Pierre le Chantre

Pierre le Chantre (Petrus Cantor, ✝ ) est un lettré et théologien scolastique chrétien du XIIe siècle.

Promu grand chantre (d'où son nom) de l'Église de Paris en 1184, il est notamment l'auteur de gloses sur la Bible et d'un traité sur la pénitence. L'historien Jacques Le Goff lui attribue également le premier usage du mot purgatorium comme substantif, étape décisive dans la création du concept de purgatoire[1].

Biographie

Il serait né, soit dans la région de Beauvais, soit à Reims, où il fit ses études à l'école cathédrale.

Vers 1170, il était chanoine à Paris et professeur à l'école cathédrale; entre 1180 et 1184, il y fut également nommé chantre, d'où son surnom (Petrus Cantor, parfois Cantor Parisiensis). Ses compétences en droit canon le firent choisir à plusieurs reprises comme juge ecclésiastique, notamment en 1196 pour l'affaire du divorce de Philippe Auguste et de la reine Isambour, qui fut traitée à Compiègne. En 1191 il fut élu évêque de Tournai, mais l'élection fut annulée par l'archevêque de Reims, Guillaume de Champagne. À la mort de Maurice de Sully, en 1196, il aurait été élu évêque de Paris, mais aurait refusé l'élection.

En 1196, il fut élu doyen du chapitre de la cathédrale de Reims. Pendant le voyage depuis Paris, il s'arrêta à l'abbaye cistercienne de Longpont, près de Soissons, il y tomba malade, y mourut et y fut enterré. Dans le ménologe des cisterciens, il est considéré comme membre de l'ordre, fêté le .

Œuvre

Il est l'auteur de commentaires et d'annotations sur tous les livres de la Bible, à l'exception du Lévitique et des Livres de Judith, Esther et Tobie. Il a laissé aussi une introduction à la lecture de la Bible, intitulée De tropis theologicis, ou De contrarietate Scripturae, ou encore De tropis loquendi, où il propose des solutions aux contradictions qui semblent exister entre certains passages.

Ses autres ouvrages sont: la Summa de sacramentis et animæ consiliis, qui complète Pierre Lombard et donne des informations variées sur les institutions et usages religieux de l'époque; les Distinctiones, ou Summa quae dicitur Abel, un dictionnaire théologique avec des entrées par ordre alphabétique; le Verbum Abbreviatum, ensemble de sermons exhortant le clergé, particulièrement les moines, à la vertu; le Contra monachos proprietarios.

Il a énoncé les trois fonctions du maître en théologie (magister in sacra pagina) : lire (commenter la Bible), faire des disputes (animer des débats par objections et réponses), faire des prédications (présenter des sermons universitaires) :

"L'exercice d'écriture sacrée consiste en trois choses : lecture, disputation, prédication." (Verbum abbreviatum, chap. I, P.L. t. 205 col. 25).

Citation

"Qu'ils soient convaincus d'erreur, ou qu'ils confessent librement leur faute, les cathares ne doivent pas être mis à mort, en tout cas si l'Église ne les juge pas susceptibles de lui résister les armes à la main. Car l'Apôtre dit: Un homme qui est un hérétique, après le troisième avertissement, évite-le (Tit., III); il ne dit pas: Tue-le. De même chez David: Criez contre les crocodiles et mettez-les en fuite, et qu'il n'y ait pas de rassemblement de taureaux parmi les vaches. (Psalm. LXVII) Il faut donc les tenir enfermés, et non pas les mettre à mort". (Verbum Abbreviatum, ch. LXXVIII)[2]

Éditions

  • Patrologie Latine, 205, col. 9-554 lire en ligne
  • An Edition of the Long Version of Peter the Chanter's Verbum Abbreviatum Petri Cantoris Parisiensis. Verbum adbreviatum. Textus conflatus, éd. Monique Boutry, Corpus Christianorum. Continuatio Mediaevalis, 196, Turnhout, Brepols, 2004
  • Verbum abbreviatum

Bibliographie

  • John W. Baldwin, Masters, Princes and Merchants: The Social Views of Peter the Chanter and his Circle, Princeton University Press, 1970
  • Philippe Buc, L’Ambiguïté du Livre. Prince, pouvoir, et peuple dans les commentaires de la Bible au Moyen Âge, Beauchesne, 1994
  • Philippe Buc, Vox clamantis in deserto? Pierre le Chantre et la prédication laïque, Revue Mabillon, 4, 1993, 5-47

Notes et références

  1. Jacques Le Goff, La Naissance du purgatoire, 1981
  2. "Quod ante cathari convicti vel confessi non sint occidendi, nisi crediderit manualiter Ecclesia quod sibi possint resistere, videtur. Ait enim Apostolus: Haereticum hominem post trinam admonitionem devita. (Tit. III) Non ait: Occide. Item David: Increpa feras arundinis et dissipa, ne sit congregatio taurorum in vaccis populorum. (Psalm. LXVII) Recludendi ergo sunt, non occidendi".

Liens externes

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