Place Bel-Air (Lausanne)

La place Bel-Air est une place de Lausanne, située dans le quartier du Centre.

Pour les articles homonymes, voir Bel Air.

Place Bel-Air

La place Bel-Air vue du début de la rue du Grand-Pont.
Situation
Coordonnées 46° 31′ 20″ nord, 6° 37′ 46″ est
Pays Suisse
Canton Vaud
Ville Lausanne
Quartier(s) Centre
Début Rue des Terreaux
Fin Rue du Grand-Pont
Morphologie
Type Place carrefour
Histoire
Création 1845
Lieux d'intérêt Terrasse Jean-Monnet
Salle Métropole
Monuments Tour Bel-Air

Histoire

Avant la place Bel-Air

Le site de l'actuelle place Bel-Air est occupé jusqu'au XVIIIe siècle par des jardins (les terreaux), par un chemin qui longe l'extérieur des remparts de la ville jusqu'à Pépinet et par des vignes. Il est nommé dans la première moitié du XIXe siècle « derrière l'Halle de Saint-Laurent ». Le charpentier Francis Hugonet achète un terrain dans les vignobles pour y construire son atelier en 1816-1817 ; sa maison est la première du quartier. En 1829 est construite la villa « Le Bosquet » à l'emplacement de l'actuelle tour Bel-Air. L'Oratoire de Mauborget ouvre en 1832. En , le Conseil d'État interdit les réunions religieuses hors de l’Église officielle. Le bâtiment de l'Oratoire est transformé quelques années plus tard en atelier avant d'abriter divers commerces[1],[2].

Construction du Grand-Pont et création de la place

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, le trajet entre Chauderon et Saint-François passe par la rue de l'Ale et le Grand-Saint-Jean avant de descendre dans le vallon du Flon et de traverser le pont de Pépinet pour remonter sur saint-François, ou par le chemin de « derrière les Terreaux ». En 1836, Adrien Pichard, ingénieur cantonal vaudois, conçoit ce qu’il appelle la « traversée de Lausanne ». Il propose de créer un boulevard annulaire à faible dénivellation, qui envelopperait la cité médiévale et sur lequel viendraient se greffer les grandes artères internationales. La « ceinture Pichard » nécessite notamment la construction d'un pont sur le Flon pour relier l'est et l'ouest de la ville. Le pont Pichard, qui prendra par la suite le nom de Grand-Pont, est terminé en 1844 ; il relie Saint-François à la place Bel-Air. Afin de drainer l'augmentation de trafic en provenance et en direction de Genève et d'Yverdon qui en découle, une nouvelle route est percée vers 1845 : la route des Terreaux, entre Bel-Air et Chauderon ; sa création entraîne la démolition partielle des dépendances de la villa « Le Bosquet » et le déplacement de la fontaine posée entre 1817 et 1827. La place Bel-Air, située entre le pont et la nouvelle route, naît par la même occasion[1],[3],[4].

Seconde moitié du XIXe siècle

L'Église libre crée en 1856 une chapelle aux Terreaux, à l'emplacement d'un ancien manège[2]. Le Café Bel-Air, qui donnera son nom à la place, ouvre en 1861 ; il deviendra le local de réunion de la société estudiantine de Belles-Lettres. L'immeuble situé à l'angle des rues Haldimand et du Grand-Pont est édifié en 1865. Une fontaine est installée en 1870 au pied du mur de soutènement du Café Bel-Air ; elle sera déplacée en 1900 au début du chemin des Fleurettes. La Caisse Hypothécaire cantonale construit le bâtiment situé place Bel-Air no 2 et y aura son siège dès 1879. En 1911, la banque, devenue le Crédit foncier vaudois[5] transférera son siège à Chauderon, dans un nouvel édifice[1]. Le chemin des Moulins, qui descend au Flon en longeant la villa « Le Bosquet » fait place à un escalier vers 1896-1899 ; il prendra le nom d'escaliers Bel-Air[6],[7].

En 1897, la ville achète l'îlot situé au nord-ouest de la place, à l'angle des rues Mauborget et des Terreaux (et qui abrite notamment l'ancien Oratoire de Mauborget) et le fait démolir l'année suivante pour le reconstruire à neuf. Le bâtiment situé en face, à l'angle Mauborget/place Bel-Air, est construit en 1899-1900 et la station de fiacre est déplacée à côté du poids public de la place Chauderon[2],[6].

Gare de Bel-Air du chemin de fer Lausanne-Ouchy (LO)

À partir de 1877, la construction d'un funiculaire, appelé chemin de fer Lausanne-Ouchy (LO)[8], permet aux marchandises arrivées en bateau d'être transférées d'Ouchy, au bord du Léman, jusqu'au Flon, au centre de Lausanne, par le rail[9],[10]. La gare de Bel-Air est construite en 1900 par l’architecte Francis Isoz ; Elle est inaugurée le . Elle prend, en raison de sa forme, le surnom de « La Banane » . L'édifice sert d’entrepôt et possède un élévateur capable de hisser les wagons de la vallée du Flon à la place Bel-Air. Les wagons empruntent ensuite le réseau de tramways des Transports publics de la région lausannoise qui fait le lien avec la gare du LEB de Lausanne-Chauderon. Lorsque la gare de marchandises est transférée au milieu du siècle à Sébeillon, la gare de Bel-Air ferme ses portes. Le toit de l'immeuble est utilisé comme parking[6],[11].

Tour Bel-Air

La tour Bel-Air en 2020.

Vers 1929, et malgré une vive polémique, la construction d'un nouvel îlot comprenant une tour de 68 m est décidée. Œuvre de l'architecte Alphonse Laverrière, il est construit entre 1931 et 1932 au sud-ouest de la place et au sud de la rue des Terreaux, entraînant le suppressiom de la villa « Le Bosquet ». Il comprend des bureaux, des appartements et le Métropole qui est, avec ses 1 600 places, le plus grand cinéma de Suisse. La tour Bel-Air domine le complexe et donne directement sur la place. L'ensemble est vendu à La Genevoise Assurances. Le Métropole ferme ses portes en 1988. En 1992, classé monument historique, il est transformé en salle de concerts et de spectacles[12],[13],[14],[15],[16].

Terrasse Jean-Monnet

La terrasse Jean-Monnet.

Le toit de l'ancienne gare de Bel-Air, situé au niveau de la place Bel-Air, sert de parking jusqu'au début du siècle. Le propriétaire de l'immeuble, la société Lausanne-Ouchy Holding SA, décide ensuite de le rénover et son toit est transformé en terrasse (dotée d'un plancher en bois, de bancs, de grands bacs de verdure et de grandes structures métalliques rappelant des parasols et qui supportent des glycines) dont l'aménagement se termine en 2002 et qui prend le nom de « terrasse Jean-Monnet »[11].

La tour Bel-Air est entiérement rénovée entre 2013 et 2016[17].

Situation et accès

La place Bel-Air se trouve dans le quartier du centre[18]. Elle est traversée par la rue des Terreaux, venant de la place Chauderon, à l'ouest. La rue, appelée rue du Grand-Pont à l'est de la place, mène à la place Saint-François par le Grand-Pont. La rue Mauborget, réservée aux transports publics, débouche au nord de la place. La rue Haldimand, piétonne, qui vient de la place Saint-Laurent, débouche au nord-est de la place.

Transports publics

Le réseau des TL est formé en étoile. La plupart des lignes urbaines transitent par les trois places alignées de Saint-François, Bel-Air et Chauderon.

Description

Place carrefour, la place Bel-Air, allongée dans l'axe est-ouest, est principalement occupée par la large rue des Terreaux/rue du Grand-Pont, qui la traverse. Bâtiment emblématique de la ville, la tour Bel-Air domine le sud-ouest de la place. Elle est bordée au sud par la terrasse Jean-Monnet. Le bâtiment de la place Bel-Air no 2 est connu depuis 1949 pour son enseigne publicitaire lumineuse pour la marque d'amaro Campari, rénovée en 2011[20].

Liens internes

Bibliographie

  • Louis Polla, Places de Lausanne, Lausanne, Éditions 24 heures, coll. « Arts et paysages suisses », , 190 p. (ISBN 2-8265-1043-6).

Références

  1. Polla 1987, p. 101
  2. « Lingerie de Mauborget. Immeuble Denis. (Ancien Oratoire) », sur museris.lausanne.ch (consulté le ).
  3. Paul Bissegger, Ponts et pensées. Adrien Pichard (1790-1841) : Premier ingénieur cantonal, vol. 147, Lausanne, Bibliothèque historique vaudoise, coll. « Bibliothèque historique vaudoise », , 768 p. (ISBN 978-2-88454-147-3), p. 481-489.
  4. Polla 1987, p. 96
  5. « Caisse d'épargne du district d'Aigle », sur www.davel.vd.ch (consulté le ).
  6. Polla 1987, p. 102
  7. « Place Chauderon – Chronologie et mots-clés », sur museris.lausanne.ch (consulté le ).
  8. « Lausanne et son funiculaire », sur https://notrehistoire.ch (consulté le ).
  9. « Place de la Navigation: des barques de pêcheurs aux lunettes de soleil », sur www.lausanne.ch (consulté le ).
  10. « Place de la Navigation aménagement, historique, film », sur https://notrehistoire.ch (consulté le ).
  11. « Terrasse Jean Monnet: une banane très industrielle », sur www.lausanne.ch (consulté le ).
  12. « La tour Bel-Air, un gratte-ciel américain? », sur Espazium, (consulté le )
  13. Polla 1987, p. 103
  14. « Plan partiel d'affectation « Jumelles – Bel-Air » concernant les terrains compris entre la rue des Terreaux, la place Bel-Air, les escaliers de Bel-Air, la rue de Genève et la parcelle n° 458. Addenda au plan partiel d’affectation n°635 du 10 juin 1988. Convention avec vente, avec Genevoise compagnie immobilière SA. », sur www.lausanne.ch, (consulté le ).
  15. « La tour Bel-Air, «projet désastreux pour Lausanne» », sur www.letemps.ch (consulté le ).
  16. « Cinéma Métropole - Lausanne », sur notrehistoire.ch (consulté le ).
  17. « Les travaux de rénovation de la Tour Bel-Air à Lausanne bientôt terminés », Batimag, (lire en ligne, consulté le ).
  18. « Présentation des quartiers », sur https://www.lausanne.ch (consulté le ).
  19. « Plan du réseau », sur https://www.t-l.ch (consulté le ).
  20. Gregory Wicky, « Elle annonce l'apéro depuis 1949 », 24 Heures, (lire en ligne, consulté le ).
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