Pieter Gillis

Pieter Gillis ( – 6 ou ), connu sous son nom anglicisé Peter Giles parfois latinisé Petrus Ægidius ou francisé Pierre Gilles, était un humaniste, juriste, un correcteur et un éditeur flamand qui travailla chez Dirk Martens (ou Thierry Martens). Il fut aussi secrétaire de la ville d'Anvers au début du XVIe siècle[1].

Pieter Gillis
Pieter Gillis par Quentin Metsys, 1517, musée d'Anvers.
Naissance
Anvers
Décès 6 ou 11 novembre 1533
Anvers
Activité principale
secrétaire de la ville d'Anvers
Auteur
Langue d’écriture latin, hollandais, anglais
Mouvement humanisme

Biographie

Il est surtout connu en tant qu’ami et partisan de Rodolphus Agricola, Érasme et Thomas More .

Érasme rencontra Pierre Gilles par l'intermédiaire de Thierry Martens, un imprimeur chez qui Érasme publia quelques livres. C'est Érasme qui, ami de T. More depuis un séjour passé en Angleterre, suggéra à P. Gilles de rencontrer T. More. Ainsi, P. Gilles rencontra T. More à Anvers en 1515, lorsque ce dernier fut envoyé en mission diplomatique par le roi Henri VIII[2].

Pierre Gilles partageait avec More et Érasme une grande sensibilité à la justice, il partageait également avec eux cette sensibilité typiquement humaniste vouée à la recherche de sources mieux établies de la vérité. P. Gilles est surtout connu comme personnage d'Utopia, célèbre livre aux premières pages duquel T. More le présente comme un modèle de civilité et comme un humaniste à la fois plaisant et sérieux :

« Je reçu souvent pendant ce séjour [à Bruges], parmi d'autres visiteurs et bienvenu entre tous, Pierre Gilles. Né à Anvers, il y jouit d'un grand crédit et d'une situation en vue parmi ses concitoyens, digne de la plus élevée, car le savoir et le caractère de ce jeune homme sont également remarquables. Il est en effet plein de bonté et d'érudition, accueillant chacun libéralement, mais, lorsqu'il s'agit de ses amis, avec tant d'élan, d'affection, de fidélité, de sincère dévouement, qu'on trouverait peu d'hommes à lui comparer quant aux choses de l'amitié. Peu aussi ont sa modestie, son absence d'affectation, son bon sens naturel, autant de charme dans la conversation, autant d'esprit avec si peu de malice[3]. »

Édition de L'Utopie, 1516

Pierre Gilles participa à la première édition en langue latine de L'Utopie de Thomas More parue en 1516. Pour cette édition princeps P. Gilles, qui était correcteur et éditeur chez Thierry Martens, supervisa l'édition avec Érasme[4].

Alphabet utopien et quatrain en langue vernaculaire des Utopiens (vraisemblablement réalisé par Pierre Gilles), édition de l'Utopia de chez Johann Froben.

Trois paratextes

Pour la première édition de L'Utopie en latin, Pierre Gilles contribua en donnant trois paratextes à Thomas More.

D'abord, P. Gilles donna une lettre à T. More. Pour l'économie de l'œuvre, afin de rendre le discours de Raphaël Hythlodée[5] véridique et afin de lui donner de l'autorité, la lettre de P. Gilles fut adressée à Jérôme de Busleyden qui, alors, était membre du Grand conseil de Malines[6]. Dans le même temps, J. de Busleyden, lui, rédigea une lettre et l'adressa à T. More. Ainsi parrainé par une personnalité politique reconnue et renommée, L'Utopie gagna un poids certain auprès de la communauté humaniste à laquelle ce livre était destiné[7].

Ensuite, Pierre Gilles serait vraisemblablement l'auteur de l'alphabet utopique (ci-contre à droite) et, enfin, il serait aussi l'auteur du quatrain en langue vernaculaire des Utopiens. Ces deux paratextes sont joints à l'édition princeps de L'Utopie[8], où ils font face à la carte de l'île d'Utopie gravée par Ambrosius Holbein. Voici la traduction du poème (ci-contre à droite, sous l'alphabet) :

« Le chef Utopus de péninsule me fit île.

Moi seule de toutes les terres habitées, sans philosophie,

J'ai présenté aux mortels la philosophique Cité.

Généreusement je partage ce qui est mien.[9] »

Ces deux paratextes, absents de l'édition imprimée chez Gilles de Gourmont en 1517, furent réintroduits dans l'édition de chez Johann Froben ; puis ils furent conservés dans l'édition ne varietur de la quatrième et dernière édition en latin de L'Utopie, imprimée en chez J. Froben. En revanche, ils sont généralement absents des éditions de poche contemporaines.

Un personnage

Pierre Gilles, comme personnage, apparaît à plusieurs reprises dans le corps du texte de L'Utopie. D'abord, T. More lui adresse sa Lettre-Préface[10],[11] ; ensuite, lorsque T. More se rend à Anvers, c'est P. Gilles qui lui présente Raphaël Hythlodée[12],[13] ; enfin, lorsque R. Hythlodée décrit l'île d'Utopie au Livre Second P. Gilles est présent au côté de T. More.

Références

  1. Centrum Pieter Gillis, University of Antwerp (nl)
  2. William Holden Hutton 1895.
  3. Thomas More 1987, p. 84. Traduction de Marie Delcourt.
  4. André Prévost 1978, p. 215-241, « Les premières éditions de l'Utopie ».
  5. Le personnage marin-philosophe qui décrit l'île d'Utopie.
  6. André Prévost 1978, p. 654, note n°1 « Jérôme Busleiden ».
  7. André Prévsot 1978, p. 336-341 pour la lettre de Pierre Gilles à Jérôme de Busleyden ; p. 634-643 pour la lettre de Jérôme de Busleyden à Thomas More.
  8. André Prévost 1978, p. 334-335.
  9. André Prévost 1978, p. 334-335, traduction d'A. Prévost.
  10. André Prévsot 1978, p. 342-357, « Thomas More envoie à Pierre Gilles ses salutations ».
  11. Thomas More 1987, p. 73. « Thomas More à Pierre Gilles, salut ».
  12. André Prévost 1978, p. 362.
  13. Thomas More 1987, p. 85.

Bibliographie

  • William Holden Hutton, Sir Thomas More, Londres, Methuen & Co., (available through Google Books [archive])
  • André Prévost, L'Utopie de Thomas More, Paris, Mame, (Ce livre est l'édition de référence de L'Utopie de Thomas More en français. Le texte de l'Utopie est donné de la page 309 à la page 645 ; avant, et après, A. Prévost présente l'œuvre et joint des notes complémentaires. Voir la page consacrée à L'Utopie.)
  • Thomas More, L'Utopie ou Le Traité de la meilleure forme de gouvernement (Cette édition « GF » fut réalisée par Simone Goyard-Fabre. Elle reprend le texte traduit du latin en français par Marie Delcourt en 1966, avec les notes explicatives et critiques rédigées alors par M. Delcourt.), Paris, Flammarion, « GF »,

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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