Perenco

Perenco est une compagnie pétrolière indépendante[1],[2] franco-britannique. Elle est active en mer du Nord (Royaume-Uni), en Afrique centrale (Cameroun, Gabon, Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa), en Amérique latine (Guatemala, Colombie, Pérou et Venezuela) sur le pourtour méditerranéen (Tunisie, Turquie) ainsi qu'au Vietnam et Trinité-et-Tobago. Le siège de la société est à Paris et à Londres.

Perenco

Création
Fondateurs Hubert Perrodo (en)
Forme juridique Société anonyme
Siège social France
Direction François Perrodo
Activité Industrie pétrolière
Produits Pétrole et gaz naturel
Effectif 6 000 ()
SIREN 850019019
Site web www.perenco.com

Perenco appartient à la famille Perrodo dont la fortune professionnelle correspondante est estimée à 6 milliards d'euros en 2020[3].

Histoire

Son fondateur, Hubert Perrodo (1944-2006), a commencé ses activités à Singapour en 1975, en créant une compagnie de services maritimes pour l'industrie du pétrole. Il se spécialisa ensuite dans les appareils de forage, fondant Techfor en 1978. En 1982, l'acquisition de Cosifor lui permit de renforcer sa flotte. À la revente de celle-ci en 1992, l'achat d'actifs en production, commencé dès 1986, faisait accéder son entreprise du statut de compagnie de forage à celui de compagnie d'exploration et de production.

Le modèle initial de Perenco est l’acquisition de champs pétroliers dits « matures », dont l'exploitation n'est plus jugée rentable. Reprenant l'activité, Perenco parvient à ralentir ou stopper le déclin de leur production, l'augmentant même dans certains cas. Le pétrole lourd en est extrait dans des conditions particulièrement polluantes, détériorant l’environnement[4].

En , Perenco acquiert pour entre 290 et 350 millions de dollars des champs pétroliers au large du Gabon à Total[5].

L'entreprise est officiellement française mais ses filiales locales ont leur siège dans un paradis fiscal, notamment les Bahamas[6].

Activités par pays

Royaume-Uni

Perenco opère 48 plates-formes offshore en Mer du Nord, ainsi que deux terminaux gaziers onshore, Bacton et Dimlington. La production se monte à 60 000 bep/j.

Les permis de Perenco UK incluent[7] :

  • East Leman (Block 49/27)
  • Inde - (Block 49/23)
  • Trent - (Block 44/24)
  • Lancelot - (Block 48/17)
  • Thames (Block 49/28)

Depuis 2011, Perenco est également opérateur des champs onshore de Wytch Farm, Wareham et Kimmeridge situés dans le Dorset, sur la côte anglaise méridionale[8].

Vietnam

Participations[9]:

  • Bloc 15-1 : 23,25 %
  • Bloc 15-2 : 16,3 %
  • Pipeline de Nam Con Son : 16,3 %

Turquie

Perenco est présent dans la région de Diyarbakir, au sud-est de la Turquie, ou l'entreprise opère 200 puits et sept stations. La production est acheminée jusqu'au terminal de Pirinclik, point de départ de l'exportation du pétrole brut vers les ports méditerranéens[10].

La production de Perenco en Turquie est de 10 000 bep/j.

Gabon

Perenco opère 29 permis offshore et onshore au Gabon. La production opérée est de 78 000 bep/j. La moitié de la production de Perenco au Gabon est acheminée sur les terminaux flottants de Fernan Vaz et Mayumba, aux capacités respectives de stockage de 2 000 000 et 500 000 barils.

Le contrat de vente de gaz naturel signé entre la Société d'Énergie et d'Eau du Gabon (SEEG) et Perenco permet, depuis 2008, l'approvisionnement en gaz des centrales thermiques alimentant en énergie électrique les villes de Libreville, Port-Gentil et sa région.

Tunisie

Perenco détient 50 % des permis d’exploitation gaziers d'El Franig, Baguel et Tarfa dans le sud tunisien.

La production de gaz s’élève à près de 4 000 bep/j par jour.

Perenco Tunisie a testé en 2010 la possibilité de produire du gaz de roche-mère (gaz de schiste) en utilisant la fracturation hydraulique sur la partie supérieure du réservoir traversé par le puits El Franig 5 et annoncé la réussite du test. Perenco a confirmé depuis que le puits n'a pas été mis en production.

Le gouvernement tunisien a annoncé, le , une actualisation du code des hydrocarbures autorisant l'exploitation non conventionnelle de ressources énergétiques.

République du Congo

En République du Congo, deux permis sont opérés :

  • Émeraude : ce champ situé au large de Pointe Noire est connu depuis longtemps ; toutefois ses caractéristiques géologiques et la nature de l’huile en place, particulièrement visqueuse, en font un champ aux réserves abondantes, mais difficiles à exploiter et dont les taux de récupération ont été jusqu’à présent très faibles.
  • Marine I (Yombo) Likouala

République démocratique du Congo (RDC)

Perenco opère en République démocratique du Congo depuis 2001, où l'entreprise est le seul producteur de pétrole et le plus important contributeur fiscal du pays[11]. Sa zone d'opération est située sur la côte à proximité de Muanda dans la province du Bas-Congo, à l’ouest de la RDC. Perenco opère des champs matures (pour lesquels la production cumulée est supérieure à 90 % des réserves prouvées à un moment donné) et des champs marginaux (recelant des hydrocarbures en petites quantités) dont le potentiel pétrolier est faible et leur valorisation difficile dans des conditions d’opérations classiques[12]. La production journalière (onshore et offshore) est de 22 500 barils[13],,[14].

Selon l'entreprise, Perenco RDC met en œuvre programme social conventionnel et bénévole, appuyant le développement des communautés locales de Muanda[15].

L'association CCFD-Terre solidaire estime que la population ne profite pas du profit engrangé et se plaint également de la pollution causée par l'exploitation[16]. Pour l'universitaire Véronique Mouflet, « les richesses du Bas-Congo bénéficient peu à la population de la province : elles ne font que passer »[17].

L’Institut congolais pour la conservation de la Nature (ICCN) et Perenco ont signé le un protocole d’accord sur la protection du Parc Marin[18].

Développement du Bloc 67

Le Bloc 67, situé dans le bassin du Río Marañón dans la Région de Loreto (Pérou) dans la partie péruvienne de l'Amazonie, a été exploré par la compagnie américaine Barett Ressources depuis 1995 et attribué à Perenco en 2008. Il pourrait contenir jusqu'à 300 millions de barils de pétrole. Cela représenterait la plus grande découverte en la matière de ces trente dernières années dans ce pays. Deux autres compagnies pétrolières, Repsol-YPF et ConocoPhillips, espèrent déjà prospecter dans cette région et utiliser les infrastructures du bloc 67.

En , Perenco a cédé 52,63 % du Bloc 67 à la société PetroVietnam Exploration and Production (PVEP)[19].

Actions en justice

En , des organisations de défense des indigènes ont attaqué l'État péruvien en justice au sujet du Bloc 67 au motif que, dans la zone, vivraient au moins deux tribus indiennes isolées « non contactées ». L'organisation des Indiens de l'Amazone (AIDESEP) demandait aux juges d'interdire les activités pétrolières sur le Bloc 67, afin d'éviter tout contact avec ces populations vulnérables aux maladies étrangères[20].

Par décision rendue le , le tribunal a jugé les allégations de l'AIDESEP dénuées de fondements[21].

En 2009 le gouvernement péruvien déclare en 2009 l'état d'urgence en raison de manifestations de peuples indigènes, critiquant l'action de multinationales. Les forces armées péruviennes sont venues au secours de bateaux de Perenco[22],[23].

En , la Cour Constitutionnelle péruvienne a, en dernière instance et à l'unanimité, rejeté la plainte de l'AIDESEP, au motif que l'existence d'Indiens en isolement volontaire dans la zone n'a pas été démontrée[24].

Selon Nicolas de La Casinière, Perenco paie les services des paramilitaires pour « se protéger » des écologistes ou des populations indigènes[4].

Processus administratif

L'avis technique du ministère péruvien des affaires indigènes (INDEPA) d'avril 2012 faisait valoir qu'aucune mesure visant à prévenir la transmission de maladies ou d'épidémies n'a été considérée, contrairement à la réglementation de la santé sur les populations autochtones isolées[25]. Ces réserves ayant été levées, le ministère péruvien de l'énergie a approuvé le l'étude d'impact environnemental (EIE) présentée par Perenco[26].

Guatemala

Perenco est opérateur du champ pétrolier de Xan et de la raffinerie de La Libertad. Le champ de Xan compte une quarantaine de puits en exploitation. Aucun nouveau puits n'a été foré depuis le mois d'. La production est acheminée par oléoduc jusqu'au terminal de Piedas Negras sur la côte est du pays.

Elle finance l'armée dans sa zone d'activité[27].

Zone protégée de la Laguna del Tigre

Le champ de Xan est situé dans parc naturel de la Laguna del Tigre, une zone protégée. Lors du renouvellement du contrat de Perenco en 2011, des organisations environnementales ont protesté. 37 communautés villageoises vivent dans le parc naturel Laguna del Tigre (d’une superficie de 337 000 hectares); parmi elles une seule se trouve à proximité de la zone où Perenco opère (qui représente 80 hectares, soit 0,024 % de la surface du parc). Ces communautés n’ont pas d’autre reconnaissance légale qu’un accord de permanence, qui rend précaires leurs conditions de vie. Le statut de parc national, administré par le CONAP (consejo Nacional de Areas Protegidas) et l’Université San Carlos, interdit en effet toute entrée de matériel agricole. Cette situation juridique induit une agriculture à la fois illégale et particulièrement destructive. Aujourd’hui environ 40 % du parc national a été défriché[28]. Perenco verse au CONAP une somme de 10 centimes par baril[pas clair] produit au pour la reforestation des zones les plus affectées dans le sud du parc.

Perenco obtient du gouvernement guatémaltèque la protection, contre les indigènes, d’un contingent de cinq cents soldats, ou « bataillons écologiques ». Cette protection est rétribuée par l'entreprise à raison de 0,30 dollar par baril de pétrole extrait[4].

Cameroun

Permis opérés :

  • Moudi
  • Ebome Marine
  • Rio Del Rey
  • Sanaga Sud

Le terminal du pipeline Tchad-Cameroun, dont Perenco n'est pas l'opérateur, est installé sur le permis d'Ebome, au large de la ville de Kribi[29].

Le développement du champ gazier de Sanaga permet la fourniture en gaz de la centrale électrique de Kribi.

Perenco développe les réserves de gaz des permis Sanaga et Ebome pour un projet de Floating LNG avec la SNH et Golar LNG qui devrait produire en 2017.

Venezuela

En , Abraham Ortega, ancien directeur financier de la compagnie pétrolière vénézuélienne PDVSA, a déclaré, dans le cadre d’une enquête du Département de la Justice américain portant sur des faits de corruption au sein de l’entreprise vénézuélienne, qu’il avait reçu 3 millions de dollars de pots-de-vin de Perenco pour aider celle-ci à obtenir des contrats pétroliers[30],[31].

Équateur

L’Équateur est condamné en juin 2021 par un tribunal d'arbitrage de la Banque mondiale à verser plus de 400 millions de dollars à la filiale équatorienne de Perenco, en vertu d'un accord conclu avec la France. La condamnation fait suite à un décret adopté en 2007 par le gouvernement équatorien accordant à l’État une participation augmentée sur les opérations pétrolières[6]. Cette décision a provoqué la protestation de l'ancien président équatorien Rafael Correa, puisque la filiale équatorienne de Perenco siège aux Bahamas, mais a néanmoins pu profiter des clauses du traité bilatéral d'investissements franco-équatorien pour obtenir gain de cause contre l'Équateur. Le média en ligne Le Vent Se Lève note : « grâce à sa résidence aux Bahamas, Perenco Ecuador est exemptée de toute forme d’imposition ; grâce à la nationalité de sa société-mère, elle bénéficie de la législation française pour la protéger lors de procès internationaux ».[32]

Controverses

Le média en ligne Bastamag note que «Guatemala, Equateur, Pérou, Colombie, Tunisie, République démocratique du Congo… partout où Perenco s’implante, les controverses ne tardent pas à suivre. Avec à chaque fois les mêmes accusations : pratiques peu précautionneuses entraînant pollutions et dégradations environnementales, manque de respect des communautés locales et répression des voix critiques, absence totale de transparence financière»[33],[34].

Notes et références

  1. Independent Producer Oil and Gas Definition
  2. Les différents types de compagnies pétrolières
  3. « La fortune de François Perrodo et sa famille - Les 500 plus grandes fortunes de France », sur Challenges (consulté le )
  4. « « Notes de lecture » », Ecologie & politique, , p. 171 (DOI 10.3917/ecopo1.052.0171, lire en ligne)
  5. « French oil group Total sells some Gabon assets to Perenco », sur Reuters,
  6. « Une société franco-britannique sise aux Bahamas fait condamner l'Equateur grâce... à l'Etat français », sur RT,
  7. (en) « Perenco - UK / Presentation », www.perenco.com, (consulté le )
  8. (en) « BP sells Wytch farm asset to Perenco », www.oilvoice.com, (consulté le )
  9. (en) « Perenco - Turkey / Presentation », www.perenco.com, (consulté le )
  10. Pétrole à Muanda : la justice au rabais
  11. Véronique Mouflet, « Le Bas-Congo, aux marges de l'agenda international. Angles morts sur les émeutes de 2008 », Afrique contemporaine, , p. 57 (lire en ligne)
  12. « Signature d’un protocole d’accord sur la protection du parc marin des mangroves » (consulté le )
  13. (en) « French company in legal battle over uncontacted tribes », Survival International, 28 mai 2008.
  14. (es) [PDF] Jugement du procès AIDESP contre ministère de l'Énergie, Perenco, Perupetro et Repsol
  15. « État d’urgence déclaré en Amazonie », Survival, 14 mai 2009.
  16. (en) Perenco take its hunt for black gold in PeruThe Daily Telegraph, 21 décembre 2009
  17. (en) « Sentencia Del Tribunal Constitucional »
  18. (en) Oil company Perenco endangering 'uncontacted' indigenous people, says Peru, Mongabay, April 25, 2012
  19. Decision N° 206-2012-MEM/AAE
  20. « Guatemala, le pays où la droite est reine », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le ).
  21. « Le Guatemala victime de la course à la terre, Le Monde, 29 juin 2011 »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)
  22. « Menace de marée noire au Cameroun », Afrik.com, 18 janvier 2007.
  23. (en) « Exclusive: France's Perenco, Russia's Gazprombank named in Venezuela graft case - source », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
  24. (en) « Former Executive Director at Venezuelan State-Owned Oil Company, Petroleos De Venezuela, S.A., Pleads Guilty to Role in Billion-Dollar Money Laundering Conspiracy », sur www.justice.gov, (consulté le )
  25. Vincent Ortiz, Vincent Arpoulet, « Quand la loi française permet à une entreprise des Bahamas d’extorquer 400 millions de dollars à l’Équateur », sur lvsl.fr (Le Vent Se Lève), (consulté le )
  26. Olivier Petitjean, « Perenco, la petite entreprise pétrolière accusée de faire de gros dégâts », sur Bastamag,
  27. « Perenco, boîte noire pétrolière et toxique en RDC », Le Monde.fr, (lire en ligne)

Liens externes

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