Pierre Losha

Pierre Losha (en albanais : Pjetër Losha, en grec : Πέτρος Λέοσας, en serbe : Петар Љош), fut un seigneur albanais d’Épire, qui servit comme despote d’Arta de 1359 à sa mort en 1374, soit comme vassal des princes serbes Siméon Uroš (1359-1366) et Thomas Preljubović (1366-1367, 1370-1374), soit de façon indépendante de 1367 à 1370. Il reçut le titre de despote en 1359 de Siméon Uroš après la victoire sur Nicéphore II Orsini qui avait tenté de reconquérir l’Épire.

Carte du despotat d'Arta

Origines

On ignore quelles étaient les origines de sa famille de même que sa date de naissance. Le mot lios signifie « grêle (marque sur la peau) » en albanais[1]. Les historiens albanais le considèrent comme albanais, alors que d’autres croient plutôt à une origine valaque[2]. L’historien croate Milan Šufflay (1879-1931) qui a étudié la nationalité des familles Losha, Bua et Spata, croit à une symbiose albano-valaque dans le Pinde lorsque, dans la première moitié du XIVe siècle, des mercenaires et migrants affluèrent en Grèce (raids de 1325 et 1334 en Thessalie)[3]. Appelés Albanais en grec d’après l’endroit d’où ils venaient, ces groupes comprenaient également des Valaques[4]. En 1358, Albanais et Valaques s’emparèrent de l’Épire, de l’Acarnanie et de l’Étolie[1].

Despote d’Arta

Losha conduisit les forces albanaises contre Nicéphore II Orisini à la bataille d’Achéloos ce qui lui permit de conquérir Arta où il se tailla un domaine avec l’aide des clans Mazaraki et Malakasi[5]. Selon la Chronique de Ioannina [N 1], son domaine s’étendit pour comprendre Rogoi (aujourd’hui Filippiada) et Amphilochia. Pour mettre en valeur sa souveraineté sur les autres dirigeants d’Épire, Siméon Uroš (qui avait fait sécession en 1356 dès le début du règne de son fils Étienne Uroš V et s’était proclamé « empereur » à Kostur) lui concéda le titre de despote (en 1359 ou 1360[6] ), reconnaissant ainsi son autorité de fait sur le territoire après la bataille d’Achéloos [7].

En 1366, Thomas Preljubović succéda à Siméon comme souverain d’Épire. Cette période fut marquée par un retour aux hostilités dans la région, Ioannina, capitale de Preljubović, étant constamment assiégée de 1367 à 1370 par les clans Mazaraki et Malakasa sous la direction de Losha[7]. Une trêve fut conclue qui fut scellée par le mariage du fils de Pierre, Jean, et de la fille de Thomas, Irène[7],[8].

Il mourut, selon la Chronique de Ioannina, en 1373/1374[6], soit lors d’une épidémie de peste à Arta, soit assassiné par les Mazzarakoioi. Le despotat passa brièvement à son fils Jean (Gjin) avant d’être incorporé au despotat d’Angelokastron et Lépante dirigé par Gjin Bua Shpata.

Possessions

Notes et références

Notes

  1. Rédigée en grec, La Chronique de Ioannina décrit, en prose, l’histoire de Ioannina durant le règne de Thomas Preljubovic, le despote serbe d’Épire, qui avait fait de cette ville sa capitale dans la seconde moitié du XIVe siècle

Références

  1. Hammond (1976) p. 59.
  2. Magdaru (2008) p. 83
  3. Pipa (1978) p. 53.
  4. Hammond (1976) p. 57.
  5. Epeirotica 2.220; voir 222 et sq.
  6. Vizantološki Institute (1975), p.  196.
  7. Nicol (1984) pp. 142-145.
  8. Fine (1994) pp. 351-352.
  9. Vizantološki (1994) p. 133.

Bibliographie

Sources anciennes

Deux chroniques nous sont parvenues datant de la fin du despotat :

  • la Chronique de Ioannina pour la période 1341-1400 :
    • (el) L. Vranousis, « To Chronikon ton Ioanninwn kat’ anekdoton dimodi epitomin » [« La chronique de Ioannina selon la tradition populaire »], Medieval Archive Yearbook, Académie d'Athènes, vol. 12, 1962, p. 57–115 ;
  • la Chronique des Tocco pour la période 1375-1422 :
    • (el) G. Schirò, Το Χρονικό των Τόκκων. Τα Ιωάννινα κατά τας αρχάς του ΙΕ αιώνος [« La chronique des Tocco, Ioannina au début du XVe siècle »], Ioannina, Etaireia Ipirotikon Meleton, 1965;
  • (it) G. Shiro, Cronaca dei Tocco di Cefalonia di anonimo. Prolegomeni, testo critico e traduzione, Rome, coll. « CFHB », 1975.

Sources contemporaines

  • (en) Fine, John Van Antwerp. The Late Medieval Balkans: A Critical Survey from the Late Twelfth Century to the Ottoman Conquest. Ann Arbor (Michigan) The University of Michigan Press, 1994. (ISBN 0-472-08260-4).
  • (de) Jireček, Konstantin Josef. Geschichte der Serben (1371 – 1537), vol. 1, Gotha, Friedriech Andreas Perthes A.-G, 1918.
  • (en) Hammond, Nicholas. Migrations and Invasions in Greece and Adjacent Areas. Noyes Press, 1976. (ISBN 978-0-815-55047-1).
  • Laiou Angeliki et Cécile Morrisson, Le Monde byzantin, t. III : L’Empire grec et ses voisins (XIIIe ‑ XVe siècles), Paris, Presses universitaires de France, 2011 (ISBN 978-2-13-052008-5).
  • Loenertz, Raymond-Joseph. « Aux origines du despotat d'Épire et de la principauté d'Achaïe », Byzantion, vol. 43, 1973, p. 360–394.
  • (en) Madgearu, Alexandru; Gordon, Martin. The Wars of the Balkan Peninsula: Their Medieval Origins. Scarecrow Press, 2008. (ISBN 978-0-8108-5846-6).
  • (sr) Mihaljčić, Rade. Крај Српског царства. Belgrade: Srpska književna zadruga, 1975 .
  • (en) Nicol, Donald M. The Despotate of Epiros, Oxford, Blackwell, 1957 (ce volume, difficile à trouver, porte sur la période 1204-1267).
  • (en) Nicol, Donald MacGillivray, The Despotate of Epiros 1267–1479: A Contribution to the History of Greece in the Middle Ages, Cambridge University Press, 2010. (ISBN 978-0-521-13089-9).
  • Nicol, Donald M. Les derniers siècles de Byzance, 1261-1453, Paris, Les Belles Lettres, 2005 (ISBN 2-251-38074-4).
  • (en) Soulis, George Christos, The Serbs and Byzantium during the reign of Tsar Stephen Dušan (1331–1355) and his successors, Dumbarton Oaks, 1984. (ISBN 0-88402-137-8).
  • (en) Šufflay, Milan. Serbs and Albanians, their Symbiosis in the Middle Ages. Original edition, Alerion, 1900. Reprinted 2012.
  • Vizantološki institut. Recueil de travaux de l'Institut des études byzantines 33, Naučno delo, 1994.

Articles connexes

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