Présidence de John Adams

La présidence de John Adams débuta le , date de l'investiture de John Adams en tant que 2e président des États-Unis, et prit fin le . Adams, qui avait servi au poste de vice-président sous le mandat de George Washington, entra en fonction après avoir remporté l'élection présidentielle de 1796, faisant de lui le seul membre du Parti fédéraliste à avoir accédé à la fonction suprême. Sa présidence ne dura que quatre ans car il fut battu à l'élection présidentielle de 1800 par le républicain-démocrate Thomas Jefferson, qui lui succéda à la Maison-Blanche.

Présidence de John Adams

2e président des États-Unis

Le président John Adams. Huile sur toile de John Trumbull, Maison-Blanche.
Type
Type Président des États-Unis
Résidence officielle Maison-Blanche, Washington
Élection
Système électoral Grands-électeurs
Mode de scrutin Suffrage universel indirect
Élection 1796
Début du mandat
Fin du mandat
Durée 4 ans
Présidence
Nom John Adams
Date de naissance
Date de décès
Appartenance politique Parti fédéraliste

Lorsque Adams arriva au pouvoir, la guerre qui se déroulait entre la France et la Grande-Bretagne causait des difficultés importantes aux marchands américains en haute mer et divisait profondément les factions politiques du pays. Les tentatives de négociations avec les Français aboutirent à l'affaire XYZ dans laquelle plusieurs responsables français exigèrent le versement de pots-de-vin avant de consentir à l'ouverture des négociations. À la suite de cette affaire qui scandalisa l'opinion publique américaine, un conflit naval non déclaré, connu sous le nom de « quasi-guerre », éclata entre la France et les États-Unis et domina le reste de la présidence d'Adams. Sous son mandat, l'armée de terre et la marine furent renforcées et cette dernière obtint plusieurs succès lors de la quasi-guerre.

La hausse des dépenses consécutive à ces événements rendit nécessaire une augmentation des recettes fédérales et le Congrès vota la Direct Tax de 1798. La guerre et le poids des impôts furent à l'origine de troubles internes illustrés par la rébellion de Fries en 1799. En réponse à cette agitation, tant sur le plan intérieur qu'à l'échelle internationale, le 5e Congrès adopta une série de textes connus sous le nom de « lois sur les étrangers et la sédition » qui rendaient plus difficile l'obtention de la nationalité américaine pour les immigrants, permettaient au président d'emprisonner ou d'expulser des non-citoyens considérés comme dangereux ou originaires d'une nation hostile aux États-Unis et condamnaient l'usage de fausses déclarations visant à critiquer l'action du gouvernement fédéral. Alors que la majorité fédéraliste soutenait que cette législation permettrait de renforcer la sécurité nationale dans une période de conflit, les démocrates-républicains s'opposèrent vivement à cette mesure.

L'opposition à la quasi-guerre et aux lois sur les étrangers et la sédition, ainsi que la rivalité entre Adams et Alexander Hamilton au sein-même du Parti fédéraliste, contribuèrent à la défaite d'Adams contre Jefferson lors de l'élection présidentielle de 1800. Les historiens ont des difficultés à évaluer la présidence d'Adams. Samuel Eliot Morison écrivit qu'« il était par tempérament inadapté à la présidence. Il en savait plus que n'importe quel Américain en matière de science politique, y compris James Madison, mais il était mal à l'aise en tant qu'administrateur ». Adams sut néanmoins éviter la guerre avec la France, estimant qu'un conflit armé ne devait être que l'ultime recours de l'action diplomatique, un positionnement qui lui valut d'être respecté y compris parmi ses adversaires politiques. Bien qu'abondamment critiqué pour la ratification des lois sur les étrangers et la sédition, il n'encouragea ni leur adoption ni leur mise en œuvre et il accorda sa grâce aux instigateurs de la rébellion de Fries. Pour l'historien C. James Taylor, « vu sous cet angle, l'héritage d'Adams est un héritage de raison, de gouvernance morale, de primauté du droit, de compassion et d'une politique étrangère prudente mais active visant à garantir l'intérêt de la nation et une paix honorable ».

Élection présidentielle de 1796

Le , le président George Washington déclara officiellement qu'il n'était pas candidat à un troisième mandat. Presque aussitôt, les partisans des deux grandes factions du pays, le Parti fédéraliste et le Parti républicain-démocrate, se lancèrent dans une bataille acharnée pour tenter d'influencer le vote du collège électoral. Comme pour les deux élections précédentes, les États choisirent leurs grands électeurs respectifs et ces derniers devaient ensuite élire le président[1]. Le principal favori chez les républicains-démocrates était Thomas Jefferson même si celui-ci était très réticent à se présenter[2]. Chez les fédéralistes, la candidature du vice-président John Adams fut largement plébiscitée[1].

Au Congrès, les républicains-démocrates organisèrent un caucus nominatif et désignèrent Jefferson et Aaron Burr comme candidats du parti à l'élection présidentielle. Jefferson déclina dans un premier temps la nomination mais accepta finalement de concourir quelques semaines plus tard. Les parlementaires fédéralistes tinrent un rassemblement similaire et choisirent Adams et Thomas Pinckney comme candidats[2],[3]. La campagne se déroula dans l'ensemble de façon décousue et sporadique et se borna à des attaques par journaux interposés, des pamphlets et divers ralliements de personnalités[1] ; des quatre prétendants, Burr fut le seul à faire activement campagne[4].

Au début du mois de novembre, l'ambassadeur de France aux États-Unis Pierre Auguste Adet afficha publiquement son soutien à Jefferson. Il fit plusieurs déclarations à caractère anglophobe tout en suggérant qu'une victoire de Jefferson permettrait d'améliorer les relations avec la France[5]. Plus tard dans la campagne, le fédéraliste Alexander Hamilton, souhaitant « un président plus souple qu'Adams », tenta de faire basculer l'élection en faveur de Pinckney. Il contraignit ainsi les électeurs fédéralistes de Caroline du Sud à voter pour Pinckney et fit en sorte que leur deuxième voix aille à des candidats autres qu'Adams. Plusieurs électeurs de la législature de Nouvelle-Angleterre eurent néanmoins vent de ce projet et décidèrent après s'être concertés de ne pas voter pour Pinckney, faisant échouer la manœuvre d'Hamilton[6].

Les votes du collège électoral furent comptés durant une session conjointe du Congrès le . Adams fut élu de justesse avec 71 votes contre 69 pour Jefferson, qui devint ainsi le vice-président[7]. Venaient ensuite Thomas Pinckney (59 votes), Aaron Burr (30 votes), Samuel Adams (15 votes), Oliver Ellsworth (11 votes), George Clinton (7 votes), John Jay (5 votes), James Iredell (3 votes), John Henry (2 votes), Samuel Johnston (2 votes), George Washington (2 votes) et Charles Cotesworth Pinckney (1 vote)[8].

Cérémonie d'investiture

Adams fut investi le devant les représentants réunis au Congress Hall de Philadelphie. Le juge en chef Oliver Ellsworth administra le serment présidentiel, faisant d'Adams le premier président à prêter serment sous l'autorité du juge en chef de la Cour suprême[9]. Le nouveau chef d'État commença son discours inaugural par un passage en revue du combat pour l'indépendance de la nation :

« Quand a été perçu pour la première fois, dans les temps anciens, ce sentiment qu'aucune voie médiane ne s'offrait à l'Amérique entre la soumission illimitée à une législature étrangère et l'indépendance totale de ses revendications, les hommes de réflexion étaient moins craintifs du danger constitué par la formidable puissance des flottes et des armées auxquelles ils devaient faire face que de ces contestations et dissensions qui surgiraient certainement à propos des formes de gouvernement à instituer sur l'ensemble et sur les parties de ce vaste pays. S'appuyant, cependant, sur la pureté de leurs intentions, la justesse de leur cause et l'intégrité et l'intelligence du peuple, ainsi que sur la bénédiction supérieure de la Providence qui avait si clairement protégée ce pays des premières, les représentants de cette nation, alors peuplée d'un peu plus de la moitié de son effectif actuel, ont non seulement brisé les chaînes qui les enserraient et la barre de fer qui les menaçaient, mais ont rompu franchement les liens qui les retenaient, pour se jeter dans un océan d'incertitude. »

Le discours, long de 2 308 mots[10], contenait aussi un vibrant hommage à George Washington, un appel à l'unité politique et une promesse de soutien au développement des institutions du savoir. Adams affirma également son intention d'éviter la guerre à tout prix et, à la déception de certains de ses alliés fédéralistes, fit l'éloge de la France[11].

Au moment de son entrée en fonction, la population des États-Unis s'élevait à environ 5 millions d'individus, dont les deux tiers vivaient à moins de 160 km de la côte Est[12]. Les régions situées à l'ouest des Appalaches connaissaient toutefois un taux d'accroissement de la population supérieur au reste du pays, et à la fin de la présidence d'Adams, 500 000 personnes originaires principalement de Nouvelle-Angleterre, de Virginie et du Maryland s'étaient installées dans le Kentucky, le Tennessee et le territoire du Nord-Ouest[13].

Composition du gouvernement

Cabinet

En dehors du processus de nomination, la Constitution n'évoquait que brièvement le fonctionnement des départements fédéraux. Le terme de cabinet commença à être utilisé pour désigner les responsables des différents départements à la fin du premier mandat de George Washington, lequel n'accordait au cabinet qu'un rôle consultatif[14]. La Constitution stipulait que les individus nommés à la tête des départements étaient responsables devant le président mais était en revanche muette sur les conditions entourant la durée du service au sein du cabinet[15]. Lorsque Adams accéda à la présidence, aucune disposition ne permettait de savoir si les membres du cabinet précédent devaient ou non rester en poste. Plutôt que de recourir au favoritisme et ainsi se constituer un groupe de conseillers fidèles, Adams conserva le cabinet de Washington même s'il ne comptait en son sein aucun ami proche[16].

Trois membres du cabinet, Timothy Pickering, James McHenry et Oliver Wolcott, Jr., étaient dévoués à Hamilton et informaient celui-ci de toutes les questions politiques importantes à New York. Simultanément, ils adressaient au président les recommandations d'Hamilton et s'opposèrent régulièrement aux décisions d'Adams[17],[18]. Dans une lettre rédigée en , Jefferson écrivit que « les hamiltoniens dont il [Adams] est entouré lui sont à peine moins hostiles qu'envers moi »[19]. Une autre figure importante de l'administration Washington, le procureur général Charles Lee, travailla en étroite collaboration avec Adams et demeura au sein du cabinet pendant toute la durée du mandat présidentiel[20]. En 1798, Benjamin Stoddert du Maryland devint le premier secrétaire à la Marine des États-Unis et fut l'un des conseillers les plus influents du président[21]. Dans la seconde partie de son mandat, Adams se brouilla avec la branche hamiltonienne du Parti fédéraliste et il accorda moins d'attention aux conseils de Pickering, McHenry et Wolcott[22]. S'étant rendu compte des agissements d'Hamilton, Adams congédia Pickering et McHenry au cours de l'année 1800 et les remplaça respectivement par John Marshall et Samuel Dexter[23].

Le président John Adams. Huile sur toile de Gilbert Stuart, National Gallery of Art, Washington, D.C..
Cabinet Adams
FonctionNomDates
PrésidentJohn Adams1797-1801
Vice-présidentThomas Jefferson1797-1801
Secrétaire d'ÉtatTimothy Pickering1797-1800
Charles Lee1800
John Marshall1800-1801
Secrétaire au TrésorOliver Wolcott, Jr.1797-1801
Samuel Dexter1801
Secrétaire à la GuerreJames McHenry1796-1800
Samuel Dexter1800-1801
Procureur généralCharles Lee1797-1801
Secrétaire à la MarineBenjamin Stoddert1798-1801

Vice-présidence

Adams entretenait des relations cordiales avec Jefferson depuis qu'ils étaient devenus amis vingt ans plus tôt, lorsqu'ils siégeaient ensemble au second Congrès continental. Le jour précédant leur investiture, les deux hommes se rencontrèrent brièvement pour discuter de la possibilité d'envoyer Jefferson en France afin d'apaiser les tensions entre les deux pays. Ils en arrivèrent toutefois à la conclusion que ce rôle était inapproprié pour le vice-président et ils décidèrent de confier cette mission à James Madison, allié de Jefferson sur le plan politique. Peu après la cérémonie d'investiture, Jefferson informa Adams que Madison n'était pas intéressé par l'offre. Adams répondit qu'il n'aurait de toute façon pas pu nommer Madison en raison des pressions exercées par son cabinet pour que fût désigné un fédéraliste. Ce fut la dernière fois qu'Adams consulta Jefferson sur une question politique d'importance nationale. De son côté, le vice-président se consacra exclusivement à ses responsabilités politiques en tant que chef des républicains-démocrates et à ses fonctions de président du Sénat[24].

Nominations judiciaires

Adams nomma trois juges à la Cour suprême sous sa présidence. En , le Sénat confirma la nomination de Bushrod Washington, neveu de l'ancien président, pour succéder au juge associé James Wilson. Une deuxième vacance se produisit un an plus tard avec la mort du juge James Iredell et le président choisit Alfred Moore pour le remplacer. Enfin, en , Adams désigna John Marshall au poste de juge en chef des États-Unis en remplacement d'Oliver Ellsworth, démissionnaire pour raisons de santé. Adams avait dans un premier jeté son dévolu sur John Jay, 1er juge en chef de la Cour de 1789 à 1795, mais ce dernier avait décliné l'offre[25]. Marshall, qui servait à l'époque comme secrétaire d'État, fut facilement confirmé par le Sénat et prit ses fonctions le , tout en continuant de diriger le département d'État jusqu'à la fin de la présidence d'Adams le [26].

Politique étrangère

Politique intérieure

Bibliographie

  • (en) Ralph A. Brown, The Presidency of John Adams, Lawrence (Kansas), University Press of Kansas, coll. « American Presidency Series », , 248 p. (ISBN 0-7006-0134-1).
  • (en) John P. Diggins, John Adams, New York, Time Books, coll. « The American Presidents », (ISBN 0-8050-6937-2).
  • (en) Forrest McDonald, The Presidency of George Washington, Lawrence Kan., University Press of Kansas, , 210 p. (ISBN 0-7006-0110-4, 9780700601103 et 070060359X, OCLC 672397).
  • (en) Samuel Eliot Morison, The Oxford History of the American People, New York, Oxford University Press, (LCCN 65-12468).
  • (en) Page Smith, John Adams : 1784-1826, vol. 2, New York, Doubleday, (OCLC 36883390, LCCN 63-7188).

Notes et références

  1. Smith 1962, p. 898 et 899.
  2. McDonald 1974, p. 178 à 181.
  3. (en) John F. Hoadley, Origins of American Political Parties : 1789-1803, Lexington, University Press of Kentucky, , 272 p. (ISBN 978-0-8131-5320-9), p. 54.
  4. (en) C. James Taylor, « John Adams: Campaigns and Elections », sur millercenter.org, Université de Virginie, (consulté le ).
  5. Smith 1962, p. 898 et 899 ; McDonald 1974, p. 183.
  6. Smith 1962, p. 902.
  7. McDonald 1974, p. 178 à 181 ; Smith 1962, p. 914.
  8. (en) « Electoral College Box Scores 1789–1996 », sur archives.gov, College Park, Maryland, Office of the Federal Register / National Archives and Records Administration (consulté le ).
  9. (en) « The 3rd Presidential Inauguration: John Adams, March 04, 1797 », sur senate.gov, Sénat des États-Unis (consulté le ).
  10. (en) « Inaugural Address », sur senate.gov, Sénat des États-Unis (consulté le ).
  11. Morison 1965, p. 918-920.
  12. Brown 1975, p. 22-23.
  13. (en) C. James Taylor, « John Adams: The American Franchise », sur millercenter.org, Miller Center of Public Affairs (consulté le ).
  14. Brown 1975, p. 26.
  15. (en) « Ten Facts About Washington’s Presidency », sur mountvernon.org, Mount Vernon Ladies' Association (consulté le ).
  16. (en) John Ferling, Adams vs. Jefferson : The Tumultuous Election of 1800, New York, Oxford University Press, , 260 p. (ISBN 0-19-516771-6), p. 96 et 97.
  17. Morison 1965, p. 347.
  18. Diggins 2003, p. 392.
  19. (en) « From Thomas Jefferson to Elbridge Gerry, 13 May 1797 », sur founders.archives.gov, National Archives and Records Administration (consulté le ).
  20. Brown 1975, p. 29.
  21. Brown 1975, p. 55.
  22. Brown 1975, p. 168.
  23. Brown 1975, p. 170 à 172.
  24. (en) « Thomas Jefferson, 2nd Vice President (1797-1801) », sur senate.gov, Sénat des États-Unis (consulté le ).
  25. (en) « Supreme Court Nominations (1789-Present) », sur senate.gov, Sénat des États-Unis (consulté le ).
  26. (en) Harold H. Burton, « The Cornerstone of Constitutional Law: The Extraordinary Case of Marbury v. Madison », ABA Journal, Chicago (Illinois), American Bar Association, vol. 36, no 10, , p. 805–808 ; 881–883 (ISSN 0747-0088, lire en ligne).
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