Panislamisme

Le panislamisme est un mouvement politico-religieux réclamant soit l'union de toutes les communautés musulmanes (l'ummat islamiyya) dans le monde, soit l'union des territoires considérés comme musulmans (le Dar al-Islam), généralement sous la direction d'un calife et « commandeur des croyants ». C'est une forme de nationalisme.

Ne doit pas être confondu avec panarabisme.

Histoire

Cette idéologie est d'abord défendue par les sultans ottomans (en tant que « successeurs du Messager de Dieu » et « commandeurs des croyants »), notamment par Abdulhamid ll pour contrer l'avènement des nationalismes en territoire ottoman[1], puis par les Jeunes-Turcs qui le superposaient au Panturquisme pour justifier le génocide des chrétiens d'Anatolie et devient influente après la Première Guerre mondiale, avec l'application de l'accord Sykes-Picot, qui met fin aux espoirs des nationalistes arabes d'avoir un État arabe libre et indépendant. Le panislamisme est un courant de pensée qui se réclame anticolonialiste et anti-impérialiste, bien que sa politique vis-à-vis des dhimmis soit considérée comme impérialiste, entrant très souvent en conflit avec les autres courants nationalistes arabes et en particulier ceux qui sont séculiers ou laïcs.

Dans L’islam et la psychologie du musulman (1923), André Servier, historien français du début du XXe siècle, écrit que le Parti nationaliste égyptien « vise au rétablissement de la puissance islamique et à l'expulsion de l'étranger. C'est une forme nouvelle du panislamisme mais une forme plus dangereuse parce qu'elle a des tendances réalistes, qu'elle vise un but pratique, immédiatement réalisable. Ce mouvement d'émancipation est né en Égypte par réaction contre la domination anglaise. Son inspirateur fut Moustafa Kamel Pacha qui, le , fit acclamer à Alexandrie le programme du Parti national dont il était le chef : « Les Égyptiens pour l'Égypte, l'Égypte pour les Égyptiens ». Moustapha Kamel ajoutait : « Nous sommes des spoliés et les Anglais des spoliateurs. Nous voulons notre pays libre sous la domination spirituelle du Commandeur des Croyants ». Or, il est admis que Moustapha Kamel Pacha était un fervent défenseur de la laïcité.

Remarques

On parle de panislamisme pour Al-Qaïda ou encore pour l'État islamique. Mais le terme de pan-sunnisme serait plus à propos, car les musulmans non-sunnites, chiites ou kharijites sont rejetés du projet politique de ces organisations.

Acteurs panislamiques (pansunnites)

Aujourd'hui, le panislamisme est largement représenté par des mouvements religieux comme les frères musulmans, des organisations anti-nationalistes qui préfèrent l'oumma (communauté des croyants) à la nation (watan). Dans la logique où les musulmans se disent tous faire partie d'une communauté, cette communauté est représentée comme étant fraternaliste.

Sur le plan politique, Al-Qaïda se présente en tant que panislamique, réclamant une nation musulmane allant du Maroc jusqu'en Indonésie.

Penseurs panislamiques chiites et sunnites

Djemâl ad-Dîn al-Afghâni (1838-1897) et Mohamed Abduh (1849-1905) considérés comme les fondateurs du modernisme islamique peuvent être vu comme des penseurs « réellement » panislamique, au sens étymologique premier, car regroupant chiites et sunnites.

Notes et références

  1. François Georgeon, Le crépuscule de l'Empire Ottoman

Annexes

Bibliographie

  • Abdennour Bidar (2016) Self islam, Histoire d'un islam personnel (éditions du Seuil)
  • Abdennour Bidar (2004) Un islam pour notre temps (éditions du Seuil)
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  • Axel, L. Les dangers du panislamisme en Afrique Noire. Revue Politique et Parlementaire, 60, 36-50.
  • Ashor, M. (2008). la politique extérieure libyenne: du panislamisme au panafricanisme (Thèse de doctorat, Perpignan).
  • Bajolle G Le Panislamisme et la paix mondiale. Revue Mondiale, 140(1).
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  • Köhler M. Le panislamisme et le défi de la modernité.
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  • Tlili B (1973) Au seuil du nationalisme tunisien : documents inédits sur le panislamisme au Maghreb (1919-1923). Africa, 211-236 | résumé.

Articles connexes

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