Porfirio Díaz

José de la Cruz Porfirio Díaz Mori, plus connu sous le nom de Porfirio Díaz, né le à Oaxaca et mort le à Paris, est un homme d’État et militaire mexicain.

Pour les articles homonymes, voir Díaz.

Porfirio Díaz
Fonctions
Président des États-Unis mexicains[1]

(34 ans, 5 mois et 27 jours)
Vice-président Juan Nepomuceno Méndez
Manuel González
Gouvernement Porfirio Díaz
Prédécesseur José María Iglesias
Successeur Francisco León de la Barra
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Oaxaca (Mexique)
Date de décès (à 84 ans)
Lieu de décès Paris (France)
Nationalité Mexicain
Parti politique Libéral

Présidents de la République mexicaine

Il dirige le Mexique de 1876 à 1911, période appelée « Porfiriato » ou encore « Porfiriat », ne cédant le pouvoir par intérim qu'à ses fidèles Juan N. Méndez puis Manuel González.

La révolution mexicaine de 1910 le contraint à l'exil l'année suivante. Il meurt à Paris en 1915.

Biographie

Jeunesse

Portrait du général Porfirio Díaz.

Porfirio Diaz est né le [2] dans la ville d'Oaxaca, fils de José Faustino Díaz, un tanneur espagnol né au Mexique, décédé alors que Porfirio n'avait que trois ans, et de María Petrona Mori, d'ascendance espagnole et mixtèque[3]. Après avoir étudié les arts et les sciences en 1849, il suit des cours de droit jusqu’en 1854 mais n'obtient pas son diplôme[4].

Carrière militaire

Porfirio Díaz a eu dans sa jeunesse pour mentor Benito Juárez (dont il instaura le culte officiel qui perdure jusqu'à aujourd'hui [5]). Il participe à la guerre de Réforme puis — Juárez est alors président — il lutte contre l'intervention française. Il participe notamment à la bataille de Puebla sous les ordres du général Ignacio Zaragoza, au siège de Puebla (du au ), puis à la bataille de Miahuatlán et à la bataille de La Carbonera.

Il reprend la ville de Puebla le aux partisans de Maximilien Ier le [6] et celle de Mexico le de la même année.

Prise du pouvoir

Adversaire de Benito Juárez, il est battu deux fois par celui-ci aux élections présidentielles. Il se soulève contre lui en 1871 (plan de la Noria (es)) un an avant la disparition de Juárez, mais échoue. Le nouveau président Sebastián Lerdo de Tejada lui offre alors l'amnistie. Mais Porfirio Díaz organise une rébellion qu'il déclenche contre Lerdo quand celui-ci cherche sa réélection en 1876.

La capitale est conquise le suivant[7].

Premier mandat présidentiel

Photographie du président Díaz.

Il accède à la présidence le à la suite de la révolution de Tuxtepec (es) et devient ainsi le vingt-neuvième président du Mexique, mais cède le pouvoir dès le à son compagnon d'armes, Juan N. Méndez, qui assure la présidence par intérim jusqu'au , date à partir de laquelle il reprend la direction du pays. Les élections du mois d'avril suivant le confirment dans ses fonctions présidentielles jusqu'en 1880.

Autres mandats présidentiels

Ne pouvant se représenter en vertu d'un amendement à la Constitution de 1857, il laisse son ami le général Manuel González être élu président et lui transmet le pouvoir le . Quatre ans plus tard, Díaz obtient facilement d'être élu de nouveau et en 1887, un deuxième amendement constitutionnel autorise Díaz à briguer un second mandat consécutif, puis en 1890, un troisième supprime la limite du nombre de mandats.

Durant sa présidence, la situation économique du Mexique (es) s'améliore (augmentation des investissements étrangers, réduction de la dette) mais l'absence de politique de redistribution des richesses laisse une grande partie de la population dans une extrême pauvreté [8],[9]. Il serait l'auteur de la phrase « Pauvre Mexique, si loin de Dieu et si près des États-Unis ».

Le Porfiriat

Porfirio Díaz.

Son régime est connu au Mexique sous le nom de Porfiriat. Pendant cette période les lois de Réforme (en particulier la Ley Lerdo (es)) ont favorisé la concentration des terres aux mains d'une minorité d'investisseurs et de propriétaires terriens. En 1911, ce sont ainsi 97 % des habitants des campagnes qui ne possèdent aucune terre[10].

De nombreux habitants des campagnes sont contraints à un travail pénible et mal rémunéré dans les haciendas, et quelques groupes indigènes se montrent particulièrement rebelles et imperméables aux changements économiques et à la spoliation de leurs terres, particulièrement les Yaquis, qui étaient pour la plupart peu intégrés à la nation mexicaine[11]. Leurs meneurs les plus actifs sont contraints aux travaux forcés dans des lieux comme Valle Nacional, la vallée du río Yaqui ou le Yucatán, et d'autres déportés dans l'île de Cuba, alors colonie espagnole, où ils sont vendus comme esclaves[12].

Il affronte aussi la rébellion de Tomóchic (es) en 1891, révolte de villageois qui coûta à l'armée fédérale près de 1200 morts, suivie d'une répression féroce des populations, principalement composée de métis. Son gouvernement combat les rebelles mayas, qui d'une manière sporadique continuent la guerre des castes et maintiennent une agitation sécessionniste en faveur d'une république du Yucatán ; en 1901 des troupes y sont envoyées rétablir l'ordre sous le commandement de Victoriano Huerta qui est lui-même un indigène huichol.

Porfirio Diaz est franc-maçon. Entre 1890 et 1901, il réussit à unifier différentes obédiences, dans certains cas par la force. Il est le grand maître de la loge La Gran Dieta Simbólica jusqu'en 1901, date de sa dissolution[13]. Sous son régime, la presse dite « jaune », sensationnaliste et complaisante, tire ses origines. Les journaux loyalistes reçoivent des financements de l’État, et des journalistes d'opposition sont incarcérés[14].

La coutume héritée de l'époque coloniale dite "Ley fuga" (voir article détaillé : Cuerpo de Policía rural (es)), cette "loi" non écrite qui sera en usage bien après la révolution de 1910, permet aux forces de l'ordre d'abattre un prisonnier qui essaie de fuir, et fera plus de 10 000 victimes, dont la plupart sont des délinquants de droit commun issus du monde rural [15] ; elle est aussi utilisée contre des opposants politique ou des gêneurs.

Politique économique

À la fin du XIXe siècle, Díaz s’entoure d’une véritable bureaucratie, les Científicos. Ce groupe est formé par les hommes d'affaires et les intellectuels de l'époque, inspiré par Auguste Comte. L'un des chefs de ce groupe, José Yves Limantour, devient ministre des Finances. Les Científicos contrôlent la quasi-totalité de l'économie, des finances et de l'enseignement tandis que Díaz s’occupe des affaires politiques et militaires[16]. Des divisions surviennent entre Científicos : Justo Sierra et Julio Guerrero critiquent notamment l'emprise grandissante du général Bernardo Reyes et de José Yves Limantour, et seront tous deux exilés en 1909[17].

Au cours du Porfiriat, pour pallier le manque de capitaux mexicains (nombre de capitalistes mexicains qui ne sont pas propriétaires terriens et qui vivent à l'étranger sans participer à la vie politique préfèrent investir leur argent en Europe ou aux États-Unis), l'investissement étranger est favorisé. La plus grande partie des investissements sont d'origine américaine, suivi par les Anglais, les Français, les Allemands et les Espagnols. Les investisseurs étrangers ont la prépondérance totale dans les infrastructures (chemins de fer, ports, télégraphes et téléphones), les mines, le pétrole, le textile, les plantations, l'industrie[18]. Les grèves se font nombreuses à partir de 1906, mais sont réprimées avec violence[19].

La population mexicaine passa de 9 141 661 habitants en 1872 à 15 160 372 (recensement de 1910), soit une augmentation annuelle de 1,3 %. En 1910, 12 % des Mexicains vivaient dans des villes de plus de 15 000 habitants. A la fin du régime de Díaz, le pays comptait 19 280 km de voies ferrées, alors qu'il n'en comptait que 638 en 1876 ; quant aux lignes télégraphiques, elles sont au nombre de 70 000 (9 000 en 1877)[20]. Le taux de mortalité infantile s’élève à 310,6 ‰ en 1907[19].

Le système porfirien est à l'origine d'inégalités de développement qui provoquent des tensions : inégalités de secteur (les exportations de produits miniers et de matières premières se développent considérablement, alors que les produits alimentaires et de consommation courante se font plus rares) et inégalités entre les régions. La production de maïs passe de 2,5 millions en 1877 à 2 millions en 1910 alors que la population a augmenté (traduit en termes de production par habitant, cela représente une diminution de 50 %)[17].

Chute

Porfirio Diaz.

Peu avant la révolution, des compagnies américaines contrôlent les trois quarts des mines et plus de la moitié des gisements pétroliers[21]. Les politiques de Díaz ont accentué les inégalités et la concentration de la propriété[22] : près de 11 000 haciendas contrôlent 57 % du territoire national, alors que 95 % des paysans ne possèdent aucune terre[23]. L'historien Leslie Manigat décrit le Mexique de Díaz comme « une immense entreprise d'exploitation et d'aliénation »[19].

Le salaire reste le même qu'aux premiers temps de l'indépendance, de l'ouvrier rural peut descendre à 20 ou 25 centavos par jour dans les cas extrêmes, et 10 ou 15 centavos pour les femmes et les enfants. À la fin du XIXe siècle la proportion d'enfants parmi les ouvriers d'usine est de un huitième. En outre, un grand nombre d'ouvriers ne possède pas leur logement. Le taux d'analphabétisme est de 80 % en 1910. À ces difficultés s'ajoutent la crise de Wall Street de 1907 dont les répercussions sur l'économie mexicaine provoque une vague de licenciements dans le secteur minier et des hausses des prix[17].

Pour célébrer le centenaire du Grito de Dolores et l'anniversaire de Porfirio Díaz, les autorités organisent de grandes festivités. Cent six dirigeants politiques, militaires ou intellectuels venus des États-Unis y assistent : le vice-président, le secrétaire d’État et le secrétaire au Trésor, 14 députés, 20 sénateurs, 14 hauts fonctionnaires du Département d’État, des gouverneurs, des présidents d'université, des généraux et amiraux ainsi que des représentants de tous les pays avec lesquels le Mexique entretenait alors des relations diplomatiques. Díaz veut une reconnaissance internationale du pays, le centre historique ainsi que la Cathédrale métropolitaine de Mexico est éclairé à l'électricité, ce qui à l'époque constituait une prouesse technique. Le coût des festivités représentent 20 millions de pesos ; on y boit 20 wagons de champagne de France[19].

Lors d'un entretien avec le journaliste canadien James Creelman (en), le président estime que le Mexique est prêt pour la démocratie. Ses opposants feignent de le croire. En 1910, Porfirio Díaz, au pouvoir depuis une trentaine d'années, veut à nouveau se représenter à l’élection présidentielle, mais Francisco Madero annonce aussi sa candidature. Díaz le fait emprisonner puis relâcher, Madero s'enfuit aux États-Unis. Les autorités déclarent que Díaz a gagné les élections et que Madero n'a recueilli que quelques centaines de voix à travers tout le pays.

Ainsi commence en 1910 la révolution mexicaine. Après la prise de Ciudad Juárez le par les bandes armées de Francisco Villa, Díaz, qui veut éviter à son pays une guerre civile et qui craint une intervention militaire des États-Unis pour soutenir Madero, après la signature des traités de Ciudad Juárez (es), abandonne le pouvoir le et part en exil en direction de Cuba puis de l'Espagne.

Exil et mort

La tombe de Porfirio Diaz dans le cimetière du Montparnasse.

Il séjourne à Interlaken en Suisse, où il suit une cure et y étudie le système de mobilisation des troupes helvétiques, ainsi qu'à Paris. Il se rend ensuite en Allemagne, où il est reçu avec de grands honneurs militaires par Guillaume II, et visite aussi l'Égypte et séjourne à Rome et à Naples. Il meurt le à Paris dans une de ses résidences en France.

Précédemment enterré en l'église de Saint-Honoré d'Eylau, il repose depuis le au cimetière du Montparnasse.

En 2015, la question de rapatrier les restes de Porfirio Diaz au Mexique et plus particulièrement dans son État natal est étudiée par certains députés du Parti révolutionnaire institutionnel, alors au pouvoir[24].

Hommages

Porfirio Díaz fut l'homme le plus décoré de son temps au Mexique, il reçut aussi de très nombreuses décorations étrangères, dont la Grand'croix de la Légion d'honneur en 1888[25]. À Paris le , il lui fut présenté aux Invalides des mains du général Gustave Léon Niox l'épée que portait Napoléon Ier à Austerlitz[26]. Un projet de réinstallation de la statue de Porfirio Díaz sur le Malecon de la ville portuaire de Veracruz est à l'étude, à l'occasion des festivités prévues pour le 500e anniversaire de la fondation de la ville et pour célébrer le 115e anniversaire du début des travaux de l'actuel port [27].

Il est aussi considéré par un sondage réalisé sur le site internet de l'Université autonome de México (UNAM) comme étant le troisième meilleur président du pays, précédé en cela par Benito Juárez et Lázaro Cárdenas [28].

Citations

Léon Tolstoi le qualifia de « miracle de la nature[29] ».

Lieux

Il existe plusieurs municipalités portant son nom :

Des voies portent également son nom :

Notes et références

  1. Constitution fédérale des États Unis mexicains (1857) en vigueur jusqu'en 1917.
  2. Selon le livre numéro 77 de la paroisse de la ville d'Oaxaca. Selon certains historiens, Diaz serait né en 1828 et il aurait falsifié sa date de naissance pour la faire coïncider avec le début du mouvement indépendantiste. Porfirio Diaz y su tiempo - page 9 - Fernando Orozco Linares - Panorama Editorial - México juin 1986
  3. Memorias de Porfirio Diaz - page 14 - Madrid - mars 1980
  4. Encyclopedia of Mexico, éd. WERNER S. Michael, Dearborn, Chicago, 1997, p. 406-407.
  5. PLANA M., Pancho Villa et la révolution mexicaine, trad. de GAUDENZI B., Casterman, s.l., 1993, p. 22.
  6. Jean Lamore, José Martí. La liberté de Cuba et de l'Amérique latine, Éditions Ellipses, , p. 34
  7. HUMBERT M., Le Mexique, Que sais-je, PUF, Paris, 1976, p. 99.
  8. « La concentración de la propiedad de la tierra en América Latina:una aproximación a la problemática actual », Coalición Internacional para el Acceso a la Tierra, (lire en ligne)
  9. Fernando Orozco Linares - Porfirio Díaz y su tiempo - page 136 - panorama editorial - juin 1986 - Mexico.
  10. Jesús Flores Jaime : Nosotros los Mexicanos (El sometimiento de un Pueblo por la Falsificacion de la Historia, (chapitre 13) México, 2017 (ISBN 978-1-64086-068-1)
  11. José Luis Trueta Lara - Masones en México - edit. Grijalbo - Mexico - 2007
  12. « Au Mexique, la presse au service d’une tyrannie invisible », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )
  13. Henri B. Parkes, Histoire du Mexique, page 303
  14. NUNES A., Les révolutions du Mexique, Flammarion, Paris, 1975; réédition augmentée, Ab irato, 2009.
  15. John Womack, Emiliano Zapata et la révolution mexicaine, La Découverte,
  16. Leslie Manigat, L’Amérique latine au XXe siècle,1889-1929, , p. 106
  17. Enrique Krauze : Místico de la autoridad, Porfirio Díaz, pages 103 et 106 | Fondo de cultura económica.(tome 1) (ISBN 968-16-2286-3)
  18. « Un siècle de socialismes en Amérique latine », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )
  19. « PROFMEX-Consorcio Munidal para la Investigación sobre México », sur www.profmex.org,
  20. « La concentración de la propiedad de la tierra en América Latina »,
  21. (es) « Quieren colocar estatua de Porfirio Díaz en el Malecón », Diaria Xalapa, (lire en ligne, consulté le ).
  22. (es) « Porfirio Díaz, ¿el tercer mejor presidente en la historia de México? », SDPnoticias.com, (lire en ligne, consulté le ).
  23. Ignacio Solares - Nexos en línea - Porfirio Díaz y Madero en caliente - =1.09.2009 - México.

Bibliographie

  • (es) Lucas Alamán, Historia de México desde los primeros movimientos que prepararon su independencia en 1808 hasta la época presente, México D.F., Fondo de Cultura Económica, .
  • (es) Carmen Blázquez Domínguez, Veracruz, una historia compartida, Mexico, Gobierno del Estado de Veracruz, Instituto Veracruzano de Cultura, , 369 p. (ISBN 968-6173-60-9).
  • (es) Carlos María de Bustamante, Cuadro histórico de la Revolución mexicana, México D.F., INEHRM, (réimpr. 1985).
  • (es) Luis Garfias Magana, Guerrilleros de México : Personajes famosos y sus hazanas, desde la Independencia hasta le Revolución mexicana, México D.F., Panorama, , 138 p..
  • (es) Luis Pazos, Historia sinóptica de México : de los Olmecas a Salinas, México D.F., Diana, , 165 p. (ISBN 968-13-2560-5).
  • Vicente Rivas Palacio (coord.), Julio Zárate, México a través de los siglos, vol. III : La guerra de independencia (1808 - 1821), México D.F., Cumbre, (réimpr. 1970).
  • Vicente Rivas Palacio (coord.), Juan de Dios Arias, Enrique de Olavarría y Ferrari, México a través de los siglos, vol. IV : México independiente (1821 - 1855), México D.F., Cumbre, (réimpr. 1970).

Voir aussi

La propriété agraire durant l'époque porfirienne (UNAM - Université Nationale Autonome du Mexique (lire en ligne) :

Articles connexes

Liens externes

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