Palais Valguarnera-Gangi

Le palais Valguarnera-Gangi, également appelé palais Gangi, est un édifice du XVIIIe siècle au centre du quartier de la Kalsa, à Palerme, en Sicile. Propriété des princes Valguarnera, puis des princes Gangi, il se situe sur la Piazza Croce dei Vespri. Sa construction, typique du baroque sicilien, commença vers 1750 et s'acheva dans les années 1780.

Façade sur la place Croce dei Vespri.
La galerie des Miroirs du palais Gangi sur une ancienne photographie.

Histoire

Le prince Pietro Valguarnera épousa en 1748 sa nièce Marianna, fille aînée de son demi-frère[1]. Marianna était l'unique héritière du palais Valguarnera et des terres de la Villa Valguarnera à Bagheria[2]. Les deux époux entreprirent bientôt l'agrandissement et la réfection du palais existant, endommagé par le tremblement de terre de Palerme en 1751.

Les travaux, supervisés par Marianna Valguarnera, furent conduits à partir des années 1750 par un jeune architecte originaire de Trapani, Andrea Giganti (ou Gigante), élève de Giovanni Biagi Amico. Andrea Giganti agrandit le palais en ajoutant une aile où se trouve l'actuelle galerie des Miroirs, typique du baroque sicilien, avec son double plafond ajouré et son pavement en majolique de Vietri[3],[4]. Il fallut dix ans pour réaliser cette salle. Dans le même esprit, la voûte de la salle de bal, ou «  Grand Salon  », est décorée de stucs rococo et de fresques tandis que le sol est, là encore, en majolique historiée[5]. Giganti a également conçu les petites pièces dites « poudreuses », au fond de la galerie des Miroirs, cette fois dans le goût chinois[6].

Toutefois, quelques années plus tard, le grand architecte sicilen du néoclassicisme Giuseppe Venanzio Marvuglia, revint de Rome, et il semble que son influence ait été déterminante sur la suite des travaux. Ainsi le Salon ovale, avec ses murs dorés ponctués de pilastres et sa voûte ornée d'une fresque allégorique[7] attribuée à Giuseppe Velasco, s'apparente-t-il au style pompéien. Enfin, dans les années 1780, le nouveau prince Gangi, Giuseppe Emanuele Valguarnera, fit appel à l'architecte néoclassique Giovanni Battista Cascione, à qui des documents d'époque permettent d'attribuer l'escalier monumental qui mène au piano nobile[8].

Les façades extérieures du palais relèvent quant à elles du baroque sicilien, tout en présentant un aspect moins ouvragé que les bâtiments de la même époque. Selon la tradition classique, les frontons des hautes fenêtres du piano nobile alternent triangles et arcs de cercle.

Situé au cœur de la ville, il mesure 8000 m²[9].

Le palais Gangi a connu d'importants travaux de restauration durant ces dernières années à l'initiative de ses propriétaires, le prince et la princesse Vanni Calvello Mantegne di Gangi[10]. Certaines pièces peuvent se visiter sur rendez-vous, notamment la salle de bal, qui peut être louée pour diverses occasions.

En 2016, dans un entretien au Corriere Della Sera, la princesse Carine menace de vendre la bâtisse en raison d'une récente réforme fiscale. Le palais est dans le patrimoine de la famille de son mari depuis son origine[9].

Au cinéma

C'est dans plusieurs pièces de ce palais, en particulier dans la salle de bal et la galerie des Miroirs, que Luchino Visconti a tourné la scène du bal du Guépard en 1963[9].

Notes et références

  1. Cette pratique était admise dans le royaume des Deux-Siciles lorsqu'il s'agissait de préserver l'unité d'un patrimoine. Cela n'était pas considéré comme un inceste.
  2. Marianna Valguarnera, qui était née sourde-muette, était surtout connue pour son intelligence et son goût pour les beaux-arts. La romancière contemporaine Dacia Maraini s'est inspirée de son histoire pour écrire La Vie silencieuse de Marianna Ucrìa.
  3. Le thème est celui des Travaux d'Hercule. Le pavement représente aussi des guépards.
  4. Angheli Zelapì, p. 164 et suiv.
  5. Scènes de bataille.
  6. Le film de Visconti montre plusieurs plans sur les majoliques – notamment les guépards de la galerie des Miroirs – comme sur les « poudreuses  ».
  7. Psyché conduite sur l'Olympe par Mercure.
  8. Dans le film Le Guépard, c'est en haut de cet escalier que la princesse Butera accueille Tancrède.
  9. Philippe Ridet, « À Palerme, le palais du « Guépard » menacé », sur Le Monde, (consulté le ).
  10. Le palais et les travaux de restauration ont fait l'objet de deux reportages dans l'émission Des racines et des ailes de Patrick de Carolis, diffusée sur France 3 : Voyage en Italie (30 juin 2004) et Spéciale Sicile (29 mars 2006).

Voir aussi

Bibliographie

  • Gérard Gefen (avec la collaboration de Fanny Calefati di Canalotti ; photographie de Jean-Bernard Naudin), La Sicile au temps des Guépards : vie quotidienne d'une aristocratie, Paris, (OCLC 468194943)
  • (it) Mario Giarrizzo & Aldo Rotolo, Il mobile siciliano, Flaccovio Editore, Palermo, 2004
  • Dacia Maraini, La Vie silencieuse de Marianna Ucrìa, roman, Robert Laffont, 1997
  • Angheli Zelapì, Demeures de Sicile, préface de Gioacchino Lanza Tomasi, photographies de Melo Minnella, Könemann, 2000
  • « Le Palazzo Gangi, le palais du Guépard  », dans Connaissance des arts, n° 615,

Articles connexes

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