Parkour

Le parkour (PK)[1], ou art du déplacement (ADD)[1], est une discipline sportive acrobatique qui consiste à franchir des obstacles urbains ou naturels, par des mouvements rapides et agiles (course à pied, sauts, gestes d’escalade, déplacements en équilibre, etc.) et sans l'aide de matériel[1],[2]. Les pratiquants sont dénommés « traceurs ».

Pour les articles ayant des titres homophones, voir Parcours.

Ne doit pas être confondu avec Course à obstacles ou Parcours du combattant.

Parkour
Autres appellations art du déplacement[1]
freerunning
freerun
Fédération internationale Fédération de parkour, Parkour Earth
Pratiquants Traceurs
Professionnels David Belle

Passement rapide

En tant que loisir ou discipline sportive autonome, le parkour est apparu en banlieue parisienne, à Lisses, au début des années 1990. Il est longtemps resté inconnu du grand public et des institutions sportives[3], mais il bénéficie désormais d'une certaine exposition médiatique (publicité, films, jeux vidéo).

Terminologie

Le mot « parkour » est une référence au parcours du combattant mais son orthographe est simplifiée. Parkour s'abrège parfois en « PK » ou « pk ». Le terme s'utilise souvent de manière générale (comme dans cet article)[4], mais il désigne parfois un style spécifique basé sur des techniques « efficaces » et « utiles » (selon David Belle), par opposition à des techniques de franchissement plus spectaculaires.

L'expression « art du déplacement » est le terme officiel en France selon le Ministère des sports, pour désigner l'ensemble de ces activités sportives[1]. C'est à l'origine une périphrase pour éviter l'ancienne marque commerciale Parkour. Il est parfois utilisé pour désigner une variante enseignée par le groupe Yamakasi, avec des aspects acrobatiques.

Le free-running[1] ou free-run course libre ») est une expression plus récente, utilisée notamment par les anglophones ou pour distinguer des pratiques plus acrobatiques (saltos).

Le grand public désignait parfois cette activité par « yamakasi », en référence au groupe français de traceurs et au film Yamakasi (2001).

Histoire

David Belle, en 2007.

Les concepts du franchissement d’obstacles et du déplacement efficace existent depuis toujours. Des techniques de franchissement font notamment partie de la pratique de certains arts martiaux, de la gymnastique ou bien de l'entrainement militaire (parcours du combattant).

En tant que discipline sportive autonome, David Belle est reconnu comme l’inventeur du parkour au début des années 1990 à Lisses (banlieue parisienne)[5]. Il fut lui-même inspiré par son père, Raymond Belle[2], qui s’entraînait selon les concepts de Georges Hébert. Un des lieux emblématiques de la discipline est La Dame du lac, sculpture d'escalade (aujourd'hui interdite au public) située dans le parc d'Évry-Courcouronnes, qui servait de terrain d'entrainement aux premiers pratiquants. En 1998, David Belle et Sébastien Foucan se séparent des Yamakasi. David Belle refonde un groupe appelé « Les Traceurs »[6]: c'est « la Relève »[7], qui participe à la médiatisation de cette discipline. Les sept autres membres fondateurs popularisent le parkour en France en 2001 grâce au film Yamakasi. Enfin, le dernier cofondateur, Sébastien Foucan, quitte la Relève et participe en 2003 au documentaire de la BBC, Jump London[8], qui fait découvrir la discipline aux Britanniques (sous les dénominations parkour et free running).

Dès 2004, le parkour devient un phénomène mondial sur Internet grâce au fort impact visuel de la discipline. Vers 2006, de nombreuses associations voient le jour[9]. À la même époque, il gagne les gymnases et une variante plus acrobatique fait son apparition : le free-running.

En 2017, le parkour est également enseigné dans des écoles au Danemark[10].

Entraînement

Contenu de séance

Une séance classique de parkour se compose d’un échauffement, d’un travail technique ou physique ou d’une phase d’exploration, et d’une phase de retour au calme[11]. Cependant la pratique étant récente et peu encadrée, il arrive souvent que des pratiquants ne travaillent que les mouvements techniques au détriment de tous autres aspects.

Une façon très courante de s’entraîner est de partir en groupe de quelques personnes à travers la ville ou la campagne, en s’arrêtant de site en site pour travailler les gestes techniques. Les sites sont soit connus à l’avance, soit découverts au fur et à mesure de la déambulation.

Lieu de pratique

Le parkour se pratique en extérieur, dans le milieu urbain public ou dans les parcs et forêts mais aussi en salle pour s'entraîner sans se blesser. Ces endroits présentent en effet de nombreux obstacles tels que murs, barrières, arbres et cours d’eau. La plupart du temps l’entraînement se fait au niveau du sol, et parfois, pour des personnes très entraînées, en hauteur, par exemple entre des immeubles d’habitations.

Avec son institutionnalisation, la pratique a gagné les gymnases. En général le matériel de gymnastique est détourné pour créer des obstacles et proposer un environnement en mousse moins dangereux. De même, des parkour-parks sont sortis de terre qui regroupent de nombreux obstacles en un même lieu[12].

Fondamentaux

Les fondamentaux sont un ensemble de gestes techniques utiles en toute circonstance. Ce sont par exemple la roulade (roulade sur l'épaule, similaire à celle que l'on retrouve dans des arts martiaux comme le judo et l'aïkido) et la réception[13]. On[Qui ?] peut aussi regrouper sous cette dénomination des connaissances générales comme marcher sur une barrière et les bases de l’escalade.

Mouvements

Les mouvements techniques, en général simplement nommés « les techniques » par abus de langage, permettent de franchir des obstacles d’une manière spécifique. Par exemple le saut de précision permet de franchir un vide avec un point de réception étroit : du rebord d’un muret à un autre. Dans l'idéal, le traceur doit adapter ses mouvements à tout obstacle qui est sur sa route sans suivre de schéma fixe. Cependant, il existe un grand nombre de mouvements typiques utilisés dans le parkour :

Balancé
balancement suspendu à une barre ou une branche, en général une sorte de prise d'élan avant de lâcher la barre pour enchaîner sur un autre mouvement.
Lâché
consiste à se lâcher d'une hauteur en se pendant par les bras puis en effectuant un saut de fond ou en se rattrapant à un autre objet situé en contrebas. Le lâché horizontal consiste à se rattraper avec les bras sur un autre appui situé à la même hauteur, souvent après un balancé.
Saut de précision ou saut de préss
saut pieds joints sans élan, dont la réception se fait sur une petite surface (muret par exemple). On se réceptionne en se stabilisant sur le muret.
Saut de détente
saut réalisé avec élan pour franchir une distance impossible en saut de précision.
Saut de fond
saut en contrebas effectué d'une hauteur importante, suivi généralement par une roulade.
Passe barrière
technique permettant de franchir une barrière en prenant appui avec les bras et en faisant passer ses jambes jointes d'un côté ou de l'autre ; il est également possible de vriller le passe barrière, on parle alors de « passe barrière 180 ».
Passement rapide ou saut de voleur
franchissement d'un obstacle bas avec un seul appui main et en passant la jambe extérieure avant l'intérieure.
Saut de paresseux
franchissement d'un obstacle bas avec un seul appui main et en passant la jambe intérieure avant l'extérieure.
Passe-muraille
technique de franchissement d'un mur d'une hauteur assez importante ; consiste à prendre appui sur le mur avec un pied pour atteindre une plus grande hauteur.
Planche
technique permettant d'atteindre le sommet d'un obstacle auquel on est suspendu par les bras, les pieds pendant dans le vide ou reposés contre la partie verticale d'un mur. Elle combine une traction suivie d'une antépulsion pour se hisser en haut de l'obstacle. Les pompiers français s'entraînent à ce mouvement sur une planche en hauteur, d'où son nom. Également appelé muscle up.
Saut de chat
franchissement d'un obstacle en plongeant et en poussant sur les bras afin de faire passer ses jambes entre ses bras[14].
Double saut de chat
saut de chat avec deux appuis mains sur deux obstacles se suivant.
Dash
franchissement d'un obstacle en balançant tout d'abord les deux pieds par-dessus l'objet en question. Les deux mains servent d'appui sur l'objet (table, muret, etc.) pour terminer le franchissement de l'obstacle[15].
Saut de bras
saut utilisant pour la réception les bras, seuls ou en complément des jambes.
Passage fluide
également appelé interligne, mouvement de souplesse et de fluidité qui permet de passer les jambes puis tout le corps dans un passage étroit.
Tic-tac
tout mouvement dont au moins un appui des jambes ne se fait pas dans l'axe de la course d'élan, peut être qualifié de tic-tac. Souvent cela consiste à prendre appui sur un mur latéral[16].
Réception
flexion contrôlée des jambes pour un atterrissage amorti (la réception se fait toujours sur l'avant du pied, les talons ne doivent pas toucher le sol).
Roulade
lorsque la hauteur de chute est trop importante pour une réception simple, cette technique consiste à rouler sur la ligne diagonale du dos, dissipant ainsi l'énergie de la chute (à ne surtout pas confondre avec la roulade droite de gymnastique, dangereuse quand on fait du parkour ; par exemple la tête risquerait de cogner contre le sol)[17]. La roulade est aussi utilisée en tant que technique de « réchappe » après un faux mouvement.

On[Qui ?] dit qu’un traceur « a du flow » (en anglais « écoulement ») quand il sait enchaîner de nombreux mouvements techniques avec une grande fluidité et une grande maîtrise technique. « Avoir du flow » est l'un des objectifs des pratiquants.

Risques

Cette section ne respecte pas la neutralité de point de vue. (mai 2017).
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Le parkour est considéré comme un sport extrême[18] à cause des risques de blessure en environnement extérieur mais surtout à cause de l’image spectaculaire véhiculée par les médias. Cela va à l’encontre du parkour en tant que méthode d’entraînement[19], qui ne cherche pas la performance mais la progression à un rythme personnel. Les traceurs emploient la devise « être et durer »[20] pour indiquer la nécessité d’une progression relativement lente mais réfléchie.

Ainsi, certains fondateurs et pratiquants se prononcent contre l’institution de compétitions de parkour[21]. En effet sous la pression du public, des traceurs pourraient tenter des mouvements au mépris du danger et se blesser gravement[22]. Cela n’empêche pas les traceurs de se fixer des défis personnellement ou entre amis, auquel cas ils peuvent avoir recours à une parade. Un petit nombre de pratiquants adoptent aussi du matériel de protection comme des gants et des protège-tibias.

Compétition de free-running ou freerun

Des compétitions de freerun ont été organisées par Red Bull, les Red Bull Art Of Motion[23]. Les meilleurs free runners du monde entier viennent à cette compétition comme Pedro Salgado ou Alfred Scott. Chacun représente en quelque sorte son pays. Ils doivent d'abord effectuer une vidéo pour montrer leurs compétences afin de se qualifier pour la compétition.

Étymologie et définition

Lors de la réalisation du documentaire Jump London en 2003, le mot parkour a été traduit par free-running pour le public anglais. La voix off indique bien dès l’introduction « this is Parkour, the anarchic new sport of free running » (« c’est le parkour, le nouveau sport anarchique de la course libre »)[8]. Ainsi le terme free running (sans trait d’union) est une locution qui signifie « course libre ».

Cependant avec la maturation de la pratique, il devient clair que certains pratiquants s’intéressent plus à l’aspect gymnastique et spectaculaire qu’à l’aspect utilitaire. Sébastien Foucan revendiquant un moyen d’expression personnel sans limitation, par rapport à David Belle qui revendique l’efficacité et l’utilité, la variante acrobatique du parkour s’approprie alors le terme free-running. Les acrobaties sont empruntées à la gymnastique, au tricking, etc. Les pratiquants sont nommés free-runners ou freerunners.

Free-running

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La définition floue du terme free-running a créé de nombreux abus. La simple reproduction de mouvements de gymnastique en extérieur (gymnastique urbaine), le tricking, les arts du cirque - qui pourtant ne comportent pas de déplacement à travers l’environnement - sont souvent dénommés free-running. Ce phénomène qui mélange de manière inexacte plusieurs pratiques sous la dénomination de free-running est principalement dû aux nouveaux arrivants dans la pratique, les néo-freerunners[24]. Cette discipline a été créée par Sébastien Foucan, un atlhète français. Le free-running est une variante du parkour principalement fondée sur la vitesse, contrairement à ce dernier qui regroupe aussi le tricking[25].

Techniques

La plupart des techniques dites de free-running sont fondées sur la gymnastique, comme le salto arrière pour ne citer qu’un exemple. Selon chaque pratiquant les appellations peuvent différer. Les noms des acrobaties ne sont donc pas fixes, elles varient en fonction de ceux qui les utilisent. Cependant certaines techniques semblent provenir directement de la communauté du freerun, inspirées par l’environnement extérieur :

Monkey gainer/Kong gainer
combinaison d'un saut de chat et d'un salto arrière.
Cast bomb (ou castaway)
salto arrière effectué à partir d'un appui sur les mains, d'un mur ou d'une barrière.
Kick the moon (coup de pied de lune)/Cheat Gainer
salto arrière effectué par le lancement de son pied vers l'avant (autre que l'appui)
Tracasser
salto avant en se déplaçant vers l'arrière.
Gainer
salto arrière en se déplaçant vers l'avant.
Webster
salto avant effectué par le lancement de son pied vers l'arrière.
Wall spin
salto costal effectué à partir d'un appui des mains sur un mur.
Wall flip
salto arrière effectué à partir d'un appui des pieds sur un mur.
Russian
salto avant effectué par le lancement des bras vers l'arrière.

Tunnel flip

salto sur le côté en se déplaçant vers l'avant[26].

Devil drop

salto avant, depuis une position agrippée (mur/barrière)[26].

Cork

vrille effectuée par le lancement de la jambe vers le haut et vers l'avant.

Full

salto arrière en effectuant une vrille 360.

Palm flip

salto arrière effectué en poussant le mur avec ces mains.

Wall front

salto avant effectué en posant le pied sur un mur.

360 dive roll

roulade plongée en effectuant une vrille 360[26].

Finalité du parkour et valeurs

Les motivations des traceurs sont similaires aux pratiquants d’autres sports, particulièrement des sports extrêmes : développement physique, aspect communautaire, plaisir, connaissance et dépassement de soi, performance, passion… Ainsi le parkour peut être considéré comme une méthode d’entraînement, de développement physique ou un loisir sportif. De plus les traceurs évoquent des raisons spécifiques au parkour :

  • Le parkour est dans la continuation naturelle des jeux d’enfants. Un traceur a la même attitude que les enfants dans les cours de récréation qui aiment courir, sauter et grimper partout sans se demander pourquoi[27].
  • Le parkour, qui n’est pas codifié comme la plupart des sports, est une forme de liberté. Il permet de franchir des obstacles censés barrer le passage et accéder à des endroits a priori inaccessibles. Certains traceurs font le parallèle entre le franchissement d’obstacles physiques et le fait de surmonter les obstacles de la vie quotidienne[28].
  • Le parkour est utile au-delà du simple développement physique. Les mouvements techniques permettent un déplacement efficace en cas de poursuite, de fuite, de sauvetage, ou simplement une bonne réception en cas de chute. Ainsi les techniques du parkour sont employées par les pompiers de Paris. Les traceurs qui cherchent l’utilité citent la devise de Georges Hébert « être fort pour être utile »[19].

Enjeux politiques et philosophiques

Le Parkour est une discipline qui cristallise un certain nombre d’enjeux politiques et philosophiques.

En permettant une redécouverte de l’espace urbain, il permet d’en contester la norme et les dominations sociales inscrites en lui.

Dans son ouvrage La production de l’espace, Henri Lefebvre détaille comment les relations sociales de production sont renforcées grâce à la cartographie et à la disposition de l’espace urbain : « Les routes, les immeubles, les parcs, les écoles, même les rivières et les arbres situés en ville sont gérés comme des espaces sociaux basés sur les codes du marché capitaliste ».

Dans ce sens, pratiquer le Parkour est une forme de résistance collective. Beaucoup de traceurs considèrent que le mouvement athlétique dans la ville est trop souvent délimité à des terrains confinés et artificiels. La pratique du Parkour suggère que le sport n’a pas à être dénaturalisé et séparé du reste de l’espace de vie, mais devrait s’engager dans l’environnement quotidien.

Dans son article Parkour, Anarcho-Environmentalism, and Poiesis, Michael Atkinson interview des jeunes traceurs de Toronto, et l’un d’entre eux, Jim, exprime parfaitement cette idée :

« Si je reviens en arrière, et considère l’idée de courir sur un tapis (treadmill), six étages au-dessus du sol, avec un Ipod logé dans mes oreilles, dans une pièce climatisée, ça me rend malade. Aucune autre créature est « tordue » (fucked up) à ce point. On a peur de l’extérieur, et de faire ce qui est naturel en extérieur, parce qu’on nous a dit qu’on ne devait pas le faire. Courir ou autre est interdit par la loi presque partout, sauf dans les parcs situés à 10 miles (16,1 km) de là où j’habite. Je dois prendre un p*tain de bus pour pouvoir aller courir ».

Lorsqu’il est pratiqué dans l’espace public, le Parkour révèle, à travers son anormalité, la nature fondamentalement dominée de la vie urbaine.

Selon les mots de David Belle, « l’attitude du traceur, c’est aussi de savoir démentir les évidences, de garder un regard critique. Par exemple : les rues. Un itinéraire balisé où l’on n’a plus besoin de se demander si on doit l’emprunter ou non. C’est là, on le prend, c’est tout. Le Parkour, c’est l’esprit aventurier qui défie les terrains déjà conquis ». (David Belle, Urbanfreeflow.com).

Dans son article From Obstacle to Opportunity: Parkour, leisure, and the reinterpretation of constraints, Nathaniel Bavinton reprend l’idée de David Belle, à savoir « démentir les évidences », et la définis sous un angle post-structuraliste comme « refuser le sens socialement construit d’un objet, percer son existence comme artefact social, et le considérer pour ses qualités objectives et son potentiel d’utilisation ». On rejoint ici le concept d’affordance développé par James Gibson dans son ouvrage de 1979 sur la perception écologique. Ce concept décrit les possibilités offertes à celui ou celle qui le perçoit, en fonction de leurs capacités et aptitudes. Ainsi libéré de leur sens social, une barrière, un mur ou un muret deviennent tous des collections de surface et d’angle. Pour Michael & Stills (1992), « l’affordance ouvre l’horizon et permet de d’envisager le plein potentiel de la combinaison entre un organisme physique et un environnement physique ».

Ce travail de redéfinition des sens peut également être appréhendé sous l’angle de la phénoménologie d’Heidegger. Ce dernier, ayant beaucoup critiqué le désenchantement du monde par l’avènement des techniques et méthodes, évoque « l’autre côté » de la techne, à savoir cette possibilité de « dévoiler et révéler les réalités esthétiques et poétiques de l’humain à travers la subjectivité émotionnelle de l’expression et la réflexion ». C’est ce que les Grec anciens appelaient la poiesis. Pour eux, la poiesis permet de révéler des vérités humaines par l’art, l’esthétisme et l’émotion, offrant la « possibilité expérimenter les paramètres matériels et non-matériels de l’existence humaine ».

Critiques

L'émergence du parkour, à l'identique d'autres nouvelles pratiques et sports urbains (skateboard, danses de rue, bmx, art de rue...), est une remise en cause des usages de l'espace public. Le parkour peut ainsi apparaître aux riverains comme une activité gênante, génératrice d'insécurité et de désordre, ou comme un acte de provocation. Néanmoins ces considérations à l'égard de ces activités urbaines se sont progressivement modifiées[29].

Dégradations

Des traceurs repeignent un mur sali à Lisses.

Dans des cas plus sérieux, les traceurs abîment involontairement le mobilier urbain par leurs sauts répétés (traces de chaussure ou dégradation de murs par exemple). Les traceurs ont pris conscience de ce problème et des initiatives ont vu le jour pour, par exemple, repeindre les murs salis.

Parkour et terrains privés

Les traceurs sont parfois critiqués pour le passage sur des terrains privés. Pourtant, suivant les législations des différents pays les lois ne condamnent pas automatiquement le passage sur un terrain privé ni l’escalade d’enceintes. En Suède, le passage sur un terrain privé est un droit : allemansrätt. Aux États-Unis au contraire, la moindre atteinte à la propriété privée peut être punie. En France, le passage sur un terrain privé ou l’escalade d’enceintes est différent de la violation de domicile, ne rendant pas la pratique en terrain privé systématiquement punissable.

Interdiction du parkour

Interdiction du parkour à Strasbourg en 2012. L'interdiction a été levée en 2018.

Des autorités ont commencé à interdire le parkour dans le monde. Il est parfois reproché aux traceurs de troubler l’ordre public, mais c’est souvent l’assimilation avec la délinquance juvénile et une attitude non-conformiste qui condamnent arbitrairement le parkour[30]. Dans la plupart des cas l’interdiction est sans fondement juridique, puisque le parkour n’a de définition légale dans aucun pays sauf en Angleterre où le parkour a été reconnu comme un sport[31]. Dans certaines villes où les associations locales collaborent avec les acteurs locaux, le parkour est toléré, voire apprécié.

Communauté

Si le parkour est épisodiquement présent dans les médias généralistes ou sportifs, pour son aspect spectaculaire, il reste en grande partie underground. La pratique se fait majoritairement hors club de manière peu codifiée et non pas dans les structures sportives habituelles. Les traceurs se retrouvent et échangent grâce aux médias sociaux et à des forums Internet spécialisés. Les différentes teams se font connaître en publiant des vidéos sur Youtube. Des évènements occasionnels, les « parkour days », aussi appelées parkour jam à l'international, permettent la rencontre entre traceurs de villes ou de groupes différents.

Organisations

Le parkour gagne les médias en 2003 et 2004, ce qui crée un afflux important de nouveaux adeptes. Ainsi, dès 2006, des clubs s’organisent pour répondre à une demande d’encadrement de la pratique, particulièrement en Europe et aux États-Unis. Les clubs sont majoritairement soit des organisations commerciales soit des associations à but non lucratif, suivant les traditions nationales. Il faut retenir que ces clubs ne représentent qu’une partie des pratiquants, une proportion difficile à estimer s’entraîne hors club.

Il existe trois clubs où les fondateurs du parkour enseignent encore directement[32],[33],[34]. La légitimité des différentes associations à travers le monde est sujette à débat.

Par ailleurs, il n’existe en 2012 dans le monde qu’une seule organisation de parkour avec des pouvoirs consultatif et décisionnel officiels auprès d'un gouvernement : c’est Parkouruk en Angleterre, reconnue comme national governing body instance nationale responsable »)[35]. En 2017, certaines fédérations nationales se rassemblent pour former la fédération internationale Parkour Earth.

La Fédération internationale de gymnastique (FIG) intègre le parkour comme une de ses disciplines en 2017 en reconnaissant comme programme le Speed-Run (Sprint) and Freestyle. La FIG Parkour World Cup a lieu pour la première fois en [36]. Il y a toutefois une levée de boucliers de la part des associations d'usagers[37]. Un premier championnat du monde est prévu à horizon 2020[38].

En France

En France, c'est la Fédération Française de Gymnastique qui devient fédération délégataire de la discipline Parkour à partir de , à la suite de nombreuses négociations pendant lesquelles la Fédération Française d'Athlétisme et la Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade étaient aussi envisagées[39]. Comme la FIG, le FFGym propose deux programmes : le Speedrun (épreuve de vitesse) et le Freerun (épreuve de créativité acrobatique).

Plusieurs autres fédérations affinitaires existent, comme la Fédération de Parkour[40], et de plus en plus d'association sportives à but non lucratif se créent pour rassembler les pratiquants, encadrer et promouvoir ce sport, dialoguer avec les institutions (mairies). Cela permet aux pratiquants d'avoir accès aux gymnases pour s'entraîner sur du matériel éducatif.

Cependant, le parkour s'est très longtemps pratiqué en dehors de toute structure (hors-club), et continue d'être pratiqué individuellement ou en groupe à l'extérieur.

Jargon

génération de traceurs
dans « première génération de traceurs » ou « deuxième génération de traceurs », l'appellation désigne respectivement les fondateurs du parkour et leurs premiers disciples.
méthode naturelle
méthode d’entraînement de Georges Hébert à l’origine du parkour, également appelé l'hébertisme.
parkour day
événement national de parkour.
parkourpark
mot inspiré de skatepark pour désigner l'infrastructure vouée à l’entraînement au parkour et regroupant de nombreux obstacles du milieu urbain tels que murs et barrières en un seul endroit.
parkour.net
ancien forum Internet international sur le parkour, ouvert en 2001 et fermé en 2008. Parfois utilisé comme référence parmi les traceurs.
spot
lieu particulièrement propice à la pratique du parkour parce qu’il présente plusieurs obstacles qui permettent de travailler des mouvements techniques. Parfois un spot ne comporte qu’un seul obstacle nécessitant une grande performance, comme le saut du Manpower à Évry.
team
équipe formée en général de quatre à huit pratiquants, qui s’entraînent ensemble, également appelée crew.
traceur
à l’origine, membre de la team traceurs[41] mais aujourd’hui tout pratiquant du parkour ou art du déplacement.
Yamakasi
groupe de pratiquants pionniers du parkour, qui ont participé au film homonyme en 2001. Le grand public a tendance à utiliser erronément le terme Yamakasi pour désigner la pratique ou les pratiquants. Au sein de la communauté, l’abréviation « Yamak » désigne les membres du groupe Yamakasi ou plus généralement leur style d’entraînement.
street
abréviation de street parkour.

Références culturelles

Des techniques athlétiques de franchissement ont été représentés au cinéma depuis plusieurs décennies : dans des films de cape et d'épée comme Le Signe de Zorro (1920) où Douglas Fairbanks réalise des franchissements spectaculaires[42], dans les films asiatiques d'arts martiaux ou d'autres films d'action. Mais certaines représentations récentes de franchissements et courses urbaines font explicitement référence à la pratique du parkour.

Films

Le parkour, ou ses techniques, est représenté dans quelques productions cinématographiques dont Yamakasi, le premier film qui lui soit réellement consacré. Dans une scène de poursuite à pied dans Casino Royale, James Bond poursuit un terroriste (interprété par Sébastien Foucan, un des fondateurs de la discipline) qui multiplie les sauts et les techniques propres à cette discipline.

Le parkour est également populaire dans les films asiatiques, par exemple K-20 : L'Homme aux 20 visages, ou encore dans le blockbuster Prince of Persia : les sables du temps, où le héros du film, interprété par Jake Gyllenhaal, se déplace pendant les poursuites en utilisant les mouvements du parkour, ainsi que dans la série de jeux du même nom. De même, dans le film Top Cops, le personnage de Dave, interprété par Seann William Scott, pratique cet art dans des scènes comiques.

Le parkour est également représenté dans Banlieue 13, Banlieue 13 ultimatum, Les Rivières pourpres 2 - Les anges de l'apocalypse, Les Fils du vent en 2004, Die Hard 4 : Retour en enfer, Top Cops, Par effraction, Taken, Babylon A.D., Brick Mansions, RUN[43], Tracers et Assassin's Creed.

Bande dessinée

Séries

  • Le héros de la série américaine Arrow utilise lui aussi des techniques de parkour pour se déplacer.
  • Dans la série britannique Misfits, Superhoodie (saisons 2 et 3) utilise le parkour pour se déplacer.
  • The Gossip, le premier épisode de la saison 6 de The Office (2009) débute par une scène de parkour calamiteux entre Dwight K.Schrute, Andy Bernard et Michael Scott.
  • Dans la série américaine NCIS : Los Angeles, le premier épisode de la deuxième saison voit l'agent G. Callen poursuivre en courant un homme mystérieux s'enfuyant en pratiquant le parkour.
  • Dans la série américaine New Girl, le personnage de Schmidt réalise fréquemment des figures de parkour et les conclue toujours en criant "Parkour !".
  • Dans la mini-série canado-américaine The Phantom, juste après l’ouverture du premier épisode, il y a une scène de parkour et plus tard le personnage principal en fait référence. Il le pratique également dans quelques scènes.
  • Dans l'épisode 10 de la saison 6 d’American dad !, Stan et Fran se mettent au parkour malgré eux

Livres

  • Dans Skin Game, le tome 15 des Dresden Files, Harry Dresden se met au parkour. Cela consiste chez lui à crier « Parkour » à chaque fois qu'il saute par-dessus un obstacle.

Jeu vidéo

  • Dans le jeu Mirror's Edge les Messagers font passer des colis et des lettres illégalement dans leur ville en se déplaçant principalement sur les toits grâce au parkour.
  • Dans le jeu Watch Dogs 2, il est également possible de se déplacer dans la ville en faisant du parkour.
  • Dans le jeu Assassin's Creed, le héros se déplace de manière semblable à travers son environnement.
  • Dans le jeu Dishonored, Corvo utilise des déplacements fluides s'apparentant au parkour.
  • Dans le jeu Dying Light, il faut utiliser des déplacements de parkour afin de fuir les zombies.
  • Dans le jeu Vector[44],le joueur incarne un tracer poursuivi par un chasseur. À la fin de chaque de niveau, il peut amasser de l'argent qui lui permettra de débloquer de nouvelles techniques de parkour

Bibliographie

Notes et références

  1. Vocabulaire des sports, Journal officiel, 2014.
  2. [vidéo] Documentaire TF1 sur YouTube,[vidéo] Interview David Belle sur YouTube.
  3. (en) Sophie Fuggle, Le Parkour: Reading or Writing the City?, in Rhythms: Essays in French Literature, Thought and Culture (Laura McMahon ed.), Peter Lang, 2008, 238 pages, p. 159 et suivantes.
  4. à l'exemple des publications scientifiques en français qui mentionnent le « parkour »
  5. « Le Parkour> Historique », sur Fédération de ParKour (consulté le )
  6. http://membres.multimania.fr/parkourll/Traceur.htm Le groupe originaire des Traceurs
  7. [vidéo] Reportage Stade 2 (La Relève) sur YouTube
  8. [vidéo] Documentaire Jump London sur YouTube.
  9. Exemple d'American parkour, créé fin 2005.
  10. École des sports de Gerlev.
  11. Organisation d'une session de parkour.
  12. Articles sur les parkour-parks dans le monde.
  13. Fondamentaux du parkour
  14. [vidéo] démonstration de Saut de chat sur YouTube.
  15. [vidéo] démonstration de Saut de chat inversé sur YouTube
  16. [vidéo] Tutorial sur le tic-tac.
  17. Roulade parkour.
  18. Par exemple au niveau médical.
  19. [vidéo] Voir cette interview de David Belle sur YouTube.
  20. [vidéo] Une vidéo de parkour consacre cette devise sur YouTube
  21. Par exemple la Fédération de parkour.
  22. Lors du premier show compétitif télévisé la moitié des pratiquants se blessent, dont deux gravement.
  23. (en) http://www.redbull.com/en/events/1331591841166/red-bull-art-of-motion
  24. Explications sur les néo-sportifs.
  25. (en) Maxwell Kusi-Obodum, « Behind the scenes at Oxygen Freerunning in Southampton with Sébastien Foucan », Southern Daily Echo,
  26. « Liste des figures de parkour », sur ride-zone.blog4ever.com (consulté le )
  27. Description du parkour par Miramas Parkour
  28. Interview d'un traceur
  29. Claire Calogirou, « Jeunes, espace public, appropriation de l’espace public », Influxus, 2016 lire en ligne
  30. Parkour interdit arbitrairement en Russie.
  31. Fédération de parkour, « Le Parkour/Freerunning officiellement reconnu comme un sport au Royaume Uni ! | FPK - Fédération de Parkour », sur www.fedeparkour.fr (consulté le )
  32. ADD Academy avec cinq fondateurs.
  33. Gravity Style avec deux fondateurs.
  34. Foucan Freerunning Academy avec un fondateur.
  35. Voir le site Parkouruk.
  36. « 7 days to go till first FIG Parkour World Cup », Fédération internationale de gymnastique,
  37. La FPK et Parkour UK en contact avec la Fédération Internationale de Gymnastique : les traceurs ne sont pas des gymnastes
  38. « Main decisions from the 18th FIG Council in Istanbul », Fédération internationale de gymnastique,
  39. « Légifrance - Publications officielles - Journal officiel - JORF no 0032 du 07/02/2020 », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  40. « Site officiel du parkour en France | FPK - Fédération de Parkour », sur www.fedeparkour.fr (consulté le )
  41. Stéphane Vigroux explique l'origine du mot.
  42. [vidéo] Extrait sur Youtube sur YouTube
  43. « Run (2013) », sur IMDB
  44. « Vector- », sur Лучшая игра про паркур на iOS! Почувствуй вкус свободы и беги! Не дай себя поймать! (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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