Précinéma

Le terme précinéma désigne les procédés inventés au cours du XIXe siècle, pour reconstituer le mouvement à partir de dessins ou de photographies, disposés (souvent) sur un support circulaire revenant cycliquement à son point de départ. Les procédés du précinéma sont antérieurs à une invention capitale qui va délivrer le spectacle présenté de sa répétition cyclique : le film souple, mis au point en 1887 par l'Américain John Carbutt, constitué de nitrate de cellulose (le celluloïd), que l'industriel George Eastman met sur le marché en 1888, débité en rouleaux de 70 mm de large, enduits ou non de substance photosensible[1]. Si les procédés antérieurs n'ont pas été pour autant abandonnés à cette époque car ils avaient un marché spécifique, 1888 semble la date clé qui sépare le précinéma du cinéma. Les bandes dessinées ou les alignements de photographies du précinéma présentaient une saynète qui durait une à deux secondes au maximum. Grâce au film souple, les spectacles représentés peuvent durer une dizaine de secondes, voire quelques dizaines de secondes, et, très rapidement, permettront de présenter des films de plusieurs dizaines de minutes[2].

Le phénomène qui permet au cerveau de percevoir le mouvement tel que le présentent les procédés du précinéma, et plus tard les techniques du cinéma, a été étudié au début du XXe siècle par Max Wertheimer[3]. C'est que l'on appelle « l'effet bêta » (confondu encore aujourd'hui avec « l'effet phi », autre phénomène mis en lumière également par Wertheimer), un phénomène d'interprétation de la vision par le cerveau, qui explique notre perception des images animées en mouvement[4]. C'est la capacité du cerveau à identifier deux lumières clignotantes, éloignées l'une de l'autre, comme étant un seul objet lumineux qu'il croit voir se déplacer. Un bon exemple est donné par les flèches géantes lumineuses fixes décalées l’une derrière l’autre, en cascade, qui signalent sur les autoroutes un resserrement de la circulation ou une déviation, et qui s’allument et s’éteignent les unes après les autres, donnant l’illusion d’une flèche unique qui se déplacerait dans le sens indiqué.

La « persistance rétinienne » entre pour peu de chose dans le phénomène (mais pas pour rien), et elle est surtout un inconvénient que chaque inventeur a dû combattre à sa manière[5].

Les appareils du précinéma (avant 1888)

Appareils utilisant des dessins ou impression sur papier

Appareils utilisant des photographies transparentes ou du film transparent

Captation de la reconstitution d'un zootrope projecteur.
  • 1880 - le Zoopraxiscope, inventé par l'Anglais Eadweard Muybridge. Disque rotatif à 12 ou 16 photographies sur verre (impressionnées par un procédé de chronophotographie), équipé d'une lanterne magique de projection. Ce dispositif devait donner une projection plus proche de l'animation ci-contre à gauche que de la trop parfaite animation .gif ci-dessous du même galop.
  • 1886 - le LPCC Type-16, inventé par le français Louis Aimé Augustin Le Prince, enregistre 16 photographies sur verre avec 16 objectifs. Type de visionnement non reconnu.
Animation gif des images de Le Prince
  • 1887 - le LPCCP Type-1 Mk2, inventé par Louis Aimé Augustin Le Prince, enregistre 20 photographies sur papier photosensible avec 1 unique objectif. Type de visionnement non reconnu (essais reportés en 1930 sur film souple Eastman Kodak 35 mm projetable avec un appareil standard) (animation gif ci-contre du fils de Le Prince à l'accordéon).

Notes et références

  1. Georges Sadoul, « Histoire du cinéma mondial, des origines à nos jours », 719 pages, Flammarion, Paris, 1968, page 11
  2. (en) Charles Musser, « History of the American Cinema, Volume 1, The Emergence of Cinema, The American Screen to 1907(en) s Musser, « History of the American Cinema, Volume 1, The Emergence of Cinema, The American Screen to 1907 », 613 pages, pages 195 à 197, Charles Scribner’s Sons, New York, Collier Macmillan Canada, Toronto, Maxwell Macmillan International, New York, Oxford, Singapore, Sydney, 1990 (ISBN 0-684-18413-3)
  3. Max Wertheimer, « Experimental Studies on the Seeing of Motion », ed. Thorne Shipley, New York, 1912
  4. lecerveau.mcgill.ca/flash/a/a_02/a_02_s/a.../a_02_s_vis.html|consulté le 05/04/2013
  5. Jacques Aumont, « L'Image », éditions Nathan, Paris, 1990

Annexes

Bibliographie

  • Georges Sadoul, Histoire du cinéma mondial, des origines à nos jours, Flammarion, Paris, 1968, 719 pages ;
  • Jérôme Prieur, Séance de lanterne magique, Paris, Gallimard, coll. "Le Chemin", 1985 ;
  • Jacques Aumont, L'Image, éditions Nathan, Paris, 1990 ;
  • Laurent Mannoni, Trois siècles de cinéma, de la lanterne magique au cinématographe, Paris, Réunion des musées nationaux, coll. « Collections de la cinémathèque française », , 272 p. (ISBN 2-7118-3373-9) ;
  • Marie-France Briselance et Jean-Claude Morin, Grammaire du cinéma, Paris : Nouveau Monde, 2010 (ISBN 978-2-84736458-3), 588 pages ;

Filmographie

  • Jérôme Prieur, Vivement le cinéma, film documentaire sur le siècle avant l'invention du cinématographe (coproduction Mélisande films, La Cinemathèque française, Arte France, 2011).

Articles connexes

Liens externes

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