Ptolémée II

Ptolémée II Philadelphe Qui aime son frère / sa sœur »), en grec ancien Πτολεμαίος Φιλάδελφος / Ptolemaios Philadelphos, né vers 309-308 av. J.-C. à Cos[1], mort le 28 ou 29 janvier 246 est un roi et un pharaon de la dynastie lagide, fils de Ptolémée Ier. Il a concouru à réaliser un certain syncrétisme entre la civilisation grecque et la civilisation égyptienne et a œuvré à faire de son royaume le foyer principal de la culture hellénistique. Il peut être considéré comme l'un des principaux Épigones, les héritiers des Diadoques.

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Ptolémée II Philadelphe

Buste de Ptolémée II
Fonctions
Roi d'Égypte
283246 av. J.-C.
Prédécesseur Ptolémée Ier
Successeur Ptolémée III Évergète Ier
Biographie
Dynastie Dynastie lagide
Date de naissance v.  309-308
Lieu de naissance île de Cos
Date de décès 28 ou 29 janvier 246
Père Ptolémée Ier Sôter
Mère Bérénice Ire
Grand-père paternel Lagos
Grand-mère paternelle Arsinoé
Fratrie Ptolémée Kéraunos
♂ Ptolémaïs
♀ Lysandra
♂ Argées
Arsinoé II
♀ Philatéra
Conjoint Arsinoé Ire
Enfants Ptolémée III Évergète Ier
♂ Lysimaque
Bérénice Syra
Deuxième conjoint Arsinoé II
Troisième conjoint Bilistiche
Enfants avec le 3e conjoint ♂ Ptolémée Andromaque
Pharaons par ordre chronologique

Règne

Roi divinisé

Monnaie à l'effigie de
Ptolémée II et Arsinoé II.

Fils de Ptolémée Ier et de Bérénice (sa quatrième épouse), il est associé au trône vers 285 av. J.-C., entraînant l'exil de Ptolémée Kéraunos, l'héritier présomptif. À la mort de son père en 283, il lui succède comme roi d'Égypte et reçoit les honneurs divins. Ptolémée et sa veuve constituent déjà les « Dieux Sauveurs » (Theoi Sôtères), première étape vers la divinisation des souverains ptolémaïques. Ce culte, rattaché à celui d'Alexandre le Grand, est purement grec à l'origine ; il vise d'abord à consolider la dynastie et à recueillir la piété des sujets grecs de l'empire.

De sa première épouse, Arsinoé Ire, fille de Lysimaque, il aurait eu trois enfants dont Ptolémée III, son successeur. Son épithète, Philadelphe, lui vient de l'amour qu'il aurait porté à sa sœur Arsinoé II qu'il épouse en secondes noces en 275 et qu'il divinise à sa mort en 270 en lui donnant le nom cultuel de Philadelphos Qui aime son frère »). Il exige qu'Arsinoé soit l'objet d'un culte dans les sanctuaires indigènes au titre de synnaos theos divinité qui partage le temple »). Étant désormais le veuf d'une déesse, il devient aisé pour Ptolémée II de devenir lui-même un dieu ; il forme avec sa sœur-épouse la dyade des Theoi Adelphoi Dieux Frères »). À sa suite, les souverains lagides sont l'objet d'un culte officiel en tant que divinité royale, cela en vue de considérations politiques évidentes.

Ptolémée II est apparemment le premier souverain lagide à se faire couronner comme pharaon par les prêtres égyptiens. Une inscription du temple d’Edfou indique qu’Horus lui a livré la terre d’Égypte avec ses titres de propriété rédigés par le greffier divin Thot. Successeur des pharaons, dieu vivant, c’est de lui que tous les prêtres tiennent leur ministère. Il administre directement et perçoit les revenus de la terre sacrée qui comporte toujours d’immenses domaines fonciers et des ateliers (de tissage par exemple).

Callixène de Rhodes décrit la procession des somptueuses fêtes instituées au début du règne de Ptolémée Philadelphe, et mentionne ses participants, comme le rapporte Athénée. Roi lettré, il a attiré à la bibliothèque d'Alexandrie des poètes comme Alexandre d'Étolie, Philiscos de Corcyre, Homère le Jeune, Éantide, Sosiphane, Lycophron, etc. comme nous le rapporte la Souda, ainsi que Callimaque de Cyrène ou encore Théocrite. Il fit d'Alexandrie un phare intellectuel de la période hellénistique.

Ptolémée et les guerres de Syrie

Au moment de la plus grande expansion de son royaume, Ptolémée II possède notamment Chypre, la Pamphylie, la Lycie, l'Ionie et la Cœlé-Syrie et exerce son hégémonie sur la Confédération des Cyclades. Il a entrepris deux guerres de Syrie contre les Séleucides qui cherchent notamment à étendre leur domination sur la Cœlé-Syrie alors que le lagide n'a pas perdu ses ambitions en Asie Mineure.

La première guerre de Syrie débute en 274 av. J.-C. quand Antiochos Ier tente d'étendre son empire à la Syrie. Antiochos occupe la Cœlé-Syrie tandis que Magas, demi-frère de Ptolémée II et roi autoproclamé de Cyrénaïque, envahit l'Égypte. Cependant Magas doit faire demi-tour car une révolte de nomades survient dans son royaume ; de son côté, Ptolémée II est retenu par une mutinerie provoquée par ses 4 000 mercenaires galates stationnés à Memphis qui voulaient s'emparer du trésor royal et conquérir la Basse-Égypte[2]. Une réconciliation entre les demi-frères se produit à une date inconnue ; Ptolémée II se fiance à la fille de Magas, Bérénice II, qui par la suite se marie à Ptolémée III. Dans le même temps, Ptolémée II fait la reconquête des territoires perdus et il conclut en 271 la première guerre de Syrie en prenant la Cilicie orientale et la Phénicie aux dépens d'Antiochos.

Il profite de l'avènement d'Antiochos II en 261 pour prendre Éphèse et Milet, déclenchant la deuxième guerre de Syrie qui s'achève sur une défaite. Antiochos II réagit vigoureusement en s'alliant avec Antigone II Gonatas ; assuré de la domination sur la Grèce centrale, le roi de Macédoine entend mener une politique agressive dans les îles Égéennes et se mêler aux guerres entre Séleucides et Lagides, en allié fidèle des premiers. La flotte de Ptolémée II est ainsi vaincue au large de Cos vers 258 ; il semble avoir dû abandonner ses possessions en Cilicie, en Pamphylie et en Ionie, tandis qu'Antiochos II recouvre Milet et Éphèse. Mais la Macédoine doit se retirer du conflit quand se déclare une rébellion à Corinthe et à Chalcis en 253, sans doute à l'instigation de Ptolémée II. Vers 250, la flotte ptolémaïque défait de façon décisive les Macédoniens et remet en cause leur influence dans les Cyclades. Pour sceller la fin la deuxième guerre de Syrie vers 253, Ptolémée II offre sa fille richement dotée, Bérénice Syra, en mariage à Antiochos II qui répudie pour cela sa première épouse, Laodicé.

Roi bâtisseur

Statue colossale de Ptolémée II provenant d'Héliopolis, Musées du Vatican.

Ptolémée II entreprend de grand travaux notamment à Alexandrie, Naucratis, Philæ et Tanis. Il développe également la région du Fayoum et enrichit la bibliothèque d'Alexandrie en y faisant venir Démétrios de Phalère. C'est sous son règne que s'achèvent les travaux du phare d'Alexandrie. Il apparaît finalement être le plus cultivé des rois hellénistiques de son temps. Il fonde en 279 av. J.-C. les Ptolemaia sur le modèle des Jeux olympiques antiques avec concours hippique, athlétique et musical précédés de sacrifices et d'une immense procession ; il y invite tous les sujets de son empire dans le cadre du culte voué à ses parents, les « Dieux Sauveurs » (Theoi Sôtères)[3]. Les fêtes se terminent par d'immenses banquets.

Il envoie par ailleurs des ambassadeurs à Rome et auprès de l'Empire maurya en Inde comme l'atteste Pline l'Ancien[4]. Il est aussi mentionné, avec notamment Antigone II Gonatas et Antiochos II, dans les édits d'Ashoka (Édit no 13 d'Ashoka) comme l'un des bénéficiaires d'une mission de prosélytisme bouddhiste envoyée par l'empereur de la dynastie Maurya[5].

Ptolémée et la Septante

Selon la lettre d'Aristée (IIe siècle avant notre ère), la Septante serait due à l'initiative du fondateur de la Bibliothèque d'Alexandrie, Démétrios de Phalère. Celui-ci aurait suggéré à Ptolémée II (au pharaon selon Aristée) d'ordonner la traduction en grec de tous les livres israélites, textes sacrés et narrations profanes. Très vite après la fondation d'Alexandrie par Alexandre le Grand en 331, une population juive s'est en effet développée fortement, en particulier autour du Palais royal ; à tel point que deux des cinq quartiers sont réservés aux « descendants d'Abraham ». Ils continuent à y parler la langue hébraïque et à étudier les textes de l'Ancien Testament. Déjà intéressé par le sort de ses sujets israélites, le souverain apparaît également soucieux de connaître les règles des divers peuples qui lui sont assujettis dans le cadre d'une réorganisation de son royaume.

Les savants juifs au nombre de 72 (six de chacune des douze tribus d'Israël) sont chargés de cette traduction qui, en leur honneur, porte le nom de Version des Septante. La tradition prétend que le souverain sacrificateur de Jérusalem, Éléazar, n'accède à la demande de Ptolémée II qu'à une condition : l'affranchissement des Juifs de Judée faits prisonniers et réduits à l'esclavage en Égypte par le père du pharaon, Ptolémée Ier.

Titulature

Notes et références

  1. Son anniversaire officiel est le 10 février 308 av. J.-C.
  2. Strabon, Les Galates.
  3. Voir en ce sens la réponse de la confédération des Cyclades à l'invitation de Ptolémée II.
  4. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, 21.
  5. Édits d'Ashoka (en langue gandhari), no 13, paragraphe 9. Il n'existe aucune mention de cet événement dans les sources occidentales.

Annexes

Bibliographie

  • Pierre Cabanes, Le Monde hellénistique de la mort d’Alexandre à la paix d’Apamée, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l’Antiquité », (ISBN 2-02-013130-7) ;
  • Pierre Lévêque, Le Monde hellénistique, Pocket, coll. « Agora », 2003 (4e édition) (ISBN 2-266-10140-4) ;
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (ISBN 2-02-060387-X).

Articles connexes

Liens externes

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