Pied d'éléphant (Tchernobyl)

Le pied d'éléphant est une masse de corium formée lors de la catastrophe de Tchernobyl en . Tout d'abord mortellement radioactif, le danger a diminué avec la désintégration de ses composants radioactifs.

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Composition

Le pied d'éléphant est une grande masse de corium noir constituée de nombreuses couches, ressemblant extérieurement à de l'écorce d'arbre et du verre. Il a été formé lors de la catastrophe de Tchernobyl en et découvert en . Il est nommé ainsi pour son apparence ridée, ressemblant au pied d'un éléphant. Il se trouve sous le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, sous la salle de réacteur 217[1],[2].

Le pied d'éléphant est composé principalement de dioxyde de silicium (composé principal du sable et du verre), avec des traces d'uranium[3],[4]. La masse est en grande partie homogène, bien que le verre de silicate dépolymérisé contienne de temps en temps des grains cristallins de zircon. Ces grains de zircon ne sont pas allongés, ce qui suggère un taux de cristallisation modéré. Alors que les dendrites de dioxyde d'uranium se développaient rapidement à des températures élevées dans la lave, le zircon a commencé à se cristalliser au cours du lent refroidissement de la lave. Bien que la distribution des particules contenant de l'uranium ne soit pas uniforme, la radioactivité de la masse est également répartie. La masse est assez dense, inflexible, mais peut être endommagée par un fusil Kalachnikov[2]. En , les couches extérieures ont commencé à se transformer en poussière et la masse entière a commencé à se fissurer[5].

Dangerosité

Au moment de sa découverte, la radioactivité à proximité du pied d'éléphant s'élevait à environ 10 000 roentgens, soit 100 grays par heure, délivrant une dose létale à 50/50 (4,5 grays)[6] en moins de trois minutes[7]. Depuis ce temps, l'intensité du rayonnement a diminué suffisamment pour que, en 1996, le pied d'éléphant soit observé par le directeur adjoint du projet Neufue, Artur Kornayev[note 1], qui a pris des photographies en utilisant un appareil photo automatique et une lampe de poche pour éclairer la chambre autrement sombre[9].

Le pied d'éléphant avait pénétré à travers au moins 2 mètres (6 pieds et 7 pouces) de béton pour se rendre à son emplacement actuel[2]. On craignait que le produit ne continuât de pénétrer plus profondément dans le sol et qu'il n'entrât en contact avec les eaux souterraines, contaminant ainsi l'eau potable de la région et conduisant à des maladies et des décès[10] ; toutefois, jusqu'à 2019, la masse n’a pas beaucoup bougé depuis sa découverte et on estime qu’elle n’est que légèrement plus chaude que son environnement en raison de la chaleur dégagée par la désintégration nucléaire en cours[9].

Notes et références

Notes

  1. Kornayev a été interviewé par le journaliste du New York Times Henry Fountain en 2014 à Slavutich, en Ukraine, avant sa retraite.[8].

Références

  1. (en) Kyle Hill, « Chernobyl's Hot Mess, 'the Elephant's Foot', Is Still Lethal », Nautilus, (ISSN 2372-1766, lire en ligne, consulté le )
  2. R. F. Mould, Chernobyl Record : The Definitive History of the Chernobyl Catastrophe, CRC Press, , 320 p. (ISBN 978-1-4200-3462-2, lire en ligne), p. 130
  3. Role of GIS in Lifting the Cloud Off Chernobyl, vol. 10, Springer Science & Business Media, coll. « NATO Science: Earth and environmental sciences », , 160 p. (ISBN 978-1-4020-0768-2, lire en ligne), p. 72
  4. Ann Larabee, Decade of Disaster, University of Illinois Press, , 194 p. (ISBN 978-0-252-06820-1, lire en ligne), p. 50
  5. Vlasova, Shiryaev, Ogorodnikov et Burakov, « Radioactivity distribution in fuel-containing materials (Chernobyl "lava") and aerosols from the Chernobyl "Shelter" », Radiation Measurements, vol. 83, , p. 20–25 (ISSN 1350-4487, DOI 10.1016/j.radmeas.2015.06.005)
  6. « Lethal Dose (LD) », US Nuclear Regulatory Commission, (consulté le )
  7. (en) « Daily Report: Soviet Union », Daily Report: Soviet Union, Foreign Broadcast Information Service, nos 235-239, (lire en ligne)
  8. Henry Fountain et William Daniels, « Chernobyl: Capping a Catastrophe », New York Times, (lire en ligne , consulté le )
  9. Goldenberg, « The Famous Photo of Chernobyl’s Most Dangerous Radioactive Material Was a Selfie », Atlas Obscura, (consulté le )
  10. McVean, « There is a Radioactive Elephant’s Foot Slowly Burning a Hole in the Ground » [archive du ], Office for Science and Society, McGill University, (consulté le )
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