Pontiffroy

Le Pontiffroy (du nom du premier pont Thieffroy, actuel pont de Thionville) est un petit quartier de la ville de Metz situé dans le secteur des Îles, sur l’île Chambière.

Entrée du Pontiffroy, en arrière, l'Abbaye Saint-Clément vestige d'avant l'urbanisation des années 1970

Toponymie

Le quartier doit son nom à un pont construit au XIIIe siècle sur le grand bras de la Moselle, en l’honneur d’un dénommé Thiefroid, Thieffrois, Thieffroy, Theffridu ou Tiffroy[1].

Histoire

Ruines de l'église Saint-Livier, édifice du XIIIe siècle, dégagé de ses maisons attenantes dans les années 1960

Séparé de l’oppidum de Sainte-Croix par la rivière de la Moselle, il fut urbanisé dès l’époque romaine. Au Moyen Âge il est le siège de trois paroisses et d'une abbaye. Plus tard, c'est l'abbaye Saint-Clément, hors des murs de la ville jusqu'en 1552, qui s'y implante.

Cloître de l'hôtel de Région et abbatiale Saint-Clément

Il est connu comme quartier populaire, jusqu'à la rénovation de la fin des années 1960. Entre le 23 et le , à l'approche de la fin de la guerre d'Algérie, un événement dramatique appelé la Nuit des paras y a lieu. Abritant un grand nombre d'immigrés maghrébins, un groupe de parachutistes en garnison à Metz s'y rend à la suite d'une querelle, battant parfois jusqu'à mort des immigrés algériens[2]. Ce massacre rappelle aujourd'hui celui, dû à la répression policière, du 17 octobre 1961 à Paris.

Le Pontiffroy fit ensuite l’objet, dans les années 1960, d’un vaste projet de rénovation urbaine sous l’impulsion du maire de Metz de l’époque Raymond Mondon. Malgré une richesse architecturale et historique inestimable, le quartier ne sera pas épargné comme pourra l'être plus tard le quartier Outre-Seille, puisque toute la zone a été rasée, à l’exception de l’église Saint-Clément, l’abbaye Saint-Clément, et quelques rares autres immeubles. De l'église Saint-Livier datant des XIIIe et XVe siècles, subsistent des ruines, paradoxalement rendues visibles par la rénovation urbaine des années 1960-70 qui ont causé sa destruction partielle[3]. À la place devaient être érigées des barres fonctionnalistes caractéristiques de l’époque, mais le nouveau maire Jean-Marie Rausch stoppa le projet et des immeubles de quatre à huit étages furent bâtis progressivement. L’urbanisme sur dalle caractérise la zone, ménageant en de nombreux endroits un niveau inférieur dévolu aux parkings et à la circulation automobile, et un niveau supérieur piétonnier. Les immeubles d’habitations existent autour du quartier qui possède en son centre des commerces de proximité.

Aujourd’hui le Pontiffroy est un secteur densément peuplé, comptant près de 2 000 habitants[4]. C’est aussi un quartier administratif, avec l’hôtel de Police de Metz, la caisse d’allocations familiales et aussi l'hôtel de Région installé dans l’ancienne abbaye Saint-Clément où siège depuis 1983 le conseil régional de Lorraine. Le quartier est également connu pour la médiathèque qui y a été construite en 1977.

Lieux remarquables

La chapelle du Petit-Saint-Jean, dont des éléments de façade ont été conservés

Dans la littérature

Gilles Taurand livre de ce quartier une description assez morne dans son roman Exécution d’un soldat en gare de Metz[5], où le protagoniste s’y rend durant l’hiver et y remarque un snack esseulé.

Personnalités liées au quartier

Bibliographie

  • René Toine, « Le Pontiffroy, projet séduisant et coûteux », L’économie mosellane, 1972.
  • Bigard, Feuga, Guy, « Projet de rénovation du Pontiffroy », dans Renaissance du vieux Metz, no 6, 1972, pp. 5-14.
  • François Feuga, « L’opération du quartier Pontiffroy », dans Renaissance du vieux Metz, no 7, 1972, pp. 13-38.
  • Dominique Ginestois, « La rénovation du quartier Pontiffroy à Metz », La Voix lorraine, 16 et , pp. 12-13* « Metz. Importantes démolitions au Pontiffroy. », dans Renaissance du vieux Metz, no 13, 1973, pp. 52-55.
  • « Une grande décision : la nouvelle bibliothèque centrale sera construite au Pontiffroy », dans Vivre à Metz, , n° 6, pp. 29-33.
  • Gérard Schlemaire, « Fouilles de sauvetage au Pontiffroy à Metz en 1976. Sites S4 à S11 », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de la Lorraine, t. LXXVIII, 1978, pp. 41-63.
  • Marc Dominique Waton, « Metz, Pontiffroy (Moselle) : sauvetage 1983-1985 », Revue archéologique de l’Est et du Centre Est, janvier-, pp. 75-97.
  • « Bibliothèque-médiathèque du Pontiffroy », Vivre à Metz, no 115, , pp. 22-27.

Notes et références

  1. [PDF]CONSEIL MUNICIPAL DE LA VILLE DE METZ, Séance du 31 octobre 2013
  2. http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2012/02/13/la-nuit-des-paras-a-metz-enquete-sur-une-ratonnade Article du Républicain Lorrain à propos de la Nuit des paras
  3. Fiche des ruines de l'église Saint-Livier sur Tout-Metz
  4. Arnaud Demmerlé, « Pontiffroy : visite d'une utopie », sur La Semaine, (consulté le )
  5. Gilles Taurand, Exécution d’un soldat en gare de Metz, éd. Seuil, coll. « Cadre rouge », 262 p.  , 2005, (ISBN 2020798891), (ISBN 978-2020798891)

Lien externe

  • Portail de l’architecture et de l’urbanisme
  • Portail de Metz
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.