Process Communication

La Process Communication®, ou Process Com, est un modèle de communication développé par le psychologue Taibi Kahler, lui-même issu de l’école de l'analyse transactionnelle[1]. Elle propose des outils pour expliciter les problèmes rencontrés lors d'une mécommunication, les résoudre et rétablir la communication[2]. Son objectif est de faciliter les échanges entre personnes dans les situations de communication les plus courantes, notamment en entreprise.

Histoire

Le psychologue américain Taibi Kahler est praticien en psychothérapie et expert en analyse transactionnelle. À partir de 1969, il étudie les interactions entre les personnes et conçoit des mini-scénarios qui seront la base de la Process Com et pour lesquels il reçoit en 1977 le prix scientifique Eric Berne (concepteur de l'analyse transactionnelle)[3].

Au début des années 1970, le psychiatre chargé du recrutement des astronautes à la NASA, Terry McGuire, fait appel à Taibi Kahler qui travaillait sur les mini-scénarios de l'analyse transactionnelle, afin de s'assurer de la meilleure collaboration possible entre les astronautes pendant leurs missions[4].

Taibi Kahler étudie les interactions entre individus. Il s'efforce de comprendre pourquoi certaines génèrent des issues positives (motivation renforcée, stimulation à l'action et à l'atteinte de résultats, …) et d'autres aboutissent à des issues négatives (démotivation, immobilisme, agressivité, dépression, etc.). En s'appuyant sur les concepts de l'analyse transactionnelle, il constate plusieurs phénomènes :

  • Chaque individu emploie des schémas comportementaux récurrents appelés "scénarios". Ceci parce qu'il cherche en permanence à satisfaire ses besoins selon des stratégies souvent apprises de longue date et qu'il reproduit en permanence. Il s'agit des 6 scénarios élaborés par Eric Berne dans son livre "Que dites-vous après avoir dit bonjour ?" (page 177). Les besoins psychologiques (faims ou appétits) sont issues du livres d'Eric Berne "Amour, Sexe et Relations" (pages 204 et 205)
  • D'un individu à l'autre, les schémas comportementaux diffèrent.
  • Les difficultés de communication sont d'autant plus importantes que les individus ont des schémas comportementaux éloignés.

À l'issue de ses observations, il propose une classification de ces schémas en 6 catégories, les "types de personnalité", et une méthode pour réduire les difficultés de communication. Il nomme son modèle Process Communication. Pour élaborer les mini-scénarios, Taïbi Kahler a utilisé le diagnostic comportemental de Berne (les mots, la voix, les expressions du visage, les gestes, les attitudes) pour identifier la manière dont les six scénarios d'Eric Berne s'exprimaient physiquement. Taïbi Kahler explique dans son livre "Le grand livre de la Process Thérapie", qu'il a filmé des patients en psychothérapie et qu'il a ensuite regardé au ralenti les séquences dans lesquelles ils étaient dans leur "scénario". Son travail a consisté ensuite à noter les signaux physiques (diagnostic comportemental de Berne) pour définir les miniscénarios. Les miniscénarios portent également le nom de "drivers" ou "messages contraignants".

Dans les années 1990, le concept était nommé Process Communication Model (PCM), avant de devenir Process Com qui se distingue des autres méthodes de développement personnel en insistant sur la relation avec l'autre[5].

Pour former la Process Com, Taibi Kahler a associé son concept des six personnalités avec l'analyse transactionnelle et la notion de portes de communication du docteur Paul Ware[6].

Description

La Process Com est formée de trois composantes : les mini-scénarios découverts par Taibi Kahler, les six types de personnalités associés chacun à un mécanisme de réussite et un mécanisme d'échec de l'analyse transactionnelle, et les trois portes d'entrée de la communication du psychothérapeute Paul Ware (porte de la pensée, porte des sentiments et porte de l'action)[7].

Six types de personnalité et trois degrés de stress

Taibi Kahler propose six types de personnalité que l'on peut retrouver en toute personne. Selon lui, chaque type comporte une certaine dose de stress à laquelle la Process Com apporte un antidote[7]. Chaque type porte un nom (entre parenthèses, le nom en anglais) :

  • Travaillomane (thinker[8]),
  • Persévérant (persister ou believer),
  • Rebelle (rebel ou funster),
  • Promoteur (promoter ou doer),
  • Empathique (empathetic ou harmoniser),
  • Rêveur (dreamer ou imaginer).

Le questionnaire élaboré pour la NASA permet d'évaluer l'ordre des types de personnalité associés à un taux d'énergie, ainsi que les mécanismes de réussite et d'échec des participants[9]. Les six types sont alors représentés sous la forme d'un empilement, l'« immeuble », où le type dominant est appelé "base". Selon Kahler, cette base se fixe vers l'âge de 7 ans et reste la base pour la vie entière. Cependant le type dominant peut changer au cours de la vie, notamment lors d'une période de stress intense (positive ou négative) dans un « changement de phase »[10] qui donne un rôle dominant à ce nouveau type de personnalité. La base reste ; mais elle devient moins visible, car masquée par le nouveau type de personnalité.

Les degrés de stress de la Process Com correspondent à une réduction graduelle des capacités intellectuelles et émotionnelles des personnes qui commence par des problèmes relationnels et va jusqu'au blocage de la communication. Ces degrés sont au nombre de trois, du plus léger au plus lourd[11] :

  • premier : driver (de l'anglais to drive, conduire) qui peut se traduire dans ce contexte par « message contraignant »[12]),
  • deuxième : mécanisme d'échec,
  • troisième : désespoir.

L'identification du profil de stress permet de déterminer le type de personnalité touché et de proposer un ou deux antidotes spécifiques à chaque forme en satisfaisant les besoins psychologiques correspondants[13].

Antidotes de la mécommunication

La Process Com propose de résoudre les problèmes de communication en inversant la spirale de stress. Elle donne pour cela, pour chaque type de personnalité, un type d'interaction composé de trois éléments[14] :

  • le besoin psychologique essentiel,
  • la perception du monde,
  • le canal de communication privilégié.

Une interaction correspond à une phrase construite à partir de ces trois éléments. Une ou deux interactions peuvent faire sortir l'interlocuteur de son stress et lui faire reprendre la spirale de la réussite[15].

Les besoins psychologiques

C'est l'outil le plus important de la Process Com comme antidote au stress. Comme la satisfaction des besoins physiques permet d'être en bonne santé, la satisfaction des besoins psychologiques permet de sortir du stress[16].

La perception du monde

Le type de personnalité de base d'une personne influe sur sa façon de voir le monde. Tenir compte de cette façon de voir d'un interlocuteur permet d'améliorer la communication[17].

Les canaux de communication

Un canal de communication représente l'ensemble des moyens mis en œuvre pour faire passer un message. Ces moyens combinent le ton de la voix, l'attitude corporelle (expression du visage, gestes, postures) et le choix des mots. Le modèle distingue quatre canaux[pas clair] de communication, chaque type de personnalité ayant son canal privilégié[18] :

  • le canal 1 : interruptif[19]. Ce canal correspond à la communication destinée à faire cesser une situation de stress sévère ou à en reprendre le contrôle. Ce canal est rarement employé.
  • le canal 2 : directif, pour les types Promoteur et Rêveur : passe par la pensée, les mots incitent à l'action (verbes à l'impératif), le ton et l'attitude sont calmes, sans émotion particulière.
  • le canal 3 : informatif / interrogatif, pour les types Persévérant et Travaillomane : le propos est orienté sur les faits ou les opinions ; il contient souvent des questions, le ton est calme, sans émotion particulière, éventuellement appuyé sur certains mots (les mots-clés du discours) ; l'expression est sobre, la posture du corps est droite.
  • le canal 4 : nourricier, pour le type Empathique : les mots parlent d'émotion, de ressenti, le ton de la voix est calme, l'attitude est souriante, détendue et tournée vers l'autre.
  • le canal 5 : émotif, pour le type Rebelle : beaucoup d'onomatopées et de mots expressifs dans le discours ; le ton est enthousiaste, accompagné d'une gestuelle dynamique.

Les canaux de communication font référence aux transactions de l'analyse transactionnelle d'Eric Berne. Ainsi, le canal nourricier correspond au Parent Nourricier qui s'adresse à l'Enfant. Le canal informatif/Interrogatif correspond à l'Adulte qui s'adresse à l'Adulte. Le canal émotif correspond à l'Enfant qui s'adresse à l'Enfant. Enfin, le canal directif correspond au Parent Normatif qui s'adresse à l'Adulte.[réf. nécessaire]

Fonctionnement du modèle

La 1e étape de la communication consiste à identifier sa combinaison personnelle. Cela se fait au moyen d'un test de personnalité. Le résultat du test donne la représentation d'un "immeuble" empilant les 6 types de personnalité, depuis la plus marquée jusqu'à la moins marquée. Chaque "étage" de l'immeuble s'appelle une phase. L'étage inférieur représente la base, c'est le type de personnalité acquis dans l'enfance et que l'on conserve toute sa vie. Juste au-dessus de la base, se trouve la phase active, c'est-à-dire le type de personnalité qui caractérise le plus à l'instant présent. La base et la phase active peuvent être les mêmes. Tout au sommet de l'immeuble se trouve le type de personnalité le moins marqué.

Une personnalité se définit donc essentiellement par deux types de personnalité (deux phases) : la base et la phase active. Une phase active peut durer de quelques années à toute une vie.

Pour communiquer de manière satisfaisante, deux personnes vont chercher à parler un langage commun où la forme tient une grande place. Pour quelqu'un qui souhaite communiquer, la question est donc d'identifier le canal de communication préférentiel de son interlocuteur et à l'utiliser. C'est pourquoi la 2e étape de la communication consiste à identifier chez l'autre le type de personnalité le plus présent (base et phase active) en s'appuyant sur des indices comportementaux : expressions et tournures de phrases, attitudes, habillement, organisation de l'espace de vie, centres d'intérêt, relations avec les autres, etc.

La dernière étape consiste à utiliser les canaux de communication adaptés à chaque interlocuteur. Si les deux interlocuteurs ont le même type de personnalité, la communication sera simple ; s'ils sont de types très éloignés, la communication sera facilitée si l'un et l'autre sont capables de prendre l'ascenseur dans leur "immeuble" pour utiliser le canal de communication préféré de l'autre. Plus le nombre d' "étages" à grimper est important, plus la communication demandera de l'énergie pour s'adapter à l'autre.

La question existentielle et la gestion du stress

Quand les besoins psychologiques d'une personne ne sont pas nourris, elle se stresse. Sa perception du monde et ses capacités cognitives sont réduites. Pour communiquer, elle utilise des comportements de moins en moins élaborés au fur et à mesure que le stress grandit. Ces comportements ont parfois été appris il y a longtemps. Pour combattre le stress, la personne va chercher à nourrir ses besoins psychologiques, notamment à se rassurer en répondant à la question existentielle, différente selon le type de personnalité :

  • Empathique : la question existentielle est "Suis-je aimable ?". Elle renvoie au besoin psychologique d'être reconnu en tant que personne.
  • Persévérant : la question existentielle est "Suis-je digne de confiance ?". Elle renvoie au besoin d'être reconnu pour ses convictions.
  • Rebelle : la question existentielle est "Suis-je acceptable ?" et renvoie au besoin de contact positif, voire ludique.
  • Travaillomane : la question existentielle est "Suis-je compétent ?". Elle renvoie au besoin d'être reconnu pour son travail et ses efforts.
  • Rêveur : la question existentielle est "Suis-je voulu ?" et renvoie au besoin de solitude.
  • Promoteur : la question existentielle est "Suis-je vivant ?" et renvoie au besoin d'excitation.

Notes et références

Bibliographie

  • Sandrine Gelin et Khuê-Linh Truong, Conduire une réunion avec efficacité, Paris, Eyrolles, , 188 p. (ISBN 978-2-212-54543-2, lire en ligne)
  • Christian Becquereau et Sylvie Nélaton, La Process Com® : Découvrez quel est votre profil et nouez de bonnes relations avec votre entourage, Paris, Eyrolles, , 201 p. (ISBN 978-2-212-55786-2, lire en ligne)
  • Gérard Collignon, Comment leur dire... : La Process Communication, InterÉditions,
  • Jérôme Lefeuvre, Découvrir la Process Communication,  éd. InterÉditions, 2009
  • Gérard Collignon et Pascal Legrand, Coacher avec la Process Com,  éd. InterÉditions
  • Jérôme Lefeuvre, S'entraîner à la Process Communication au quotidien,  éd. InterÉditions
  • Yves Constantinidis, Communiquer sans stress avec la Process Com,  éd. Eyrolles, 2016
  • Pierre Agnèse et Jérôme Lefeuvre, Déjouer les pièges de la mauvaise foi et de la manipulation avec le triangle de Karpman,  éd. InterÉditions
  • Brigitte Esnoult et Pascal Legrand, Bien communiquer par son look, La Process Com Image,  éd. InterÉditions, 2010
  • Taibi Kahler, Communiquer, motiver, manager en personne,  éd. InterÉditions, 2009
  • Taibi Kahler, Le grand livre de la Process Thérapie, éd. Eyrolles, 2010
  • Taibi Kahler, le miniscénario, éd Le journal de l'analyse transactionnelle, 1974
  • Christian Becquereau, Process Com pour les Managers,  éd. Eyrolles, 2011 - 2e édition
  • Eric Berne, Que dites-vous après avoir dit bonjour, éd. Tchou, 2006
  • Eric Berne, Amour, sexe et relations, éd Analyse Transactionnelle, 2010
  • Kahler Communication, présentation du modèle : Le modèle Process Communication

Liens externes

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