Philon de Byzance

Philon de Byzance (en grec ancien Φίλων Βυζάντιος) est un scientifique et ingénieur grec de la fin du IIIe siècle av. J.-C. et[1], du document connu sous le titre de De septem spectaculis ou De septem mundi miraculis (Περὶ τῶν Ἑπτὰ Θεαμάτων en grec ancien ; une des listes des Sept Merveilles du monde[2]), mais il semble que ces fragments soient plus tardifs[3], voire datent du Ve siècle apr. J.-C.

Principe de filiation entre ingénieurs de l’Antiquité

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Philon de Byzance est le premier mécanicien grec dont l'œuvre nous soit parvenue en grande partie. Le plan et le contenu de celle-ci vont se propager jusque dans l'Empire romain d'Orient du Xe siècle.

Œuvre

Elle comprend divers ouvrages de techniques et de poliorcétique :

  • Traité des leviers
  • Pneumatiques
  • Traité des automates
  • Traité des instruments merveilleux (orgues et tuyaux)
  • Traité de la traction des poids lourds (baroulkos)
  • Traité des clepsydres
  • Traité de la construction des ports
  • Traité de fortification, qui constitue le premier ouvrage complet de ce que nous possédions sur ce thème
  • Traité des machines de guerre
  • Traité des roues qui se meuvent elles-mêmes

Les pneumatiques et le traité des clepsydres nous sont parvenus par la voie arabe. Le traité des machines de jet nous indique clairement l'existence d'une tradition déjà ancienne avec en particulier l'utilisation de modules pour construire les machines et de formules pour en tirer les dimensions. Philon de Byzance donne une description de l'orgue hydraulique et de la pompe aspirante et foulante de Ctésibios dont il est considéré comme le successeur. Il est donc à la fois compilateur et novateur.

Dans le même traité des pneumatiques, il donne la première description de thermoscope. Il s'agit d'un ballon de plomb, vide (empli d'air) avec un bouchon étanche. Un tube en verre traverse le bouchon, une branche dans le ballon de plomb vide, l'autre descend au fond d'un vase plein d'eau. Quand l'appareil est placé au soleil, l'air du ballon se dilate et provoque des bulles dans le vase plein d'eau. Placé à l'ombre, l'eau du vase remonte pour s'écouler dans le ballon. Philon en déduit que le feu est associé à l'air et que même il l'attire[4].

Essentiel pour tenir un siège, le problème des réserves à grains a été souligné par un ingénieur grec du IIIe siècle av. J.-C., Philon de Byzance. La description la plus précise à ce sujet provient de son traité de poliorcétique[5] où il distingue trois types de réserves à grains :

  • Les silos (σιροί) creusés. Il conseille d’« enduire leur fond sur quatre doigts d’épaisseur d’argile bien pétrie et mélangée à la paille hachée, et [d']enduire leur pourtour d’amurque. On fermera avec un cône de briques enduites d’argile » ;
  • Les greniers, constructions aériennes en bois avec des ouvertures pour l’aération, dont les murs et le plancher sont aussi enduits d’armuque ;
  • Les celliers voûtés en pierre. Pour faciliter la conservation, on place au centre un vase rempli de vinaigre, dans lequel on ajoute des produits tels que foie de cerf, fenugrec broyé ou origan dont l’odeur forte était censée éloigner les rongeurs. Plus tard, Palladius consignera ces pratiques dans son De re rustica : « Quelques personnes entremêlent avec le blé, afin qu’il se garde, des feuilles de coriandre […] De l’herbe aux moucherons, sèche, étendue sous le blé, lui procure une longue durée, à ce qu’assurent les Grecs ». Philon de Byzance désigne ces réserves à grains sous le nom de σιτοβολών ; on retrouve ce terme au IIe siècle dans un papyrus ainsi que dans les comptes déliens[6].

Réalisations

Bibliographie

Œuvres

  • Liber de ingeniis spiritualibus, apud Héron d'Alexandrie, Opera, vol. I : Pneumatica et automatica, édi. par G. Schmidt, Stuttgart, 1899, rééd. 1976. Trad. : La science des philosophes et l'art des thaumaturges dans l'Antiquité, trad. Albert de Rochas, G. Masson, 1882, 220 p. (Les Pneumatiques de Héron d'Alexandrie et de Philon de Byzance).
  • Poliorcétique des Grecs. Traité de fortification, d'attaque et de défense des places, trad. Albert de Rochas, C. Tanera, 1872.

Études

Autres sources

  • Jérôme Nicole, « Dans l’Antiquité, il existait déjà des automates sophistiqués », The conversation, no 1, , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).

Notes et références

  1. Ainsi l'helléniste Aubrey Diller ne signale aucun autre ouvrage pour l'auteur du De septem..., alors qu'il le compte bien parmi les géographes grecs, cfr. The tradition of the minor Greek geographers, New York, Lancaster, Oxford, 1952 ; repr. Amsterdam, 1986. Ceci plaiderait pour deux auteurs distincts.
  2. Voir à ce sujet, par exemple, N. Blanc, Les Sept Merveilles et la genèse d'un mythe, dans Les Dossiers d'archéologie, 202, Paris, 1995, p. 4-11 (notice).
  3. Ce qui est couramment signalé, comme sur la notice biographique : Philon de Byzance du site Imago Mundi.
  4. A. Birembaut, Thermodynamique (Histoire de la thermodynamique), t. 17, Encyclopaedia Universalis, , p. 1159
  5. La Syntaxe mécanique, Livre V
  6. Amouretti 1986, p. 72
  7. Nicole 2021.

Articles connexes

Liens externes

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