Préhistoire de la Grande-Bretagne

La préhistoire de la Grande-Bretagne est la période comprise entre les premières occupations des hominines de l'île jusqu'à la conquête romaine en 43 apr. J.-C. lorsque le territoire entre dans le domaine de l'histoire écrite.

Pour un article plus général, voir Histoire de la Grande-Bretagne.

À cause de la localisation très septentrionale de la Grande-Bretagne, la majorité du territoire était inhabité par l'homme pendant les grandes périodes glaciaires du Pléistocène, où il était recouvert par l'inlandsis. Toutefois, les interglaciaires étaient propices à la colonisation par les premiers hominines (voir traces de pas d'Happisburgh). Les premières traces d'occupations humaines sont attribués à Homo heidelbergensis vers 500 000 BP pendant l'interglaciaire Cromérien, au stade isotopique 13. Les premières traces archéologiques d'occupations humaines se retrouvent à Boxgrove, puis les premiers Néandertaliens apparaissent à l'interglaciaire Hoxnien, on en a retrouvé des ossements notamment à Swanscombe[1].

Paléolithique inférieur

La principale industrie lithique du Paléolithique inférieur de Grande-Bretagne est l'Acheuléen caractérisé par une grande variabilité de formes de ses bifaces, une variabilité dont l'explication se retrouverait plutôt dans l'adaptabilité relative en fonction de la qualité de la matière première disponible pour chaque site d'habitat que pour des raisons chrono-culturelles entre les groupes humains[2]. L'existence d'une industrie Clactonienne qui serait indépendante de l'Acheuléen a beaucoup été débattue depuis ses premières caractérisations par Henri Breuil comme une industrie du Paléolithique inférieur sans bifaces. Toutefois aujourd'hui la majorité des chercheurs s'accordent pour rejeter cette séparation culturelle entre les deux industries, le Clactonien serait en fait le résultat d'adaptations avec le milieu environnant, un faciès particulier au sein même de l'Acheuléen[3]. Le terme de "clactonien" est toutefois toujours utilisé par convention, pour désigner des industries anciennes sans bifaces, même si cette désignation a perdu tout sens culturel.

Les principaux sites archéologiques connus présentant des couches bien datées d'avant la glaciation de l'Anglien se retrouvent dans le Sud de l'Angleterre, et sont entre autres High Lodge, Hoxne, Clacton et Boxgrove. Il est souvent possible de dater ces sites avant la glaciation de l'Anglien grâce à la présence de restes d'Arvicola terrestris cantiana, un rongeur qui disparait en Grande-Bretagne pendant cette glaciation. Toutefois, certains témoignages archéologiques suggèrent des occupations humaines tout le long de la glaciation anglienne[1].

Paléolithique moyen

Le Paléolithique moyen est généralement commencé au début de l'interglaciaire Hoxnien au stade isotopique 11 vers 300 000 BP et s'étendant au stade 7. La Grande-Bretagne connaît alors une autre phase glaciaire avec le Wolstonien qui débute vers 200 000 BP au stade 6, puis encore un interglaciaire, l'Ipswichien (stade 5e), à partir de 125 000 BP environ. Les occupations humaines connues se situent en général pendant ces interglaciaires, donc aux stades 11, 9, 7 et 5e. Cette organisation des stades climatiques est toutefois contestée, trop simplifiée selon certains spécialistes. Les principaux sites du Paléolithique moyen en Grande-Bretagne marqués essentiellement par le Moustérien de tradition acheuléenne sont Swanscombe et East Farm Barnham[1].

Paléolithique supérieur

Plusieurs sites ( Lincombien, Aurignacien, Gravettien) démontrent la présence humaine de la dernière phase du Paléolithique dont Creswell Crags, Gough's Cave, Kents Cavern et Paviland Cave.

Néolithique

Silbury Hill.

Comme dans le reste du continent européen, la transition néolithique en Grande-Bretagne correspond à un mouvement de populations et non à une acculturation des populations locales. Elle est liée à l'arrivée, il y a 6 000 ans, de populations de fermiers portant une ascendance anatolienne, ces populations remplaçant en grande partie les populations présentes de chasseurs cueilleurs[4]. Les ancêtres des Néolithiques britanniques semblent avoir suivi la voie de dispersion méditerranéenne et sont probablement entrés en Grande-Bretagne depuis le nord-ouest de l'Europe continentale[4].

Les îles Britanniques montrent une composante chasseurs cueilleurs plus élevée que la moyenne au moment de l'arrivée du Néolithique dans la région. Il semble que les groupes anglais, gallois et écossais aient été reliés à la sphère néolithique méditerranéenne non seulement via la côte atlantique mais plus vraisemblablement aussi via la Normandie et le bassin parisien[5].

Le territoire de la Grande-Bretagne est touché par la seconde phase de la civilisation des mégalithes, qui commence vers 4 200 BC. Un changement radical s'opère dans les coutumes autour des sépultures. C'est le début des allées couvertes, construites par milliers sur toute la façade atlantique de la France actuelle dans la première moitié du IVe millénaire av. J.-C. ; pendant plusieurs siècles elles sont utilisées comme tombes, ainsi qu'en Angleterre, en Irlande[6]. Cette population est capable de projets communautaires très importants tels que la construction de Stonehenge et de la gigantesque colline artificielle de Silbury, un tumulus de 40 mètres de haut[7].

L'étude d'un monument funéraire du néolithique ancien (3762 – 3648 av. J.-C.) situé sur le site de Trumpington Meadows, dans le Cambridgeshire montre que le génome des individus étudiés se rapproche des autres individus du Néolithique de Grande Bretagne, de la péninsule Ibérique, de France ou de Suède. Les deux frères sont de l'haplogroupe mitochondrial K1a et de l'haplogroupe du chromosome Y I2a-. L'analyse des traits phénotypiques a montré que ces deux individus avaient les yeux marron et les cheveux bruns. Ils étaient intolérants au lactose[8].

Une migration massive survenue depuis le continent introduit la culture campaniforme dans l'île (vers 2900 av. J.-C. à 1900 av. J.-C.). La propagation du complexe campaniforme est associée au remplacement d'environ 90 % du patrimoine génétique existant en quelques centaines d'années. Cette migration se produit dans le prolongement de l'expansion vers l'ouest qui avait amené l'ascendance liée à la steppe pontique en Europe centrale et du nord au cours des siècles précédents[9],[7].

Notes et références

  1. Mark Roberts, Clive Gamble, David Bridgland - The earliest occupation of Europe : the British Isles. In The earliest occupation of Europe, pp. 165-182
  2. Mark J. White, 1998 - On the Significance of Acheulean Biface Variability in Southern Britain. In Proceedings of the Prehistoric Society 64, pp. 15-44.
  3. Nick Ashton, John McNabb, Brian Irving, Simon Lewis, Simon Parfitt, 1994 - Contemporaneity of Clactonian and Acheulian flint industries at Barnham, Suffolk. In Antiquity 68, pp. 586-589.
  4. (en) Selina Brace et al., Population Replacement in Early Neolithic Britain, biorxiv.org, 18 février 2018
  5. (en) Maïté Rivollat et al., Ancient genome-wide DNA from France highlights the complexity of interactions between Mesolithic hunter-gatherers and Neolithic farmers, Science Advances, Vol. 6, no. 22, 29 mai 2020, eaaz5344, DOI: 10.1126/sciadv.aaz5344
  6. (en) B. Schulz Paulsson, « Radiocarbon dates and Bayesian modeling support maritime diffusion model for megaliths in Europe », Proceedings of the National Academy of Sciences, (DOI 10.1073/pnas.1813268116).
  7. (en) Arrival of Beaker folk changed Britain for ever, ancient DNA study shows, theguardian.com, 22 février 2018
  8. (en) Christiana L. Scheib, East Anglian early Neolithic monument burial linked to contemporary Megaliths, Ann Hum Biol., juin 2019, 46 (2), p.145-149
  9. (en) Iñigo Olalde, Selina Brace […], David Reich, The Beaker phenomenon and the genomic transformation of northwest Europe, nature.com, 555, pages 190–196, 8 mars 2018
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