Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni

Le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (en anglais : UK Independence Party), ou UKIP, est un parti politique britannique. Anti-immigration[18],[19] et eurosceptique[20], il milite pour le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne et fait partie de l'association TEAM. La ligne politique du parti est que le Royaume-Uni « doit de nouveau être gouverné par des lois adaptées à ses propres besoins par son propre parlement, qui doit être directement et seulement responsable de ses actes devant l'électorat du Royaume-Uni »[21]. Le parti, d'inspiration nationaliste[22], est régulièrement accusé de dérives racistes et islamophobes[23],[24].

Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni
(en) UK Independence Party

Logotype officiel.
Présentation
Leader intérimaire Neil Hamilton (intérim)[1]
Fondation
Siège Lexdrum House
Unit 1
King Charles Business Park
Old Newton Road
Heathfield
Newton Abbot
TQ12 6UT[2]
Leader adjointe Vacant
Président Ben Walker
Fondateur Alan Sked
Président adjoint Vacant
Secrétaire général Tom Harrison[3]
Organisation de jeunesse Young Independence
Positionnement Droite[4],[5] à droite radicale[6] à extrême droite[7],[8],[9]
Idéologie Euroscepticisme[10]
Libéralisme économique[10],[11]
Populisme de droite[10],[11]
Nationalisme[12]
National-conservatisme[13]
Climatoscepticisme[14],[15]
Adhérents 26 447 (août 2019)[16]
Couleurs jaune et pourpre
Site web ukip.org
Représentation
Élus locaux[17]
20  /  19698

Histoire

Bus arborant les couleurs du parti en 2004.

Le parti est fondé en 1993 par Alan Sked et d'autres membres de la Ligue antifédéraliste. Dès ses débuts, il attira les élus de la frange anti-européenne du Parti conservateur qui était précisément divisé à l'époque dans le débat au sujet du traité de Maastricht et du retrait de la livre du Système monétaire européen.

L'UKIP est vraiment entré sur le devant de la scène politique britannique aux élections européennes de 2004 où il a obtenu 16,6 % des suffrages exprimés. Ce succès n'a pas été confirmé aux élections générales de 2005 où le parti n'a obtenu que 2,3 % des voix ; cependant, ce résultat est à relativiser car l'UKIP ne présentait pas de candidats dans toutes les circonscriptions.

De ses douze députés européens élus aux élections de 2004, l'UKIP en a conservé dix, dont un, faisant l'objet d'une enquête par l'Office européen de lutte antifraude, a été exclu provisoirement du parti. L'UKIP a expulsé en son député Ashley Mote (en) (accusé de fraude sociale et condamné ultérieurement à neuf mois de prison) et a subi en la défection de son député le plus « médiatique », Robert Kilroy-Silk (en). Aux élections européennes de 2009, l'UKIP remporte treize députés (un de plus qu'en 2004, malgré la réduction de la délégation), ce qui le place en deuxième position au Royaume-Uni, derrière le parti conservateur, mais devant le parti travailliste.

Pour ce qui est du nombre de voix, l'UKIP est le quatrième parti au Royaume-Uni. Aux élections locales de 2011, le parti remporte la municipalité de Ramsey (la première qu'il ait jamais eue).

Le , il réalise un résultat historique en obtenant 23 % aux élections locales partielles, juste derrière les Tories avec 25 % et le Labour avec 29 %[25].

En , aux élections pour le Parlement européen, l'UKIP obtient le plus grand nombre de voix (27,49 %). Il gagne 11 députés supplémentaires pour un total de 24. Le parti remporte des sièges dans toutes les régions de Grande-Bretagne, y compris en Écosse. Résultat historique, car pour la première fois depuis plus d'un siècle un parti autre que le Labour ou les conservateurs arrive premier dans une élection au Royaume-Uni sur une large échelle[26].

Pour les élections de 2015, le parti connaît une importante montée dans les sondages, aux alentours de 17 %[27]. Pour Nigel Farage, « le vrai problème des conservateurs n'est pas l'UKIP. Leur vrai problème est que leurs sympathisants se rappellent ce dont le Parti conservateur avait l'habitude de parler — la création de richesses, un niveau bas d'imposition, l'entreprise — et voient qu'il discute désormais de mariage homosexuel et d'éoliennes »[28].

En , l'UKIP gagne un premier siège de député à la Chambre des communes, quand Douglas Carswell, député conservateur pour le siège de Clacton, dans l'Essex, fait défection et adhère à l'UKIP. Il est réélu sous ces nouvelles couleurs lors d'une élection partielle. En , le député conservateur Mark Reckless rejoint l'UKIP et est à son tour élu lors d'un scrutin partiel.

Nigel Farage a repoussé de nombreuses fois les tentatives de rapprochement avec Marine Le Pen et publiquement soutenu Nicolas Dupont-Aignan, en participant notamment à divers meetings organisés par Debout la France et en le recevant à Londres pendant la campagne pour le Brexit.

Aux élections générales britanniques de 2015, l'UKIP réussit une percée et recueille 12,6 % des voix, mais ne réussit à faire élire qu'un député, handicapé par le mode de scrutin, uninominal à un tour. Devant ce qu'il considère comme un échec, son chef Nigel Farage, qui n'a pu être élu député, annonce sa démission de la présidence du parti et nomme Suzanne Evans chef par intérim, avant de revenir sur sa décision quelques jours plus tard[29]. Cette décision provoque plusieurs oppositions au sein même du parti[30].

Le , Diane James remplace Nigel Farage, qui a décidé de quitter la tête du parti après la victoire du Brexit, auquel il était favorable[31]. Diane James démissionne le suivant[32] et Nigel Farage assure l'intérim jusqu'à l'élection, le , du député européen Paul Nuttall qui est élu leader avec 62,5 % des voix[33].

Lors des élections législatives anticipées du , le parti subit une lourde défaite qui entraîne la démission de Paul Nuttall. Ce résultat s'explique par le départ de la tête du parti de Nigel Farage et par le Brexit[34].

Nigel Farage annonce quitter l'UKIP le , considérant que le parti ne peut conduire la sortie du Royaume-Uni de l’UE[35]. Il fonde dans la foulée le Parti du Brexit.

Politiques

Économie

La position de l'UKIP en matière d'économie est basée sur une taxation plus faible afin selon lui de devenir compétitifs sur le plan international. Il propose de combiner l'impôt sur le revenu avec l'assurance sociale en un impôt à taux unique à 31 %, ce qui permettrait, d'après lui, à 4,5 millions des travailleurs les moins payés de sortir complètement du système de taxation sur le revenu. L'UKIP propose également l'abolition des taxes sur l'héritage et une réduction de l'impôt sur les sociétés.

Le parti préconise aussi des liens économiques plus étroits avec le Commonwealth.

Santé

L'UKIP propose de donner à un conseil de santé local la direction des soins, et de réduire l'influence du ministère de la Santé, qui selon lui gaspille d’énormes sommes d'argent. Il propose aussi la création d'un système à base de coupons, permettant l'accès aux soins sans passer par le NHS, et l'introduction de soins dentaires et ophtalmologiques gratuits.

Éducation

L'UKIP veut donner aux écoles plus de liberté dans leur gestion, afin de donner aux parents un choix plus significatif. Il voudrait abolir tout examen national concernant les enfants de moins de 11 ans.

Énergie et politiques environnementales

L'UKIP est :

  • en faveur d'une extension du nucléaire pour des raisons de sécurité énergétique ; il soutient le fait que l'énergie éolienne est non rentable ;
  • opposé aux champs OGM, mais est cependant ouvert à la recherche scientifique dans ce domaine.

Le parti a dénoncé l'accord de Paris sur le climat, signé en , et réclame la sortie du Royaume-Uni de tous les accords climatiques signés par le pays. Il souhaite par ailleurs relancer l’industrie du charbon[36].

Nigel Farage a affirmé dans un discours prononcé en 2013 au Parlement européen : « Nous entrons actuellement dans une période de 15 à 30 ans de refroidissement climatique global. Nous avons fait l’une des plus grosses et stupides erreurs collectives de tous les temps en nous inquiétant d’un réchauffement climatique »[36]. Un autre de ses eurodéputés a affirmé en 2018 que le changement climatique était « un ami de l’agriculture » et que l’effet du CO2 était négligeable[37].

Gouvernement local

Le parti cherche à donner plus de pouvoir aux autorités locales, et ainsi à restaurer le comté comme gouvernement clef.

Libertés

Le parti est :

Immigration

S'il est élu, le parti gèlerait immédiatement l'immigration permanente pendant cinq ans (la durée du mandat parlementaire en Grande-Bretagne).

Parlement européen

En 1999, trois membres de l'UKIP sont élus au Parlement européen. Avec les eurosceptiques de différents pays, ils forment le groupe pour l'Europe des démocraties et des différences. En 2004, 37 membres du Parlement européen venant du Royaume-Uni, du Danemark et de la Suède fondent un nouveau groupe parlementaire européen appelé groupe Indépendance/Démocratie. Cependant, après les élections européennes de 2009, où les partis eurosceptiques du Danemark et de la Suède perdent toute représentation, le groupe est dissous. L'UKIP forme alors un nouveau groupe, le groupe Europe libertés démocratie.

L'UKIP, s'il poursuit une stratégie anti-UE et antisystème, a imposé certaines thématiques dans le débat politique national en les rendant acceptables. À ce titre, il refuse toute alliance européenne avec des mouvances d'extrême droite, notamment le Front national français, dont il juge l'« ADN lié à l'antisémitisme »[38]. Cependant après le départ d'un des eurodéputés de son groupe, Nigel Farage décide, pour pouvoir conserver son groupe au Parlement européen (ce qui nécessite sept nationalités différentes) d'admettre au sein de celui-ci un député européen polonais ultra-conservateur.

Après son record historique de 2014, où le parti a obtenu 24 sièges, la fin de la législature montre un nombre de départs assez importants. En effet, de nombreux élus ont quitté le parti au cours de leur mandat mais c'est surtout la création du Parti du Brexit qui l'affaibli davantage en ralliant les anciens députés UKIP siégeant comme indépendants ou avec de petites formations. Sur les 24 députés européens élus en 2014, seuls trois sont encore membres de UKIP à la veille des élections européennes.

Lors des élections européennes du 23 mai 2019, le parti recueille 3,2 % et perd tous ses sièges. Le suivant, son chef Gerard Batten, élu un an plus tôt, quitte la direction du parti[39].

Liste des dirigeants

Résultats électoraux

Élections générales

Année Voix % Rang Sièges
1997 105 722 0,3 11e
0  /  659
2001 390 563 1,5 5e
0  /  659
2005 605 973 2,2 4e
0  /  646
2010 919 546 3,1 4e
0  /  650
2015 3 881 099 12,6 3e
1  /  650
2017 593 852 1,8 5e
0  /  650
2019 22 817 0,1 15e
0  /  650

Élections européennes

Année Voix % Rang Sièges Groupe
1994 150 251 1,0 8e
0  /  87
1999 696 057 7,0 4e
3  /  87
EDD
2004 2 650 768 16,1 3e
12  /  78
IND/DEM
2009 2 498 226 16,5 2e
13  /  72
ELD
2014 4 376 635 27,5 1er
24  /  73
ELDD
2019 554 463 3,2 8e
0  /  73

Élections parlementaires écossaises

Année Circonscriptions Régions Rang Total des sièges
Voix % Sièges Voix % Sièges
2007 8 197 0,4
0  /  56
14e
0  /  129
2011 2 508 0,1
0  /  73
18 138 0,9
0  /  56
8e
0  /  129
2016 46 426 2,0
0  /  56
6e
0  /  129
2021 699 0,0
0  /  73
3 848 0,1
0  /  56
11e
0  /  129

Young Independence

Comme beaucoup de partis politiques, UKIP a son mouvement de jeunesse, Young Independence (YI), qui représente tous les adhérents de moins de 30 ans. Il est sous la direction d'un conseil de membres élus à la conférence de printemps annuelle du parti. Depuis 2015, son président est Joe Jenkins[40].

Références

  1. « UKIP - Leadership », sur www.ukip.org
  2. (en) « View registration - the Electoral Commission », sur electoralcommission.org.uk.
  3. « UKIP - Our People », sur www.ukip.org
  4. (en) Jörg Schindler, « 'We Want Fundamental Political Change' », Spiegel, (lire en ligne, consulté le ).
  5. Tournier-Sol 2015, p. 147.
  6. (en) Robert Ford et Matthew Goodwin, Revolt on the Right: Explaining Support for the Radical Right in Britain, London and New York, Routledge, (ISBN 978-0415661508).
  7. (en) Vlastimil Havlík, Vít Hloušek et Petr Kaniok, Europeanised Defiance – Czech Euroscepticism since 2004, Verlag Barbara Budrich, , 199 p. (ISBN 978-3-8474-1085-0, lire en ligne), p. 108.
  8. (en) Peter Walker et Josh Halliday, « Revealed: Ukip membership surge shifts party to far right », The Guardian, (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) Matthew Goodwin, « Angry Brexiteers are splitting into factions as Ukip is taken over by far-right extremists », The Times, (lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) Wolfram Nordsieck, « Parties and Elections in Europe », sur parties-and-elections.eu (consulté le ).
  11. David S. Bell, « Le Labour Party face à l'extrême droite, d'Oswald Mosley à Nigel Farage », Office universitaire de recherche socialiste, no hors-série 76-77, , p. 26.
  12. (en) « Key Points About a Snap Election in Britain », The New York Times, (lire en ligne).
  13. (en) Gerry O'Reilly, Aligning Geopolitics, Humanitarian Action and Geography in Times of Conflict, Springer, , p. 47.
  14. Annika Joeres et Susanne Götze, « La menace climatosceptique pèse aussi sur l’Europe », sur Mediapart, (consulté le ).
  15. http://egalites.blogs.liberation.fr/2019/09/04/nationalistes-identitaires-et-climatico-sceptiques/
  16. (en) Philip Loft, Noel Dempsey et Lukas Audickas, « Membership of UK political parties », sur parliament.uk, (consulté le ).
  17. (en) « Local Council Political Compositions » [archive du ], sur Open Council Data UK, en, (consulté le ).
  18. « Brexit : l’affiche anti-migrants de Ukip, symbole d’une campagne de "caniveau" », France 24, (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Ca se passe en Europe : au Royaume-Uni, nouvelle provocation du parti anti-immigration Ukip », sur lesechos.fr, (consulté le ).
  20. Geoffrey Saint-Joanis, « UKIP: les sujets de la reine deviennent eurosceptiques », Journal International, (lire en ligne).
  21. « The principal aim of the Party is that the United Kingdom ("UK") shall again be governed by laws made to suit its own needs by its own Parliament, which must be directly and solely accountable to the electorate of the UK. »
    (en) « Party Constitution », sur http://www.ukip.org (consulté le ).
  22. (en) Robert Ford et Matthew Goodwin, Revolt on the Right : Explaining Support for the Radical Right in Britain, Londres, Routledge, , 318 p. (ISBN 978-0-415-66150-8), p. 7.
  23. (en) « UKIP councillor who said 'Islam is a cancer which needs to be cured with radiation' on racist Facebook page 'to step down' after just 12 days », sur dailymail.co.uk, (consulté le ).
  24. (en) « Ban Islam and knock down all mosques, urges Ukip candidate », sur thetimes.co.uk, (consulté le ).
  25. (en) Christopher Hope, « Local elections 2013: Nigel Farage's Ukip surges to best ever showing, winning 150 seats », The Telegraph, (lire en ligne).
  26. AFP, « Européennes 2014 : victoire historique pour l'Ukip europhobe au Royaume-Uni », lepoint.fr, (lire en ligne).
  27. (en) Toby Helm, « Ukip maintains strong poll showing », The Guardian, (lire en ligne).
  28. Catherine Gouëset, « Royaume-Uni : Cameron à droite toute derrière les populistes de l'Ukip », lexpress.fr, (lire en ligne).
  29. « GB: Farage reste à la tête de l'Ukip », sur Le Figaro, (consulté le ).
  30. Florentin Collomp, « Nigel Farage s'accroche à la tête de l'Ukip en plein psychodrame », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
  31. « Diane James succède à Nigel Farage à la tête des europhobes du UKIP », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  32. « Royaume-Uni : la présidente du parti europhobe UKIP démissionne », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  33. Gilles Sengès, « Paul Nuttall, nouveau porte-drapeau de l’Ukip en Grande-Bretagne », sur lopinion.fr, (consulté le ).
  34. « Législatives au Royaume-Uni : « L’effondrement du parti UKIP était prévisible » », Le Monde, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  35. « Le partisan du Brexit Nigel Farage quitte l'Ukip, son parti europhobe », sur Le Huffington Post, (consulté le ).
  36. Sophie Chapelle, « Déni du réchauffement, mépris pour les renouvelables, haine des réfugiés climatiques : le « fascisme fossile » », sur Bastamag,
  37. « Nationalistes, identitaires et ... climato-sceptiques ? - Libération.fr », sur Liberation.fr,
  38. Florentin Collomp, « L'anglais UKIP compte créer un "tremblement de terre" », Le Figaro, , p. 3 (lire en ligne).
  39. (en) « Gerard Batten quits as Ukip leader after losing every Ukip MEP seat, including his own », sur inews.co.uk, .
  40. (en-US) « Joe Jenkins is Elected the New Young Independence Chairman », sur youngindependence.org, (consulté le ).

Liens externes

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