Référendum constitutionnel malien de 2021

Le référendum constitutionnel malien de 2021 devait avoir lieu le afin de permettre à la population du Mali se prononcer sur un projet de révision de la constitution visant à davantage de décentralisation, dans le cadre des accords de paix de la guerre du Mali.

Référendum constitutionnel malien de 2021
Révision constitutionnelle
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Initialement prévu pour puis reporté à une date indéterminée, le projet de référendum est longtemps mis en suspens avant d'être remis à l'ordre du jour début 2021 à la suite du coup d'État organisé en août 2020, puis repoussé sine die après le la suite du coup d'État organisé en mai 2021.

Objet

Le projet de révision constitutionnelle vise notamment à mettre en œuvre certains engagements de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali signé en 2015, en confiant un rôle accru aux collectivités territoriales. Seraient ainsi mis en place des conseils régionaux élus dans les dix régions du Mali - dont deux nouvellement créés au nord - allant de pair avec la création d'un Sénat représentatifs des territoires, offrant ainsi une meilleure représentativité au nord du pays, faiblement peuplé mais très étendu.

Il prévoit également la création d'une Cour des comptes. Il permettrait au président de nommer un tiers des membres du Sénat, ainsi que le président de la Cour constitutionnelle[1].

Étapes du projet

Premier calendrier

Ibrahim Boubacar Keïta

Le projet de révision constitutionnelle est adopté en mars en Conseil des ministres puis approuvé début juin par l'Assemblée nationale. Initialement prévu pour le , le référendum est reporté, il est alors porté par le président en exercice Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK[2], le reporté sine die après des manifestations d'opposants[3],[4]. Le 21 juin, cependant, le gouvernement décide de le reporter à une date indéterminée à la suite de plusieurs manifestations simultanées réunissant des milliers de maliens dans le pays. Les manifestants sont en effet opposés à une réforme jugée comme accordant trop de pouvoir au président, et à un scrutin organisé alors que l'ensemble du territoire n'est toujours pas sous le contrôle entier du gouvernement[3]. La possibilité pour le président IBK de nommer le président de la cour constitutionnelle, alors que celui-ci est chargé de l'annonce des résultats des élections, est également considéré avec suspicion par l'opposition[1].

Plus de 6 000 jeunes participent néanmoins le 29 juin à une manifestation de soutien au projet[5]. Le 3 juillet le président IBK réaffirme en marge du G5 Sahel sa volonté de mener à bien le référendum, affirmant «Si je [faisait marche arrière sur le projet référendaire], je trahirais mon pays et la signature de mon pays. Je ne le ferai pas »[6].

Marche contre le projet de révision constitutionnelle le 8 juin 2017 à Bamako.

L'opposition décide alors de saisir la cour constitutionnelle, l’article 118 de la Constitution interdisant les révisions constitutionnelles quand tout ou partie du pays est occupée par une puissance étrangère. Le 7 juillet, la cour statue sur le sujet en renvoyant le projet de révision de la Constitution devant les députés pour une seconde lecture, dans ce qui est considéré comme une victoire pour le gouvernement, la cour ayant accepté des requêtes jugées de forme tout en rejetant l'argument basé sur l'atteinte à l'intégrité du territoire. Le référendum étant ainsi jugé légal, un passage du texte constitutionnel au vote du parlement est prévu dans les jours qui suivent la décision de la cour[7].

Report

Le gouvernement se refuse néanmoins à avancer une nouvelle date pour la tenue du scrutin[7]. Ibrahim Boubacar Keïta décide de laisser du temps au texte pour son second passage devant l'assemblée, la date du scrutin étant repoussée au moins jusqu'à l'automne, à la rentrée. Le chef de l'Etat entend en effet tirer les leçons des effets de son manque d'implication de la société civile dans le premier projet, qui aurait donné de lui l'impression « de ne pas être à l'écoute ». Des rencontres avec des membres de la société civile, des chefs religieux et des responsables politiques sont alors menées. IBK multiplie ainsi les consultations, tout en restant résolu sur l'organisation du scrutin, affirmant que « Le référendum aura lieu, il en va de la démocratie »[4].

Le gouvernement espère également que l'opposition au référendum s'essouffle progressivement au cours de ces quelques mois de délai supplémentaires. Le 16 juillet encore, une troisième manifestation réunissait plus d'une dizaine de milliers de personnes dans le pays[4].

Le gouvernement organise dès janvier 2019 les assises d'une nouvelle plateforme politique nommée « Ensemble Pour Le Mali » (EPM), dont la vocation est de relancer le débat d'une réforme institutionnelle. Sont notamment présents le premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, ainsi que le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif. Celui-ci déclare souligne que d’autres ajustements sont devenus nécessaires à la suite de la crise sécuritaire et institutionnelle de 2012 ayant fortement fragilisé les Institutions de la 3ème République, avant de rappeler les engagements pris par l’État malien contenus dans l’accord d’Alger de 2015 pour la paix et la réconciliation. « C'est aussi une question de nécessité pour la survie et la stabilité du régime démocratique au Mali »[8].

À la mi-janvier, le gouvernement met en place un comité d’experts pour la réforme constitutionnelle avec pour objectif de tenir le scrutin en mars de manière consensuelle, avant les législatives prévues la même année. L'opposition réitère cependant son rejet du projet[9],[10]. Le 22 avril 2019, le président nomme pour nouveau Premier ministre Boubou Cissé. Le 2 mai suivant, un gouvernement d'ouverture est finalement formé auquel participe une grande partie de l'opposition. Malgré l'échec de la formation d'un gouvernement d'« union nationale » regroupant l'ensemble des partis du pouvoir et de l'opposition, le principe d'une application des accords d'Alger et de la mise en œuvre de réformes politiques, institutionnelles, économiques et sociales est acté[11],[12].

Relance

Le projet est finalement remis sur le devant de la scène politique à la suite du coup d'État perpétré le 18 août 2020 par un groupe de militaires, qui aboutit au renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta et à la mise en place d'un gouvernement de transition. A la mi-avril 2021, ce dernier annonce l'organisation du référendum pour le 31 octobre suivant, celui-ci devant être suivi d'élections municipales et régionales  les toutes premières de l'histoire du pays, en cas de victoire du oui au référendum  le 26 décembre, puis d'élections présidentielle et législatives le 27 février 2022[13],[14].

Le 24 mai 2021, peu après l'annonce du gouvernement Moctar Ouane (2) qui se caractérise par la mise à l'écart des colonels Modibo Koné et Sadio Camara, membres de l'ex-CNSP, Bah N’Daw et le Premier ministre[15], Moctar Ouane, sont interpelés par des militaires proches du vice-président Goïta et conduits sous escorte militaire à Kati[16]. L'armée annonce le lendemain que le vice-président a mis « hors de leurs prérogatives » le président de la Transition et le Premier ministre de transition  qu'il accuse du « sabotage [de la transition] »[17] , pour ne pas l'avoir consulté lors de la formation du gouvernement mais que les élections sont toujours prévues pour 2022[18].

Pour espérer une tenue le 31 octobre, les électeurs devaient être convoqués au plus tard le 15 septembre 2021, ce qui n'a pas eu lieu[19].

Résultat

Résultats nationaux
Choix Votes  %
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Contre
Votes valides
Votes blancs et invalides
Total 100
Abstention
Inscrits/Participation

Notes et références

  1. « Mali : les enjeux d’une révision constitutionnelle qui suscite l’opposition », sur Le Monde,
  2. Mali: La date du référendum constitutionnel fixée au 09 Juillet Koaci
  3. Mali : report du référendum sur la révision de la Constitution Jeune Afrique
  4. Mali: le référendum constitutionnel ne devrait «pas avoir lieu avant l'automne
  5. Mali: Des partisans du «Oui» au référendum manifestent à Bamako pour son maintien Koaci
  6. Au mali le president ibk ne renonce pas au referendum constitutionnelRFI Afrique
  7. Référendum constitutionnel au Mali : «Les réserves levées, on iraRFI Afrique»
  8. Mali : Premières assises de la plateforme “Ensemble Pour Le Mali” (EPM) : La majorité présidentielle jette les bases de la discussion autour des futures réformes
  9. Mali : Révision constitutionnelle : Le gouvernement a du pain sur la planche
  10. Mali: Révision constitutionnelle, tenue du referendum dans deux mois : Soumeylou Boubèye Maiga se lance de nouveaux défis
  11. Dialogue politique inclusif au Mali: Le bout du tunnel?
  12. Mali : un cabinet de large ouverture, à défaut d’un gouvernement d’union nationale
  13. Nicolas Normand, « Mali : peut-on encore sauver l’accord d’Alger ? », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  14. « Mali : le pouvoir fixe les élections présidentielle et législatives à début 2022 », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  15. « Mali: situation tendue après l’annonce du nouveau gouvernement », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  16. « Mali : Bah N’Daw et Moctar Ouane arrêtés », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  17. « Mali : la junte accuse le président et le Premier ministre de "sabotage" de la transition », sur TV5MONDE, (consulté le ).
  18. « Mali: l'homme fort de la junte Assimi Goïta affirme avoir placé le président et le Premier ministre «hors de leurs prérogatives» », sur RFI, (consulté le )
  19. « Mali : la durée de la transition en cours va-t-elle être prolongée ? », sur TV5MONDE, (consulté le ).
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