Paul Alphonse Viry

Paul Alphonse Viry (Pocé, -Paris, ) est un peintre français.

La constance de ses thèmes représentant des personnages d'un Moyen Âge finissant ou de la Renaissance est caractéristique de son expression artistique. Mais c'est principalement le traitement des détails, des intérieurs, des vêtements, des décors, des animaux, particulièrement les oiseaux et les chiens, qui est remarquable, par la qualité de la recherche documentaire, comme en attestent les photographies d'objets, de mobiliers, de statues, conservées dans les archives de l'artiste.

Biographie

Paul Alphonse Viry est le fils de Paulin Viry, qui, avec Jean-Jacques Ducel, a créé la fonderie de Pocé-sur-Cisse sur le site même du château.

Il s'installe vraisemblablement à Paris pour étudier l'art vers 1850. Il entre à l’École des Beaux-Arts et a étudié sous la direction de François-Édouard Picot (1786-1868), membre de l’Institut des Beaux-Arts, peintre officiel de la monarchie de Juillet.

Caractéristiques de son art

Après la chasse

Janet L. Whitmore souligne combien l’art de Paul-Alphonse Viry maîtrise parfaitement le dessin et la peinture particulièrement dans le détail de ses œuvres qui sont de véritables études documentaires et des natures mortes. Les études à l'école des Beaux Arts insistaient alors sur le dessin et la perspective dans le cadre de l'art académique[1]. Si les scènes représentées par Paul Alphonse Viry peuvent apparaître un peu mièvres, ses tableaux méritent l'attention qui peut, comme le chroniqueur américain de "Apollo : the Magazine of the Arts for Connoisseurs and Collectors, apprécier la précision du détail[2] : « Dans la même galerie était une image typique du genre romantique par un de ses plus grands exposants, Paul Viry, « La proposition », que nous reproduisons ici. Aussi franchement artificielle et romantique que la comédie artificielle dont nous jouissons tous dans une pièce de théâtre, l'image crée un monde à part. Sa prétention réside dans la perfection absolue dont chaque détail est observé et peint. Les briques de la maison à travers l'écran de feuilles, les dessins en relief de la robe de la dame, les fleurs dans le panier, l'éclat du manteau de velours du cavalier : tout est donné dans une distinction préraphaélite, toute la scène est tissée dans une harmonie de couleurs, l'omniprésence de l'or doux, le travail de la pierre de la maison et le crème de la robe donnant l'unité et la synthèse. La qualité formelle de ce travail n'est peut-être pas typique. » Le peintre s’appuie manifestement sur sa connaissance des châteaux du Val de Loire région dans laquelle il a passé son enfance. Des façades de Blois ou d’Amboise servent d’éléments de décor à des scènes dans lesquelles apparaissent des personnages romanesques d’une période médiévale idéalisée. La plus grande partie de son travail relève du style troubadour[3]. De la fonderie familiale il conserve le souvenir des éléments de décor de jardins sur des modèles antiques, imprimés dans les catalogues de la fonderie Ducel qui a poursuivi son développement après la mort de Paulin Viry sous la direction de son associé[4]. Élisabeth Hardouin Fugier[5] cite l'œuvre de Paul Alphonse Viry parmi les peintres animaliers français du XIXe siècle. Chiens de chasse, chiens d'accompagnement, hérons, cygnes, perroquets, colombes, faucons... autant d'animaux incontournables dans les scènes de genre.

Chaque détail des scènes est particulièrement soigné, les tissus lourds et chatoyants, la vaisselle de luxe, le mobilier. C'est ce que dit l'auteur de la notice du tableau "The engagement ring" dans le catalogue de la vente du 27- à New-York : "Cette conception très délicate fait penser au petit objectif d'un kodak, où la nature est mise en miniature avec une exactitude du trait." [6]

À cette époque, le développement de la photographie a permis de mettre dans les mains des artistes des photographies d’œuvres picturales, de sculptures, d’architecture. Les archives de Paul-Alphonse Viry révèlent la présence d'une grande quantité de photographies qui ont servi à constituer le fonds documentaire de son travail. L’artiste a lui-même photographié des éléments de ses œuvres : son modèle féminin, un jardin, ses chiens. Dans les archives de l’artiste on retrouve aussi les plaques photographiques que le peintre réalisait une fois son tableau terminé.

Un fidèle exposant du salon des Beaux-Arts
Dans les bois

Paul-Alphonse Viry expose au Salon des Beaux-Arts presque sans discontinuer de 1861 à 1891. Avec Dans les bois en 1864, il est remarqué au Salon, notamment par W. Burger (pseudonyme d'Étienne Joseph, Théophile Thoré) "M. Viry doit avoir vu quelque peinture des préraphaélites anglais" [7], ainsi que par Louis Auvray, cité ci-après. Cette toile est achetée par la Princesse Mathilde, cousine de Napoléon III. Voici ce qu’en dit Louis Auvray dans Exposition des Beaux-Arts, Salon de 1864[8] :

« Son Altesse a acheté à M. Viry un tableau d'un tout autre caractère, mais d'une grande distinction ; il est intitulé : Dans les bois, et représente un jeune homme et une jeune femme du temps de François 1er et habillés tous deux de satin blanc. La jeune femme, sans quitter le bras de son cavalier, se penche pour cueillir, sur le bord du chemin, des fleurettes dont le jeune homme porte déjà un bouquet destiné à devenir très gros pour peu que la promenade se prolonge encore. On le voit, la scène est calme et simple. Les poses sont naturelles, le mouvement de la jeune femme est plein de grâce, la tête, vue de profil, montre des traits élégants. La couleur de cette toile n'est peut être pas très vraie, mais elle est d'une gamme si harmonieuse, si agréable, qu'on ne se sent pas le courage d'en faire un reproche à M. Viry »

Le succès de Paul-Alphonse Viry s’apprécie à sa présence dans le Catalogue général des reproductions inaltérables au charbon d' Adolphe Braun (1812-1877). La Maison Braun diffusait des photographies d’œuvres anciennes et contemporaines à une époque où la communication photographique de masse est à ses balbutiements. Près d’une dizaine d’œuvres de Paul Alphonse Viry sont reproduites par Adolphe Braun dans les années 1880-1890 et vendues 6 francs[9].

Une traduction dans la sculpture sur bois

Une partie de l’inspiration de Paul-Alphonse Viry a été fixée sur des panneaux de bois sculptés comme "Un page et son lévrier", conservés par les descendants de l'artiste. Il s’agit principalement de l’inspiration « troubadour » représentant, cavaliers, pages, dames élégantes, ou arabesques. Il n’est pas certain que ce type de travail ait été réalisé pour des commandes autres que familiales. Toutefois, il est notable, par cette constance de l’artiste à représenter un monde romanesque idéalisé.

Un page et son lévrier
Le succès américain

Il semble que Paul-Alphonse Viry ait eu un certain succès aux États-Unis, où ses œuvres sont exposées et reçoivent un accueil très positif[10]. Plusieurs de ses tableaux passent encore dans des ventes américaines à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle.

Ainsi lors de l’exposition du tableau "The doves" (les Colombes) à la Brooklyn Art Association en 1876, Les notes Aldine indiquent que la peinture de Viry « est fantaisiste et joliment exprimée. Une grande jeune fille pâle, vêtue de riche satin couleur colombe, caresse sa colombe dans une grande porte, construite dans une douce pierre grise, soigneusement sculptée. Un lévrier se tient à ses côtés. Il n'y a pas d'autres couleurs pour atténuer la prédominance de la délicate couleur cendre, mais le riche vert de deux petites vignes installées dans de magnifiques boîtes vertes, un faisan magnifiquement coloré sur le seuil et le morne rouge et brun d'une ligne de briques qui apparaît juste au-dessus du portail. L'effet est semblable à celui de l’argent frotté et le dessin est un jeu d'esprit (en français dans le texte)… La finition est tout simplement merveilleuse. » Le quotidien "Brooklyn Eagle", dresse une courte notice sur Paul Viry en [11] : « Paul Viry est un jeune artiste français, contemporain de M. Bridgman. Son nom est représenté par une peinture intitulée "Les colombes ", est particulièrement notable, tout à fait représentative de l’école française moderne. (...) Les amateurs des travaux de Fortuny et autre peintre de cette classe peuvent ricaner de la beauté ou de la joliesse du travail de Viry, mais nous pensons que la popularité de ce dernier sera la plus durable des deux. Il n’y a pas de peinture dans la collection, sauf si nous acceptons celle de M. Bridgman, lequel montre une grande concentration de sujets et d’intérêt que celle-ci. Ce tableau provient de la collection de S.P. Avery. » On apprécie particulièrement ces représentations de chien, comme en témoigne un article du New York Times d’, décrivant le tableau[12] The Letter and the Locket, La Lettre et le Médaillon » exécuté en 1878 :

« Near by is a Paul Viry with one of the mauved-colored hawks which he so much affects, and that preference for cool grays and browns peculiar to this style. A lady sits among elaborate demieval surroundings and plays with her hawk. The painting is firm, and delicate closely to the verge of unreality, but possesses a crispness and cleanliness that has its own attraction. She has her lute and music-stand near her, and on the floor lies a magnificent Newfoundland dog. Is this not an anachronism in to which Paul Viry has slipped, or is the dog not really Newfoundland, but of some large, shaggyvariety - say the St. Bernard with a cross – wich approaches the Newfoundland type! The lady is not especially historical either; she is quite as modern as the dog. »

Les marchands d’art américains Avery et Lucas visitent fréquemment les ateliers parisiens dont celui de Paul-Alphonse Viry[13]. Warren E. Burgess (1833-1917) chef d’entreprise et collectionneur d'art de Philadelphie, très intéressé par les œuvres des peintres français de l’école de Barbizon et des naturalistes, a acquis plusieurs toiles de Paul-Alphonse Viry.

Dans une exposition à la Pennsylvania Academy of Fine Arts en 1899, Burgess a inclus un tableau intitulé en anglais Arranging Flowers. Ce tableau représente un couple à contre-jour, dans un intérieur renaissance, confectionnant un bouquet de fleurs sous l’œil attentif d’un chien de chasse. The Falconer, Le Fauconnier, 1878, est un tableau particulièrement apprécié des critiques américains[13]. Dans Cavaliers and cardinals in XIXe french anecdotal paintings, l’auteur rapporte ainsi les propos du catalogue de présentation du catalogue de la vente de 1889 pour ce tableau : « Il est impossible de décrire l'élaboration microscopique de chaque partie de cette peinture. Il nous rappelle un peu le travail de Bargue. Avec cela, l'ensemble est bon et la couleur est très agréable dans ses teintes tranquilles." Ce travail est remarquable pour la richesse de sa combinaison de textures délicates, la douceur des plumes du gibier d’oiseaux et le velours du vêtement étant le plus notable ».

Des thèmes moins connus
Bord de mer

Paul-Alphonse Viry a produit aussi des peintures de paysages, mais il reste assez peu de traces de ces œuvres. Sont connus des paysages ou des scènes rurales. Ainsi Les Meules (1896), aquarelle qui a fait l’objet d’une vente aux enchères en à Cherbourg ou Les lavandières, 1874, tableau de grande taille sont des œuvres vraisemblablement inspirées de ses visites dans la Creuse à Boussac, où résidait sa sœur Adèle Viry épouse du Dr Remy, médecin de la petite sous-préfecture de la Creuse.

On connait aussi Jardin de Paris sous la neige, huile sur toile non datée, vendue en au Touquet-Paris-Plage, ou encore Paysage de bord de mer, huile sur panneau non datée, non signée.

Œuvres

  • La Châtelaine (1861)
  • La Nouvelle (1863)
  • Dans les bois (1864)
  • Chasseurs (1865)
  • Une famille (1865)
  • Le Départ (1866)
  • La Présentation à la Cour (1866)
  • Un buveur (1867)
  • Un page (1869)
  • Un aveu discret (1873)
  • Repas dans un parc (1873)
  • Un cavalier du XVIe siècle (1873)
  • Un galant (1874)
  • Au printemps (1874)
  • Cueillette des Lilas (1874)
  • Confection de bouquet (1874)
  • Couple d'amoureux (1874)
  • La volière (1875)
  • Courtisans ou hommes fréquentant la cour à l'époque de Louis XIII (1875)
  • Retour de chasse (1875)
  • La partie de pêche (1875)
  • Le Duo (1876)
  • La déclaration (date inconnue)
  • L'offre de mariage ou la déclaration (1876)
  • La leçon de musique (1876)
  • A cavalier of time of Louis XIII (1876)
  • Un chasseur (1877)
  • Fauconier (1877)
  • La bague de fiançailles (1877)
  • Le favori et la Châtelaine (1878)
  • Chasseur dans sa chambre (1878)
  • Après la chasse (1878)
  • La lettre et le médaillon (1878)
  • Interior Genre with Woman Quilting (1878)
  • Nouveaux amis (1879)
  • Le bihoreau (1879)
  • Un repas partagé (1879)
  • La colombe (1879)
  • Le balcon (1879)
  • Une dame élégante dans un intérieur avec son perroquet et les épagneuls (1879)
  • Le flamant (1880)
  • Début d'un jeune poète (1880)
  • Petits canards (1881)
  • La lettre du fiancé (1881)
  • My Lady's (1882)
  • Les aveux discrets (1883)
  • Un bibliophile (1884)
  • À vingt ans (1885 ou 1886)
  • Dubois (1888)
  • Fauconnier (1889)
  • Faucons ou Le fauconnier aux trois faucons (1889)
  • Lecture (1889)
  • Les présents (1891)
  • Nature morte aux instruments de musique (1893)
  • Jeune femme sur la terrasse (1894)
  • Dame sentant les lilas (1894)
  • Couple sur la terrasse avec un lévrier (1902)
  • Le Cacatoès (1881)
  • Nourrir les pigeons ; La coupe de cerise ; Jardin de Paris sous la neige ; Les lavandières (1874)
  • Les Meules (1896)

Bibliographie

  • Louis Auvray, Exposition des Beaux-Arts, Salon de 1864, 1864
  • The New York Times, .
  • The New York Times, .
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs, 1976, 937 p.

Notes et références

  1. Whitmore, Janet L., PhD article sur Paul Alphonse Viry sur le site www.rehs.com
  2. (en) « Subject pictures of yesterday and today », Apollo the Magazine of the Arts for Connoisseurs and Collectors, , p 55
  3. Paul Alphonse Viry : peintre de genre et de paysages, Bernard Viry, 2000.
  4. La Fonderie Ducel à Pocé sur Cisse au XIXe siècle, une usine, des œuvres d'art. Gosset J. 2009
  5. Élisabeth Hardouin Fugier, Le peintre et l'animal en France au XIXe siècle, Paris, Éditions de l'Amateur, , 367 p p., p 343
  6. (en) Catalogue of valuable modern paintings... collected by the late William B. Bement, New-York,
  7. William BURGER, Les salons de W. Burger 1861 à 1868, Paris, Librairie de Vve Jules Renouard, , P 115-116
  8. Louis AUVRAY, Salon de 1864, Paris, Bureaux de la revue artistique, , p 69
  9. Catalogue général des reproductions inaltérables au charbon, Braun, Adolphe, 1896
  10. The New York Times, 6 octobre 1879 ; The New York Times, 1er avril 1885
  11. (en) « The Semi-Annual Art Reception », Brooklyn Eagle, november, 30 th, 1875
  12. The New York Times, 6 octobre 1879
  13. Cavaliers and cardinals in XIXe french anecdotal paintings, Zafran, Eric M. Taft Museum, Cincinnati, 1994

Liens externes

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