Poporo

Dans la civilisation précolombienne, un poporo est un objet mystérieux qui désigne à la fois une calebasse, un symbole, un support culturel voire thérapeutique, et un moyen mnémotechnique de transmission. Le poporo est remis au jeune garçon de certaines ethnies colombiennes telles que les Kogis de la Sierra Nevada de Santa Marta pour marquer son changement de statut, d'enfant à adulte en âge de se marier.

Poporo quimbaya, par Turista Perene

Objet

Un poporo est une calebasse, fruit du calebassier surmontée d'une boule jaune. Une fois évidé, il doit pouvoir être rempli de cal (chaux), extraites de coquillages marins, réduits en poudre, qui, mélangé dans la bouche avec les feuilles de coca, libère l'alcaloïde absorbé par les muqueuses. Pour sortir la cal déposée à l'intérieur d'une calebasse, il est nécessaire de disposer d'un morceau de bois, fin, d'une longueur de vingt à trente centimètres. Calebasse et petit morceau de bois représentent respectivement la dimension féminine et la dimension masculine de l'existence. En ce qui concerne l'association de la cal extraite des coquillages et des feuilles de coca, elle symbolise la vie issue de la rencontre entre les forces positives et les forces négatives de l'univers.

Le bâtonnet, couvert d'un mélange de salive et de coca, est introduit dans la calebasse où se trouve de la chaux, obtenue en brûlant des coquillages. Le mélange crée un dépôt jaune, qui va être déposé via un frottement régulier du bâtonnet du haut en bas et de gauche à droite sur la partie haute de la calebasse. Remis aux adolescents lors d'un long rituel (3 jours et 3 nuits) comme symbole de leur passage à l'âge adulte, le poporo représente leur "épouse", celle avec laquelle ils devront symboliquement se marier pendant leur initiation. Chaque jeune adulte veillera dessus, de la même façon qu'il protège le monde et qu'il sera responsable de sa future famille.

Symbole

Utiliser le poporo (le dijioburo) et mâcher de la coca fait partie de la culture Colombienne. On ne peut pas faire cela n'importe comment. Il faut en demander l'autorisation au Mamo. Le poporo représente aussi la Sierra. Ses formes spécifiques permettent aux clans et d'être identifié par les autres. Chaque communauté a son poporo et chaque poporo une forme particulière. Un poporo c'est un peu comme vos cartes d'identité, il reflète ce que nous sommes, il permet à la Mère nature de nous identifier, de nous connaître. C'est un symbole qui réunit les éléments fondamentaux de la vie et de l'univers : le bâtonnet de bois nous relie aux arbres et à la végétation ; le tabac symbolise le sang, l'énergie ; les coquillages réduits en poudre nous relient à la mer, à l'océan source de vie ; la coca rappelle l'acte de penser et la possibilité de chacun de rentrer en communion avec le monde ; et enfin la calebasse qui, en regroupant l'ensemble, personnalise l'identité et la personnalité de chacun. Le poporo, c'est aussi une représentation de la vie. Le posséder, c'est être "baptisé", à savoir être accepté dans le monde des vivants. Il s'utilise toujours avec l'aillo (la feuille de coca). La coca c'est la pensée, la communication.

Après son travail, l'homme se sert de son poporo pour se reposer, pour retrouver le contact avec la nature. S'il pense à quelque chose au moment où il utilise son poporo, le poporo va enregistrer l'énergie et la manière de penser, une forme de relation qui permettra de mettre à jour les intentions qui animent la personne au moment où il s'en sert.

Archéologie

Le Musée de l'or de Bogota possède quelques poporos remarquables en tumbaga, alliage à base d'or de cuivre, d'origine chibchane, muisca et quimbaya.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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