Paraguay

Le Paraguay (/pa.ʁa.gwɛ/[3] ; en espagnol : /paɾaˈɣwaj/  ; en guarani : Paraguái /paɾaˈɰwaj/), en forme longue la république du Paraguay (en espagnol : República del Paraguay ; guarani : Tetã Paraguái), est un pays d'Amérique du Sud sans accès à la mer. Son territoire compte deux régions différentes séparées par la rivière Paraguay : la partie orientale, qui est la plus peuplée, et l'occidentale, qui intègre le Chaco Boreal ou Gran Chaco (le Chaco est une région naturelle qui s'étend de la Bolivie centrale à l'Argentine septentrionale incluse). Entouré par le Brésil à l'est-nord-est, la Bolivie au nord-ouest et l'Argentine au sud-sud-ouest, le Paraguay occupe une superficie de 406 752 km2, sa population est de 6 862 812 en [1], sans compter une diaspora de centaines de milliers de Paraguayens, notamment en Argentine, où ils ont souvent fait souche. Sa capitale et sa plus grande ville est Asuncion.

Pour l’article homonyme, voir Río Paraguay.

République du Paraguay

(es) República del Paraguay 

(gn) Tetã Paraguái


Drapeau du Paraguay.

Emblème du Paraguay.
Devise en espagnol : Paz y justicia  Paix et justice »)
Hymne en espagnol : Paraguayos, República o muerte  Paraguayens, République ou mort »)
Fête nationale
· Événement commémoré Indépendance vis-à-vis de l'Espagne ()
Administration
Forme de l'État République
Président Mario Abdo
Vice-président Hugo Velázquez (es)
Parlement Congrès
Chambre haute
Chambre basse
Sénat
Chambre des députés
Langues officielles Espagnol et guarani
Capitale Asuncion

25° 17′ S, 57° 38′ O

Géographie
Plus grande ville Asuncion
Superficie totale 406 752 km2
(classé 59e)
Superficie en eau 2,3 %
Fuseau horaire UTC -4
Histoire
Indépendance De l'Espagne
Date
Démographie
Gentilé Paraguayen
Population totale (2020[1]) 7 191 685 hab.
(classé 104e)
Densité 18 hab./km2
Économie
IDH (2017) 0,702[2] ; 102e)
Monnaie Guaraní (PYG​)
Divers
Code ISO 3166-1 PRY, PY​
Domaine Internet .py
Indicatif téléphonique +595
Organisations internationales
OEI
CIR
GGGI
Groupe de Cairns

Géographie

Image satellite du Paraguay.

La surface totale officielle du Paraguay est de 406 752 km2, constituée, en chiffres arrondis, d'une aire terrestre de 397 300 km2 et d'un espace aquatique de 9 450 km2[4]. Le Paraguay est un pays d'Amérique latine.

Topographie et hydrographie

Le point culminant est le Cerro Peró, qui atteint 842 m d'altitude[5]. Le point le plus bas se situe au point de confluence entre le Paraguay et le Paraná, les deux plus grands cours d'eau, à 40 m d'altitude environ[6]. La surface irriguée du Paraguay est estimée à 670 km2 (donnée de 1993). Le fleuve Paraguay divise le pays en deux parties, le Paraguay oriental et le Paraguay occidental[7].

Principales villes

Les principales villes sont : Asunción, Ciudad del Este, San Lorenzo, Luque, Capiata et Lambaré.

Végétation

Le pays était couvert, à l'est du fleuve Paraguay et au nord d'Asunción, de forêts tropicales denses, et près du fleuve Paraguay, de zones marécageuses. Au sud, de vastes zones inondables puis, se rapprochant du fleuve Paraná, de nouveau une forêt tropicale humide. À l'ouest, région du Chaco paraguayen, existaient au nord d'Asunción des forêts d'arbres de régions sèches (notamment le quebracho), de vastes zones de savanes et buissons de climat sec et une végétation de zone tropicale inondable. On rencontre encore dans les deux régions des variétés de palmiers. Par contre, le processus de dégradation s'est accéléré dans la région orientale depuis quelques décennies. Plus de 8 000 espèces de plantes ont été recensées au Paraguay, parmi lesquelles environ 15 % sont utilisées comme plantes médicinales (stévia, citronnelle paraguayenne)[8]. Toutes ces plantes, sont menacées à cause de la déforestation liée aux cultures de soja. En dix ans, le Paraguay est devenu le quatrième exportateur mondial de soja[9] et le sixième exportateur de bétail[10]. De plus, le soja est devenu le moteur principal de la croissance du pays. « Le Paraguay est le champion de la déforestation », a déclaré l’ancien ministre de l’Environnement José Luis Casaccia. « Seulement 13 % de la forêt originale de la partie orientale du pays subsiste encore, et si on continue comme ça, dans trente ans, il n’y aura plus un arbre », a-t-il ajouté[8].

Météorologie et climat

Le climat, subtropical humide, peut laisser place en hiver à des périodes de froid, celui-ci montant depuis le Sud de l'Argentine. Les pluies sont importantes dans l'Est, alors que le climat est semi-aride dans l'Ouest où existent au sud et sud-ouest des régions inondées chaque année (département de Villa Hayes, abords du fleuve Pilcomayo, frontière avec l'Argentine). En été les températures avoisinent 40 °C. L'hiver (juillet-septembre) est la saison la plus froide et sèche. En juillet, on peut passer de 25 °C à 5 °C d'une journée à l'autre[11].

Pays limitrophes

Le Paraguay ne possédant pas d'accès à la mer, il est entouré par environ 3 450 km de frontières terrestres et fluviales. Ce pays possède une triple frontière avec le Brésil et l'Argentine. Ces trois pays sont séparés par la rivière Iguaçu et le fleuve Parama[12]. De chaque côté de la frontière, un obélisque aux couleurs de son pays est érigé[13]. Ce pays américain possède une frontière avec l'Argentine de 2 531 km, avec la Bolivie de 753 km, et avec le Brésil de 1 371 km[1].

Histoire

Du XVIe au XVIIIe siècle

L'histoire coloniale du Paraguay est très compliquée en comparaison de celle d'autres parties de l'Empire espagnol des « Indes ». Asunción a d'abord été un poste avancé pour Buenos Aires, puis cette place forte a été détruite par des Indiens. D'abord point de départ d'expéditions à la recherche de l'or des Incas, constatant que d'autres espagnols avaient atteint ce but, elle est devenue le centre administratif et la base de la conquête d'une grande partie du bassin du Rio de la Plata. Elle a constitué jusqu'au début du XVIe siècle la « province Géante des Indes » par défaut, mais a été rapidement démembrée. En effet, alors que les autres provinces voyaient leur territoire délimité  avec toutes les approximations qu'entraînaient les connaissances géographiques limitées de l'époque  c'est à la suite de la « refondation » de Buenos Aires depuis Asunción que, du fait de sa position géographique de port sur l'embouchure du Rio de la Plata, la première a pris l'ascendant et sera élevée à capitale de province, amputant l'aire de la province du Paraguay, puis sera choisie comme siège du nouveau vice-royaume du Rio de la Plata dont le Paraguay ne sera plus qu'une des « intendances ».

Les Européens arrivèrent dans la région dans le premier tiers du XVIe siècle (Sebastián Gaboto, Juan de Solis, Aleixo Garcia, etc.), mais le premier acte de la couronne d'Espagne la concernant attribua à Pedro de Mendoza le titre d'« Adelantado » investi  à ses frais et profits (sauf le sixième pour la Couronne), mais pour le roi d'Espagne  de l'exploration et de la conquête du Rio de la Plata en date de 1534[14]. Il s'embarqua en 1535 et érigea en 1536 le (premier) fort de Buenos Aires. Le premier établissement qui deviendra Asunción a été fondé () par Juan de Ayolas (le premier à affronter les Indiens Guaranis--« Carios » chez Schmidel[15],[16]) dans sa quête d'une route partant de Buenos Aires vers le pays de l'or (le pays des Incas, le Pérou). Sans nouvelles de lui, Juan de Salazar (es) part à sa recherche, retrouve ses traces en ce lieu, et y fonde officiellement le fort d'Asuncion le , le jour de l'Assomption, d'où son nom initial de « Muy Noble y Leal Ciudad de Nuestra Señora Santa María de la Asunción ».

Plus d'un siècle et demi de l'histoire coloniale du Paraguay fut dominé par la question des « réductions » jésuites. À la suite d'une série d'ordonnances royales de 1607, les « réductions » (« regroupements », en français « missions ») d'Indiens par les jésuites furent affranchis de toute dépendance des pouvoirs civils, donc de l'application de l'« encomienda », institution selon laquelle les Indiens recevaient protection et éducation chrétienne de la part des colons en échange de temps de travail sur leur exploitation. En pratique, ce fut le recours au travail forcé. Les années 1610 à 1767 connurent la domination jésuite sur les Indiens Guaranis de la province jésuite du Paraguay, qui comprenait une partie du Sud de la région orientale du Paraguay actuel, mais aussi une petite frange du Brésil (aujourd'hui dans l'État de Rio Grande do Sul), la majeure partie de l'actuelle province argentine de « Misiones » et du Nord-Est de l'actuel Uruguay. Il convient ni de surestimer l'étendue de cette zone par rapport au Rio de la Plata (Il y a fréquemment confusion entre la province jésuite immense dont le siège était à Córdoba en Argentine et la zone effectivement couverte par les missions du Paraguay-Paraná), ni d'en sous-estimer l'importance économique et politique. À partir de 1609, les jésuites commencèrent à organiser les réductions, villages composés de plusieurs centaines ou milliers d'Indiens sédentarisés et encadrés seulement par deux jésuites. Leur organisation a pu évoquer un « communisme chrétien » (Clovis Lugon[17]) ou une « théocratie socialiste »[18], dans la mesure où la vie des Guaranis était communautaire[19] (jusqu'à la distribution chaque matin des outils pour aller travailler aux champs) et fortement encadrée par la religion (messe obligatoire à 5 h 30, le matin, et journée rythmée par les célébrations religieuses). Cependant, les qualificatifs de « communiste » ou de « socialiste » ne correspondent aucunement au système d'autorité ni à la réalité économique, dont le contrôle des exportations demeurait entre les mains de la Compagnie de Jésus. De même, le qualificatif d'« État » ne correspond à aucune réalité, l'habilitation des réductions résultant d'une décision royale comme l'expulsion des jésuites ordonnée par le pouvoir royal qui a fait disparaître le soi-disant « État »[réf. nécessaire][style à revoir].

Cependant, le système des réductions jésuites soulevait l'hostilité des colons espagnols de première génération et de leurs enfants métis (il n'y avait pas de femmes espagnoles disponibles au XVIe siècle et en nombre insuffisant au siècle suivant), dans la mesure où les ordonnances d'Alfaro soustrayaient les Guaranis à l'encomienda. Des raids de colons désireux de rafler des esclaves furent organisés, et ce d'autant plus facilement que les réductions réunissaient une quantité importante d'Indiens en un même lieu. D'un côté, des colons espagnols tentaient des rancheadas, d'un autre côté, notamment dans les années 1630, des expéditions de chasse aux esclaves étaient organisées par les bandeirantes, colons portugais de la ville de São Paulo, pourtant située à quelque mille kilomètres des réductions de la région de Guaira qu'il fallut déplacer vers le sud. Ce fut une des motivations du roi d'Espagne pour autoriser les Guaranis à s'armer et à constituer des milices. En 1641 eut lieu la bataille du río Mbororé, victoire des Guaranis et de leurs jésuites contre les paulistes. Cependant, l'armement de milices guaranis répondaient aussi aux besoins nés de l'expansion de la colonie portugaise du Brésil, et elles durent intervenir, le plus souvent avec succès, notamment contre l'implantation portugaise de la Nova Colonia de Sacramento, sur le Rio de la Plata en face de Buenos Aires, ce qui conduisit, en 1750, à la signature du traité de Madrid, « traité des frontières » (limites), ou « d'échange » (permuta) entre les monarchies espagnole et portugaise : en échange de l'évacuation par les Portugais de la place de Colonia (aujourd'hui Colonia del Sacramento en Uruguay), zone de contrebande et de menace portugaise sur Buenos Aires, le roi d'Espagne, qui avait pourtant accordé aux jésuites l'administration de la zone, devait faire évacuer sept réductions situées à l'est du fleuve Uruguay et céder ce territoire aux Portugais. Le refus des Guaranis se manifesta par la guerre des Guaranis, de 1754 à 1756, sous l'égide du cacique (chef coutumier) et corregidor président » du « conseil municipal » d'une réduction) Nicolàs Ñeengirú[20].

Du XIXe siècle à aujourd'hui

L'occupation du quartier général militaire à Asunción dans la nuit du 14 au par quelques dizaines d'hommes est retenu comme date officielle de la proclamation de l'indépendance. En réalité, la proclamation de 1811 fait allégeance à la monarchie espagnole. Ce n'est, formellement, que le que l'indépendance sans aucune référence d'allégeance extérieure sera proclamée par le Congrès. Ainsi, le , un triumvirat, qui comprenait le futur docteur Francia, et qui avait été constitué à la suite de l'occupation du quartier général, prit position à l'égard de la Junte qui s'était établie à Buenos Aires, « reconnaissant toujours le malheureux souverain sous les auspices duquel nous vivons (Ferdinand VII), nous unissant et nous confédérant avec la ville de Buenos Aires elle-même », etc. Le , les cinq membres (dont le Docteur Francia), d'une Junte désignée par le Congrès de la province du Paraguay prêtèrent serment de n'obéir à aucun autre souverain que Ferdinand VII. Le fut signé avec Buenos Aires un traité de commerce, sur les frontières et d'amitié qui, dans son article 5, consacra la reconnaissance par Buenos Aires de l'indépendance du Paraguay. Négocié principalement par le docteur Francia, celui-ci, après avoir patiemment écarté ses rivaux et tissé un réseau dans le pays, deviendra d'abord consul aux côtés de Fulgencio Yegros (désignation par un Congrès le ), puis « dictateur temporaire » élu pour cinq ans le par un autre Congrès, et enfin un dernier Congrès le désignera « Suprême Dictateur à vie » le . Il le restera en effet jusqu'à sa mort survenue le . Son « règne », isolant presque complètement le pays du monde extérieur, a permis d'épargner au Paraguay les troubles constants qui ont agité les autres ex-colonies espagnoles et l'alphabétisation de la quasi-totalité de la population. Il s'oppose par ailleurs à l'oligarchie et la bureaucratie coloniale, à l'Église catholique, et créé un État centralisé et fort, doté d'une milice citoyenne afin de retirer aux propriétaires terriens le commandement de l'armée[21].

Le régime autoritaire de Francia construit les bases d'un État fort et dirigiste afin d'entreprendre la modernisation économique du pays. Le Paraguay instaure ainsi un protectionnisme rigoureux à une époque où la plupart des autres pays adoptaient le système libre-échangiste promu par le Royaume-Uni tout en confiant à leur bourgeoise nationale le soin de piloter la création de richesses. Ce modèle, poursuivi après la mort de Francia par ses successeurs Carlos Antonio López puis Francisco Solano López, fit du Paraguay l'un des pays les plus modernes et les plus socialement avancés d’Amérique latine : la redistribution des richesses est si importante que de nombreux voyageurs étrangers rapportent que le pays ne connaît ni la mendicité, ni la faim, ni les conflits. La réforme agraire a permis de répartir assez équitablement la terre. Asunción figure parmi les premières capitales du continent à inaugurer un réseau de chemins de fer. Le pays possède une industrie en pleine expansion et une flotte marchande composée de navires construits dans des chantiers nationaux, présente une balance commerciale excédentaire et ne connait pas l’endettement[22].

Après un bref intermède militaire, il a été remplacé après sa mort par Carlos Antonio López. Conscient que le pays ne pourrait demeurer éternellement fermé, celui-ci réitéra la proclamation de l'indépendance en 1842 afin de mettre un terme aux prétentions périodiques de Buenos Aires sur l'ancienne intendance. Il ouvrit précautionneusement les frontières. Carlos Antonio Lopez, conscient que le temps travaillait contre le Paraguay, consacra une part notable des ressources à un effort militaire. Le Congrès l'autorisa en 1856 à désigner un successeur intérimaire par pli scellé. Il décéda le et le successeur en question était l'un de ses fils, Francisco Solano López, qu'il avait nommé à la tête de l'armée et qu'il avait envoyé conduire diverses ambassades auprès des puissances de l'époque. Ce dernier convoqua un Congrès pour le qui le confirma comme président. Fort des moyens économiques laissés par son père, il se prépara à la guerre qui devait éclater en 1864 avec le Brésil, puis en début 1865 avec l'Argentine et l'Uruguay, les trois pays se liguant par le traité de la Triple-Alliance (). Le poids relatif du Paraguay inquiétait ses voisins. Son refus de se plier aux exigences du libre commerce prôné par la Grande-Bretagne et les États-Unis déplaisait aux intérêts argentins et brésiliens. Considérant que les opérations menées en Uruguay par le Brésil et ses alliés uruguayens (Venancio Flores, également proche de Mitre qui dirigeait l'Argentine) mettaient en cause les équilibres politiques dans le Río de la Plata, ce qui n'était pas infondé, Francisco Solano Lopez demanda à l'Argentine le libre passage de ses troupes pour atteindre l'Uruguay. La réponse tardant, très probablement à dessein, il expédia des troupes importantes au travers du territoire argentin. Le Paraguay déjà en guerre avec le Brésil, c'était là une occasion pour l'Argentine d'en finir avec les prétentions paraguayennes sur son actuelle province de Misiones. L'intervention de l'Uruguay désormais dirigée par Flores, n'a répondu qu'à un échange de bons procédés à titre personnel entre ce dernier et Mitre. En bref, les actes de guerre du Paraguay, dans le cas du Brésil répondant à sa pression militaire, n'ont fait qu'avancer une confrontation vraisemblablement inéluctable compte tenu de l'occupation de plus en plus serrée des territoires incontrôlés qui séparaient les pays d'Amérique latine entre eux.

Le Paraguay s'engagea dans un conflit qui, de bilatéral, se transforma donc en « guerre de la Triple-Alliance » contre ses trois ennemis coalisés, l'Argentine, le Brésil et l'Uruguay (1865-1870). Les trois alliés peuvent compter sur le soutien financier de la Banque de Londres, de la Baring Brothers et de la banque Rothschild, la Couronne britannique et les milieux financiers y voyant l'occasion de propager le libre-échange partout sur le continent[22]. Les buts de guerre inscrits dans le traité de 1865 comprenaient l'attribution au Brésil et à l'Argentine des territoires qu'ils revendiquaient et l'imposition de la clause de la nation la plus favorisée, en finissant avec le protectionnisme qui avait permis le développement relatif du pays. Conduite imprudemment sur le plan stratégique dès le début de la guerre, quatre années ne furent que celles d'un lent repli avant la quasi-extermination de son peuple. Défait, l'acharnement principalement des armées brésiliennes et la résistance obstinée de Francisco Solano Lopez aboutit à sa mort au combat et à la dévastation complète de la partie peuplée du pays, les enfants d'environ quatorze ans étant enrôlés, à la réduction de sa population à une fraction de ce qu'elle était auparavant (probablement entre un tiers et la moitié), causant un déséquilibre démographique inouï entre les sexes (un homme pour deux à quatre femmes). La polygamie de fait se pratiquera par la force des choses et, compte tenu de la courte espérance de vie, le rééquilibrage démographique sera atteint une soixantaine d'années plus tard. Il y perdit aussi des territoires qu'il contrôlait mal autour de son actuelle région à l'est des fleuves Paraguay et Rio Paraná. Comme l'Uruguay, le pays devint « pays tampon » entre l'Argentine et le Brésil et connaîtra, désormais, une existence alignée sur celle des autres pays de la région : instabilité politique, exploitation du territoire par des intérêts d'abord anglo-argentins, puis aussi anglo-brésiliens. Ainsi exploitée, l'économie ne se rétablit au niveau antérieur à la guerre qu'une cinquantaine d'années plus tard. Le Paraguay dut affronter une deuxième guerre, la guerre du Chaco (1932-1935). Attaqué par la Bolivie, il gagna aux dépens de celle-ci la plus grande partie du Chaco qu'elle revendiquait. En fait, la région conquise n'était contrôlée par aucun pays à l'exception de ses franges, situation fréquente entre les anciennes colonies espagnoles et portugaises d'Amérique latine, qui a donné lieu au renouvellement de la théorie juridique dite de « l'uti possidetis juris : la terre appartenait à celui qui l'occupait, encore fallait-il prouver le caractère effectif de l'occupation et tenter de s'appuyer sur des titres. L'essentiel du territoire qui lui a été alors reconnu ne comprenait pas de ressources économiques notables (la thèse largement diffusée selon laquelle elle aurait été déclenchée pour y rechercher du pétrole sous l'influence américaine ne repose sur rien de sérieux), la principale ressource, le quebracho, un arbre à croissance lente au tronc riche en tanin alors indispensable aux industries du cuir, étant déjà sous souveraineté de fait paraguayenne et sous domination économique argentine le long du Haut-Paraguay.

C'est après la fin de cette guerre que les forces politiques sous l'influence de l'Argentine puis, à moindre titre, du Brésil, regroupées, en synthèse, entre libéraux (les « bleus ») et libéraux nationalistes (les « rouges » ou « colorados »), durent céder le pouvoir à des régimes militaires sous la pression notamment des anciens combattants du Chaco et du Colonel Franco qui fondera le parti « Fébrériste ». L'orientation politique de ceux-ci alla d'une tendance démocratique (José Félix Estigarribia, « général de la victoire » de la guerre du Chaco, élu le , décédé dans un accident d'avion le ) jusqu'à une tendance influencée par une adaptation locale du fascisme (Général Victor Morinigo, , avec perte progressive d'influence jusqu’au ), pour déboucher, les « colorados » alors dominants, sur une période de guerres civiles (1947), coups d'État et de troubles dont sortira finalement vainqueur le général Alfredo Stroessner en 1954 et renversement de l'influence des deux grands voisins au profit du Brésil.

Dictature d'Alfredo Stroessner

Après avoir conquis le pouvoir, Alfredo Stroessner dissout le Parlement, interdit les partis d'opposition et purge le Parti Colorado. Tous les quatre ans, le régime organise des élections qui aboutissent chaque fois à la réélection du président. La Constitution est amendée afin de permettre une présidence à vie[23]. Plusieurs centaines, voire milliers, de personnes sont tuées pour des raisons politiques, au moins 20 000 individus sont torturés, 1,8 million de Paraguayens (environ le tiers de la population) choisissent l'exil pour des raisons politiques ou économiques.

Il bénéficie d'un fort soutien des États-Unis, du Brésil, alors sous dictature militaire, et du Chili après le coup d’État. Le président Richard Nixon va jusqu'à déclarer que le régime de Stroessner est un « modèle de démocratie viable pour l’Amérique latine ». « Guidé par la main experte du général Stroessner », déclare Gustavo Leigh, l'un des membres de la Junte chilienne derrière Pinochet, en ouverture du troisième congrès de la Confédération anticommuniste latino-américaine en 1977, « le Paraguay a été l'un des premiers en Amérique à dresser des barricades pour se défendre contre le germe communiste, dans une attitude exemplaire pour les peuples américains ». Des officiers américains participent à la formation de leurs homologues paraguayens aux techniques de torture. La plus célèbre, la pileta consistait à plonger des opposants dans une baignoire emplie d’excréments, jusqu’aux limites de leurs forces[24].

Le régime est également responsable de la sédentarisation forcée et brutale des indigènes Aché à partir de 1967, sédentarisation accompagnée de meurtres et au cours de laquelle des indigènes connurent des conditions de travail proches de esclavage et des enfants furent volés. En 2013, les Aché ont porté plainte contre l’État paraguayen pour crimes contre l’humanité et génocide devant la justice argentine[25].

Outre le soutien financier reçu des États-Unis, l’État paraguayen, grâce à sa situation géographique, fait de la contrebande l'une de ses principales sources de revenu. De l'alcool aux animaux exotiques, en passant par les drogues et les voitures, le volume de la contrebande serait de trois fois supérieur au chiffre officiel des exportations. Le régime de Stroessner emploie amplement la corruption pour conserver la fidélité des Forces armées. Entre 1954 et 1989, quelque 8 millions d'hectares (soit un tiers des terres agricoles du pays) ont été distribués à des proches du pouvoir, principalement des officiers, dont certains ont ainsi pu amasser des fortunes considérables. La forte concentration des richesses et des terres a fait du Paraguay l'un des pays les plus inégalitaires de la planète au cours de cette période[23].

Retour de la démocratie

Alfredo Stroessner est renversé par un coup d’État en 1989 et le Brésil lui a offert l'asile politique. Le Parti Colorado lui survit au prix d'une mise au goût du jour : les élections présidentielles sont donc désormais formellement libres. Le Paraguay n'a jamais traduit en justice les principaux responsables des actes de torture et assassinats perpétrés pendant la dictature (seuls quelques policiers et un civil ont été condamnés)[23].

L'homme d'affaires Juan Carlos Wasmosy, du parti Colorado au pouvoir, est élu président en 1993. En , une marche organisée par 20 000 paysans réclamant une réforme agraire converge vers Asunción. Le pays connait également cette même année sa première grève générale depuis trente-cinq ans - qui aboutit à des hausses de salaire - et le gouvernement se trouve déstabilisé par une importante affaire de corruption qui entraine la démission du ministre des Finances[26]. Le président Wasmosy nomme, sous la pression de Washington, le général Ramon Rozas Rodriguez chef de la lutte anti-drogue. Celui-ci est assassiné par balles en , peu avant de présenter son rapport sur les activités illicites de hauts responsables des forces armées, du gouverneur de l'Alto Paraná Carlos Barreto Sarubbi, de l'homme d'affaires brésilien Fahd Jamil et de plusieurs agents de la DEA américaine. En , il démet de sa fonction de commandant en chef de l'Armée de terre le général Lino Oviedo, tenant d'une ligne dure à l'intérieur du Parti colorado et ne cachant plus ses ambitions politiques. Avec le soutien d'un grand nombre d'officiers, Oviedo menace le président de lancer ses chars à l'assaut de l'ordre constitutionnel. Réfugié dans l'enceinte de l'ambassade américaine, Wasmosy négocie et lui promet de le nommer ministre de la Défense. Il revient rapidement sur sa décision devant la pression de manifestation, des États-Unis (qui menacent de suspendre l'aide militaire) et du Mercosur (qui menace d'exclure le Paraguay en cas de retour d'un régime militaire).

Raúl Cubas Grau (Colorado) devient président en 1998. Les tensions à l'intérieur du Parti Colorado restent très vives et culminent avec l'assassinat en 1999 du vice-président Luis María Argaña, rival de Raúl Cubas Grau. Ce dernier, objet d'une procédure de destitution, démissionne et se réfugie au Brésil. Le président du Sénat, Luis Ángel González Macchi, le remplace. Il doit pourtant faire face à une procédure de destitution un an seulement après son arrivée au pouvoir, étant accusé d'avoir détourné à son profit 16 millions de dollars. Il parvient cependant à se maintenir au pouvoir à la faveur d'une « guerre de clans » à l'intérieur du parti colorado. Très impopulaire, il tente d'apaiser le mécontentement en acceptant de suspendre le processus de privatisations. Il déclare l’état d'urgence en . La répression de manifestations contre son gouvernement fait plusieurs morts et conduit à des centaines d'arrestations[27].

En aout 2004, au moins quatre cents personnes meurent dans l'incendie accidentel d'un centre commercial de la capitale, les propriétaires ayant fait fermer les portes afin d’empêcher les clients de partir sans payer[26].

Des élections pour renouveler le président et les deux chambres ont eu lieu le . Nicanor Duarte Frutos, du parti Colorado, a été élu président. Le , le parti Colorado voyait son règne de plus de soixante ans s'achever avec l'élection de Fernando Lugo, ancien évêque de gauche de l'Alliance patriotique pour le changement (APC), à la présidence du pays. Celui-ci a été déchu de la présidence par le Sénat le et remplacé par son vice-président, Federico Franco. Cette destitution, très controversée, fut notamment qualifiée par la présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner de « coup d'État », et valut au Paraguay une exclusion du Marché commun du Sud (Mercosur), de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) et de la Communauté d'États latino-américains et caraïbes (Celac), qui ne reconnurent pas la légitimité du nouveau gouvernement[28]. Horacio Cartes est élu en 2013 et Mario Abdo en 2018, tous deux membres du Parti Colorado.

Politique et administration

Le Paraguay est une république présidentielle. La Constitution de 1992 impose la division des pouvoirs.

Organisation des pouvoirs

Le président est à la fois le chef de l'État et le chef du gouvernement. Le président et le vice-président sont élus pour un mandat de cinq ans. Le président choisit après l'élection les membres de son cabinet.

Le parlement est composé de deux chambres. La Chambre des députés (Cámara de Diputados) compte quatre-vingts membres et le Sénat en compte quarante-cinq. Les élections législatives pour le renouvellement des deux chambres ont lieu tous les cinq ans, en même temps que l’élection présidentielle.

La Cour suprême est la plus haute instance judiciaire. Les sénateurs et le président en choisissent les neuf membres en se basant sur les recommandations d'un conseil spécifique.

La distinction civile la plus élevée du pays est l'ordre national du mérite du Paraguay.

Découpage administratif

Paraguay en Amérique du Sud.
Découpage administratif du Paraguay.

Le Paraguay est divisé en dix-sept départements, mais la capitale dispose d'un statut particulier. À la tête de chaque département, se trouve un gouverneur élu par les citoyens de la région. Voici la liste des départements :

Drapeau

Le Paraguay est le seul pays à avoir un drapeau avec deux faces différentes.

  • sur l'endroit, on peut observer les armoiries du pays ;
  • sur l'envers on trouve un lion, assis devant une pique surmonté du bonnet phrygien le tout entouré par la devise nationale Paz y Justicia (« Paix et justice »).

Démographie

La population du pays est de 6 862 812 en . Environ 95 % des Paraguayens sont métis, d'une ascendance à la fois européenne et amérindienne[1]. Selon la Dirección Nacional de Estadística (Censo Nacional Indígena), les Amérindiens étaient 87 000 en 2002 (soit 1,7 % de la population)[29], et 117 000 en 2012[30]. L’État paraguayen recense dix-neuf peuples autochtones[30]. La densité y est de 16,5 hab/km2 (Banque mondiale 2014).

Le Paraguay est classé parmi les pays les plus pauvres d'Amérique du Sud, et du monde.

L’espérance de vie y est de 78,13 ans, le taux de natalité de 16,43, le taux de fécondité de 1,89 enfants par femme, et le taux d’alphabétisation de 94% (CIA 2021[1]). 

Pyramide des âges[1] :

0-14 ans : 25,04 %

15-24 ans : 19,74 %

25-54 ans : 40,56 %

55-64 ans : 7,74 %

65 ans et plus : 6,92 %

Langues

Au Paraguay, il existe deux langues officielles : le guarani et l'espagnol (castillan). Le Paraguay est l’un des rares pays d’Amérique latine où une langue indigène est reconnue depuis longtemps : elle est la langue nationale depuis 1967, et la langue co-officielle depuis 1992. Enfin, depuis 1994, un plan national d’éducation vise à enseigner les deux langues à tous les Paraguayens[31]. Même si les deux langues ont un statut égal, dans l’administration, la justice, l’enseignement et les médias, l’espagnol s’impose largement mais il n'y a que 6 % d'unilingues espagnols et ce pourcentage diminue car le bilinguisme s’étend malgré tout à toutes les sphères de la société : 55 % des Paraguayens peuvent donc s’exprimer en espagnol.

88 à 95 % de la population totale parle le guarani. 39,2 % sont unilingues guarani, 48,9 % sont bilingues guarani-espagnol et 2,7 % parlent une autre langue amérindienne avec parfois le guarani comme seconde langue.

Il existe une vingtaine de langues amérindiennes vivantes : l’aché, l’ayoreo, le bolivien oriental (?), le chamacoco (en), le chiripá, le chorote iyo'wujwa, le guana, le guaraní, le guaraní mbyá, le guarani paraguayen, la lengua, le maká, le maskoy pidgin, le nivaclé, le pai tavytera (en), le sanapaná, le tapieté, le toba et le toba-maskoy, plus une langue disparue, l'emok.

Les autres langues d'origine européenne parlées sont le portugais (3,2 %), l’allemand standard (immigration, environ 1 %), le bas allemand mennonite et l'italien.

Santé

Il y a environ 11 médecins pour 10 000 personnes[32]. Il y a 18 infirmiers et sages-femmes pour 10 000 personnes[32]. L'espérance de vie en bonne santé était de 64 ans en 2007[32] ; 11 ans plus tard celle-ci était en 2018 d'environ 77,6 ans selon les estimations.[33] Le taux d'infection du VIH était de 0,5 % en 2007[32].

Religion

Environ 90 % sont catholiques et 10 % sont protestants (principalement mennonites) ou mormons, entre autres religions.

Droits homosexuels et avortement

En 2019, Amnesty International reproche aux autorités paraguayennes d'adopter des résolutions bafouant « les droits aux libertés d’expression, de réunion et de manifestation pacifique et l’égalité entre les personnes, entre autres. » L’organisation a également dénoncé le recours à des arguments de protection de la morale publique comme prétexte pour « restreindre de manière injustifiée les droits aux libertés de réunion et de manifestation pacifique, particulièrement des personnes LGBTI[34]. »

Selon l'Association internationale des personnes lesbiennes et gays (Ilga), le Paraguay est un pays problématique concernant les droits des personnes homosexuelles, atteintes par une « grande violence structurelle, laquelle est corrélée à une impunité de la LGBTphobie ».

L'avortement est interdit en toutes circonstances, sauf au cours des 20 premières semaines de grossesse si la vie de la mère est menacée[35].

Économie

Dans les années 2010, l’économie, en grande partie dirigée vers la production de soja, connait une croissance de 4 % en moyenne. La croissance économique ne permet néanmoins pas de faire reculer la pauvreté, qui atteint en 2018 selon les chiffres officiels plus de 26 % de la population. Cette croissance aurait surtout bénéficié aux investisseurs : d'après The New York Times, le Paraguay est « l’un des pays d’Amérique latine où l’écart entre les riches et les pauvres s’est le plus amplifié ces dernières années » ; dans les campagnes, 85 % des terres agricoles appartiennent à 2,6 % des propriétaires. En outre, des populations d’ascendances indigènes ont été expulsées afin de permettre l’implantation d'entreprises de soja[36].

Le marché de l’exportation du soja est très largement dominé par des multinationales (Cargill, Archer Daniels Midland, Bunge Limited, etc) et ne profite donc que peu à la population paraguayenne. Les entreprises d’exportation et les propriétaires terriens payent peu d’impôts. Ainsi, une étude de la CEPALC (un organisme de l’ONU) parue en 2018 indique que le Paraguay est un des pays où les entreprises participent le moins au budget de l’État[37].

Les pesticides et autres produits chimiques sont utilisés massivement dans les champs de soja. Les normes environnementales du pays ne sont pas respectées par les entreprises et les produits agrochimiques contaminent l’environnement. En 2019, le Comité des droits de l’homme des Nations unies publie un jugement exhortant le Paraguay à entreprendre une enquête sur les fumigations massives de produits agrochimiques et l’empoisonnement des populations. Cependant, la situation ne tend guère à s'améliorer : « La grande corruption politique, l’extrême fragilité des institutions, la vulnérabilité sociale élevée, l’omnipotence des intérêts économiques dans les décisions politiques, tout comme la localisation [du pays] dans le cœur géographique du cône sud et son abondance de ressources naturelles font du Paraguay une cible attirante pour les intérêts géopolitiques impériaux », souligne le sociologue Tomás Palau. L'universitaire José Luis Insfrán note également que les hommes politiques du pays « sont subventionnés par les grandes entreprises, ce sont elles qui implantent les politiques »[38].

Monnaie

La monnaie paraguayenne est le guaraní paraguayen. 1 euro = 6 576,309 1 guaranis en .

Ressources naturelles

Les principales ressources naturelles du Paraguay sont : le fer, le pétrole, le manganèse, le bois, le calcaire et l'énergie hydraulique[1]. De plus le Paraguay exporte plus de viande que l'Argentine et produit dix fois plus d'électricité qu'il n'en consomme grâce à l'hydroélectricité. Le pays est le quatrième exportateur de soja au monde (dont 97 % est génétiquement modifié[39]) et le sixième de bétail[40].

Plus de 80 % des terres cultivables sont possédés par 2,6 % de propriétaires terriens. Près de 8 millions d’hectares ont été octroyés de façon illégale, en violant la loi agraire, à des affidés du régime durant la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989), et l’État n’a depuis rien entrepris pour identifier les bénéficiaires de cet enrichissement illicite. Parmi ces propriétaires, des généraux, des entrepreneurs et hommes politiques, d’anciens présidents de la République, le dictateur nicaraguayen Anastasio Somoza Debayle, et même le Parti colorado au pouvoir. Plus de 130 leaders paysans ont été assassinés depuis la chute de Stroessner, en 1989[41].

Les méthodes pour s’approprier la terre au Paraguay sont nombreuses. L'’économiste Luis Rojas indique que la plus fréquente est d’acheter la terre aux petits producteurs : « On offre au paysan une somme qu’il n’a jamais vue de sa vie. Il s’imagine que c’est une fortune, part pour la ville, dépense tout en trois ou quatre mois et fait grossir les ceintures de misère, car il n’y a pas de boulot. » Oxfam estime que 900 000 personnes ont été expulsées des campagnes dans les dix dernières années, ce qui représente près d’un septième de la population. Cette foule de paysans sans terre grossit ainsi les ceintures de pauvreté autour d'Asunción, la capitale[37].

Environnement

En 2019, Le Paraguay avait un score moyen de l'indice d'intégrité du paysage forestier de 6,39, le classant 74e sur 172 pays[42].

Le Paraguay est l'un des pays subissant les plus fort taux de déforestation. Quelque 2,5 millions d'hectares de forêts du Chaco paraguayen ont été perdus au cours de la décennie 2003-2013[39].

Les terres boisées publiques sont vendues à des éleveurs sud-américains, européens ou américains. Les forêts sont coupées ou brûlées pour permettre la culture du soja ou la création de pâturages pour le bétail. Au Paraguay, la vente et le défrichement des terres sont libéralisés par le manque de mesures régulatrices et l'un des taux de corruption les plus élevés en Amérique latine[39].

La perte d'habitats provoquée par la déforestation menace la biodiversité de la région : « L'abondance de plusieurs espèces a énormément diminué au cours des dernières années à cause de la déforestation », selon le parc national Teniente Agripino Enciso[39].

Culture

La culture du pays est relativement métissée, les peuples originaires sont la fierté du pays.

La population paraguayenne est multi-ethnique avec des Amérindiens, des Métis, des Européens, et des Asiatiques. La langue principale est l'espagnol, bien que le guarani est aussi langue officielle. En raison de cultures différentes, le Paraguay jouit d'une grande diversité dans des domaines comme l'art, la cuisine, la littérature et la musique.

Patrimoine

Les missions jésuites de la Santisima Trinidad de Parana et Jesús de Tavarangue, sont les seuls lieux classés au patrimoine mondial de l'Unesco[43].

Bibliographie

  • (es) Efraim Cardozo, El Paraguay colonial. Las raíces del nacionalismo, Buenos Aires Asunción, Ediciones Nizza, , 231 p..
  • (es) Carlos R. Santos, La republica del Paraguay, Asuncion, H. Kraus, (lire en ligne).
  • François Chartrain, L'Église et les partis dans la vie politique du Paraguay depuis l'Indépendance (thèse de doctorat d'État de science politique), Paris I, , 631 p..
  • (es) François Chartrain, La Iglesia y los partidos en la vida politica del Paraguay desde la Independencia, vol. 101, Asuncion, Centro de Estudios Antropologicos de la Universidad Catolica (CEADUC), coll. « Biblioteca de Estudios Paraguayos », , 552 p..
  • François Chartrain, Causes de la Guerre du Chaco : Éléments de jugement (Mémoire pour l'Institut des hautes Études internationales de Paris I).
  • Lizette Dias de Oliveira, Les réductions guarani de la province jésuite du Paraguay, étude historique et sémiotique (thèse disponible en microfiches dans certaines bibliothèques).
  • M. Ezran, Une colonisation douce : les missions du Paraguay, Paris, .
  • (en) Barbara Ganson, The Guarani under Spanish Rule in the Rio de la Plata, Stanford, .
  • L. A. Muratori, Relation des Missions du Paraguay, .
  • (es) Hernández Pablo, El extrañamiento de los Jesuitas del Río de la Plata, Madrid, Librería V. Suárez, , 420 p..
  • Carlos Sampayo et Oscar Zarate, Paraguay : chronique d'une extermination, Milan, Quadragono, .
  • Sylvain Souchaud, Pionniers brésiliens au Paraguay, Paris, Karthala, , 407 p..
  • J. Vellard, La civilisation du miel : indiens Guayakis du Paraguay, NRF Gallimard, .

Notes et références

  1. « Paraguay - The World Factbook », sur www.cia.gov (consulté le )
  2. (en) « Human Development Reports », sur hdr.undp.org (consulté le ).
  3. Prononciation en français standard restranscrite phonémiquement selon la norme API.
  4. (en) « Paraguay - Surface area », sur indexmundi.com (consulté le ).
  5. https://web.archive.org/web/20090331232757/http://guaira-online.bplaced.net/atractivos_turisticos.html
  6. La ville d'Asunción étant située officiellement à 43 mètres d'altitude, la déclivité étant de 5 à 6 centimètres par kilomètre, et sous réserve du choix nécessairement arbitraire du point de référence.
  7. « Paraguay », sur abc-latina.com (consulté le ).
  8. « Plantes médicinales menacées au Paraguay », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le ).
  9. Juhie Bhatia (trad. de l'anglais par Stéphanie Camus), « Paraguay : la montée en flèche de la production de soja provoque des conflits », sur globalvoices.org, (consulté le ).
  10. Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, « Présentation du Paraguay », sur diplomatie.gouv.fr (consulté le ).
  11. « Climat, saisons et météo Paraguay », sur routard.com (consulté le ).
  12. « Triple frontière entre le Brésil, l'Argentine et le Paraguay », sur voyagerloin.com, (consulté le ).
  13. « Triple frontière entre Brésil, Argentine, Paraguay », sur riz-cantonais.net, (consulté le ).
  14. Capitulacion de Charles Quint du 21 mai 1534.
  15. (de) Ulrich Schmidel, Wahrhafftige Historien einer wunderbaren Schiffart, Graz (Autriche), Akademische Druck- und Verlagsanstalt, Frühe Reisen und Seefahrten, 1962 (réédition de l'original de 1602), 103 p..
  16. (es) Ulrico Schmidel, Viaje al Rio de la Plata y Paraguay, Buenos Aires, Colección de Angelis (IX). VI-61-XII págs., , VI-61-XII p..
  17. Clovis Lugon, La république communiste chrétienne des Guaranis (1610-1768), Paris, Editions ouvrières, , 293 p..
  18. Louis Baudin, Une théocratie socialiste : l'État jésuite du Paraguay, Paris, M. T. Génin, , 72 p..
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  43. « Missions jésuites de la Santísima Trinidad de Paraná et Jesús de Tavarangue », sur unesco.org/ (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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