Paul Keating

Paul John Keating (né le à Sydney) est un homme d'État australien et le 24e Premier ministre de l'Australie, en poste de 1991 à 1996. Il se mit en valeur lorsqu'il fut ministre des Finances réformateur du gouvernement de Bob Hawke en 1983. Il est aussi connu pour avoir mené beaucoup de projets de loi à leur terme alors qu'il était Premier ministre et pour sa victoire aux élections fédérales de 1993 alors que tous les observateurs donnaient le Parti travailliste battu. Pendant son second mandat ses projets de réforme ne réussirent pas à séduire un électorat qui se sentait très préoccupé par la situation économique et il fut battu par John Howard aux élections de 1996. Il travaille ensuite comme consultant en affaires.

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Paul Keating

Paul Keating c. 1995.
Fonctions
Premier ministre d'Australie

(4 ans, 2 mois et 20 jours)
Monarque Élisabeth II
Gouverneur Bill Hayden
William Deane
Gouvernement Cabinets Keating 1 (en) et 2 (en)
Prédécesseur Bob Hawke
Successeur John Howard
Vice-Premier ministre d'Australie

(1 an, 1 mois et 30 jours)
Premier ministre Bob Hawke
Gouvernement Cabinet Hawke 4 (en)
Prédécesseur Lionel Bowen (en)
Successeur Brian Howe
Ministre des Finances d'Australie

(8 ans, 2 mois et 23 jours)
Premier ministre Bob Hawke
Gouvernement Cabinets Hawke 1 (en), 2 (en), 3 (en) et 4 (en)
Prédécesseur John Howard
Successeur Bob Hawke
Biographie
Nom de naissance Paul John Keating
Date de naissance
Lieu de naissance Sydney
(Nouvelle-Galles du Sud, Australie)
Nationalité Australien
Parti politique Parti travailliste australien
(ALP)
Conjoint Annita van Iersel
Profession Syndicaliste
Religion Catholique

Premiers ministres d'Australie

Jeunesse

Paul Keating en 1979.

Keating passe son enfance à Bankstown, un quartier ouvrier de Sydney. Il est l'un des quatre enfants de Matthew Keating, un chaudronnier et délégué syndical d'origine irlandaise et de sa femme, Minnie.

Keating quitte l'école à 15 ans pour travailler comme secrétaire puis comme assistant de recherche pour un syndicat. Il rejoint le parti travailliste dès qu'il le peut et il devient en 1966 président de la section jeunesse du parti[1].

Grâce aux syndicats et à son poste au parti travailliste, Keating peut rencontrer des hauts responsables travaillistes comme Laurie Brereton (en), Graham Richardson (en) et Bob Carr et se lie d'amitié avec l'ancien Premier ministre de Nouvelle-Galles du Sud Jack Lang qui avait eu 90 ans. Keating rencontre Lang pour discuter politique une fois par semaine pendant un certain temps et, en 1972, il réussit à lui faire réintégrer le parti travailliste. En sachant bien utiliser ses contacts, Keating réussit à se faire investir par son parti pour le siège de Blaxland dans la banlieue ouest de Sydney et est élu aux élections de 1969. Il avait 25 ans.

Keating reste simple député pendant la plus grande partie du gouvernement travailliste de Gough Whitlam mais est tout de même pendant un laps de temps assez court en 1975 ministre du Territoire du Nord ce qui en fait l'un des plus jeunes ministres de l'histoire australienne. Après la défaite travailliste de 1975, Keating devient une des figures principales de l'opposition et en 1981, il devient président de la section de Nouvelle-Galles du Sud du parti travailliste et le représentant de l'aile droite du parti. Comme porte-parole de l'opposition, il sait se créer un style de débatteur agressif. Au début, il soutient Bill Hayden contre Bob Hawke pour la direction du parti, espérant probablement ainsi lui succéder directement mais à la fin de 1982, il accepte qu'Hawke prenne la place de chef du parti.

En 1975, Keating épouse Annita van Iersel, une Hollandaise employée de la compagnie aérienne Alitalia dont il a quatre enfants et dont il se sépare à la fin de .

Ministre des Finances réformateur

Quand Hawke remporte les élections fédérales de , Keating devient ministre des Finances, un poste qu'il garda jusqu'en 1991. Keating remplace John Howard à ce poste à une époque où la conduite de l'économie demandait la plus grande attention. Pendant l'époque où Howard est ministre des Finances, l'inflation atteint un pic de 12,5 % en [2] et les taux d'intérêt 22 % le [3].

Les gouvernements Hawke/Keating réussissent, à quelques courtes périodes près, à faire baisser l'inflation et les taux d'intérêt élevés et pratiquement pendant toute cette période l'inflation ne dépassa pas les 10 %.

Keating a souvent été critiqué pour avoir laissé pratiquer des taux d'intérêt trop élevés et, c'est un fait que, pendant la période où Keating a été ministre des Finances puis Premier ministre, l'Australie a connu plusieurs périodes de forts taux d'intérêt. Keating reprocha aussi plusieurs fois à Howard d'avoir menti sur la taille du déficit réel qu'il avait laissé en quittant le gouvernement[4].

Après des débuts difficiles, Keating réussit à mener une politique économique bien maîtrisée et on lui attribue rapidement la paternité des nombreuses réformes économiques de cette période du gouvernement Hawke. Pendant les gouvernements de Hawke et de Keating entre 1983 et 1996, le parti travailliste mène à bien de nombreuses réformes politiques associées à un rationalisme économique appelé la « Troisième voie » (« the Third Way ») avec la flottaison du dollar australien en 1983, la réduction des droits de douanes, la réforme des impôts, la privatisation de la compagnie aérienne Qantas et de la Banque fédérale avec la dérégulation du système bancaire australien. En 1985, Keating propose la création d'une taxe à la valeur ajoutée appelée dans les pays anglophones la « Goods and services tax (en) »  GST , une idée qui est sérieusement envisagée avant d'être abandonnée par Hawke tant il était clair que cette réforme était impopulaire dans l'électorat australien.

Le partenariat entre Hawke et Keating est très efficace pendant le premier gouvernement Hawke (1983-87) où Hawke joue l'homme d'État et le chef populaire tandis que Keating joue le rôle du chien d'attaque. Après les élections de 1987 Keating commence à sentir qu'il était temps que Hawke lui laisse sa place. Le début de la récession de 1990, dont Keating déclara que c'était la récession dont l'Australie avait besoin[5] voit apparaitre une montée en puissance du parti libéral que Keating utilise pour prendre la tête du parti travailliste.

En 1988, à une réunion à Kirribilli House, Hawke et Keating discutent du passage de la direction du parti à Keating. Hawke accepte de façon confidentielle et devant deux témoins de laisser sa place après les élections de 1990 ce qu'il ne fait pas. En , après que Hawke a demandé à Keating de démissionner pour son manque de loyauté et de charisme, Keating décide d'affronter Hawke pour la direction du parti. Il perd l'élection, démissionne de son poste de ministre des Finances et déclare publiquement qu'il renonce définitivement au projet de prendre la tête du parti, ce que presque personne ne croit.

Pendant tout le reste de l'année 1991, la popularité du gouvernement de Hawke se dégrade par suite de la nouvelle récession de sorte que le nombre de ses partisans diminua et que l'opposition reprit ses attaques. En , Keating bat Hawke dans un nouveau duel interne au parti et devient Premier ministre.

Premier ministre

Buste de Paul Keating à Ballarat.

La défaite de Hawke est due à la révélation par le nouveau représentant libéral, John Hewson (en) de son projet politique. Connu sous le nom de « Fightback! (en) », ce projet était basé sur l'instauration d'une TVA et comprenait d'importantes réformes dans les rapports industriels, des coupes sévères dans les impôts sur les revenus et les dépenses de l'État notamment dans le domaine de la santé et de l'éducation. Hawke et son nouveau ministre des Finances, John Kerin, sont incapables de faire face à un parti libéral qui se voit déjà victorieux avec son plan de réforme. Keating, pour sa part, met sévèrement à mal la faisabilité du projet d'Hewson dans une série d'affrontements parlementaires.

Malgré cela, la plupart des commentateurs prévoient une défaite assurée pour le parti travailliste aux élections de 1993. Le parti était au pouvoir depuis dix ans, la croissance économique était faible et un certain nombre d'électeurs jugeaient Keating trop arrogant. Cependant, Keating réussit à renverser la situation en menant une campagne violente contre le projet "Fightback" et la promesse de créer de nouveaux emplois pour faire baisser le chômage.

Après avoir été élu Premier ministre, les points d'intérêts de Keating ne se limitent pas à ceux qui avaient été les siens lorsqu'il était ministre des Finances. Il envisage de faire une république de l'Australie, s'attelle à achever la réconciliation des Aborigènes avec les autres habitants du pays[6],[7] et par la suite développe les relations économiques et culturelles avec les pays d'Asie. Ces idées que l'on appelle le « grand dessein » de Keating sont très populaires dans les classes moyennes des milieux tertiaires et cultivés mais ne réussissent pas à intéresser les électeurs du monde rural ou des grandes banlieues.

En plus de cela, Keating s'attelle à un programme de simplification des lois. Il crée l'« Australian National Training Authority » (ANTA), réforme le « Sex Discrimination Act (en) » et légifère sur les droits des Aborigènes en suivant l'avis historique de la Haute Cour dans l'affaire Mabo v. Queensland. Il développe les liens bilatéraux avec ses voisins asiatiques surtout avec son puissant voisin indonésien. Il joue un rôle primordial dans la création du forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) et est à l'origine des rencontres annuelles de leurs représentants. L'une des plus grandes réformes de Keating est l'instauration d'un plan pluriannuel utilisé pour employer les maigres économies des États.

Sur le Timor oriental, Paul Keating reçoit quelques critiques des associations des droits de l'homme et du prix Nobel de la Paix José Ramos-Horta pour son amitié avec le président Suharto et pour l'aide militaire apportée par l'Australie à l'Indonésie pour l'occupation du Timor oriental alors que ce pays avait su s'attirer les faveurs de la population australienne et du monde entier après le massacre de Dili (en)[8],[9],[10],[11].

Après avoir quitté ses fonctions de premier ministre, il devient conseiller auprès de la banque d'investissement Lazard Australia[12].

Bibliographie

  • Edna Carew, Paul Keating Prime Minister, Allen and Unwin, 1991.
  • Paul Keating, Advancing Australia, Big Picture, 1995.
  • John Edwards, Keating: The Inside Story, Viking, 1996.
  • Don Watson, Recollections of a Bleeding Heart: A Portrait of Paul Keating, Knopf, 2002.

Références

  1. Civics | Paul Keating (1944–).
  2. « Measures of Consumer Price Inflation, Historical Data », Reserve Bank of Australia, (consulté le ).
  3. « Interest Rates and Yields - Money Market - Daily - F1 spreadsheet file », Reserve Bank of Australia, (consulté le ).
  4. Voir : RBA: Bulletin Statistical Tables pour les données sur les taux d'intérêt et RBA: Measures of Consumer Price Inflation pour les données sur l'inflation (documents en anglais).
  5. Paul Keating - Chronology sur australianpolitics.com.
  6. (en) « Redfern speech », discours prononcé par Keating le 10 décembre 1992.
  7. (en) « Redfern speech still resonates », Sydney Morning Herald, 3 avril 2007.
  8. The World Today - 5/10/99: Howard hits back at Keating over criticism.
  9. Australian Jewish Democratic Society - Rabin and East Timor.
  10. Microsoft Word - Alpheus Article Septembe#35.doc.
  11. ITV - John Pilger - A voice that shames those who are silent on Timor.
  12. (en) « Malcolm Turnbull joins global investment firm KKR », sur the Guardian,

Annexes

Articles connexes

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