Portrait de Jeannine

Le Portrait de Jeannine est une huile sur toile de Nicolas de Staël réalisée en 1941-1942, à Nice.

Contexte

Nicolas de Staël, qui s'est engagé dans la Légion étrangère en , est démobilisé en septembre de la même année et il rejoint Jeannine Guillou, sa compagne, qui vit à Nice[1]. Jeannine est peintre, elle est appréciée par un marchand de la rue Masséna, à Nice[2], ce qui lui permet de faire vivre le couple, alors dans le plus grand dénuement.

Nicolas n'a pas encore trouvé son style. Il tâtonne. Le couple peint souvent de concert de grandes compositions figuratives. L'émulation entre les deux peintres donne du courage à Staël qui rend hommage à sa compagne à la fin de l'année 1941 en réalisant d'elle deux portraits. Son œuvre comporte très peu de portraits : ceux de Jeannine, dont le plus connu est celui au fichu jaune, et celui de sa fille, Anne (Portrait d'Anne, 1953, 89 × 130 cm musée Unterlinden, Colmar)[3].

Pourtant, plus tard, Staël dira : « Quand j'étais jeune, j'ai peint le portrait de Jeannine. Un portrait, un vrai portrait, c'est quand même le sommet de l'art[4]. ».

Description et réception de la critique

Jeannine est assise dans une attitude pensive, bras croisés, la tête couverte d'un grand fichu jaune qui descend jusque dans son encolure. Elle est vêtue de bleu. Sa silhouette étirée à l'extrême, avec des doigts effilés, ont souvent amené la critique à comparer ce personnage à ceux du Greco que Nicolas a admiré lors d'un voyage à bicyclette entre la Belgique et l'Espagne[5]. C'est même la référence la plus sûre selon Daniel Dobbels[6] bien qu'Arno Mansar ait aussi comparé cette œuvre aux portraits de la période bleue de Picasso[7].

Jean-Louis Prat y voit un souvenir de Lucien Fontanarosa auquel il avait servi d'assistant en 1939 pour la décoration du pavillon français à l'Exposition internationale de la technique de l'eau de 1939.

Selon Daniel Dobbels « Le Portrait de Jeannine en un sens qui a la délicatesse d'un châle, fait don de sa propre lumière intérieure- lumière si intense qu'elle ne peut décliner ses nuances qu'en douceur, jusqu'à laisser deviner cette densité secrète (…) Lumière étrangère à cette crainte que Staël exprime à propos du portrait : "Qu'ai-je peint là ? Un mort vivant, un vivant mort?". En un point qui se laisse ignorer, le jaune de ce châle revient illuminer d'une attention imparable cette Composition en gris et jaune de l'année 1946[8]. »

Sa fille Anne penche plutôt pour un rapport avec la Composition bleue (1946) : « Jeannine mourut sur le quai d'un immense tableau : Composition bleue[9]. »

Jeannine meurt en le .

Bibliographie

  • Jean-Louis Prat et Harry Bellet, Nicolas de Staël : catalogue de l'exposition à la Fondation Gianadda, Martigny, Fondation Pierre Gianadda, (ISBN 2-88443-033-4) avec les lettres du peintre commentées par Germain Viatte.
  • Daniel Dobbels, Staël, Paris, Hazan, , 248 p. (ISBN 2-85025-350-2) réédition 2009
  • Jean-Paul Ameline, Alfred Pacquement et Bénédicte Ajac, Nicolas de Staël : catalogue de l'exposition du 12 mars au 18 juin 2003, Paris, Centre Pompidou, , 251 p. (ISBN 2-84426-158-2)
  • Laurent Greilsamer, Le Prince foudroyé : la vie de Nicolas de Staël, Paris, Fayard, 1998 et 2001, 335 p. (ISBN 978-2-213-59552-8 et 2-213-59552-6).
  • Anne de Staël, Staël, du trait à la couleur, Paris, Imprimerie nationale (France), , 339 p. (ISBN 2-7433-0404-9)
  • Françoise de Staël, Nicolas de Staël : catalogue raisonné de l'œuvre peint, Neuchâtel, Ides et Calendes, , 1267 p. (ISBN 2-8258-0054-6).
    Françoise de Staël, née Françoise Chapouton, est la veuve de Nicolas de Staël, elle est morte le 29 mars 2012. Elle a rédigé ce catalogue raisonné d'abord avec André Chastel, puis avec Anne de Staël, fille de Nicolas et de Jeaninne Guillou, et avec Germain Viatte

Notes et références

  1. Ameline, Pacquement et Ajac 2003, p. 27
  2. Greilsamer 1998 et 2001, p. 93
  3. Dobbels 1994, p. 72
  4. Prat et Bellet 1995, p. 34
  5. Prat et Bellet 1995, p. 195
  6. Dobbels 1994, p. 63
  7. Arno Mansar, "Nicolas de Staël, La Manufacture, 1990, p.23
  8. Dobbels 1994, p. 62
  9. de Staël 2001, p. 105

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