Patrice D. Cani

Patrice D. Cani, né le à Montignies-sur-Sambre, est un chercheur belge (PhD). Il est professeur à l'UCLouvain et maître de recherche du fonds de la recherche scientifique (FRS-FNRS), il est spécialisé en métabolisme moléculaire et nutrition et à la base de différentes découvertes ayant permis de mettre en évidence les rôles du microbiote intestinal dans le développement de maladies associées au surpoids et à l'obésité comme le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires mais également certains cancers.

Biographie

Né à Montignies-sur-Sambre le [1] de mère espagnole et de père italien, il possède la nationalité belge et italienne[2]. Après des études secondaires à l'institut de la Providence[3] (GPH) de Gosselies, en 1995 il a rejoint l'Université catholique de Louvain, et l'Institut Paul Lambin pour suivre une formation de diététicien. Il a ensuite poursuivi ses études en obtenant un master en sciences biomédicales (nutrition humaine) (2000), un master en sciences de la santé (2005), et il a obtenu le titre de docteur (PhD) en sciences biomédicales spécialisé en physiologie, métabolisme et nutrition en 2005.

Nommé chargé de recherches du FNRS, Patrice D. Cani a ensuite passé 3 années en post-doctorat à Toulouse, France au CHU Rangueil, INSERM, Université Paul Sabatier à l'Institute of Cardiovascular and Metabolic Diseases (I2MC) sous la direction du professeur Rémy Burcelin.

En 2009, Patrice D. Cani a démarré son équipe de recherche après avoir été nommé chercheur qualifié du FNRS et professeur à l'UCLouvain[4]. Il est également chercheur WELBIO (Walloon Excellence in Life Sciences and BIOtechnology) depuis 2013[5]. En 2013, il a également crée avec son collègue le professeur Claude Knauf le Laboratoire international NeuroMicrobiota Lab (UCLouvain/INSERM) ayant par ailleurs permis de réaliser de nombreuses découvertes[6] dont récemment des mécanismes expliquant comment le second cerveau (système nerveux entérique) dialogue avec le cerveau[7],[8] pour contrôler les taux de sucre dans le sang. Ces travaux permettent de mieux comprendre l'axe intestin-cerveau et son implication dans le développement du diabète de type 2.

Il a été invité a écrire de nombreuses revues et opinions dans des journaux scientifiques de renoms comme Science[9], GUT[10],[11],[12], Nature Reviews Endocrinology[13],[14],[15],[16], Nature Reviews Gastronterology & Hepatology[17],[14],[18] ou Nature Metabolism[19],[20]. Outre cette reconnaissance internationale, depuis 2016, il fait partie des highly cited researchers[21]. Ce classement reprend le top 1% des chercheurs mondiaux et sélectionnés pour leurs performances de recherches et citations dans le monde et ce dans toutes les disciplines scientifiques confondues. Il a un indice de citation h-index de 90 et ces travaux ont été cité plus de 39 000 fois dans d'autres publications scientifiques internationales[22] (Scopus en ). Son motto est In Gut We Trust[23].

Recherches

Spécialisé en métabolisme moléculaire et nutrition, il est à la base de différentes découvertes ayant permis de mettre en évidence les rôles du microbiote intestinal (c'est-à-dire les bactéries intestinales ou flore intestinale) dans le développement de maladies associées au surpoids et à l'obésité comme le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires mais également certains cancers. Il a publié près de 300 publications scientifiques internationales[24] et fait plus de 300 conférences internationales. En 2007, il fut le premier avec son collègue le professeur R. Burcelin à publier le concept d'endotoxémie métabolique[25] démontrant que au cours de l'obésité et du diabète de type 2 certaines molécules (endotoxines bactériennes) passent au travers de l'intestin (leaky gut) pour déclencher une inflammation de bas grade et l'insulinorésistance (prédiabète). Il a également été le premier à découvrir qu'une alimentation riche en graisses saturées modifiait la composition du microbiote intestinal et augmentait la perméabilité de l'intestin[26],[27]. Outre cette découverte, c'est en étudiant le rôle des prébiotiques sur la santé (travaux qu'il a débuté au début des années 2000 avec le professeur Marcel Roberfroid et la professeure Nathalie Delzenne) qu'il a ensuite découvert les rôles d'une bactérie très particulière appelée Akkermansia (en) muciniphila[28]. Cette bactérie intestinale a été récemment isolée de l'intestin de l'humain. Patrice D. Cani et son équipe ont été les premiers à découvrir que cette bactérie exerçait des effets bénéfiques sur la santé, en renforçant la barrière intestinale, en diminuant le gain de poids corporel et de masse grasse tout en diminuant l'insulinorésistance et le diabète[29]. Il est ensuite, en moins de 10 années, passé d'une découverte réalisée chez l'animal de laboratoire à une démonstration d'efficacité chez l'humain[30]. Grâce à ses différents travaux et ceux d'autres chercheurs, cette bactérie est considérée aujourd'hui comme une « bactérie de nouvelle génération »[31],[32] ou « probiotique 2.0 ».

Outre ses travaux sur Akkermansia, il a découvert que le microbiote intestinal et certains bactéries étaient en communication avec nos cellules humaines par l'intermédiaire de différentes molécules lipidiques (lipides bioactifs) dont notamment le système endocannabinoïde[33].

Les travaux de recherches de Patrice Cani ont été couronnés de plusieurs décorations et prix prestigieux comme le Prix Baillet-Latour (grant for medical research 2015)[34], le prix international de physiologie Lucien Dautrebande[35], la chaire Francqui 2017 (ULiège), il est membre de l'Académie Royale de Belgique (Collège des Alumni)[36], il est membre titulaire de l'Académie royale de médecine de Belgique[1], il a également été élevé au rang d'officier du Mérite wallon (OMW) en 2015[37].

Références

  1. « Patrice CANI », sur armb.be, (consulté le ).
  2. « Politique migratoire italienne: tirer les enseignements du passé est indispensable », sur lesoir.be, (consulté le ).
  3. « Institut de la Providence - Humanités », sur gph.be (consulté le ).
  4. (en) « Patrice Cani », sur uclouvain.be (consulté le ).
  5. « WELBIO », sur welbio.org (consulté le ).
  6. (en) « neuromicrobiota - Search Results - PubMed », sur pubmed.ncbi.nlm.nih.gov (consulté le ).
  7. « Cibler notre deuxième cerveau pour contrer le diabète », sur uclouvain.be (consulté le ).
  8. (en) « Could targeting the gut help treat type 2 diabetes? Intestinal bioactive compounds offer clues for developing new antidiabetics », sur gutmicrobiotaforhealth.com, (consulté le ).
  9. (en) Patrice D. Cani, « Gut cell metabolism shapes the microbiome », Science, vol. 357, no 6351, , p. 548–549 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, PMID 28798116, DOI 10.1126/science.aao2202, lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) Patrice D. Cani et Nathalie M. Delzenne, « Benefits of bariatric surgery: an issue of microbial–host metabolism interactions? », Gut, vol. 60, no 9, , p. 1166–1167 (ISSN 0017-5749 et 1468-3288, PMID 21576187, DOI 10.1136/gut.2011.242503, lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) Radu Bachmann, Daniel Leonard, Nathalie Delzenne et Alex Kartheuser, « Novel insight into the role of microbiota in colorectal surgery », Gut, vol. 66, no 4, , p. 738–749 (ISSN 0017-5749 et 1468-3288, PMID 28153961, DOI 10.1136/gutjnl-2016-312569, lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) Patrice D. Cani, « Human gut microbiome: hopes, threats and promises », Gut, vol. 67, no 9, , p. 1716–1725 (ISSN 0017-5749 et 1468-3288, PMID 29934437, DOI 10.1136/gutjnl-2018-316723, lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) Patrice D. Cani, « The gut microbiota manages host metabolism », Nature Reviews Endocrinology, vol. 10, no 2, , p. 74–76 (ISSN 1759-5037, DOI 10.1038/nrendo.2013.240, lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) Patrice D. Cani, « Dietary emulsifiers—sweepers of the gut lining? », Nature Reviews Endocrinology, vol. 11, no 6, , p. 319–320 (ISSN 1759-5037, DOI 10.1038/nrendo.2015.59, lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) Patrice D. Cani, Hubert Plovier, Matthias Van Hul et Lucie Geurts, « Endocannabinoids — at the crossroads between the gut microbiota and host metabolism », Nature Reviews Endocrinology, vol. 12, no 3, , p. 133–143 (ISSN 1759-5037, DOI 10.1038/nrendo.2015.211, lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) Patrice D. Cani, « Microbiota and metabolites in metabolic diseases », Nature Reviews Endocrinology, vol. 15, no 2, , p. 69–70 (ISSN 1759-5037, DOI 10.1038/s41574-018-0143-9, lire en ligne, consulté le ).
  17. (en) Patrice D. Cani, « Gut microbiota — at the intersection of everything? », Nature Reviews Gastroenterology & Hepatology, vol. 14, no 6, , p. 321–322 (ISSN 1759-5053, DOI 10.1038/nrgastro.2017.54, lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) Patrice D. Cani et Benedicte F. Jordan, « Gut microbiota-mediated inflammation in obesity: a link with gastrointestinal cancer », Nature Reviews Gastroenterology & Hepatology, vol. 15, no 11, , p. 671–682 (ISSN 1759-5053, DOI 10.1038/s41575-018-0025-6, lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) Patrice D. Cani, Matthias Van Hul, Charlotte Lefort et Clara Depommier, « Microbial regulation of organismal energy homeostasis », Nature Metabolism, vol. 1, no 1, , p. 34–46 (ISSN 2522-5812, DOI 10.1038/s42255-018-0017-4, lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) Patrice D. Cani et Matthias Van Hul, « Microbial signatures in metabolic tissues: a novel paradigm for obesity and diabetes? », Nature Metabolism, vol. 2, no 3, , p. 211–212 (ISSN 2522-5812, DOI 10.1038/s42255-020-0182-0, lire en ligne, consulté le ).
  21. « Highly Cited Researchers », sur publons.com (consulté le ).
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  26. (en) Patrice D. Cani, Jacques Amar, Miguel Angel Iglesias et Marjorie Poggi, « Metabolic Endotoxemia Initiates Obesity and Insulin Resistance », Diabetes, vol. 56, no 7, , p. 1761–1772 (ISSN 0012-1797 et 1939-327X, PMID 17456850, DOI 10.2337/db06-1491, lire en ligne, consulté le ).
  27. (en) Patrice D. Cani, Rodrigo Bibiloni, Claude Knauf et Aurélie Waget, « Changes in Gut Microbiota Control Metabolic Endotoxemia-Induced Inflammation in High-Fat Diet–Induced Obesity and Diabetes in Mice », Diabetes, vol. 57, no 6, , p. 1470–1481 (ISSN 0012-1797 et 1939-327X, PMID 18305141, DOI 10.2337/db07-1403, lire en ligne, consulté le ).
  28. « Patrice Cani, le scientifique qui s’est proposé d’améliorer votre santé grâce à un probiotique », sur gutmicrobiotaforhealth.com, (consulté le ).
  29. (en) Amandine Everard, Clara Belzer, Lucie Geurts et Janneke P. Ouwerkerk, « Cross-talk between Akkermansia muciniphila and intestinal epithelium controls diet-induced obesity », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 110, no 22, , p. 9066–9071 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 23671105, DOI 10.1073/pnas.1219451110, lire en ligne, consulté le ).
  30. (en) Clara Depommier, Amandine Everard, Céline Druart et Hubert Plovier, « Supplementation with Akkermansia muciniphila in overweight and obese human volunteers: a proof-of-concept exploratory study », Nature Medicine, vol. 25, no 7, , p. 1096–1103 (ISSN 1546-170X, DOI 10.1038/s41591-019-0495-2, lire en ligne, consulté le ).
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  32. Yuji Naito, Kazuhiko Uchiyama et Tomohisa Takagi, « A next-generation beneficial microbe: Akkermansia muciniphila », Journal of Clinical Biochemistry and Nutrition, vol. 63, no 1, , p. 33–35 (ISSN 0912-0009, PMID 30087541, PMCID 6064808, DOI 10.3164/jcbn.18-57, lire en ligne, consulté le ).
  33. (en) Patrice D. Cani, Hubert Plovier, Matthias Van Hul et Lucie Geurts, « Endocannabinoids — at the crossroads between the gut microbiota and host metabolism », Nature Reviews Endocrinology, vol. 12, no 3, , p. 133–143 (ISSN 1759-5037, DOI 10.1038/nrendo.2015.211, lire en ligne, consulté le ).
  34. « Lauréats | Fonds Baillet Latour », sur fondsbailletlatour.com (consulté le ).
  35. « Palmarès », sur armb.be, (consulté le ).
  36. « Patrice D. Cani profil Collège des Alumni »
  37. « Patrice Cani | Connaître la Wallonie », sur connaitrelawallonie.wallonie.be (consulté le ).

Liens externes

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