Pierre Louis Jean Casimir de Blacas d'Aulps

Pierre Louis Jean Casimir de Blacas d’Aulps, comte, puis 1er duc de Blacas (1821), pair de France, 1er prince de Blacas (1837), né le à Vérignon, baptisé le 11, mort à Vienne (Autriche) le , inhumé au monastère français de la Castagnavizza à Goritz (aujourd’hui Nova Gorica, Slovénie) est un homme politique, diplomate et collectionneur d'antiques français.

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Tombeaux des Bourbon à Kostanjevica - sarcophage du Duc de Blacas

Sous-lieutenant au Noailles-Dragons, il émigra en 1790, s'attacha dans l'exil à la représentation du comte de Provence (futur Louis XVIII), qui le chargea de diverses missions dont une à Saint-Pétersbourg. Devenu roi, ce dernier le nomma maréchal de camp (), ministre de la Maison du Roi (), grand-maître de la garde-robe, intendant général des bâtiments de la Couronne. Il l'accompagna à Gand, fut nommé pair de France à son retour, puis ambassadeur à Naples où il négocia le mariage du duc de Berry avec Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, fille du Roi des Deux-Siciles, puis à Rome, où il fit signer le concordat du 11 juin 1817. En 1830, il suivit les Bourbon dans l'exil. Pendant son administration, il avait favorisé Champollion et crée le Musée égyptien du Musée du Louvre. M. de Blacas avait formé un riche cabinet d'antiquités que M. Reinaud a décrit en partie sous le titre de Description des monuments musulmans du cabinet du duc de Blacas, 1828. Il était membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, membre libre de l’Académie des beaux-arts et chevalier du Saint-Esprit.

Biographie

Jeunesse

Baptisé à Vérignon le , il appartenait à une ancienne famille noble et s'opposa à la Révolution. En 1790, alors qu'il était sous-lieutenant au régiment de dragons de Noailles, il passa le Var et s'enfuit à Nice, qui faisait alors partie du royaume de Sardaigne. De là, il se rendit à Coblence où il se joignit à l'armée contre-révolutionnaire composée d'émigrés, sous les ordres du cousin de Louis XVI, le prince de Condé. Il passa ensuite en Italie avant d'entrer au service de la Russie et de combattre en Suisse contre la République française sous les ordres de Souvorov.

Au service du roi

Alors qu'il était au service de l'Autriche, il se rendit à Varsovie et rejoignit la cour en exil du comte de Provence, frère cadet de Louis XVI et prétendant au trône de France, qui le chargea de différentes missions, dont l'une à Saint-Pétersbourg. Malgré l'aide de Joseph de Maistre, envoyé diplomatique du roi de Sardaigne à la cour du tsar Alexandre Ier, il ne put obtenir que de maigres avantages pour le futur roi. Pourtant, son désir de faire ce qu'il pouvait pour le prince en exil lui gagna vite la confiance de son maître. En 1809, il fut fait grand-maître de la Garde-robe du Roi. Après la mort du duc d'Avaray en 1811, il devint le plus proche conseiller du comte de Provence et son favori.

Le , il se maria à Londres avec une autre exilée, Henriette Marie Félicité dite Félicie du Bouchet de Sourches de Montsoreau, née à Paris le , morte à Paris le , fille d'Yves Marie du Bouchet de Sourches, comte de Montsoreau, maréchal de camp et lieutenant général pendant l'Ancien Régime, et de sa femme Marie Charlotte Lallemand de Nantouillet. Le comte de Montsoreau était le beau-frère de la marquise de Tourzel, qui fut gouvernante des enfants de Louis XVI au début de la Révolution.

Auprès de Louis XVIII

Quand le comte de Provence devint effectivement roi de France après la chute de Napoléon en 1814 (voir Première Restauration), Blacas fut nommé ministre de la Maison du Roi () et élevé au rang de maréchal de camp (). Il obtint les charges de grand-maître de la garde-robe et intendant général des bâtiments de la Couronne et prit, en tant que tel, possession de l'Hôtel du Châtelet, rue de Grenelle, auparavant occupé par les bureaux de l'Intendance générale de la Maison de l'Empereur et désormais affecté à la Maison du Roi[1]. « Ministre favori »[2] de Louis XVIII, il joua un rôle important dans le Conseil du nouveau roi.

Quand Napoléon revint de l'Île d'Elbe (voir Cent-Jours), Blacas accompagna le roi pendant sa fuite à Gand, mais son impopularité lui valut d'être remercié quand Louis XVIII revint à Paris après Waterloo. Il fut bien nommé pair de France avec le titre de Comte de Blacas d'Aulps le 17 aout 1815, mais bien vite sa place comme conseiller royal fut prise par Élie Decazes, plus modéré que lui.

La disgrâce et l'Italie

Bouc émissaire pour les excès des royalistes de 1814, Blacas fut de fait exilé comme ambassadeur de France à la cour du Royaume des Deux-Siciles, à Naples. C'est là qu'il négocia en 1816 le mariage du neveu de Louis XVIII, le duc de Berry, avec Caroline la fille de François Ier des Deux-Siciles. En 1816, également, il entra à la fois à l'Académie des inscriptions et belles-lettres et à l'Académie des beaux-arts. Par la suite il fut nommé ambassadeur de France auprès du Saint-Siège à Rome. Il signa un concordat entre la France des Bourbon et le pape Pie VII le . En 1820, il reçut l'Ordre du Saint-Esprit. Alors qu'il était encore ambassadeur à Rome, il fut un des trois représentants de la France au Congrès de Laybach en 1821.

C'est en 1817, pendant son séjour à Rome qui dura de nombreuses années, qu'il fit obtenir à l'artiste français Ingres sa première commande officielle depuis 1814 ; il patronna également le classiciste allemand Theodor Panofka, qui revint avec lui à Paris en 1828. En plus, il travailla en étroite collaboration avec l'archéologue italien Carlo Fea à des fouilles sur le Forum Romain. Ensemble, ils identifièrent correctement le Temple de Castor et Pollux en 1816.

Charles X

Louis XVIII l'éleva au rang de duc de Blacas d'Aulps le et le nouveau roi, Charles X, le choisit pour être un de ses premiers gentilshommes de la chambre. Il fut aussi nommé intendant général des Bâtiments de la Couronne. Pendant son administration, il apporta son aide à l'orientaliste Champollion et créa le « Musée égyptien » au Louvre. Au cours de sa vie, il amassa une riche collection d'antiquités dont Joseph Toussaint Reinaud a donné en 1828 une description partielle sous le titre Description des monuments musulmans du cabinet du duc de Blacas[3]. En 1866, ses descendants en vendirent la plus grande partie au British Museum, où elle se trouve encore aujourd'hui.

En 1830, Blacas suivit les Bourbon dans leur exil. Avec d'autres légitimistes déterminés, comme Ferdinand de Bertier, il définit un programme politique dans l'optique d'une restauration de la branche aînée, l'édit de réforme du royaume. La réforme prévoyait l’élection par les contribuables de conseils municipaux, qui éliraient des conseils cantonaux. Chaque canton enverrait dans les conseils généraux chargés d’administrer les départements. Ces derniers seraient rassemblés en 18 provinces, dont les assemblées (états provinciaux) siègeraient 30 jours par an. À l’échelon national, l’édit prévoyait deux chambres : une chambre des pairs héréditaires et une Chambre des députés nommés par les provinces[4],[5]. Il contribua à écarter la duchesse de Gontaut comme gouvernante des petits-enfants du roi, tout comme le général d'Hautpoul, chargé de l'éducation du duc de Bordeaux, car il craignait leurs opinions politiques relativement libérales. Il fut créé « Fürst » (prince) de Blacas d'Aulps par l'empereur d'Autriche le . Il mourut le et fut enterré à côté de la crypte de Charles X dans l'église Sainte-Marie de l'Annonciation sur la colline de Kostanjevica près de Gorizia, église alors en Autriche et maintenant en Slovénie près de la frontière italienne à Nova Gorica.

Postérité

Pierre Louis Jean Casimir de Blacas d'Aulps laissa veuve Félicie née du Bouchet de Sourches de Montsoreau, qu'il avait épousée le et qui lui survécut jusqu'en 1856. Le couple eut quatre fils[6] :

  • Louis-Charles-Pierre-Casimir, 2e duc de Blacas d'Aulps, né à Londres le , décédé à Venise le  ;
  • Pie-Pierre-Marie-Hippolyte de Blacas d'Aulps, né à Rome le , décédé à Pau le , dit l'Abbé de Blacas, entré dans les ordres (Compagnie de Jesus), ordonné prêtre à Saint-Ghamand près d'Avignon ;
  • Stanislas-Pierre-Joseph-Yves-Marie, comte de Blacas, né à Rome le , décédé à Paris le  ;
  • Pierre-Étienne-Armand-François-Xavier, comte de Blacas d'Aulps, né à Rome le , décédé à Paris le .

Iconographie

Une médaille posthume à son effigie fut commandée par ses amis au graveur Maurice Borrel en 1841. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 183).

Titres

Distinctions

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes du duc de Blacas, pair de France

D'argent, à une étoile (16 rays) de gueules.[9]

On trouve aussi : D'argent à la comète de gueules.[réf. à confirmer][7]
Cimier
Sept casques couronnés.
Cri
SOUVENANCE.
Tenants
Deux sauvages de carnation, ceints et couronnés de lierre, armés de massues.

Notes et références

  1. Le Faubourg Saint-Germain: La rue de Grenelle, catalogue de l'exposition organisée par la délégation à l'action artistique et la Société d'Histoire et d'Archéologie du VIIe arrondissement, du 21 novembre au 20 décembre 1980, à Paris, à la Galerie de la SEITA, 2e édition révisée 1985, p. 47.
  2. Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand, le prince immobile, p. 319
  3. Joseph Toussaint Reinaud: Description des monumens musulmans du cabinet du duc de Blacas, Tome 1, Imprimerie Royale 1828 en ligne
  4. Ferdinand de Bertier de Sauvigny, Souvenirs d’un ultra-royaliste, p. 461.
  5. Hugues de Changy, Le soulèvement de la duchesse de Berry, 1830-1832. Les royalistes dans la tourmente, Paris, DUC-Albatros, 1986, p. 107.
  6. État présent de la Noblesse Française publié par M. Bachelin-Deflorenne d’après les manuscrits de Ch. D’Hozier, cinquième édition Paris, Librairie des Bibliophiles, 1886, p. 181ff. Lire en ligne
  7. François Velde, « Armory of the French Hereditary Peerage (1814-30) », Lay Peers, sur www.heraldica.org, (consulté le )
  8. « Cote LH/247/5 », base Léonore, ministère français de la Culture
  9. Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t. 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887

Voir aussi

Sources et bibliographie

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Pierre Louis Jean Casimir de Blacas » (voir la liste des auteurs).
  • Extrait de l'article de Pierre Nicolas, généalogiste, avec son aimable autorisation. Pour consulter l'article entier, voir ce site consacré au « comte de Chambord », à la rubrique "son entourage".
  • « Pierre Louis Jean Casimir de Blacas d'Aulps », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.

Articles connexes

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