Parataxonomie

La parataxonomie désigne la première classification empirique qui remonte aux chasseurs-cueilleurs du Paléolithique qui décrivaient les plantes et les regroupaient en se basant sur des concepts descriptifs tels que leur usage potentiel, leur allure générale, leur écologie[1].

Les parataxonomistes sont des personnes n'ayant pas de formation scientifique mais employées comme assistant de chercheurs sur le terrain, éventuellement dans le cadre d'un dispositif de type « science citoyenne ».

C'est un mode émergeant de travail[2].

Étymologie

Selon Yves Basset (2004), ce mot est la version francophone du néologisme anglais parataxonomist inventé par des naturalistes anglo-saxons devant inventorier les invertébrés de forêts tropicales américaines[3].

Ce terme est formé à partir du radical taxonomie, assorti du préfixe en grec ancien παρά, pará « à côté de ».

Qui peut être parataxonomiste ?

Du fait de leurs rôle de soutien aux équipes de chercheurs, les parataxonomistes ne requièrent qu'une formation minimale, voire aucune, suivant la spécificité et la difficulté de la tâche attendue. Ainsi, ce sont souvent des membres de populations locales[4], des écovolontaires, ou bien des étudiants n'ayant pas fini leur formation dans le champ de recherche ciblé.

Le recours à des parataxonomiste est fréquent en zone tropicale, où l'inventaire de la biodiversité peut-être compliqué par sa grande diversité et la difficulté inhérente aux écosystèmes tropicaux.

Formation

Ils bénéficient généralement d'une formation initiale, puis d'éléments de formation continue. Toutefois, certains programmes, comme le programme Feederwatch du Cornell Lab of Ornithology, s'abstiennent délibérément de toute formation et misent plutôt sur l'effet de nombre des observations, corrigée par les statisticiens [5].

Parfois, ils sont formés de manière plus approfondie, avec par exemple un programme de parataxonomistes à l'Institut national de la Biodiversité du Costa Rica (INBio), selon Janzen et al. 1993[6]). Il existe un centre de formation spécialisée en Papouasie-Nouvelle-Guinée [7]. Ils peuvent alors utiliser ordinateurs portables, binoculaires ou microscopes, appareils photos numériques, et contribuer à prédéterminer et faire un premier classement des échantillons[8],[9].

Outils NTIC

Dans le domaine émergent dit des NBIC – à la croisée des nanotechnologies (N), des biotechnologies (B), de l'informatique (I) et des sciences cognitives (C) –, la géolocalisation et la démocratisation et simplification d'outils autrefois réservés aux experts permettent l'apparition de nouveaux moyens d'aide à la reconnaissance d'espèces et de constitution de base de données géoréférencées, par exemple sous forme d'applications pour smartphones permettant à la fois l'inventaire naturaliste in situ, sa visualisation et sa structuration [10], potentiellement en lien avec le local comme avec le Global Biodiversity Information Facility (GBif), utilisable dans les sciences citoyennes et les parataxonomistes, dans les régions où ces outils sont déjà adaptés aux besoins. Il est possible que des puces capables de reconnaitre l'ADN de plantes, microbes ou animaux puissent être bientôt disponibles à bas prix.

Notes et références

  1. Rodolphe-Edouard Spichiger, Vincent V. Savolainen, Murielle Figeat, Daniel Jeanmonod, Botanique systématique des plantes à fleurs, PPUR presses polytechniques romandes, (ISBN 2-88074-417-2), p. 5.
  2. (en) Tamtiai, E., Manumbor, M., Boen, W. & Isua, B. (2001) Parataxonomists: A new approach to training for science. In Proc. of the ‘Science and Technology in Developing Countries: Emerging Trends in the New Millennium’ Conference, University of Goroka, Goroka, Sept 12-14, 2001, p. 21.
  3. (en) Janzen DH, Hallwachs W, Jimenez J, Gamez R. 1993. The role of the parataxonomists, inventory managers, and taxonomists in Costa Rica’s national biodiversity inventory. Pages 223–254 in Reid WV, Laird SA, Meyer CA, Gamez R, Sittenfeld A, Janzen DH, Gollin MA, Juma C, eds. Biodiversity Prospecting: Using Generic Resources for Sustainable Development.Washington (DC):World Resources Institute.
  4. (en) Ignazio Sparacio, « Description of a new species of Coleoptera Melolonthidae Rhizotrogini from Lampedusa Island (Sicily Channel, Italy) », Biodiversity Journal, vol. 9, no 4, , p. 333–338 (DOI 10.31396/biodiv.jour.2018.9.4.333.338, lire en ligne, consulté le )
  5. Florian Charvolin (2004), « Le programme Feederwatch et la politique des grands nombres », Développement durable et territoires
  6. (en) Janzen, D. H., Hallwachs, W., Jimenez, J and Gamez, R. (1993) The role of the parataxonomists, inventory managers, and taxonomists in Costa Rica's national biodiversity inventory. In Biodiversity Prospecting: Using Generic Resources for Sustainable Development (eds W. V. Reid, S. A. Laird, C. A. Meyer, R. Gamez, A. Sittenfeld, D. H. Janzen, M. A. Gollin, and C. Juma), p. 223-254. World Resources Institute, Washington.
  7. Parataxonomist Training Centre (Basset et al. 2000).
  8. Vojtech Novotny ; Assessment of biodiversity in megadiverse tropical countries: problems and a solution (consulté 2009 12 06)
  9. (en) Yves Basset, Vojtech Novotny, Scott E. Miller et Richard Pyle, « Quantifying Biodiversity : Experience with Parataxonomists and Digital Photography in Papua New Guinea and Guyana », BioScience, vol. 50, no 10, , p. 899-908 (DOI https://doi.org/10.1641/0006-3568(2000)050[0899:QBEWPA]2.0.CO;2, lire en ligne).
  10. Une start-up marseillaise met la biodiversité en « open data »

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Lien externe

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