Pierre-Jules Billon

Pierre-Jules Billon est un percussionniste, batteur, multi-instrumentiste et compositeur[1]. Qualifié de « batteur baroque »[2],[3], il sert la culture populaire et la culture savante : bal, musique de cirque, de théâtre. Il se consacre surtout à la musique de danse et au spectacle vivant — et compose aussi pour l'écran.

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Éléments biographiques

La fanfare, l’énergie du bal sont à la source de la vocation de cet originaire de l’Ain. Pierre-Jules Billon a commencé par le saxophone puis opté pour la batterie. Dans les années 1980, il est pendant quatre ans le batteur de l’orchestre de l’accordéoniste-arrangeur Jacky Mallerey[4] au Palais d'Hiver (Lyon), connu pour avoir été le music-hall le plus grand d’Europe. « Les gens dansent ou ne dansent pas » était le seul verdict. Pierre-Jules Billon a formé avec l’accordéoniste Clément Robin Le Petit Orchestre de Poche (le P.O.P)[5], qui se produit souvent dans les bals[6].

Créateur musical et interprète pour Archaos et pour le Cirque Baroque qu'il a accompagnés dans leur succès international, Pierre-Jules Billon a un millier de représentations de cirque à son actif, avec dix-huit années de tournées — il a joué aussi chez Alexis Grüss, avec la Compagnie Salam Toto, le Théâtre du Centaure et la Compagnie Ici ou Là, dont il est l'un des fondateurs. Lors des « aventures hallucinantes d’Archaos et du Cirque Baroque », il voit le cirque contemporain passer de l’échelle du petit groupe alternatif à une grosse structure en tournée mondiale[2].

Cirque d’auteur et laboratoire fécond, le Cirque Baroque fait appel à cet anti-puriste[7] pour la création musicale de spectacles inspirés de Voltaire (Candides), Mary Shelley (Frankenstein ) ou Mishima[8]. Le style de Pierre-Jules Billon à cette époque-là était influencé par la Mano Negra, les Bérus (Bérurier Noir), les Négresses vertes, les Pogues, avec lesquels il était lié. Le batteur de cirque a un rôle traditionnellement important, de ponctuation, de rythme : il scande et dramatise la performance des acrobates. Ce rôle conventionnel du batteur de cirque était à élargir : chez Archaos ou au Cirque Baroque, l’emploi nouveau du contraste, du virage musical est souvent observé[3]. Le baroque sous-entend exubérance et contraste.

Le Cirque Baroque présente Ningen (1998), inspiré de Mishima, et notamment de Confession d'un masque, la même année que Benoît Jacquot, son film L'École de la chair (1998) tiré du roman de l'écrivain et transposé en Occident[3]. Si Ningen intègre des personnages tirés du kabuki, la musique demeure rock’n roll ; pour cette création, Pierre-Jules Billon a certes écouté beaucoup de musique traditionnelle japonaise, mais aussi Robert Fripp, Pink Floyd et Steve Reich[2].

Compositeur de musique de scène, Pierre-Jules Billon a signé la création musicale de pièces de Beckett, Brecht, Calaferte, Koltès, Shakespeare, Sophocle. Il a travaillé notamment avec Jean-Louis Hourdin et Sophie Loucachevsky. Le rapport de la musique à la narration, à la scène jouée, la nécessité d'élaborer un univers global, un monde imaginaire pour le public, le stimulent dès sa collaboration avec Jacky Mallerey, avec qui il ne se contentait pas de jouer au Palais d’Hiver, mais composait aussi déjà des musiques de théâtre[3]. Pierre-Jules Billon joue sur la scène les musiques qu’il compose, et s'est ainsi produit dans plusieurs pièces d’Eugène Durif[9]. C'est la faute à Rabelais est un « festin intimiste »[10] où Pierre-Jules Billon empoigne sur scène vielle ou banjo[11].

Pierre Jules Billon est aussi comédien. Sa collaboration avec Eugène Durif conduit à des spectacles musicaux où l’auteur Eugène Durif et le compositeur Pierre Jules Billon sont les interprètes des rôles, celui-ci interprétant tantôt le texte tantôt sa propre musique. Ainsi Le Cercle des Utopistes anonymes, spectacle rythmé par des chansons interprétées par Stéphanie Marc, développe un registre picaresque, entre le voyage forain et le cabaret.

Musique de cirque

  • Archaos : de 1987 à 1991. Compositeur de musique de scène et interprète, pour des mises en scène de Pierrot Bidon, de Franco Dragone et du québécois Michel Dallaire. Création musicale avec Nino Ferrer. Tournée mondiale : Avignon, Berlin, Cologne, Édimbourg, Grenade, Jérusalem, Londres, Melbourne, Toronto.
  • Le Cirque Baroque : de 1992 à 2001. Spectacles : Noir Baroque, chorégraphie : Corinne Lanselle ; puis Candides, mise en scène de Mauricio Celedon ; Ningen, mise en scène d'Agustin Letellier ; et Frankenstein, mise en scène d'Agustin Letellier. Bruxelles, Tokyo, New Heaven, Santiago du Chili, Manchester, Paris, Londres, Manille.
  • Compagnie Ici ou là : Cabane, jeu de cirque, mise en scène de Marc Proux. De 2001 à 2004, Avignon, Paris, Le Caire, Monténégro.
  • Cirque d’hiver Bouglione, Festival Mondial du Cirque de Demain, Paris 2004 – 2006.
  • Compagnie Salam Toto, cabaret équestre : Danse de peaux, performance, Chorégraphie : Eva Schakmundès (2005-2006).

Musique de théâtre

  • Shakespeare, Macbeth, adaptation de Jean-Claude Carrière, mise en scène de Camille & Manolo au Théâtre du Centaure, 2002.
  • Eugène Durif, Les Grenouilles qui vont sur l’eau ont–elles des ailes ?, adaptation d'Eugène Durif, d'après le titre éponyme de Jean-Pierre Brisset, mise en scène de Catherine Beau, Paris, 2002.
  • Sophocle, Antigone, mise en scène de Dominique Ferrier au Théâtre de Bourg-en-Bresse, 2003.
  • Eugène Durif, Cette fois, sans moi, mise en scène de Karelle Prugnaud, Limoges, 2005.
  • Eugène Durif, Nos ancêtres les grenouilles, mise en scène de Karelle Prugnaud, Festival d'Avignon, 2007.
  • D'après Samuel Beckett, Actes avec ou sans paroles, La Ferme du Buisson (scène nationale), mise en scène de Sophie Loucachevsky; 2007.
  • Anne Avrane, Cœur de vaches, mise en scène de Marie-Do Fréval, Théâtre de la Tempête, 2008.
  • Bernard-Marie Koltès, Combat de nègres et de chiens, mise en scène de Serge Irlinger, Compagnie de l’Ilôt Théâtre, Gallia-Théâtre de Saintes, et Avignon, 2008.
  • Eugène Durif, C'est la faute à Rabelais, mise en scène de Jean-Louis Hourdin, Théâtre de Bourg-en-Bresse, 2010. Pierre-Jules Billon a joué régulièrement ce spectacle depuis sa création, notamment sur des scènes nationales, à L'Equinoxe de Bar-le-Duc en et à l'Acb de Châteauroux en .
  • Bertolt Brecht, Jean la Chance, mise en scène de Serge Irlinger, Avignon, Essaion, 2011.
  • Henri Michaux, Lointain intérieur, mise en scène d'Olivier Couder, Paris, Théâtre Le Vent se lève, 2012.
  • Eugène Durif, Le Cercle des Utopistes anonymes, théâtre musical mise en scène de Jean-Louis Hourdin, musique de Pierre-Jules Billon, avec Pierre-Jules Billon, Eugène Durif et Stéphanie Marc, Paris, Théâtre du Grand Parquet, du au .

Musiques de films documentaires

  • Andy Wilson, Bouinax in Love, 1989, La Sept, Channel four.
  • Bertrand Schmit, La Villa Medicis, France 5.
  • Bertrand Schmit, Tankers en plein ciel, France 5 / Arte.

Notes et références

  1. Les « Archives du Spectacle » le créditent aux titres de compositeur, de musicien et de comédien.
  2. Le Progrès, Marc Dazy, « Pierre-Jules Billon, batteur baroque », 7 janvier 1999.
  3. Batteur magazine, Fred Soupa, « Pierre-Jules Billon, batteur baroque », février 1999.
  4. Le Progrès, Gisèle Lombard, « Jacky Mallerey, l’accordéoniste du Palais d’Hiver », 04/11/2013, consulté le 21/05/2014.
  5. « L'Écho républicain », Sylvie Chardon, Le Petit orchestre de poche a animé le bal, 09/10/12.
  6. L'Écho républicain, « Le temps des guinguettes est de retour », 08/05/13.
  7. Le Progrès, Cathy Dumoux, Des cabrioles dans la cabane, Lyon, 25/05/2001, article portrait dont le chapeau est : « Pierre-Jules Billon : de l’orchestre de bal à la Compagnie de l’Echaudoir. Démangé par le virus circus, l’ancien d’Archaos et du Cirque baroque se lance dans une nouvelle aventure sous le chapiteau. »
  8. « Tous ces déplacements entraînent des rencontres. Le Cirque baroque en fait partie, et le sollicite (...) De cette passion commune pour le « cirque d’auteur » naissent quatre créations entre 1992 et 2000 : Noir Baroque, Candides, Frankenstein et Ningen, » Cathy Dumoux, art. cit.
  9. Notamment au « Théâtre du Rond-Point »(site consulté le 18/05/2014), pour Les grenouilles qui vont sur l'eau, Le plancher des vaches, Cette fois sans moi. C’est armé de « crécelles, de castagnettes et de xylophones » (« Le Monde, Fabienne Darge, 10.10.2002 ») qu’il se présente pour jouer Les grenouilles qui vont sur l’eau ont-elles des ailes ? Voir aussi (« L’Humanité », art. de Jean-Pierre Léonardini, et « La Provence », Valentin Léonard, 11.07.2007.
  10. « La Montagne », Thierry Marcilhac, "Eugène Durif et Pierre-Jules Billon ont convié le public à un festin intimiste", 30.05.2013.
  11. « Pierre-Jules Billon, grand musicien qui passe de la vielle au banjo et autre tambour » in Le Progrès, "Théâtre : une soirée avec Rabelais", Lyon, 26/09/2010.

Autres sources

Voir aussi

et entendre :

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