Pierre-Jules Boulanger

Pierre Jules Boulanger  plus connu sous le nom de Pierre-Jules Boulanger ou Pierre Boulanger  est un ingénieur et dirigeant d'entreprise français né le à Sin-le-Noble (Nord) et mort dans un accident de la route le à Broût-Vernet (Allier).

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Il a dirigé Citroën en tant que vice-président puis P-DG de 1935 à sa mort.

Service militaire et Première Guerre mondiale

Il entreprend des études aux Beaux-arts de Rouen qu'il doit abandonner pour raisons familiales[1] et doit prématurément travailler.

En effectuant son service militaire dans l'armée française de 1906 à 1908 dans l'aérostation à Satory, il rencontre Marcel Michelin (neveu d'Édouard Michelin). Cette rencontre orienta toute sa vie.

Après son service militaire, il part aux États-Unis où il exerce différents métiers, dont dessinateur dans un cabinet d'architecture[2]. À l'issue de ce séjour, il prend l'habitude d'accoler son deuxième prénom au premier - plus tard ses collaborateurs l’appelèrent PJB. Il fonde une entreprise au Canada, [1], la « Modern House Ltd »[1].

Boulanger rentre en France en 1914 pour être mobilisé comme caporal aérostier[1]. Il est photographe dans l'aviation. Il retrouve Marcel Michelin. Il termine la guerre avec des états de service brillants et le grade de capitaine. Plusieurs fois blessé[1], il est décoré de la Croix de guerre et de la Légion d'honneur[1] et de la Army Distinguished Service Medal en 1919.

Finalement, il devient ingénieur[2].

Michelin

Il est embauché en 1919 par Édouard Michelin avec qui il est lié par une profonde amitié[1]. Il entre le de cette année chez le pneumaticien à Clermont-Ferrand et se voit confier le service Amélioration[1]. Il contribue à la construction de la nouvelle usine de Cataroux ainsi qu'aux logements ouvriers de la Raye-Dieu[1]. En 1920, il prend la direction des services commerciaux de la société et deux ans plus tard, en 1922, il devient l'un des principaux collaborateurs d'Édouard Michelin[1].

En 1938, il deviendra cogérant de Michelin[3].

Citroën

Prototypes de 2CV d'avant 1939

Lorsque après la cession de Citroën, alors en faillite, à Michelin en 1935, Pierre Michelin prend la présidence de Citroën, Pierre Boulanger devient son adjoint, vice-président et chef du bureau d'études de la firme automobile. Il en est à son tour le PDG en 1937 après le décès accidentel de Pierre Michelin et conserve ce poste jusqu'à sa mort en 1950. Avec Pierre Michelin, il commence par appliquer une politique d'austérité et de réduction de coûts. Pour cela, il diminue les salaires et effectue des licenciements. Il fait annuler le lancement de la Citroën 22 CV à moteur V8, la mythique Traction 22 présentée au Salon de Paris de 1934. Cette politique de rationalisation du catalogue commercial porta ses fruits et Citroën se redressa.

Boulanger est l'instigateur de ce qui s'est appelé la « TPV » (« très petite voiture ») et qui est devenue en 1948 la 2CV. Il en écrivit le cahier des charges : « faire une voiture pouvant transporter quatre personnes et 50 kg de pommes de terre, à la vitesse de 60 km/h, pour une consommation de 3 litres d'essence aux 100 km … elle devra être conduite par une femme ou un débutant … et l'esthétique, je ne veux pas en entendre parler ! ». Peu de temps après avoir pris la direction de Citroën, il présente le dossier sur lequel doivent travailler les ingénieurs : en 1935, la demande de faire une voiture « populaire » va à l'encontre de leurs habitudes de recherches techniques avancées, voire de voitures luxueuses. Il soulève leurs interrogations : quand il ne s'agit pas d'incompréhension, cela leur paraît la quadrature du cercle[2]. On répand la rumeur que l'idée, considérée comme saugrenue, serait venue au directeur alors qu'il était coincé dans un embouteillage mêlant charrettes et chevaux, d'où l'idée d'un véhicule adapté aux travaux des champs, pouvant traverser l'un d'eux, chargée d'œufs sans en casser un seul[2].

Il était connu pour son austérité, sa grande capacité de travail, son sens du secret (caractéristique de la culture Michelin) et son absence d'ostentation (il achetait ses costumes à la coopérative Michelin). Craint et respecté, certains le surnommaient également le « tyran imaginatif ». Il va devoir attendre quatre ans, les premiers essais de la voiture en forme de « quatre roues sous un parapluie » s'avérant décevants, puis la seconde guerre mondiale oblige à différer la présentation, alors qu'en 1939, la voiture paraissait au point[2].

Le PDG va refuser de fournir aux Allemands les plans du véhicule et ordonne de détruire les prototypes. Un seul va subsister, un ingénieur n'ayant pu se résoudre à détruire quatre ans de travail.

Pierre Jules Boulanger va enfin pouvoir présenter un produit fini au salon de l'automobile de 1948, deux ans avant sa mort, et amène les réactions les plus variées, allant de l'étonnement à la critique acerbe. Mais en 1949, les commandes affluent au point qu'il faut dresser des listes de prioritaires pour obtenir la voiture qui se révèle robuste, confortable et ne demande qu'un minimum d'entretien[2].

Décès

Pierre Boulanger se tue accidentellement au volant d'une Traction Avant 15-Six le sur la Nationale 9 au lieu-dit Le Poirier[1], à Broût-Vernet, dans le sud de l'Allier, alors qu'après une semaine de travail à Paris, il rejoignait avec son épouse pour le week-end sa propriété de Lempdes près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Il a perdu le contrôle de son véhicule alors qu'il faisait un dépassement, la voiture a alors fait un tête à queue et est venue percuter un arbre coté conducteur. Pierre Boulanger est tué sur le coup et son épouse grièvement blessée. Il est inhumé au cimetière de Lempdes. Une plaque en pierre de Volvic a été plus tard érigée sur le lieu de l'accident[1].

Il meurt avant d'avoir connu le grand succès de la Citroën DS, dont il avait lancé la conception avec le projet VGD (Voiture à Grande Diffusion).

Notes et références

  1. « Le village de Broût-Vernet (Allier) se mobilise pour sortir de l'oubli Pierre Boulanger, le père de la 2 CV », La Montagne, (lire en ligne, consulté le ).
  2. Anne Courtel, « La 2 CV starter du tout-automobile », dans Cent ans de vie dans la région, tome 3 : 1939-1958, La Voix du Nord éditions, hors série du 17 juin 1999, p. 75.
  3. http://www.michelin.com/corporate//content/financeDocuments/Documents/Documents/michelin_ataglance_plaquette_EN_2009.pdf

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