Pic vert

Picus viridis

Picus viridis redirige ici. Pour les autres taxons précédemment traités sous ce nom, voir Pic de Sharpe et Pic de Levaillant.

Le Pic vert (Picus viridis), connu aussi sous le nom de Pivert, est une espèce d'oiseaux appartenant à l'ordre des Piciformes de la famille des Picidae.

Morphologie

Qu'il soit mâle ou femelle, le pic vert[1] a la face supérieure verte, le croupion jaune, la face inférieure gris-vert et le dessus de la tête rouge. La femelle se distingue par sa moustache noire, tandis que celle du mâle est rouge, entourée de noir. Les jeunes sont plus clairs et tachetés.

Cet oiseau mesure environ 30 cm de longueur et 40 à 45 cm d'envergure, pour une masse d'environ 200 g.

Comportement

Alimentation

Cet oiseau se nourrit principalement d'insectes et de larves, capturés sur le sol. Il recherche particulièrement les fourmilières dans les prés, car les fourmis représentent plus de 90 % de son alimentation. Dans le sud de l'Europe, il s'attaque également aux ruches en hiver. Il complète son alimentation avec des graines et des baies.

Chant

Le pic vert picasse[2] et pleupleute (peupleute ou pleupeute[3]). Les deux sexes ont un cri d'appel très sonore, semblable à un rire « Kiakiakiakia-kiakiakiak » crescendo puis décrescendo. Ce « rire » a également un rôle de manifestation territoriale. Lorsqu'il se déplace en vol, ou lorsqu'il est surpris et dérangé, il pousse un « kuk-ku-kuk... kuk-kuk... ku... » bien typique. Bien qu'il lui arrive aussi parfois de tambouriner, en frappant son bec contre une branche sèche un grand nombre de fois successives, le pic vert n'utilise que très rarement son tambourinage (très faible) comme moyen de communication. En revanche, il martèle le bois de temps à autre si nécessaire pour connaître l'état de résonance du bois mort, et ainsi y trouver de la nourriture.

Reproduction

Une ponte de sept œufs d'un pic vert MHNT.

Ce pic creuse son nid dans le tronc d'un arbre feuillu (parfois même dans un poteau), durant au moins deux semaines. Le nid est profond de 20 à 50 cm, et l'orifice d'entrée mesure environ cinq à sept cm de diamètre. La ponte (une seule par an) comprend de cinq à huit œufs, blancs, couvés par les deux parents pendant une quinzaine de jours. Les jeunes restent environ trois semaines au nid, puis, après leur envol, vivent avec leurs parents pendant trois autres semaines.

Capacité à tambouriner

Le pic vert reçoit quotidiennement 12 000 coups sur la tête lorsqu'il percute les arbres pour chercher de la nourriture, communiquer ou creuser son nid. L'oiseau doit donc posséder une physionomie optimisée pour résister à ces chocs répétitifs et violents. En effet, le pic vert percute les troncs d'arbres à une vitesse de six à sept m/s (environ 25 km/h), la force de décélération atteignant 1 000 g (9 807 m/s2). Les séries de percussion représentent de 10 à 20 coups de 50 ms.

Face à cela, l'oiseau possède une physionomie unique lui faisant office de protection de la boîte crânienne : gros bec pointu, os hyoïde qui part de la base de la mandibule vers l'arrière, puis se divise en deux branches, passant de chaque côté de l'occiput, s'étendant au-dessus du crâne pour revenir s'unir sous le front ; un espace sous-dural étroit ; peu de liquide cérébrospinal ; un cerveau petit et souple orienté de sorte qu'il présente une surface large contre le crâne. Une étude par microscanner montre une structure spongieuse du crâne uniquement au niveau du front et de l'occiput. La longueur de l'os hyoïde, par l'encerclement du crâne qu'il réalise, retarde le passage de l'onde de choc[4].

Répartition

Carte de répartition du pic-vert.

Ce pic peuple une grande partie de l'Europe, y compris la Grande-Bretagne et le sud de la Scandinavie. Son aire de distribution va, à l'Est, jusqu'en Iran et au Turkménistan. Il est commun en France, mais absent dans les îles, notamment en Corse. Dans les Pyrénées et la péninsule Ibérique, le pic-vert est remplacé par le Pic de Sharpe (Picus sharpei), une espèce étroitement apparentée.

Habitat et écologie

Sédentaire, il vit dans les forêts, les bosquets, les parcs, les vergers et jusqu'à 1 700 mètres d'altitude en montagne.

État des populations, pression et menaces

Comme tous les pics, le pic vert a sans doute beaucoup souffert de la raréfaction des bois morts et arbres sénescents en forêt. Avec le pic mar, il semble cependant moins sensible à l'offre « forestière » de bois mort et gros bois-mort. Il est menacé également par l'Homme à cause de la déforestation car les arbres sont son milieu de vie[5].

Systématique

L'espèce Picus viridis a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en [6].

Taxinomie

Mâle de l'espèce proche présente sur la péninsule ibérique (P. sharpei).

Suivant les travaux phylogénique de Pons et al. (2011) et Perktas et al. (2011), le Congrès ornithologique international sépare l'ancienne sous-espèce Picus viridis sharpei du Pic vert (Picus viridis) et l'élève au rang d'espèce. Il devient le Pic de Sharpe (Picus sharpei).

D'après la classification de référence (version 3.5, 2013) du Congrès ornithologique international, cette espèce est constituée des trois sous-espèces suivantes (ordre phylogénique) :

  • Picus viridis viridis Linnaeus, 1758 ; présente dans le nord et le centre de l'Europe ;
  • Picus viridis karelini Brandt, 1841 ; présente du sud-est de l'Europe au sud-ouest du Turkménistan ;
  • Picus viridis innominatus (Zarudny & Loudon, 1905) ; présente dans le sud-ouest de l'Iran.

Le Pic de Levaillant (Picus vaillantii) et le Pic de Sharpe (Picus sharpei) ont longtemps été considérés comme des sous-espèces, mais sont maintenant considérés comme des espèces à part entière. Il a aussi été suggeré que P. v. innominatus, sous-espèce très isolée des autres populations, pourrait elle aussi être une espèce à part entière.

Au nord de la chaîne pyrénéenne existe une zone à l'intérieur de laquelle on trouve des individus présentant des caractères hybrides de plumage et génétique entre Picus v. viridis et Picus sharpei. En Occitanie, cette zone s'étend approximativement entre Béziers et Nîmes[7]. Dans cette zone on rencontre également des P. viridis et des P. sharpei ; ces derniers sont de plus en plus rares au fur et à mesure que l'on s'éloigne des Pyrénées (et inversement pour le Pic vert).

Notes et références

  1. Winkler, H. & Christie, D.A. (2015), « Eurasian Green Woodpecker (Picus viridis) », In: del Hoyo, J., Elliott, A., Sargatal, J., Christie, D.A. & de Juana, E. (eds.) (2015), Handbook of the Birds of the World Alive, Lynx Edicions, Barcelona. Consulté le 20 mai 2015.
  2. « picasser — Wiktionnaire », sur fr.wiktionary.org (consulté le )
  3. « Annexe:Animaux communs en français — Wiktionnaire », sur fr.wiktionary.org (consulté le )
  4. « Protection des traumatismes crâniens : les leçons de prévention du pic-vert », PLos One, vol. 6, no 6,
  5. Pierre Mollet Schweizerische, Niklaus Zbinden Schweizerische et Hans schmid Schweizerische (2009), « Steigende Bestandszahlen bei spechten und anderen Vogelarten dank Zunahme von Totholz ? [traduction : Est-ce que les effectifs de pics augmentent grâce à l'accroissement de la quantité de bois mort ?] », Schweiz. Z Forstwes., vol. 160, no 11, p. 334-340.
  6. Linnaeus, C. 1758: Systema Naturae per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiæ: impensis direct. Laurentii Salvii. i–ii, 1–824 pp doi: 10.5962/bhl.title.542: page 113
  7. Olioso et Pons (2011). cf. bibliographie.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (en) J.-M. Pons, G. Olioso, C. Cruaud et J. Fuchs, « Phylogeography of the Eurasian green woodpecker (Picus viridis) », J. Biogeogr., vol. 38, , p. 311-325.
  • (en) U. Perktas, G.F. Barrowclough et J.G. Groth, « Phylogeography and species limits in the green woodpecker complex (Aves: Picidae): multiple Pleistocene refugia and range expansion across Europe and the Near East », Biological Journal of the Linnean Society, vol. 104, , p. 710-723.
  • G. Olioso et J.-M. Pons, « Variation géographique du plumage des pics verts du Languedoc-Roussillon », Ornithos, vol. 18, no 2, , p. 73-83.
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