Passeriformes

Les Passeriformes (ou passériformes) sont le plus grand ordre de la classe des oiseaux. Le taxon regroupe en effet plus de la moitié des espèces d'oiseaux. La classification est sujette à une révision permanente, mais les passereaux, parmi les oiseaux modernes, sont généralement distingués des perroquets, des colious, des rapaces nocturnes, des faucons, des pics, des colombes, des grues, des flamants, des cigognes, des grèbes, des plongeons, des manchots et autres clades moins familiers, au sein desquels les regroupements sont eux-mêmes sans cesse remis en cause.

« Passereau » redirige ici. Pour les autres significations, voir Passereau (homonymie).

Les passériformes présentent la plus large gamme d'espèces parmi les vertébrés : il y en a 6 430 dans la classification de référence (version 6.3, 2016) du Congrès ornithologique international, soit à peu près le double du nombre d'espèces de l'ordre le plus vaste parmi les mammifères, les rongeurs.

Seules certaines variétés de passereaux sont reconnues comme domestiques par la législation française dans la liste officielle du ministère de l'Environnement français.

Caractéristiques

Troglodyte des marais (Cistothorus palustris) utilisant son arrangement anisodactyle.

Beaucoup de passereaux sont des oiseaux chanteurs qui ont des muscles complexes pour contrôler leur syrinx ; tous ouvrent leur bec pour se faire nourrir lorsqu'ils sont au nid. Ils ont quatre doigts, trois vers l'avant et un vers l'arrière (le pouce). Ils sont donc anisodactyles. La plupart des passereaux sont de taille plus petite que les oiseaux des autres ordres.

Le Grand Corbeau est le passereau le plus lourd et le plus grand, tandis que le plus petit est le Microtyran à queue courte. Il est possible que le Xénique de Stephens ait été l'oiseau à l’aire de répartition naturelle la plus réduite et le seul passereau incapable de voler.

Un zostérops à dos gris (Zosterops lateralis), passereau océanien.

Passereaux et zoonoses

Comme tous les oiseaux, les passereaux peuvent normalement héberger de nombreux micro-organismes parasites ou pathogènes (microchampignons, bactéries, virus…) responsables de zoonoses.

Ils contribuent à leur diffusion dans leurs déplacement autour du nid et lors de leurs migrations, et ces pathogènes contribuent probablement à réguler les populations de passereaux. Ces derniers sont sensibles à de nombreux virus grippaux, et une étude récente, basée sur l'analyse de restes de repas sanguin prélevés chez des nymphes de tiques en quête d'un nouveau repas, a montré qu'en Irlande au moins, les passereaux pouvaient jouer un rôle d'espèce-réservoir pour plusieurs borrélies responsables de la maladie de Lyme[1].

De nombreux passereaux (dont en particulier le merle noir) sont vulnérables à une virose émergente causée par le virus Usutu qui étend son aire d'influence en Europe depuis le début des années 2000.

Passereaux et chasse

De nombreuses espèces de passereaux font l'objet de capture, piégeage et de chasse, et le plus souvent illégalement. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) dénonce par exemple depuis plus de 10 ans, le laxisme, voire la complicité, de l'Etat français au regard du braconnage du bruant ortolan et du pinson des arbres dans les Landes, où cette chasse, bien qu'illégale depuis 1999, est traditionnelle et perdure encore aujourd'hui[2],[3]. Mais les passereaux sont aussi les victimes d'un braconnage intensif dans bien d'autres pays, comme en Indonésie pour l'organisation de concours de chants traditionnels et dans bien d'autres pays pour le commerce d'animaux de compagnie[4].

Nombre d'entre eux échappent aux pièges et aux tirs, mais meurent indirectement de la chasse, en subissant des intoxications chroniques ou aiguës induites par l'ingestion de grenaille de plomb, issues des cartouches au plomb[5]. Comme de nombreux autres oiseaux, les passereaux peuvent absorber avec avidité les grenailles répandues sur le sol comme gastrolithes.

À titre d'exemple, une seule bille de plomb ingérée en même temps qu'une alimentation naturelle, libère assez de molécules de plomb dans le sang du Vacher à tête brune (Molothrus ater) pour le tuer 3 fois sur 10 en moyenne[5]. Ils meurent alors d'intoxication saturnine aiguë en 24 heures. La plupart des survivants excrètent le reste de la bille de plomb dans les 24 heures suivant l'ingestion[5], mais cette dernière a eu le temps d'être assez érodée (lors de son passage dans le gésier et dans le reste du tractus digestif)[5]. Plus la bille a été érodée, plus l'oiseau risque de mourir[5]. Une hypothèse était que l'ingestion de bille neuve était moins dangereuse que celle d'une bille ancienne et corrodée par le temps à l'air libre, mais il n'en est rien : les résultats expérimentaux ne montrent pas de différences statistiquement significatives (P = 0.14) de plombémie selon que la bille ingérée est neuve ou ancienne et déjà corrodée[5]. Les taux de plomb mesurés chez les oiseaux morts d'intoxication aiguë par le plomb variaient de 71 à 137 ppm (en poids secs)[5]. Le plomb est mortellement toxique pour les passereaux, même pour de faibles doses de plomb prélevées sur la bille ingérée[5].

Ce phénomène a longtemps échappé aux chasseurs car les oiseaux blessés ou malades se cachent. Moins réactif, l'oiseau court plus de risques d'être mangé par un prédateur, de se tuer en se cognant contre une vitre ou dans un accident avec un véhicule. Hormis quelques oiseaux ne se nourrissant pas au sol comme les hirondelles ou les martinets, la plupart des oiseaux sont concernés par ce phénomène[6], mais en raison de leur petite taille, les passereaux y sont très vulnérables et meurent encore plus discrètement.

Principales causes de mortalité : les prélèvements réalisés par la chasse restent toutefois largement inférieurs aux mortalités accidentelles liées aux fenêtres et baies vitrées de maisons et immeubles ou encore par les prédations réalisées par les chats domestiques. Selon de nombreuses études, le chat féral représente à lui seul la principale cause de mortalité aviaire[7].

Étymologie

Le terme Passereau semble dériver du latin passer. Passer désignait les petits oiseaux comparables aux moineaux[8]. Dans le sud de la France, des termes issus de cette racine ont longtemps été utilisés en se déformant en passerat ou passeret par exemple. Cependant, ces noms vernaculaires ont finalement été supplantés par les termes originaires du nord de la France, termes qui donneront moineau. Passer désigne aujourd'hui un genre particulier de passériforme.

Systématique et taxonomie

Soit une cisticole des joncs, soit une cisticole à couronne dorée, tous deux des passeriformes, nourrissant ses petits.

L'ordre est communément considéré comme le plus vaste et le plus varié de la classe des oiseaux. Il regroupe plus de la moitié des espèces d'oiseaux existantes[9]. Toutes les classifications proposées ne comptent pas les mêmes espèces.

Taxonomies anciennes

Le terme est réapparu avec la francisation du nom scientifique du taxon Passeres qui regroupait les petits oiseaux, comprenant des espèces bien au-delà cependant des espèces connues sous le nom de moineau. Cet ordre a été créé par Carl von Linné dans la sixième édition de Systema naturae. C'est un des six ordres d'oiseau avec les Accipitres c'est-à-dire les rapaces, les Grallae ou échassiers, les pics au sens large, les Anseres le groupe des espèces proches des oies et des canards, les Gallinae les espèces proches des faisans et de la poule domestique. Ces groupes faisant miroir aux six groupes de mammifères.

André Marie Constant Duméril, en 1806, décomposait l'ordre des passereaux en sept familles en fonction de la forme du bec. Il y avait par exemple les crenirostres dont la partie supérieure de la mâchoire du bec est marquée d'une crénelure, les dentirostres disposant de plusieurs crénelures sur cette même mâchoire. Les conirostres avaient, selon sa définition, un bec de forme conique, un peu recourbé vers le bas et plus court que la tête. Les oiseaux de cette famille portaient pour nom vernaculaire les termes de moineaux, bruants, étourneaux, loriots, et tous les passereaux de France[10].

Taxonomies récentes

D'après la classification de référence (version 2.2, 2009) du Congrès ornithologique international, de Tree of Life[9] et de Barker et al. (2004)[11]. (ordre phylogénique) :

Notes et références

  1. (en) B. Pichon, M. Rogers, D. Egan et J. Gray, « Blood-meal analysis for the identification of reservoir hosts of tick-borne pathogens in Ireland », Vector Borne Zoonotic Dis., vol. 5, no 2, , p. 172-180 (PMID 16011434, lire en ligne [PDF]).
  2. « Braconnage du Bruant ortolan dans les Landes le massacre continue… - Communiqués de presse - LPO », sur www.lpo.fr (consulté le )
  3. « Braconnage du Bruant ortolan dans les Landes l’État continue à fermer les yeux ! - Actualités - LPO », sur www.lpo.fr (consulté le )
  4. « Indonésie: des milliers d'oiseaux exotiques menacés dans des forêts pillées », sur Sciences et Avenir (consulté le )
  5. N.B. Vyas, J.W. Spann et G.H. Heinz, Lead shot toxicity to passerines ; Environ Pollut, 2001, vol. 111, no 1, p. 135-138 (résumé).
  6. (en) N. De Francisco, J.D. Ruiz Troya JD et E.I. Agüera, « Lead and lead toxicity in domestic and free living birds », Avian Pathol, vol. 32, no 1, , p. 3-13 (lire en ligne [PDF]).
  7. (en) The impact of free-ranging domestic cats on wildlife of the United States Scott R. Loss, Tom Will & Peter P. Marra.
  8. Définitions lexicographiques et étymologiques de « passereau » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  9. (en) « Passeriformes », sur tolweb.org (consulté le ).
  10. A.M. Constant Duméril, Traité élémentaire d'histoire naturelle, t. II, (lire en ligne).
  11. (en) F.K. Barker, A. Cibois, P. Schikler, J. Feinstein et J. Cracraft, « Phylogeny and diversification of the largest avian radiation », PNAS, vol. 101, no 30, , p. 11040-11045 (lire en ligne [PDF]).

Annexes

Bibliographie

  • Paul Géroudet, Les passereaux, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1980, vol.
  • Verheyen, R., Les passereaux en Belgique, Bruxelles, Institut des Sciences naturelles de Belgique, 1957.

Articles connexes

Références taxonomiques

Liens externes

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