Pierre de Lupel

Pierre de Lupel est un homme politique français né le à Thiviers (Dordogne) et décédé le à Paris.

Biographie

Armes de Lupel

 

Famille

Pierre de Lupel appartenait à la famille de Louvel, vieille famille noble originaire de Picardie, autorisée à changer son nom en "de Lupel" par ordonnance du 13 septembre 1820[1].

Cette famille de noblesse d'extraction (1546)[2] fut reconnue noble par arrêt du parlement du 9 mars 1555[3], maintenue noble en 1699 sur preuves de 1546[4].

Il épousa Marguerite Desjardins, fille de Jules Desjardins et sœur de Charles Desjardins, qui furent tous deux députés de l’Aisne. Il fut le père de Guillaume et Antoine de Lupel. 

Début de carrière politique

Avocat à Paris, il plaide peu et se consacre à la gestion de ses domaines agricoles dans la Somme. Ayant le goût de la politique, il devient le premier vice-président de la conférence Molé-Tocqueville et un défenseur de la Gauche libérale. Maire de Warvillers en 1920, conseiller général du Canton de Rosières-en-Santerre en 1929, il est député de la Somme de 1928 à 1929, inscrit au groupe des Républicains de gauche. Il est secrétaire de la Chambre en 1928.

Sa notice dans le Dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940[5] est la suivante :

«  Issu d'une vieille famille du Santerre, de souche aristocratique et terrienne, Pierre de Louvel-Lupel, ses études de droit terminées, s'inscrivit au barreau de Paris ; mais, avocat à la Cour d'appel, il plaida très peu car ses affaires agricoles le retenaient dans la propriété familiale de Warvillers, dans la Somme, dont il avait repris l'exploitation. »

Officier pendant la Grande Guerre

Mobilisé le 2 août 1914 comme lieutenant d'infanterie, Pierre de Lupel est envoyé sur le front des Ardennes où, dès les premières semaines de la guerre, il abat en duel un officier allemand.

Pierre de Lupel, en 1915 capitaine d'infanterie

Maurice Thiéry relate ce fait dans L'héroïsme français pendant la guerre 1914-1918[6] :

« Le 28 août 1914, un bataillon d'infanterie entrait à Mézières, où il devait garder les ponts de la Meuse. Arrivé à hauteur du pont du chemin de fer, l'officier commandant la pointe d'avant-garde est avisé qu'une patrouille allemande est cachée dans la gare. Il s'y rend aussitôt avec une escouade et se trouve bientôt en contact avec un détachement ennemi commandé par un officier. Un combat très vif s'engage à travers les tas de charbon et les bâtiments de la gare. Aidé du reste de sa section, l'officier français arrive à disperser l'ennemi et poursuit l'officier allemand qui pénètre dans le dépôt des machines ; il le découvre, dissimulé derrière un tender. Les deux hommes se dévisagent, un accord tacite s'établit entre eux, et tous deux, à quinze pas, se placent dans la position du duel. « Veuillez tirer ! » lui crie le Français, l'Allemand tire, mais manque son but. Le Français lève alors le bras, et d'une balle abat son adversaire. Il sort du dépôt, aide ses soldats à jeter dans la Meuse ce qui reste de l'ennemi, et reprend sa marche à la tête du bataillon. L'officier était le lieutenant de Lupel. Cette altitude si crâne et d'une courtoisie si française, tranchant avec certains procédés odieux de l'ennemi, méritait d'être signalée. »

Thomas Herbert Russel rapporte aussi ce fait dans America’s War For Humanity[7] :

« Lieutenant de Lupel of the French army is said to have endeared himself to his command by a most unusual exhibition of what they are pleased to term “old-fashioned French gallantry”. Accompanied by a few men, Lieutenant de Lupel succeeded in surrounding a German detachment occupying the station at Mezieres.  The Lieutenant, on searching the premises, came upon the German officer hiding behind a stack of coal.  Both men leveled their guns, and for a moment faced each other. »

« “After you”, finally said the Frenchman courteously. The German fired and missed, and Lieutenant de Lupel killed his man.The French soldiers cheered their leader, and he has been praised everywhere for his action " »

À la Bataille de la Marne, Pierre de Lupel est blessé une première fois et, à peine rétabli, repart au front. En août 1915, il est blessé une deuxième fois à Flirey en Lorraine. Guéri, il demande à rejoindre son régiment sans attendre son tour de départ. Il est nommé capitaine.

Le 2 avril 1916, à la Bataille de Verdun, à la tête de sa compagnie de mitrailleuses, il défend avec héroïsme sa position et repousse les attaques de l'infanterie allemande. Il est grièvement blessé lors de ce combat.

Le 15 avril 1916 il fait l'objet de cette citation à l'ordre du jour[8] :

Le général Alby, commandant le groupement Nord-Ouest de la défense de Verdun, cite à l’ordre du jour le capitaine de Lupel  (Pierre-Marie-Edouard), commandant la compagnie de mitrailleuses de la 97e brigade d’infanterie :

« Le 2 avril 1916, chargé avec ses seules sections de mitrailleuses de maintenir à tout prix une position particulièrement délicate, s’est acquitté avec héroïsme de sa mission ; sous un violent bombardement a pu, pendant toute une journée, repousser les attaques répétées de l’infanterie allemande sans perdre un pouce de terrain. Officier doué des plus belles qualités militaires, véritable entraîneur d’hommes, fait l’admiration de tous par la simplicité et le mépris de la mort dont il a toujours fait preuve dans l’accomplissement de son devoir. »

Déclaré inapte au service armé, il est affecté à l’État-major du maréchal Foch qui le charge de missions en Roumanie puis en Russie. Fait prisonnier à Moscou par les révolutionnaires, puis condamné à mort, il réussit à s'échapper[5],[9]

Après l'armistice, il est envoyé à Fiume, à Prague et enfin à Varsovie où il contribua à la formation de la nouvelle armée polonaise[8].

Pierre de Lupel était chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire et avait reçu la Croix de guerre, les insignes de l'Ordre de Michel le Brave de Roumanie et celles de l’Ordre de l'Aigle Blanc de Serbie.

Au service de la politique locale

Le retour à la paix lui permit de regagner ses terres de Warvillers. Physiquement très éprouvé par ses blessures de guerre, il reprit ses activités agricoles et s'employa généreusement à mettre ses connaissances au profit de son village et du développement du Santerre ; par les coopératives dont il fut administrateur, il participa à la réorganisation de la vie régionale et à la reconstruction des régions dévastées.

En 1920, il fut élu maire de Warvillers, succédant à son père qui avait exercé ce mandat pendant trente-deux ans. En 1929, il fut élu conseiller général du canton de Rosières, en remplacement de Louis-Lucien Klotz, mais son état de santé ne lui permit pas de siéger plus d'une session. Sur le plan national, hostile à la formation du Cartel des gauches, il défendit la politique d'union nationale de Raymond Poincaré et se présenta aux élections législatives du 11 mai 1924. Candidat dans la Somme sur la liste républicaine d'union nationale et sociale, il ne fut pas élu, la plupart des sièges ayant été emportés dans la Somme par la liste présentée par les radicaux et radicaux-socialistes.

Retour à la Chambre des députés

Mais la popularité de la gauche s'atténua en 1926 avec l'aggravation des difficultés financières et, aux élections d'avril 1928, les modérés triomphèrent. C'est alors que, dénonçant la politique du cartel qu'il accusa d'être un véritable « gâchis », le comte de Lupel se présenta pour la seconde fois aux élections législatives pour lesquelles le scrutin majoritaire uninominal avait été rétabli. Il fut élu le 29 avril 1928 dans la circonscription de Montdidier, au second tour de scrutin, par 5.387 voix contre 5.141 à son principal adversaire, Tonnellier, sur 12.459 votants.

À la Chambre, il siégea parmi les républicains de gauche. Secrétaire de la Chambre, membre des commissions des régions libérées et de l'aéronautique, de Lupel ne connut que la première année de cette 14e législature. Les séquelles de ses blessures ne lui permirent pas de prendre une part active aux travaux de la Chambre et de défendre les intérêts de l'agriculture comme il s'y était engagé. Après plusieurs mois d'inactivité due à la maladie, le comte de Lupel s'éteignit à Paris, le 29 novembre 1929, dans sa 49e année.

Notes et références

Références

  1. Bulletin des lois de la République Française, Volume 11, page 543, reprise depuis du nom de Louvel.
  2. E. de Séréville, F. de Saint-Simon, Dictionnaire de la noblesse française, 1975, page 669.
  3. Jean ou Francois Haudicquer de Blancourt, Nobiliaire de Picardie, 1693, page 311.
  4. Henri Jougla de Morenas, Grand Armorial de France, tome 4, page 482.
  5. Jean Jolly, Dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940Assemblée Nationale : base de données des députés français depuis 1789.
  6. Maurice Thiéry, L'héroïsme français pendant la guerre 1914-1918, Ducrocq (Paris), 1921, pages 9 et 10.
  7. Thomas Herbert Russel,America’s War For Humanity, Éditeur H. Miller (Chicago), 1919, chapitre XIV.
  8. « Article après le décès de Monsieur Pierre de Lupel, Député de Montdidier, Secrétaire de la Chambre », Journal d'Amiens, Mémorial de la Somme, ([https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Journal_d%27Amiens_du_1er_d%C3%A9cembre_1929_%28premi%C3%A8re_page%29.jpg https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Journal_d%27Amiens_du_1er_d%C3%A9cembre_1929_%28page_2%29.jpg lire en ligne])
  9. « Journal Officiel de la République Française », Séance de la Chambre des Députés du 2 décembre 1929, no 100, (lire en ligne)

Sources

Article connexe

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