Prosper de Chasseloup-Laubat

Justin Napoléon Samuel Prosper, comte, puis[1] 4e marquis de Chasseloup-Laubat est un homme politique français né à Alexandrie (Italie) le et mort à Versailles le . Il fut ministre de la marine et des colonies du au , puis ministre présidant le Conseil d'État du au .

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Biographie

Plus jeune des fils du général-marquis François Charles Louis de Chasseloup-Laubat (1754-1833), Prosper de Chasseloup-Laubat fit ses études à Paris au Lycée Louis-le-Grand puis entra dans l'administration et fut attaché au comité du contentieux du Conseil d'État en qualité d'auditeur de 2e classe (1828).

Après la Révolution de 1830 il fut, dès le 4 août, attaché au général de La Fayette, commandant général de la garde nationale, en qualité de capitaine aide-de-camp. Maintenu au sein de la nouvelle organisation du Conseil d'État il fut promu maître des requêtes en service ordinaire (novembre 1830) et devint commissaire du roi auprès du comité du contentieux (1830-1836).

En 1836, Prosper de Chasseloup-Laubat fut adjoint à Jean-Jacques Baude, commissaire du roi en Algérie et remplit sa mission à Alger, puis à Tunis, à Bône et à Constantine. Il assista au siège malheureux de cette dernière ville, avant de reprendre ses fonctions au Conseil d'État. Il fut nommé conseiller d'État en 1838.

Le , il fut élu député par le 5e collège de la Charente-Inférieure (Marennes) en remplacement du vicomte Duchâtel, nommé préfet (111 voix sur 200 votants contre 106 à M. Leterme). Il fut réélu le (160 voix sur 260 votants et 331 inscrits), le , le (175 voix sur 252 votants et 335 inscrits) et le (266 voix sur 309 votants et 379 inscrits). Siégeant au centre gauche, il soutint le gouvernement, vota avec le Tiers Parti, et monta quelquefois à la tribune : comme rapporteur de l'élection de Béziers (1838) ; pour défendre, contrairement au projet de loi sur les cours d'eau, le droit que l'administration semblait abandonner ; au nom de la commission chargée d'examiner la loi sur l'amélioration des ports, etc. Il fut également membre puis président du conseil général de la Charente-Inférieure.

La Révolution de 1848 l'écarta momentanément de la politique, mais il fut élu, le , représentant de la Charente-Inférieure à l'Assemblée législative (5e sur 10 par 42 924 voix sur 90 799 votants et 142 041 inscrits). Il vota avec les conservateurs pour l'expédition de Rome, pour les poursuites contre les représentants de la Montagne, pour les lois répressives, soutint la politique de l'Élysée et fut désigné par Louis-Napoléon Bonaparte comme ministre de la Marine entre le 10 avril et le .

Prosper de Chasseloup-Laubat vu par Honoré Daumier.

Après le coup d'État du 2 décembre 1851, il fut nommé membre de la commission consultative et le gouvernement le présenta, le , comme son candidat dans la 2e circonscription de la Charente-Inférieure. Il fut élu au Corps législatif (12 170 voix sur 16 566 votants et 29 556 inscrits contre 2 639 voix au général Montholon et 418 à M. Roy-Bry). Il prit part au rétablissement de l'Empire et fut de la majorité législative dans cette législature comme dans la suivante. Il fut en effet réélu le (13 422 voix sur 15 151 votants et 27 708 inscrits contre 1 303 à M. Dupont de Bussac).

Membre du conseil de colonisation près le nouveau ministère de l'Algérie et des Colonies créé en 1858, Prosper de Chasseloup-Laubat fut appelé, par décret du , à succéder comme ministre au précédent titulaire de ce portefeuille, le prince Napoléon. Un mois plus tard, il se rendit personnellement en Algérie et mit à l'étude la question des ports de refuge à ouvrir sur le littoral de l'Océan Atlantique et de la Méditerranée. Devenu, après le rétablissement du poste de gouverneur général de l'Algérie, ministre de la marine et des colonies (), il soutint la nécessité d'augmenter le personnel de l'état-major de la marine (août 1861), fit décréter l'établissement des pupilles de la marine pour les orphelins des marins morts au service () et limita aux bâtiments de la marine et aux sémaphores des côtes l'usage du code commercial des signaux. Un décret du le nomma sénateur du Second Empire. Pour chercher à établir des communications commerciales entre la Cochinchine et la Chine méridionale par la voie du Mékong, il décide, en 1865, d'organiser une expédition chargée de reconnaître la navigabilité du Mékong, d'en faire l'hydrographie et d'étudier l'histoire et l'ethnographie des pays qu'elle traverserait. Le commandement de cette Mission d'exploration du Mékong et du haut Song-koï en est confié au capitaine de frégate Ernest Doudart de Lagrée. En accord avec son collègue aux Affaires étrangères, il donne son aval au contre-amiral Roze pour une expédition de représailles à caractère limité contre la Corée en septembre 1866[2]. Après avoir présidé à la transformation générale de la flotte et des armements maritimes, il donna sa démission de ministre le .

Il fut rappelé au pouvoir le en qualité de ministre-présidant le Conseil d'État en 1869, en remplacement de M. Vuitry. En cette qualité, il participa à la mise en place de l'« Empire libéral » annoncé par Napoléon III dans son message du 12 juillet. Il se retira avec tous ses collègues en et reprit son siège au Sénat impérial.

Élu, le , représentant de la Charente-Inférieure à l'Assemblée nationale (8e sur 10 par 42 357 voix sur 105 000 votants et 148 277 inscrits), il siégea au centre droit et vota pour la paix, pour les prières publiques, pour le pouvoir constituant de l'Assemblée, contre le retour de l'Assemblée à Paris. Nommé rapporteur de la loi sur l'organisation de l'armée, il déposa son rapport le  ; celui-ci suscita des discussions approfondies.

Prosper de Chasseloup-Laubat mourut un an plus tard, pendant la législature.

Président de la Société de géographie de 1864 à sa mort et collaborateur régulier de la Revue des deux Mondes, il était, depuis le [3], grand-croix de la Légion d'honneur.

Famille

Chasseloup-Laubat.

Il épousa le en l'église Saint-Augustin de Paris[4] Marie-Louise Pilié (, La Nouvelle-Orléans - , Paris[5]), cousine éloignée, dont la famille originaire de Saintonge était partie faire fortune en Louisiane. Elle était la fille de Louis-Armand Pilié et de son épouse née Rose Élisabeth Éléonore Lapice de Bergondy[6] et une nièce du général Toutant de Beauregard[7]. Elle soutint la carrière de son mari en tenant un salon où elle recevait la haute société du Second Empire et lui donna deux fils qui se firent un nom dans le sport:

Hommages

Bibliographie

  • Albert Duchêne, Un ministre trop oublié : Chasseloup-Laubat, SEGMC, Paris, 1932, LVII-288 p.

Références

  1. À la suite des morts successives de son père et de ses frères aînés.
  2. L'Expédition de l'Amiral Roze en Corée, par Marc Orange - CNRS Paris - Extrait de la Revue de la Corée, N°30, 1976.
  3. « Cote LH/500/41 », base Léonore, ministère français de la Culture
  4. C. Baroche, Second Empire. Notes et souvenirs, Paris, 1921, p. 212.
  5. Le Figaro, 2 avril 1921: "Mme la marquise de Chasseloup-Laubat douairière, veuve de l'ancien ministre de la marine sous Napoléon III, s'est pieusement éteinte, après une courte maladie, en son domicile, 4, rue de Marignan, à l'âge de soixante-dix-neuf ans."
  6. (en) Biographical and Historical Memoirs of Louisiana, Chicago, 1892, p. 534.
  7. (en) David Carroll, Henri Mercier and the American Civil War, Princeton, 1971, p. 344.
  • Dans le Dictionnaire des marins français d'Étienne Taillemite, il est noté que son titre est celui de marquis.

Voir aussi

Sources

Liens externes

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