Rébellion naxalite

La rébellion naxalite est une insurrection de maoïstes en Inde contre le gouvernement [8]. Elle est un conflit dit de basse intensité[9] et est décrite par le gouvernement indien comme constituant la plus grande menace pour la sécurité du pays[10].

Rébellion naxalite
Le « corridor rouge », zone d'action de la rébellion naxalite, en 2007.
Informations générales
Date - en cours
(54 ans, 3 mois et 26 jours)
Lieu Inde
Issue En cours
Belligérants
Inde
Salwa Judum
Naxalites
Commandants
Ram Nath Kovind, Président
Narendra Modi, Premier ministre
Gen. V K Singh, Chef des forces armées
ACM P V Naik, Chef des forces aériennes
Vikram Srivastava, Dir. Gen. CPRF
Muppala Lakshmana Rao
Kishenji
Forces en présence
1 414 000
1 800 000 en réserve[1]
~10 000 - 20 000 (2009)[2]
Pertes
Depuis 1997 : 2 277 à 3 440 tués[3],[4],[5],[6]Depuis 1997 : 3 402 à 4 041 tués[3],[4],[5],[7],[6]
Depuis 1997 : 6 035 à 8 051 civils tués[3],[4],[5],[6]

Total:
De 1996 à février 2018 : de 12 877 à 14 369 morts au moins[3],[4],[5],[6]

Batailles

RanipotiliBalimelaRajnandgaonGreen HuntSildaDantewada

Contexte de l'insurrection

En , la rupture sino-soviétique entraîne une scission maoïste au sein du Communist Party of India : le Communist Party of India - Marxist (CPI-M). Kanu Sanyal, Charu Majumdar et Jangal Santhal du CPI-M organisent dans la deuxième moitié des années 1960 une campagne de propagande prônant la « guerre populaire » autour de Naxalbari dans le district de district de Darjeeling.

D'après la journaliste Naïké Desquesnes et l'anthropologue Nicolas Jaoul les causes sociales du conflit sont généralement « ignorées par les médias indiens au profit d’une approche souvent réduite au bilan des victimes et à un assemblage de termes anxiogènes issus de la sémantique officielle ("zones infestées", "éradication", "menace maoïste", etc.)[11]. »

Déroulement

1967 à 1999

Une révolte paysanne y éclate au printemps 1967 et se répand dans plusieurs États indiens[12]. En 1969 apparaît le Communist Party of India - Marxist-Leninist (CPI-ML), plus investi dans la rébellion que le CPI-M. Des petits foyers de guérilla se forment à la fin des années 1960 mais manquent d'effectif, d'armes et de soutien populaire. En , le CPI-ML étend ses activités aux villes (incendies, assassinats…) tandis que ses rivalités avec le CPI-M tournent en affrontements sanglants. La répression et les conflits entre les groupes naxalites font décroître la violence durant les années 1970. En 1977, le CPI-ML abandonne la violence[13]. Les combats font leurs premiers morts en 1980[8].

2000

Dans les années 2000, des négociations de paix avec le gouvernement de l'État d'Andhra Pradesh eurent lieu[8].

2004

En 2004, l'organisation des rebelles maoïste People’s War Group et la People’s Liberation Guerrilla Army du Maoist Communist Centre fusionnent pour former le Parti communiste d'Inde (maoïste)[8].

2006

En 2006, le Premier ministre Manmohan Singh déclare que la rébellion naxalite est « le plus grand défi sécuritaire interne que notre pays ait jamais rencontré »[8].

En 2006, plus de 40 000 personnes ont été déplacées[14]. Des enfants soldats sont utilisés par toutes les parties engagées dans le conflit[15]. Les territoires touchés par le conflit s'étendent de la frontière du Népal au Karnataka dans le Sud (2006)[9]. Au Bengale-Occidental, des régions à l'Ouest d'Howrah sont touchées par l'insurrection[16]. Un mouvement paramilitaire anti-naxalite, le Salwa Judum, s'est formé pour ramener la région sous le contrôle de l'État[9]. Il existe une corrélation entre les ressources de charbon d’une zone et l'impact de l'insurrection[17], les Naxalites menant des enquêtes socio-économiques avant de commencer des opérations dans une zone[9].

2007

En 2007, Chhattisgarh est le centre du conflit[18].

Le , cinquante-cinq policiers et supplétifs sont tués lors d'un assaut contre leur caserne dans l’État du Chhattisgarh[19].

2009

Début 2009, le conflit a fait environ 6 000 morts.

Le gouvernement engage l'operation Green Hunt en 2009 contre les rebelles. Celle-ci a été, au moins à ses débuts, très meurtrière pour la population civile. Une quarantaine de villageois seraient tués chaque semaine par des milices pro-gouvernementales, ce qui conduit le gouvernement à dissoudre certaines d'entre elles[20].

Le , au moins 23 policiers indiens sont tués par la rébellion maoïste dans le Chhattisgarh[21]. Un millier d'attaques des maoïstes ont été recensées dans la seule année 2009, faisant 600 morts.

2010

Des rebelles maoïstes sont actifs dans plusieurs États membres, en particulier au Chhattisgarh, au Jharkhand et au Bihar[22] (recensement officiel 2010 : 195 districts concernés). Les Naxalites affirment représenter les Adivasis[23].

Le , au moins 11 policiers et 24 civils sont tués dans un attentat de la rébellion naxalite contre un bus dans le district de Dantewada (État du Chhattisgarh). Un déraillement suivi d'une collision d'un train, attribué à un groupe de la rébellion naxalite par le gouvernement indien, au Bengale Occidental fait 148 morts le . Le groupe maoïste supposé responsable de l'attentat annonce condamner la « terrible tragédie » et mener une enquête dans ses rangs afin de déterminer « si des camarades sont impliqués »[24].

2016

Le , les forces de sécurité indiennes ont abattu au moins 21 rebelles maoïstes[25].

2017

Le , une embuscade tendue par des maoïstes a coûté la vie à 26 paramilitaires[26].

Organisation

Les rebelles sont organisés dans de petites unités itinérantes composées d'une douzaine de combattants. Dans la plupart des villages ou hameaux des régions où ils sont implantés, une milice d'une dizaine de civils est constituée afin de les renseigner. Selon le journal La Croix, les naxalites bénéficient d'un fort soutien auprès de la population locale. Les unités peuvent momentanément se rassembler pour bénéficier de « cinémas mobiles », « d'imprimeries mobiles », ou encore « d’hôpitaux mobiles » répartis entre elle mais doivent se séparer de nuit et s'enfoncer dans la jungle pour des raisons de sécurité[27].

Les journées commencent à cinq heures du matin pour permettre les déplacements de l'unité, d'une durée habituelle de trois heures, avant que la chaleur ne devienne trop accablante. Les marches reprennent ensuite autour de dix-huit heures mais sont néanmoins ralenties par le poids de l’équipement. Entre-temps, la journée est ponctuée par les entraînements militaires, l'éducation des guérilleros et des rencontres fréquentes avec les paysans. Ces derniers exposent leurs problèmes et discutent des projets de développement, puits et « kolkhozes », construits par les « administrations » maoïstes[27].

Les rebelles lèvent pour se financer un « impôt révolutionnaire » auprès des entreprises et des commerçants. Selon les estimations, en 2007, la guérilla est forte de dix mille à vingt mille combattants, auxquels s’ajoutent quarante mille militants assurant la logistique. Une partie de leur armement provient d'ateliers clandestins, tandis que nombre d’armes sont prises aux soldats tués[19].

Une partie importante des combattants sont des femmes. Dans les États de Maharashtra et de Chhattisgarh, elles représentent 40% des forces rebelles selon les autorités[28].

Références

  1. http://www.csis.org/files/media/csis/pubs/060626_asia_balance_powers.pdf
  2. (en) « Breaking News, World News and Video from Al Jazeera », sur aljazeera.net (consulté le ).
  3. « Armed Conflicts Report. India - Maoist Insurgency (1980 – first combat deaths) », sur Ploughshares, (consulté le )
  4. « Fatalities in Left-wing Extremism : 1999-2016* (MHA) », sur satp.org, (consulté le )
  5. « Fatalities in Left-wing Extremism : 2017 », sur satp.org, (consulté le )
  6. « Fatalities in Left-wing Extremism: 2018 » [archive du ], sur South Asian Terrorism Portal, (consulté le )
  7. « Fatalities in Left-wing Extremism: 2017 » [archive du ], sur South Asian Terrorism Portal, (consulté le )
  8. http://www.ploughshares.ca/libraries/ACRText/ACR-IndiaAP.html
  9. (en) « A spectre haunting India », sur economist.com, The Economist, (consulté le ).
  10. « 58% in AP say Naxalism is good, finds TOI poll - Times of India », The Times of India, (lire en ligne).
  11. Naïké Desquesnes et Nicolas Jaoul, « Les intellectuels, le défi maoïste et la répression en Inde », sur Le Monde diplomatique, .
  12. Kerala, Uttar Pradesh, Andhra Pradesh, Bihar, Orissa, Maharashtra, Tamil Nadu, Penjab, AssamJammu-et-Cachemire
  13. Jean-Marc Balencie et Arnaud de La Grange, Mondes rebelles : L'encyclopédie des acteurs, conflits & violences politiques, Paris, Éditions Michalon, , 1677 p. (ISBN 2841861422), p. 307-308.
  14. http://www.alertnet.org/db/crisisprofiles/IN_MAO.htm
  15. http://naxaliterage.com/.
  16. http://www.satp.org/satporgtp/countries/india/images/westbengal_naxal.htm
  17. http://www.atimes.com/atimes/South_Asia/HH09Df01.html
  18. http://www.achrweb.org/ncm/ncm.htm
  19. Cédric Gouverneur, « En Inde, expansion de la guérilla naxalite », sur Le Monde diplomatique, .
  20. « Guerre cachée au chœur de l'Inde. Feu sur les adivasis ! », Courrier international, (lire en ligne, consulté le ).
  21. http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/8146561.stm.
  22. http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/7151552.stm
  23. (en) A K Diwanji in Mumbai, « Primer : Who are the Naxalites? », sur rediff.com, (consulté le ).
  24. Naïké Desquesnes, « Les naxalites en mauvaise posture », Courrier international, (lire en ligne).
  25. « Inde: au moins 21 rebelles maoïstes tués par les forces de sécurité », sur L'Express, .
  26. (en) « Chhattisgarh Maoists attack: 70% attackers were women - OneIndia | DailyHunt », DailyHunt, (lire en ligne).
  27. « Au centre de l'Inde, la guérilla maoïste s'installe », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne).
  28. (en) « ‘40% of armed Maoists in Chhattisgarh, Maharashtra region are women’ », sur Hindustan Times, .

Articles connexes

Liens externes

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