italie mais également en Grèce lors de la guerre civile Grecque, en France lors de l'opération Tonga, aux Pays-Bas lors de l'opération Market Garden mais ils participèrent aussi à l'opération Varsity en Allemagne.

À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le régiment est réduit de 17 à 3 bataillons. Il participe par la suite aux opérations à Suez, Chypre, Bornéo, Aden, en Irlande du Nord, aux îles Malouines, dans les Balkans, au Sierra Leone, en Irak et en Afghanistan.

Organisation

Un soldat du 3e Bataillon en Irak en 2003, armé d'un L85A2

Le Régiment de parachutistes se compose de trois bataillons réguliers, et un quatrième bataillon de réserve. Le 1er est basé à St Athan, au pays de Galles, et est rattaché de façon permanente aux forces spéciales[2], au sein du Special Forces Support Group et reçoit une formation poussée en matériel de communication, armes spéciales et compétences d'assaut[3]. Tous les hommes du régiment parachutistes peuvent être appelés par rotation à servir avec les forces spéciales, afin que les connaissances acquises soient maintenues dans les deux autres bataillons. Les 2e et 3e bataillons sont rattachés à la 16 Air Assault Brigade basée à Colchester[4],[5],[6] Le 4e Bataillon a son siège à Pudsey et les réservistes travaillent dans des entreprises à Glasgow, Liverpool et Londres[7].

Sélection

Les volontaires suivent trois jours de tests physiques à Catterick puis 30 semaines de formation avec le 2e bataillon d'infanterie à Catterick[8],[9].

Les recrues doivent passer une série de tests d'endurance (P company), de condition physique et de travail en équipe. Ils effectuent ensuite 8 tests de sélection pour le saut en parachute. En cas de succès, ils reçoivent le béret de couleur grenat caractéristique des parachutistes[10].

Il faut être un homme âgé de 16 à 33 ans pour rentrer au régiment, de 18 à 40 pour être réserviste, de 18 à 29 ans pour être officier[11],[12]. Les femmes doivent être autorisées à s'enrôler à partir de fin 2018[13].

Formation au saut en parachute

Avant 1995, les sauts avaient lieu depuis des ballons mais depuis cette date ils doivent avoir lieu d'un appareil à moteur, souvent le Short Skyvan. Un minimum de cinq sauts doit être réalisé, dont au moins deux d'un Lockheed C-130 Hercules[14]. Cette formation donne droit au port de l'insigne parachutiste.

La dernière fois qu'un bataillon entier a été parachuté remonte à 1956, mais cette méthode est toujours enseignée[15].

Histoire

Des troupes parachutistes en exercice à Norwich le 23 juin 1941.

Impressionné par le succès des parachutistes allemands pendant la bataille de France, Winston Churchill demande au War Office d'étudier la possibilité de créer un corps de 5 000 parachutistes[16]. Le , le 2e commando devient le 11e bataillon du Special Air Service[17],[18]. La première opération a lieu le [19]. En septembre, ce bataillon est affecté à la 1re brigade parachutée nouvellement créée, et les 2e, 3e et 4e bataillons sont créés à partir de volontaires des autres unités de l'armée britannique.

Le régiment saute pour la première fois en pour l'Opération Biting, sous les ordres du major John Frost. L'objectif est le Radar Würzburg placé sur les côtes françaises. 

Équipement

Un parachutiste photographié en 1943 : il est armé avec une Sten et porte le casque d'acier des troupes parachutées.

Le béret de couleur rouge grenat est distinctif des forces parachutées. À partir de , l'écusson est ajouté sur le béret[20]. Les ailes sont portées sur l'épaule droite au-dessus de Bellérophon chevauchant Pégase[21],[22]. En opération, les forces portent le caque en acier au lieu du classique casque Brodie. Initialement équipés d'un uniforme inspiré du Fallschirmjäger, les parachutistes reçoivent à partir de 1942 les premières tenues camouflées britanniques[23]. En 1943 une veste verte sans manche est fournie pour être portée lors des parachutages. Les parachutistes ne disposaient pas de parachute de secours car le War Office considérait que c'était gâcher 60 livres[24].

Les armes ne diffèrent pas du reste des troupes : fusil à verrou Lee–Enfield et pistolet Webley ou M1911. Selon le théâtre d'opération, les mitraillettes étaient des Sten[25] ou bien des Thompson en Afrique du Nord et Méditerranée[26]. Chaque section disposait d'une mitrailleuse légère BREN et chaque peloton d'un mortier léger. Les seules armes lourdes d'un bataillon sont trois mortiers de 81, quatre mitrailleuses Vickers et après 1943 dix PIAT antichars[27].

Après-guerre

La 16e aéroportée participe à un exercice en septembre 1953.

Les divisions aéroportées sont dissoutes à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, seuls trois bataillons sont conservés et incorporés dans l'Armée Britannique du Rhin[28]. La brigade reste en Allemagne jusqu'en octobre 1949 puis elle déménage à Aldershot[29]

Historique opérationnel

Afrique du Nord

Les parachutistes britanniques mars à l'écart après le débarquement à Alger.

Le , les Alliés débarquent en Afrique du Nord sous le nom de code opération Torch[30]. Les parachutistes s'emparent de l'aérodrome de Bône entre Alger et Tunis le [31]. Ils doivent tenir une route à Béja le .

2e Bataillon d'officiers, Tunisie, 26 décembre 1942.

En , la brigade est déployée en infanterie classique pour le reste de la Campagne de Tunisie. Ils se battent à Bou Arada et Tamerza contre les parachutistes allemands et gagnent leur surnom de "Die Roten Teufel" (les Diables Rouges).

Sicile

Les parachutistes participent à l'opération Fustian qui vise à s'emparer du pont Primosole sur le Simeto, en Sicile. L'opération est considérée comme un échec, même si les troupes régulières capturent ultérieurement le pont.

Italie

6 bataillons participent à l'opération Slapstick qui vise à s'emparer du port de Tarente, le lendemain de l'annonce de l'armistice de Cassibile. Les troupes italiennes n'opposent pas de résistance, seules des unités allemandes ripostent, infligeant des pertes légères, et l'opération est un succès britannique.

Normandie

Normandie, , sécurisation d'un carrefour près de Ranville. Les armes sont des mitraillettes Sten.

Les parachutistes interviennent pour l'opération Tonga la nuit précédant le débarquement en Normandie et prennent notamment le Pegasus Bridge.

Sud de la France

Les parachutistes doivent se maintenir en attendant le débarquement de la septième armée américaine lors de l'opération Dragoon.

Arnhem

Les hommes du 1er Bataillon, le 17 septembre 1944.

Les parachutistes échouent lors de l'Opération Market Garden malgré des combats héroïques.

Ardennes

Le , l'Armée allemande lance une offensive surprise, la bataille des Ardennes. La 6e Division aéroportée est envoyée en Belgique le pour arrêter l'offensive[32].

Traversée du Rhin

L'Opération Varsity a pour but la prise des ponts du Rhin.

Extrême-Orient

Les hommes du 12e Bataillon, à la recherche de suspects à Batavia (Jakarta), en décembre 1945

En , les troupes parachutistes devaient être envoyées pour lutter contre les forces japonaises. Cependant, la reddition japonaise intervient avant la fin de leur formation au combat dans la jungle. Les unités sont alors chargées de rétablir l'ordre en Malaisie et à Singapour.

En décembre, dans le cadre de l'opération Pounce, les troupes doivent désarmer les Japonais à Java jusqu'à l'arrivée des forces néerlandaises en . À leur arrivée à Batavia (Jakarta), les hommes découvrent que les armes ont été remises aux nationalistes indonésiens, qui sont hostiles aux Néerlandais, et donc aux Britanniques qui souhaitent leur redonner autorité.

Palestine

La 6e Division Aéroportée est envoyé à la Palestine en afin de calmer les émeutes judéo-arabes[33],[34].

Années 1950, Chypre et Suez

Atterrissage à El Gamil, Suez de 1956. Le dernier bataillon Britannique de la taille du parachute de fonctionnement.

Après la guerre, les troupes parachutistes sont affectées au maintien de la paix et aux opération de petite échelle de l'Empire britannique[35]. À Chypre entre janvier et , les troupes doivent lutter contre les insurgés EOKA[36].

Le , lors de la Crise de Suez[37], Le bataillon sécurise l'aérodrome de Port-Saïd[38]. le , la brigade retourne à Chypre.

Années 1960 : Koweït, Yemen et Malaisie

Dans une déclaration le , le Président irakien Abd al-Karim Qasim souhaite annexer le Koweït, qui demande de l'aide au Royaume-Uni[39]. Le bataillon n'a pas le temps de participer aux combats, la Ligue Arabe relevant les forces britanniques[40].

La patrouille à pied par le 1er Bataillon à Aden, 1956.

En 1960, le Royaume-Uni décide de se retirer d'Aden, qui faisait alors partie de la Fédération de l'Arabie du Sud, avec une indépendance prévue pour 1968. L'armée doit faire face aux infiltrations communistes[41]

En 1965, le 2e Bataillon est envoyé à Singapour face à la menace d'une invasion par le Président Indonésien Sukarno. Des combats ont lieu face à une force ne dépassant pas 150 Indonésiens.

Irlande du Nord

L'Armée Britannique au cours de l'Opération Banner passe 38 ans en Irlande du Nord[42], dans le cadre du conflit nord-irlandais. Le 2e Bataillon y passe plus de temps que n'importe quel autre bataillon d'infanterie[43]. Entre 1971 et 1996, 51 hommes du Régiment de parachutistes sont morts dans le cadre de ce conflit[44].

Lors du Bloody Sunday, le , le 1er Bataillon, en poste à Belfast, est transporté à Derry pour aider la police face aux militants des droits civiques. Les Paras et d'autres soldats[45] tuent 13 civils et en blessent 17 autres (dont 1 est mort des suites de ses blessures)[46],[47],[48].

Guerre Des Malouines

Campagne des Malouines en 1982.

Le , la Guerre des Malouines commence lorsque les forces argentines envahissent les Îles Malouines et la Géorgie du Sud[49]. Le Premier Ministre britannique, Margaret Thatcher annonce le qu'une Force opérationnelle navale est envoyée.

La Bataille de Goose Green a lieu le . Après une journée de combats, les commandants argentins déposent les armes à 09:30 le .

Au cours de la nuit du 11 au , le 3e bataillon combat pour le mont Longdon qui surplombe Port Stanley, capitale de l'île.

Balkans

Les Paras britanniques participent à la Guerre du Kosovo dans le cadre de l'opération Allied Force de l'OTAN[50].

En , le 2e Bataillon prend part à l'intervention de l'OTAN en République de Macédoine (Opération Essential Harvest) pour désarmer les rebelles de l'Armée de Libération Nationale[51].

Sierra Leone

La guerre civile sierra-léonaise a lieu de 1991 à 2002. À la suite d'une prise d'otages par le Revolutionary United Front, l'opération Palliser est lancée en afin de permettre l'évacuation des ressortissants de l'Union européenne ou du Commonwealth[52].

Irak

Peloton de véhicules juste avant l'invasion de l'Irak.

Les Paras britanniques participent à l'invasion de l'Irak en .

Afghanistan

Combattants dans la Province de Helmand, en Afghanistan

En , le 3e bataillon est envoyé en Afghanistan dans la Province de Helmand en tant que composante de l'International Security Assistance Force[53].

Notes

    Références

    1. Max Arthur, « The Paras at war: Inside the most elite fighting unit in the world », Telegraph.co.uk, (consulté le )
    2. « SFSG forms in Wales » (version du 24 avril 2006 sur l'Internet Archive), Ministry of Defence (United Kingdom)
    3. « 1PARA », Ministry of Defence (United Kingdom) (consulté le )
    4. « 16 Air Assault Brigade », Ministry of Defence (United Kingdom) (consulté le )
    5. « 2PARA », Ministry of Defence (United Kingdom) (consulté le )
    6. « 3PARA », Ministry of Defence (United Kingdom) (consulté le )
    7. « 4PARA », Ministry of Defence (United Kingdom) (consulté le )
    8. « 2nd Infantry Training Battalion » [archive du ]
    9. « Soldier Recruiting », Ministry of Defence (United Kingdom) (consulté le )
    10. « PARA Brochure », Ministry of Defence (United Kingdom) (consulté le )
    11. « Rolefinder: paratrooper », Ministry of Defence (consulté le )
    12. « Rolefinder: Paratroop platoon officer », Ministry of Defence (consulté le )
    13. « Ban on women in ground close combat roles lifted - News stories », GOV.UK, (consulté le )
    14. « Parachute training », Hansard (consulté le )
    15. « Parachute Battalion (Deployment) », Hansard (consulté le )
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    17. Shott & McBride, p. 4
    18. Moreman, p. 91
    19. Guard, p. 218
    20. r Ferguson, p. 16
    21. Guard, p. 227
    22. « The Journal of the Parachute Regiment And Airborne Forces » (version du 5 avril 2011 sur l'Internet Archive), Ministry of Defence (United Kingdom)
    23. Guard, p. 232
    24. Guard, p. 220
    25. Guard, p. 228
    26. « Paratroopers enter an ELAS post through a window. December 1944. », sur ParaData (consulté le )
    27. Rottman and Dennis, p.49
    28. Watson and Rinaldi, p. 3
    29. Watson and Rinaldi, p. 4
    30. Ferguson, p. 9
    31. Ferguson, p.10
    32. « 6th Airborne Division », Pegasus archive (consulté le )
    33. « Arab Jewish riots in Jerusalem and Tel Aviv » [archive du ], Britains small wars (consulté le )
    34. Max Artur, « Obituary Field Marshal Sir James Cassels », Independent, London, (lire en ligne, consulté le )
    35. Churchill and Gilbert, p.647
    36. Ferguson, p.35
    37. Imperial War Museum collections ref HU 4181
    38. Varble, pp.77–78
    39. « Gauging the Iraqi Threat to Kuwait in the 1960s », Central Intelligence Agency (consulté le )
    40. « Kuwait », Hansard (consulté le )
    41. (en) « Supplement to the London Gazette », London Gazette, no 44508, , p. 872–899 (lire en ligne).
    42. Kevin Connolly, « No fanfare for Operation Banner », BBC, (lire en ligne, consulté le )
    43. « Life as a paratrooper », BBC, (lire en ligne, consulté le )
    44. « Roll of honour », Angelfire (consulté le )
    45. The Bloody Sunday Inquiry, « [ARCHIVED CONTENT] Other incidents of paramilitary firing and the response of soldiers - Chapter 151 - Volume VIII - Bloody Sunday Inquiry Report » [archive du ], nationalarchives.gov.uk (consulté le )
    46. « Bloody Sunda report published », BBC News (consulté le )
    47. The Bloody Sunday Inquiry, « [ARCHIVED CONTENT] Conclusions - Chapter 145 - Volume VII - Bloody Sunday Inquiry Report » [archive du ], nationalarchives.gov.uk (consulté le )
    48. Simon Winchester, « 13 killed as paratroops break riot », guardian.co.uk, London, (lire en ligne, consulté le )
    49. « Home page of the Falklands Conflict 1982 » [archive du ], Royal Air Force (consulté le )
    50. (en) Colin Brown, « War in the Balkans », London, The Independent, (consulté le )
    51. Michael Smith, « British may be kept in Balkans », Daily Telegraph, London, (lire en ligne, consulté le )
    52. Dorman, pp.90–92
    53. « 3 Para soldiers on their way to Afghanistan », Ministry of Defence (United Kingdom) (consulté le )

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