Parrainage citoyen

Le parrainage citoyen pour les élections est un mode de sélection des candidats où une candidature est validée lorsqu'un certain nombre de citoyens donnant leur accord à cette candidature est atteint. Par exemple, au Portugal, pays qui comporte en 2014 environ 10 millions d'habitants, une candidature à l'élection présidentielle est validée lorsqu'elle est approuvée par 7 500 électeurs[1]. En Roumanie, pays comportant environ 20 millions d'habitants en 2014, il faut 200 000 électeurs pour qu'une candidature soit acceptée[2].

Le parrainage citoyen peut être conçu comme alternatif ou complémentaire du parrainage d'élus. Par exemple, en Slovaquie, une candidature aux élections présidentielles peut être approuvée soit par un minimum de 15 000 citoyens, soit par 15 députés du Conseil National[2].

Europe

Les pays où les parrainages citoyens sont institués sont l'Autriche, la Bulgarie, la Finlande, l'Irlande, l'Islande[3], la Lituanie, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie[1],[2].

PaysNombre minimal de citoyens
pour valider une candidature
(chiffres de 2012[2])
PopulationNombre de candidats
parrainés par les citoyens
Autriche6 0008 665 550 en 2014
Finlande20 0005 491 054 en 2015
Lituanie20 0002 939 431 en 201417 (en 2002), 5 (en 2004), 7 (en 2009)
Pologne100 00038 505 614 en 201512 (en 2000), 16 (2005)
Portugal7 50010 374 822 en 2014Entre 1976 et 2011 : entre deux et six maximum
Roumanie200 00019 942 642 en 201412 (en 2004), 12 (en 2009)
Slovaquie15 0005 410 836 en 2013

Exception française

Philippe Blachèr, professeur de droit constitutionnel, indique que « dans les États européens qui pratiquent un mode de scrutin comparable » à l'élection présidentielle française (Autriche, Bulgarie, Finlande, Irlande, Lituanie, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Slovénie), « la sélection des candidatures est réglementée de façon plus simple : ce sont les parlementaires ou les électeurs qui soutiennent un candidat à la magistrature suprême »[1].

Pour être acceptée, une candidature aux élections présidentielles de la 5e République française doit recevoir l'accord d'un nombre minimal d'élus. Cet accord est nommé « parrainage », et avait pour objectif initial d'écarter les candidatures fantaisistes. En 1962, le nombre minimum de parrainages nécessaire était de 100, puis il est passé à 500 en 1976[4].

La possibilité d’un parrainage citoyen a été évoquée par plusieurs candidats ou comités de réflexion, mais aucune suite n’y a été donnée pour le moment.

En 2007, le concept de parrainage citoyen émerge dans la vie politique française. En effet, 5 ans après être arrivé au second tour des élections présidentielles de 2002, Jean-Marie Le Pen évoque sa difficulté à récolter 500 parrainages d'élus, et la possibilité qu'il ne soit donc pas présent aux élections présidentielles. Dans ce contexte, José Bové mentionne le concept de parrainage citoyen[5]. Au lieu de 500 élus, une candidature à la présidentielle serait validée par un nombre minimum de citoyens, ce nombre minimum variant selon les propositions entre 150 000 et 1 300 000[6],[7],[8],[9].

Nicolas Sarkozy, lors de son mandat présidentiel, crée le Comité Balladur, qui doit réfléchir à une modernisation des institutions de la 5e République. Selon ce Comité, le parrainage par les élus est caduc, mais le parrainage par les citoyens présente des difficultés, notamment au niveau de la collecte et du contrôle des signatures[5].

Créée en 2012 par le président François Hollande et présidée par Lionel Jospin, la Commission sur la rénovation et la déontologie de la vie publique propose elle aussi de supprimer le parrainage des élus et qu'une candidature aux présidentielles puisse être acceptée si un nombre minimal de 150 000 citoyens soutient cette candidature[10]. Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate, Corinne Lepage, Nicolas Dupont-Aignan critiquent la proposition de parrainage citoyen, arguant que le nombre de 150 000 signatures est beaucoup trop élevé, et va provoquer une impossibilité de se présenter pour les « petits » candidats. Selon Christine Boutin, obtenir 150 000 parrainages de citoyens est impossible financièrement pour un petit candidat, car cela exigerait de passer 2 millions d'appels téléphoniques au hasard dans la société française[11]. Nicolas Dupont-Aignan propose d'améliorer le parrainage existant, celui des élus, en le rendant anonyme, afin d'éviter les pressions. Marine Le Pen fait la même proposition[12]. La proposition de la Commission Jospin concernant les parrainages n'a finalement pas été retenue par François Hollande[13]. Ce n'est peut-être pas le grand nombre de signatures qui pose le plus de problème, mais la mise en œuvre concrète proposée par la Commission Jospin, c'est-à-dire envoyer un formulaire de parrainage à l'ensemble des électeurs inscrits juste après le décret de convocation des électeurs aux élections, soit environ deux mois avant les élections. Ce délai semblait trop court pour que les candidats aient le temps de convaincre les électeurs de les parrainer, et François Bayrou signale de plus qu'« il faudrait que le Conseil constitutionnel vérifie la véracité de centaines de milliers de signatures en un temps bien trop court. »[5]. Mais Roselyne Bachelot, femme politique, ou encore le professeur de droit Dominique Rousseau, tous deux membres de la commission Jospin, ne pensent pas que le parrainage citoyen ait été rejeté pour un motif d'ordre technique. Roselyne Bachelot fait remarquer que le parrainage citoyen existe sans problème dans de nombreux pays européens, et Dominique Rousseau estime que la mise en place du parrainage citoyen relevait du « courage et des affaires politiques ».

Dans une lettre aux parlementaires en , Jean-Luc Mélenchon s'insurge contre un projet de loi visant à modifier les règles de l’élection présidentielle. Il appelle les députés à y inclure le parrainage citoyen[14].

Afrique

Début 2020, à l'occasion d'une réforme du Code électoral en Côte d'Ivoire, l'opposition indique souhaiter la mise en place d'un parrainage citoyen[15].

Notes et références

  1. Philippe Blachèr (professeur de droit constitutionnel à la faculté de droit de Lyon-III(Le grand débat), « Faut-il réformer les parrainages ? », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  2. « Parrainages pour la présidentielle : 500 signatures en France, mais comment font les autres pays européens ? », Atlantico.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  3. http://www.lejdd.fr/Election-presidentielle-2012/Actualite/Parrainages-la-France-un-cas-a-part-en-Europe-485073
  4. « Élection du Président de la République 2007 », sur Conseil Constitutionnel, .
  5. Gaël Vaillant, « Parrainages citoyens : la proposition impossible - leJDD.fr » (consulté le ).
  6. NEXINT, « Conseil Constitutionnel », sur www.conseil-constitutionnel.fr, (consulté le ).
  7. NEXINT, « Conseil Constitutionnel », sur www.conseil-constitutionnel.fr, (consulté le ).
  8. « Présidentielle : pour un parrainage citoyen - Lettre ouverte de Jean-Luc Mélenchon aux parlementaires », sur Jean-Luc Mélenchon, (consulté le ).
  9. « Sarkozy défend le parrainage citoyen : c'est possible, mais sous 3 conditions », leplus.nouvelobs.com, (lire en ligne, consulté le ).
  10. Arnaud Focraud, « Parrainages citoyens : qu'en pensent les « petits » candidats? - leJDD.fr » (consulté le ).
  11. BFMTV, « Commission Jospin : vers un parrainage citoyen pour la présidentielle ? » (consulté le ).
  12. « Cumul, proportionnelle, parrainages : les propositions de la commission Jospin », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  13. « Election présidentielle : Hollande enterre l'idée des parrainages citoyens » (consulté le ).
  14. « Réforme de l’élection présidentielle : Jean-Luc Mélenchon interpelle les parlementaires », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le ).
  15. « L’opposition propose un « parrainage citoyen et non politique » a la prochaine présidentielle en Côte-d’Ivoire - Connectionivoirienne.net », sur Connectionivoirienne.net, (consulté le ).
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