Patokh Chodiev

Patokh Chodiev (russe : Фаттох Каюмович Шодиев, Fattoh Kayumovich Shodiev), né le à Jizzakh (République socialiste soviétique d'Ouzbékistan)[1], est un oligarque et homme d'affaires de nationalité belge et russe. Avec Alexander Mashkevich et Alijan Ibragimov, il bâtit sa fortune grâce à des opérations dans les minerais, le pétrole, le gaz et le secteur financier au Kazakhstan. En , Patokh Chodiev est classé no.1661 dans la liste des milliardaires dressée par Forbes, avec une richesse estimée à 1,84 milliard de dollars[2].

Biographie

Patokh Chodiev naît en Ouzbékistan le . Il étudie le droit international et le japonais au Moscow State Institute of International Relations (MGIMO)[3] et obtient un Doctorat en sciences politiques. Parlant couramment le japonais, il rejoint après ses études un service diplomatique spécialisé dans le commerce russe-japonais et vit ainsi plusieurs années à Tokyo[4].

En 1996, il crée une organisation caritative internationale, la Fondation Chodiev, dans le but de promouvoir l'innovation, l'art et l'éducation en Eurasie et en Asie du Sud-Est[5].

En , la Fondation Chodiev a enregistré un bureau de représentation en Ouzbékistan, afin de fournir une aide humanitaire et des soins de santé aux orphelinats du pays. Des rapports ont également indiqué que Chodiev envisage de construire plusieurs centres commerciaux ainsi qu'une usine de métallurgie dans le Tachkent dans le cadre d'une montée des investissements en Ouzbékistan.[6]

Alors qu'il vit en Belgique, le , Patokh Chodiev obtient la nationalité belge. Cette obtention prête alors à débat dans les médias alors que Patokh Chodiev ne parle aucune des langues officielles de Belgique couramment et que la Sûreté de l'Etat se pose des questions sur ses relations avec d'autres hommes d'affaires russes[7],[8]. Il est alors accusé d'avoir reçu l'aide de son ami et voisin Serge Kubla, bourgmestre de Waterloo qui est d’origine tchèque, pour cette naturalisation[9]. Sa naturalisation belge fait finalement l'objet d'une commission d'enquête en pour laquelle le journal belge Le Soir écrit le  : « Lorsque Serge Kubla écrit à Claude Eerdekens le , tous les feux sont déjà verts pour Patokh Chodiev : il a eu l’aval du SPF Justice, de la Sûreté de l’Etat, de l’Office des étrangers, de la police de Waterloo et du Parquet, donc aussi du service de naturalisation »[10]. Le , Serge Kubla assure «sous serment» ne pas être intervenu dans le dossier Patokh Chodiev[11] quand l'enquêteur du Comité P Jean-François Kayser déclare qu'« il n'y a aucun trace dans le dossier d'une intervention matérielle de M. Kubla auprès de M. Vandewalle », ce dernier étant le commissaire en chef de la police de Waterloo[12].

Une commission d'enquête parlementaire a conclu à l'unanimité le que les procédures de naturalisation de Chodiev n'avaient pas été influencées par Serge Kubla.[13] La commission a également acquitté Chodiev de toute implication dans l'adoption de la loi sur la transactions pénales.[14] L'avocat de Chodiev a accusé la commission d'avoir été partiale à l'égard de Chodiev. Cependant, par l'intermédiaire de son avocat, M. Chodiev a déclaré qu'il souhaitait retirer la plainte qu'il a déposée contre plusieurs membres de la commission à condition qu'il reçoive une lettre d'un représentant des autorités belges reconnaissant que la commission n'avait pas fonctionné correctement et reconnaissant les effets négatifs de l’enquête sur Chodiev et sa famille[14]. Le le tribunal de première instance de Namur déclare toutefois irrecevable et non fondée la plainte déposée par Chodiev contre le député Ecolo Georges Gilkinet[15]. Au cours de la semaine suivante les avocats de Chodiev annoncent que leur client entend faire appel de la décision[16].

En 1999, l'entreprise Tractebel porte plainte contre deux de ses employés les accusant d'avoir détourné 5 millions de dollars[17] des 55 millions de frais de consultation de Patokh Chodiev et ses deux associés[18]. En parallèle, le parquet général de Bruxelles ouvre une enquête sur Patokh Chodiev et ses deux associés. L'affaire est alors renvoyée devant un tribunal correctionnel en [4]. Le parquet général de Bruxelles abandonne finalement les poursuites le [4],[19] et Patokh Chodiev, ainsi que ses deux associés, dans le cadre de la loi sur la transaction pénale élargie aux crimes financiers, verse 522 500 dollars d'amende[20]. Un représentant du bureau du procureur de Bruxelles a confirmé au Financial Times en qu'aucune poursuite judiciaire contre Chodiev et ses associés n'avait été active depuis juin de la même année et que l'affaire avait été considérée comme réglée. Selon le représentant, Chodiev, Mashkevich et Ibragimov « sont donc présumés innocents. »[21]

Avec Alexander Machkevich et Alijan Ibragimov, Patokh Chodiev fait diverses opérations dans les minerais au Kazakhstan, en Afrique et au Brésil. En 2007, leur entreprise entre dans la Bourse de Londres et fait partie en 2008 du FTSE 100. En 2009, la Eurasian Natural Resources Corporation (ENRC), un des groupes leaders au plan mondial dans l'exploitation des ressources naturelles dont Patokh Chodiev est un des actionnaires principaux, réalise un bénéfice de USD 1.462 milliards pour un chiffre d'affaires de USD 3.8 milliards[5]. Basée à Londres, ENRC exploita un certain nombre de gisements de minerais au Kazakhstan et en Afrique après avoir acquis de nombreuses exploitation minières en Europe de l'Est et en Afrique. En , le groupe se renomme « Eurasian Resources Group » (ERG), spécialisé dans les ressources naturelles et enregistré au Luxembourg.

En , alors qu'éclate le scandale des Panama Papers, le nom de Patokh Chodiev est cité parmi les 732 belges liées à des sociétés offshore[22].

Classement Forbes[23]

  • 2005 (première apparition Forbes) : 620e avec 1 milliard de dollars.
  • 2006 : 382e avec 2 milliards de dollars.
  • 2007 : 538e avec 1,9 milliard de dollars.
  • 2008 : 334e avec 3,3 milliards de dollars.
  • 2009 : 601e avec 1,2 milliard de dollars.
  • 2010 : 287e avec 3,3 milliards de dollars.
  • 2017 : 1661e avec 1,84 milliard de dollars.

Références

  1. Loi du 25 juin 1997 accordant des naturalisations, Moniteur Belge, 13 août 1997
  2. Patokh Chodiev, Forbes
  3. (en-GB) « ENRC founders made good in Kazakhstan », sur www.ft.com, (consulté le ).
  4. C'est qui, ce Chodiev ?, Thierry Denoël, Le Vif/L'Express, 27 octobre 2012
  5. (en) « Patokh Chodiev, The World's Richest People », sur www.forbes.com (consulté le ).
  6. (ru) Радио Озодлик, « Еще один узбекский миллиардер решил открыть бизнес на исторической родине », Радио Озодлик, (lire en ligne, consulté le ).
  7. Tractebel draait zijn Kazak, Walter De Bock & Walter Pauli, De Morgen, 2 février 2002
  8. Milliardaire belge inculpé, Gilbert Dupont, La Dernière Heure, 21 mars 2007
  9. L'appui déterminant de Kubla pour Chodiev, Le Vif-L'Express, 6 mars 2015
  10. (en) « Kazakhgate: «Qui pouvait savoir en 1997?» », Le Soir Plus, (lire en ligne, consulté le ).
  11. lesoir.be, « Kazakhgate: Kubla assure «sous serment» ne pas avoir agi dans le dossier Chodiev », lesoir.be, (lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) « Kazakhgate: Kubla a-t-il influencé le travail de police? », Le Soir Plus, (lire en ligne, consulté le ).
  13. (nl) VRT NWS, « Meerderheid en oppositie staan tegenover elkaar in de parlementaire onderzoekscommissie Kazachgate », vrtnws.be, (lire en ligne, consulté le ).
  14. (nl) VRT NWS, « Kazachgate: Patokh Chodiev wil verontschuldigingen van Belgische autoriteiten », vrtnws.be, (lire en ligne, consulté le ).
  15. Antoine Clevers, « Patokh Chodiev perd en justice face au député Écolo Georges Gilkinet », La Libre Belgique, (lire en ligne, consulté le ).
  16. Antoine Clevers, « Patokh Chodiev va en appel contre Georges Gilkinet (Écolo) », La Libre Belgique, (lire en ligne, consulté le ).
  17. (en) Kristof Clerix, « How the biggest corruption scandal could have expired; Tractebel in Patokh Chodiev’s Kazakhstan », Knack.be, .
  18. « Un dossier embarrassant », Lalibre, (lire en ligne, consulté le ).
  19. Alain Lallemand, « Panama Papers: la fortune cachée de Chodiev », lesoir.be, (lire en ligne, consulté le ).
  20. Thierry Denoël, « Kazakhgate : Chodiev n'a payé que 522.500 euros pour sa transaction », Le Vif, (lire en ligne, consulté le ).
  21. (en) « Case against three ENRC oligarchs settled », sur Financial Times, .
  22. « Panama Papers: la fortune dissimulée du milliardaire belge Patokh Chodiev », RTBF Info, (lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) « Patokh Chodiev », Forbes, (lire en ligne, consulté le )
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