Périclès

Périclès, en grec ancien Περικλῆς / Periklễs, est un stratège, orateur et homme d'État athénien (Athènes vers 495 av. J.-C. - 429 av. J.-C.).

Pour les articles homonymes, voir Périclès (homonymie).

Périclès
Buste de Périclès portant l'inscription « Périclès, fils de Xanthippe, Athénien ». Marbre, copie romaine d'après un original grec de Crésilas (430 av. J.-C.), musée Pio-Clementino.
Nom de naissance Περικλῆς - Periklễs
Alias
L'Olympien[1]
Naissance vers 495 av. J.-C.
Athènes
Décès 429 av. J.-C.
Athènes
Activité principale
Autres activités
Ascendants
Conjoint
Famille
Bouzyges par son père, Alcméonides par sa mère

Fils de l'homme politique Xanthippe et d’Agaristé, laquelle appartient à la puissante famille des Alcméonides, il est influent durant l'âge d'or de la cité, plus précisément entre les guerres médiques et la guerre du Péloponnèse, Périclès fait de la Ligue de Délos un empire athénien et mène ses compatriotes au cours des deux premières années de la guerre du Péloponnèse. Il a eu une influence si profonde sur la société athénienne que Thucydide, un historien contemporain, le qualifie de « premier citoyen de sa patrie » et que son époque est parfois appelée le « siècle de Périclès »[2]. Les sources sur sa vie sont nombreuses, mais discordantes ; Périclès a marqué ses contemporains et les générations suivantes à Athènes, dans le monde hellénistique, puis romain : il existe de nombreuses sources littéraires antiques à son sujet dont les auteurs sont parfois devenus des classiques. Ces sources riches en renseignements ne sont jamais neutres et leurs orientations ont fait l'objet de nombreux débats historiographiques[3]. Il s'illustre également dans la promotion des arts, une des principales raisons pour lesquelles Athènes détient la réputation d'être le centre éducatif et culturel du monde grec antique. Il est à l'origine du projet de construction de la plupart des structures encore présentes aujourd'hui sur l'Acropole d'Athènes dont le Parthénon[4]. En outre, il favorise la démocratie athénienne à tel point que des critiques le qualifient de démagogue[5].

Biographie

Datation

Selon la plupart des historiens, Périclès serait né vers 495 av. J.-C.[Note 1], dans le dème de Cholargos juste au nord d'Athènes[7].

Famille

Membre de la tribu acamantide, il a pour père Xanthippe, un homme politique important qui s'est opposé à Miltiade et qui, bien qu'ostracisé en -485/-484, est revenu dans la cité pour commander le contingent athénien dans les victoires grecques au cap Mycale et à Sestos cinq ans plus tard[7]. Sa mère, Agaristé, est une descendante de la puissante famille noble et controversée des Alcméonides[8] et ses liens familiaux ont joué un rôle crucial dans le démarrage de la carrière politique de Xanthippe. Agaristé est l'arrière-petite-fille du tyran de Sicyone, Clisthène, et la nièce du réformateur athénien également appelé Clisthène, autre Alcméonide[Note 2],[10]. Son frère aîné, Ariphron, nommé comme le père de Xanthippe, n'a pas laissé de traces d'activités politiques[8].

D'après Hérodote et Plutarque, Agaristé avait rêvé, quelques nuits avant la naissance de Périclès, qu'elle portait un lion[7],[11],[9]. Une interprétation de cette anecdote considère le lion comme symbole traditionnel de grandeur, mais l'histoire peut aussi faire allusion à la taille inhabituelle du crâne de Périclès, qui est devenue une cible de moquerie de la part des comédiens contemporains[12],[13] et l'origine du sobriquet de « tête d'oignon »[14]. Plutarque présente cette malformation comme la raison pour laquelle Périclès est toujours casqué mais le casque était le symbole de sa fonction officielle de stratège qui incluait notamment le commandement militaire ; on le retrouve sur de nombreux bustes de personnalités aux pouvoirs similaires[15].

Au Ve siècle av. J.-C., la famille des Alcméonides est en concurrence avec les autres familles eupatrides (aristocratiques) de la cité, comme les Cimonides-Philaïdes ou les Eumolpides. Ces familles nouent parfois des alliances matrimoniales mais elles se livrent également à de féroces luttes politiques pour le pouvoir et le prestige, ces luttes ont une grande importance sur la vie et la carrière de Périclès[16].

Alliances matrimoniales

Périclès, suivant la coutume d'Athènes, a d'abord été marié à l'une de ses proches parentes : Dinomaque, petite-fille de Clisthène, avec qui il a deux fils, Paralos et Xanthippe[17],[18]. Celle-ci avait déjà été mariée à Hipponicos Ammon, membre d'une puissante famille ayant compté de nombreux prêtres[19]. Périclès divorce ensuite de Dinomaque et la remarie à Clinias, homme politique et stratège particulièrement riche issu lui aussi d'une famille prestigieuse. Loin d'être une source de discorde, ces mariages renforcent les liens de solidarité entre les différents époux. À la mort de Clinias en 447 av. J.-C. à la bataille de Coronée, Périclès devient le tuteur de ses enfants, dont Alcibiade[20].

Aspasie

Statue d'Aspasie de Milet (vers 469 av. J.-C. - vers 406 av. J.-C.), compagne de Périclès.

Vers -445, Périclès prend pour compagne une métèque originaire de Milet, Aspasie[21]. Cette relation avec une étrangère suscite de nombreuses réactions, même de Xanthippe, l'un des fils de Périclès qui a des ambitions politiques, qui n'hésite pas à critiquer son père[22]. Elle est pour les ennemis du stratège une occasion de le dénigrer et même de l'attaquer en justice[23]. Bien qu'il soit certain qu'elle partage la vie et la maison de Périclès, son statut n'est pas sûr, concubine ou épouse officielle[24]. Puisqu'Aspasie, citoyenne de Milet, et Périclès, citoyen d'Athènes, ne jouissent pas de l'épigamie[25], il est peu probable qu'ils aient pu se marier. Selon certains, c'est d'ailleurs parce qu'elle n'était pas une femme mariée qu'elle disposait de tant de liberté. Ils ont ensemble au moins un fils, Périclès le Jeune. Selon la tradition hostile à Périclès, Aspasie est une hétaïre ; pour Aristophane et Hermippe le Borgne, elle est même proxénète[26]. Cette hypothèse est crédible mais elle est peut-être une calomnie inventée par ses adversaires. La liberté sociale et de parole d'Aspasie, sortant et discutant en public avec Périclès, a pu choquer les Athéniens pour qui la place d'une bonne épouse est au gynécée et contribuer à sa réputation de mœurs licencieuses[23]. Pour d'autres auteurs anciens comme Callias et Eschine, elle fut professeur de rhétorique[27]. Plutarque rapporte les deux faits et Danielle Jouanna, la biographe moderne d'Aspasie, ne tranche pas tout en soulignant que l'un n'exclut pas l'autre[28]. Platon et Xénophon affirment qu'elle recevait Socrate et discutait philosophie avec lui : Aspasie est érudite, son influence politique et intellectuelle sur Périclès est réelle et elle participe à entretenir son cercle d'amis[29].

Maîtres et amis

Bien qu'il soit destiné à faire de la politique, ses premières années sont calmes et le jeune Périclès, plutôt introverti, prend soin d'éviter les apparitions publiques, préférant consacrer son temps à ses études[30], ce que lui permettent la noblesse et la richesse de sa famille. Il apprend la musique des maîtres de son époque comme Damon d'Athènes[31] qui restera son ami et son conseiller jusqu'à ce qu'il soit ostracisé[32].

Il apprécie la compagnie du sophiste Protagoras d'Abdère, des philosophes Zénon d'Élée et Anaxagore[33] en particulier, dont il devient un proche ami, et qui l'influence beaucoup[34]. La manière de penser et le charisme rhétorique de Périclès, son flegme proverbial et sa maîtrise de soi seraient le résultat de l'influence d'Anaxagore[35],[36], de ses idées sur la nécessité du calme émotionnel face aux difficultés et de son scepticisme à propos des phénomènes divins[10]. En plus de ces penseurs, il entretient aussi un cercle d’artistes et d'artisans comme Phidias, Céphale de Syracuse ou Hippodamos. Ses relations personnelles avec des étrangers de Syracuse, de Milet, de Corinthe et même de Sparte sont parfois mal vues par les Athéniens et dénoncées par ses adversaires politiques[37].

Descendance

Sa plus grande tragédie personnelle est la mort de sa sœur et de ses deux fils légitimes, Xanthippe et Paralos, touchés par l'épidémie de 430 av. J.-C. Juste avant sa mort, les Athéniens permettent un changement dans la loi de 451 av. J.-C. qui fait de Périclès le Jeune, son dernier héritier mais fils d'Aspasie de Milet et donc demi-Athénien (nothos), un citoyen de la cité et héritier légitime[38],[39], une décision d'autant plus frappante que Périclès a proposé la loi limitant la citoyenneté à ceux de filiation athénienne des deux parents[40]. Périclès le Jeune sera lui aussi stratège et participera à la bataille des Arginuses en 406 av. J.-C. à la suite de laquelle il est exécuté[38].

Entrée en politique

Frise chronologique de la vie de Périclès
(c. 495 av. J.-C. – 429 av. J.-C.)

Au printemps de 472 av. J.-C., Périclès présente la tragédie grecque Les Perses d'Eschyle aux Grandes Dionysies en tant que chorège, forme particulière de liturgie, démontrant ainsi qu'il est l'un des hommes les plus riches d'Athènes[41]. L'historien Simon Hornblower a fait valoir que la sélection par Périclès de cette tragédie, qui présente une image nostalgique de la célèbre victoire de Thémistocle à la bataille de Salamine, montre que le jeune politicien a appuyé Thémistocle contre son adversaire politique Cimon, dont la faction a réussi à faire ostraciser Thémistocle peu de temps après[42].

Plutarque indique que Périclès est le « premier citoyen de sa patrie » pendant quarante ans[43]. Si tel est le cas, il a dû prendre une position importante au début des années 460 av. J.-C. Tout au long de cette période, il s'est efforcé de protéger sa vie privée et a essayé de se présenter comme un modèle pour ses concitoyens. Né dans un milieu aristocratique, il désire trouver l'appui de l'ensemble du peuple et cesse de fréquenter les banquets organisés par les riches familles[44],[45].

En 463 av. J.-C., Périclès est le principal accusateur de Cimon, le chef de la faction conservatrice accusé de négliger les intérêts vitaux d'Athènes en Macédoine[46]. Bien que Cimon soit acquitté, cette confrontation prouve que l'adversaire politique majeur de Périclès est vulnérable[47].

Ostracisme de Cimon

Autour de 461 av. J.-C., les responsables du parti démocratique décident qu'il est temps de s'attaquer à l'Aréopage, un conseil traditionnel contrôlé par l'aristocratie et autrefois l'organe le plus puissant dans l'État[6]. Le chef du parti et mentor de Périclès, Éphialtès, propose une forte réduction de ses pouvoirs et sa proposition est adoptée par l'ecclésia (l'assemblée des citoyens)[44]. Cette réforme marque le début d'une nouvelle ère de « démocratie radicale »[6]. Le parti démocratique devient progressivement dominant dans la vie politique et Périclès semble disposé à suivre une politique populiste afin de flatter le public. Selon Aristote, cette attitude peut s'expliquer par le fait que son principal adversaire politique, Cimon, est riche et généreux et pouvait obtenir les faveurs du public en utilisant sa considérable fortune personnelle[46]. L'historien Loren J. Samons II fait cependant valoir que Périclès aurait eu suffisamment de ressources pour faire une carrière politique avec des moyens privés, s'il l'avait choisi[48].

En 461 av. J.-C., Périclès obtient l'élimination politique de ce redoutable adversaire en utilisant l'« arme » de l'ostracisme. L'accusation principale porte sur le fait que Cimon a trahi sa ville en agissant comme un partisan de Sparte et qu'il est donc opposé aux intérêts des Athéniens[49].

Selon Claude Mossé, au-delà d'un différend institutionnel et philosophique, l'antagonisme entre Cimon et Périclès s'inscrit dans une rivalité de personnes et de familles : « le fils de Xanthippe désire infliger au fils de Miltiade le même ostracisme que celui-ci avait infligé à celui-là » vingt ans auparavant[50].

Dirigeant d'Athènes

L'assassinat d'Éphialtès en 461 av. J.-C. ouvre la voie à Périclès pour consolider son autorité[Note 3]. En l'absence d'opposition forte après l'ostracisme de Cimon, Périclès, meneur incontestable du parti démocratique, devient de facto le dirigeant de l'empire athénien. Il demeure au pouvoir presque sans interruption jusqu'à sa mort en 429 av. J.-C.

Les réformes civiques

Périclès adopte et promeut une politique sociale populaire. Il propose d'abord un décret qui permet aux pauvres d'assister aux pièces de théâtre sans payer, l’État couvrant le coût de leur place. Il fait ensuite abaisser le seuil de richesse exigé pour devenir archontes en 458-457 av. J.-C.[53]. Sa mesure la plus importante, populaire mais choquante aux yeux de l’aristocratie, est la mise en place à partir de 454 av. J.-C. de la misthophorie : une indemnité ou « misthos » (μισθός / misthós, littéralement « gages, paie ») de deux oboles par jour est versée à tous les citoyens qui servent comme jurés dans l'Héliée (le tribunal populaire d'Athènes) puisqu'ils perdent les bénéfices d'une journée entière de travail. Cette indemnité, plus tard étendue aux autres magistrats et aux soldats, est ridicule pour les riches et intéressante pour les pauvres : elle permet à tous de participer à la démocratie[54].

Sa mesure la plus controversée aujourd'hui est la loi de 451 av. J.-C., qui limite la citoyenneté aux personnes ayant une filiation athénienne par leurs deux ascendances, alors que celle du père suffisait auparavant[38],[55].

La guerre sur plusieurs fronts

Périclès fait ses premières manœuvres militaires pendant la première guerre du Péloponnèse, causée en partie par l'alliance d'Athènes avec Mégare et Argos et la réaction subséquente de Sparte.

En 454 av. J.-C., il attaque Sicyone et l'Acarnanie où il tente, sans succès, de prendre Œniadæ, avant de retourner à Athènes[56],[57]. En 451 av. J.-C., Cimon serait revenu d'exil et aurait négocié une trêve de cinq ans avec Sparte sur proposition de Périclès, un événement qui indiquerait un changement de sa stratégie politique[47]. Il est possible qu'il ait pris conscience de l'importance de la contribution de Cimon durant les conflits en cours contre les Péloponnésiens et les Perses. Anthony J. Podlecki fait cependant valoir que ce prétendu changement de position est une invention des auteurs anciens afin de « donner une vue tendancieuse de la sournoiserie de Périclès[58] ».

Plutarque affirme que Cimon a conclu un accord de partage du pouvoir avec ses adversaires, selon lequel Périclès s'occupe des affaires intérieures tandis que Cimon est le chef de l'armée, faisant campagne à l'étranger[52]. S'il a réellement été conclu, ce marché constitue une concession de la part de Périclès, mettant en doute ses qualités de stratège. Donald Kagan estime que Cimon s'est adapté aux nouvelles conditions et a fait la promotion d'un mariage politique entre les démocrates et les aristocrates[59].

Au milieu des années 450 av. J.-C., les Athéniens appuient sans succès une révolte égyptienne contre la Perse, ce qui conduit à un long siège d'une forteresse perse dans le delta du Nil. La campagne aboutit à une catastrophe avec la défaite et la destruction de leurs forces[60]. En 451-450 av. J.-C., les Athéniens envoient des troupes à Chypre. Cimon vainc les Perses à Salamine de Chypre mais meurt de maladie en 449 av. J.-C. Périclès aurait été à l'initiative des deux expéditions en Égypte et à Chypre[61], bien que certains chercheurs, tels que Karl Julius Beloch, fassent valoir que l'envoi d'une grande flotte est conforme à l'esprit de la politique de Cimon[62].

De cette période complexe, l'existence de la paix de Callias, traité qui aurait mis fin aux hostilités entre les Grecs et les Perses, est vivement contestée et ses détails et sa négociation sont tout aussi ambigus[63]. L'historien Ernst Badian écrit qu'une paix entre Athènes et la Perse a été ratifiée en 463 av. J.-C. (faisant des interventions athéniennes en Égypte et à Chypre des violations de cette paix) et a été renégociée à la fin de la campagne à Chypre, entrant en vigueur en 449-448 av. J.-C.[64]. John Fine, d'un autre côté, suggère que la première paix entre Athènes et la Perse a été conclue en 450-449 av. J.-C. à la suite du calcul stratégique de Périclès que le conflit en cours avec la Perse porte atteinte à la capacité d'Athènes d'étendre son influence en Grèce et en mer Égée[63]. Kagan estime qu'il a eu recours à Callias, beau-frère de Cimon, en tant que symbole de l'unité et l'a employé à plusieurs reprises pour négocier des accords importants[65].

Buste de Périclès d'après une copie de celui de Crésilas. Altes Museum, Berlin.

Au printemps de 449 av. J.-C., Périclès propose un décret qui conduit à une réunion (un « congrès ») de tous les États grecs, afin d'examiner la question de la reconstruction des temples détruits par les Perses. Le congrès échoue en raison de la position de Sparte mais les véritables intentions de Périclès restent floues[66]. Certains historiens croient qu'il a voulu mettre en place rapidement une sorte de confédération de toutes les cités grecques, d'autres qu'il a voulu faire valoir la prééminence athénienne[67]. Selon Terry Buckley, l'objectif du décret est un nouveau mandat pour la ligue de Délos et pour la collecte du phoros (tribut)[68].

Pendant la deuxième guerre sacrée (448 av. J.-C.), Périclès conduit l'armée athénienne contre Delphes et restaure la souveraineté de la Phocide sur l'oracle[69],[70]. En 447 av. J.-C., il conduit « mille colons athéniens » en Chersonèse de Thrace pour augmenter la présence grecque dans la région. Il souhaite ainsi créer une « barrière » qui s'opposera « aux incursions des Thraces répandus dans le voisinage de la Chersonèse » et aux attaques de brigands qui demeurent dans la région. Son effort met fin à des « guerres continuelles et pénibles » que doit soutenir la région[10],[71]. À ce moment cependant, Athènes est sérieusement contestée par un certain nombre de révoltes parmi ses « alliés ». En 447 av. J.-C., les oligarques de Thèbes conspirent contre la faction démocratique. Les Athéniens demandent leur extradition immédiate, mais, après la bataille de Coronée, Périclès est forcé d'admettre la perte de la Béotie afin de récupérer ses soldats capturés pendant cette bataille[30]. La Béotie dans des mains ennemies, la Phocide et la Locride sont devenues intenables et tombent rapidement sous le contrôle des oligarques hostiles[72].

En 446 av. J.-C., un soulèvement plus dangereux éclate : l'Eubée et Mégare se révoltent. Périclès passe en Eubée avec ses troupes mais est forcé de revenir quand l'armée spartiate envahit l'Attique. Grâce à la corruption et aux négociations, il désamorce la menace imminente et les Spartiates rentrent chez eux[73]. Lorsque la gestion des deniers publics de Périclès est ensuite vérifiée, une dépense de 10 talents n'est pas suffisamment justifiée, puisque les documents officiels mentionnent que l'argent a été dépensé à des « fins très graves ». Néanmoins, ces fins, à savoir la corruption, sont aussi évidentes pour les vérificateurs qui ont approuvé les dépenses sans ingérence officielle et sans même enquêter sur ce mystère[74]. La menace spartiate disparue, Périclès retourne en Eubée pour écraser la révolte. Ensuite, il inflige un châtiment rigoureux aux propriétaires fonciers de Chalcis dont les propriétés sont confisquées. Les habitants d'Histiée, qui ont massacré l'équipage d'une trière athénienne, sont expulsés de leur territoire et remplacés par des colons athéniens[75]. La crise se termine officiellement par la paix de Trente Ans (hiver 446-445 av. J.-C.) qui voit Athènes renoncer à la plupart de ses possessions sur le « continent » grec acquises depuis 460 av. J.-C., Athènes et Sparte convenant de ne pas attaquer leurs alliés réciproques[72].

Mise au pas des conservateurs

En 444 av. J.-C., les factions conservatrice et démocratique s'affrontent dans une lutte acharnée. L'ambitieux chef des conservateurs, Thucydide[Note 4], accuse Périclès de gaspillage, critiquant la façon dont il a dépensé l'argent pour le plan de construction en cours. Thucydide réussit dans un premier temps à convaincre une majorité à l'ecclésia, mais quand Périclès prend la parole, il remet les conservateurs en minorité. Il l'emporte en proposant de rembourser la ville de tous les frais sur ses propres deniers, en échange de quoi il dédicacerait les monuments en son propre nom[76]. Sa position est saluée par des applaudissements et Thucydide subit une défaite inattendue. En 442 av. J.-C., l'ecclésia ostracise Thucydide pendant dix ans et Périclès est une fois de plus le maître incontesté de l'arène politique athénienne[43].

De l'alliance à l'empire
Le Parthénon, pièce maîtresse de l'Acropole d'Athènes, en 2008.

Périclès veut consolider l'hégémonie d'Athènes sur ses alliés et assurer sa prééminence en Grèce. Le processus par lequel la Ligue de Délos se transforme en un empire athénien s'amorce bien avant Périclès, plusieurs membres de la ligue ont choisi de payer un tribut ou phoros (φόρος/phóros) à Athènes plutôt que de fournir des équipages et des navires pour les actions communes[77]. Néanmoins, c'est bien lui qui parachève cette évolution[78]. C'est paradoxalement la défaite en Égypte et la contestation par plusieurs cités, comme Milet et Érythrée qui renforce la pression athénienne sur ses alliés[79]. Pour les museler et pour prendre le contrôle des finances de l'alliance, Périclès fait transférer le trésor de la ligue de la ville de Délos à Athènes en 454-453 av. J.-C.[80]. En 450-449 av. J.-C., les révoltes de Milet et d'Érythrée sont réprimées et Athènes rétablit sa domination[81]. Vers 447 av. J.-C., un décret semble avoir imposé la monnaie d'argent, les poids et les mesures athéniens à l'ensemble des alliés[68], précisant que l'excédent d'une opération de la frappe des pièces va dans un fonds spécial[82],[Note 5].

C'est de ce trésor que Périclès tire les fonds nécessaires à son ambitieux plan de construction centré sur « l'Acropole de Périclès », plan qui comprend les Propylées et le Parthénon pour commémorer les guerres médiques et la statue d'Athéna, sculptée par son ami Phidias[83]. Il lance la construction de l'Odéon d'Athènes, premier théâtre à être muni d'un toit et pouvant accueillir 5 000 spectateurs, son style architectural s'inspire des résidences impériales perses et ce symbole renforce encore l'image impérialiste d'Athènes sur ses alliés[84]. En 449 av. J.-C., Périclès propose un décret autorisant l'utilisation de 9 000 talents pour financer le programme de reconstruction des temples d'Athènes[68]. Angelos Vlachos, un universitaire grec, soutient que l'utilisation du trésor de l'alliance, initié et exécuté par Périclès, est l'un des plus importants détournements de fonds dans l'histoire humaine. Ce détournement a financé quelques-unes des créations artistiques les plus merveilleuses du monde antique[85]. Ainsi, Périclès réussit à mener une politique de prestige redoutablement efficace. Ces chantiers monumentaux fournissent du travail à toutes les corporations d'artisans ainsi qu'aux pauvres et renforcent sa politique sociale[86].

Révolte de Samos

La révolte de Samos est l'un des derniers grands événements militaires avant la guerre du Péloponnèse. Après l'ostracisme de Thucydide, Périclès est réélu stratège chaque année, le seul poste qu'il a officiellement occupé, bien que son influence soit si grande qu'elle fait de lui le dirigeant de facto de l’État. En 440 av. J.-C., Samos est en guerre avec Milet à propos du contrôle de Priène, une ancienne ville de l'Ionie au pied du mont Mycale. Battus, les Milésiens viennent à Athènes pour plaider leur cause contre les Samiens[87]. Lorsqu'Athènes ordonne aux deux parties de cesser les combats et de soumettre à son arbitrage, les Samiens refusent[88]. En réponse, Périclès convainc l'ecclésia d'envoyer une expédition à Samos pour interrompre la guerre contre les Milésiens[Note 6]. Après une bataille navale dirigée par Périclès et les neuf autres stratèges, les Athéniens défont les forces de Samos et lui imposent un nouveau gouvernement[88]. Le siège a cependant duré huit mois difficiles et a entraîné un mécontentement parmi les marins athéniens[89]. Périclès réprime ensuite une révolte à Byzance et, quand il revient à Athènes, donne une oraison funèbre pour honorer les soldats morts dans l'expédition[90].

Entre 438-436 av. J.-C., il mène la flotte dans la région du Pont et établit des relations amicales avec les villes grecques de la zone[91]. Il s'occupe également de projets internes comme la fortification d'Athènes avec l'édification de Longs Murs, une double muraille afin de garantir les communications entre la ville et son port du Pirée, et la création de nouvelles clérouquies, comme Andros, Naxos et Thourioi (444 av. J.-C.) ainsi qu'Amphipolis (437-436 av. J.-C.)[92],[93].

Attaques contre Périclès
Phidias faisant visiter le Parthénon à ses amis ; parmi les spectateurs, les critiques d'art ont identifié Périclès, l'homme barbu qui fait face à Phidias. À côté de lui est sa compagne, Aspasie. Au premier plan se trouvent Alcibiade, et son amant, Socrate. Peinture de Lawrence Alma-Tadema, 1868.

Périclès et ses amis ne sont jamais à l'abri des attaques, puisque la prééminence, dans la démocratie d'Athènes, ne signifie pas le pouvoir absolu[94]. Plutarque donne les noms des accusateurs : Simmias[95], Lacratidas[96], Cléon[97]. C'est le comportement de ce genre d'accusateurs que Démosthène, Théophraste - ou encore Cicéron - qualifient de « chien du peuple ».

Juste avant l'éruption de la guerre du Péloponnèse, Périclès et deux de ses proches, Phidias et Aspasie, font face à une série d'attaques personnelles et judiciaires, notamment pour détournement[98]. Phidias, responsable de tous les projets de construction, est d'abord accusé du détournement de l'or destiné à la statue d'Athéna et d'impiété, parce que, lors de la représentation de la bataille des Amazones sur le bouclier d'Athéna, il a sculpté le personnage d'un vieillard chauve lui ressemblant, et a introduit un autre personnage ressemblant très fortement à Périclès se battant contre une Amazone[99]. Les ennemis de Périclès ont également trouvé un faux témoin contre Phidias.

Aspasie, notable pour avoir de la conversation et comme conseillère, est accusée de corrompre les femmes d'Athènes afin de satisfaire les perversions de Périclès[100],[101]. Bien qu'Aspasie soit acquittée grâce à une « explosion » émotionnelle rare de Périclès, son ami Phidias meurt en prison ; son mentor, Anaxagore, est attaqué à l'Héliée pour ses convictions religieuses[101],[14] ; Lucien de Samosate dit dans Timon qu'il doit sa survie à Périclès[102].

Les ennemis de Périclès reprochent à Aspasie sa naissance à Milet. Robert Flacelière rapporte que les poètes comiques se sont emparés de l’affaire et ont accusé Aspasie de prostitution, ce qui n’a jamais été prouvé[103]. L’historien cite à ce sujet Marie Delcourt[104] :

« Personne n’aurait trouvé mauvais que Périclès aimât des jeunes gens, ni qu’il traitât mal sa première femme, mais on était scandalisé qu’il considérât la seconde comme un être humain, qu’il vécût avec elle au lieu de la reléguer dans le gynécée, qu’il invitât chez lui des amis avec leurs femmes. Tout cela était trop étonnant pour être naturel et Aspasie était trop brillante pour être une honnête femme. »

Au-delà de ces poursuites initiales, Périclès est attaqué à l'Ecclésia : demande est faite de justifier ses dépenses fastueuses et sa mauvaise gestion des deniers publics[101]. Selon Plutarque, il a tellement peur du procès à venir qu'il ne laisse pas les Athéniens se rendre aux demandes des Lacédémoniens, c'est-à-dire de révoquer le décret mégarien, ce qui aurait apaisé les sentiments belliqueux parmi les populations grecques[105]. Beloch estime également que Périclès a poussé à la guerre pour protéger sa position politique[106]. Ainsi, au début de la guerre du Péloponnèse, Athènes se trouve dans la position inconfortable de confier son avenir à un chef militaire dont la prééminence vient d’être sérieusement ébranlée pour la première fois en plus d’une décennie[30]. Le philosophe Théophraste rapporte qu’il envoyait à Sparte dix talents chaque année, qu’il distribuait à tous les magistrats en fonction, afin de détourner la guerre, achetant non pas un temps de paix, mais le temps de se préparer à loisir à refaire la guerre[107].

Guerre du Péloponnèse

Les causes de la guerre du Péloponnèse ont été abondamment discutées, mais de nombreux historiens de l'Antiquité rejettent la faute sur Périclès et Athènes. Thucydide laisse entendre que les Athéniens sont entrés en guerre par arrogance et désir de querelle et ajoute que Sparte s'était mise à craindre l'expansionnisme athénien. Il insiste toutefois sur le fait que l'homme politique athénien est encore puissant[108]. Gomme et Vlachos appuient le point de vue de Thucydide[109],[110]. Cependant, bien qu'il soit généralement considéré comme un admirateur de Périclès, Thucydide est un aristocrate athénien exilé par les démocrates et il a été critiqué pour sa partialité envers Sparte[Note 7].

Prélude à la guerre

Carte du monde égéen en 431 av. J.-C., à la veille de la guerre du Péloponnèse.

Périclès est convaincu que la guerre contre Sparte, qui ne peut pas cacher ses craintes d'une hégémonie athénienne, est inévitable[114]. Par conséquent, il n'a pas hésité à envoyer des troupes à Corcyre pour renforcer la flotte locale qui lutte contre Corinthe, alliée de Sparte et membre de la ligue du Péloponnèse[115]. En 433 av. J.-C., les flottes ennemies s'affrontent à la bataille de Sybota sans vainqueurs ni vaincus et un an plus tard, les Athéniens l'emportent face aux colons corinthiens à la bataille de Potidée ; il s'agit de deux événements qui contribuent grandement à la haine durable de Corinthe envers Athènes. Durant la même période, Périclès propose le décret mégarien qui ressemble à un embargo commercial moderne. Selon les dispositions du décret, les marchands de Mégare sont exclus du marché d'Athènes et des ports de son empire. Ce blocus asphyxie l'économie de Mégare et fragilise encore plus la paix entre Athènes et Sparte, alliée de Mégare. Selon l'historien George Cawkwell, ce décret de Périclès enfreint la paix de Trente Ans, « mais peut-être non sans un semblant d'excuse »[116]. Selon les Athéniens, les Mégariens ont cultivé des terres sacrées consacrées à Déméter et donné refuge à des esclaves en fuite, un comportement qu'ils jugent impie[117].

Après concertation avec ses alliés, Sparte envoie une députation exigeant certaines concessions, telles que l'expulsion immédiate de la famille des Alcméonides, y compris Périclès, et le retrait du décret mégarien, menaçant d'une guerre si ces revendications ne sont pas satisfaites. Le but de ces propositions est de mettre Périclès en porte-à-faux avec son peuple (ce qui survient quelques années plus tard)[118]. À cette époque, les Athéniens n'hésitent pas à suivre les instructions de Périclès. Dans la première oraison que Thucydide attribue à Périclès, ce dernier conseille de ne pas céder aux demandes spartiates car les Athéniens sont militairement plus forts[119]. Périclès n'est pas prêt à faire des concessions unilatérales, estimant que « si Athènes concédait ce point, Sparte trouverait alors de nouvelles exigences[120] ». Par conséquent, il a demandé aux Spartiates d'offrir un quid pro quo : en échange de l'annulation du décret mégarien, Sparte doit abandonner sa pratique d'expulsion périodique des étrangers de son territoire et reconnaître l'autonomie de ses alliés ; une demande qui montre que l'hégémonie de Sparte est également importante[121]. Ces conditions sont rejetées, et, aucun des deux camps n'étant prêt à faire marche arrière, les deux parties se préparent pour la guerre. Selon Athanasios G. Platias et Constantinos Koliopoulos, professeurs d'études stratégiques et de politique internationale, « plutôt que de se soumettre aux demandes coercitives, Périclès a choisi la guerre[120] ». Une autre considération qui peut influencer la position de Périclès est la préoccupation vis-à-vis des révoltes dans l'empire qui pourraient se propager si Athènes se montrait faible[122].

Première année de la guerre (431 av. J.-C.)

En 431 av. J.-C., alors que la paix est précaire, Archidamos II, roi de Sparte, envoie une nouvelle délégation en exigeant que les Athéniens se soumettent à ses sommations. Cette députation n'est pas autorisée à entrer dans la ville, puisqu'une résolution de Périclès prévoit qu'aucune députation n'est la bienvenue si les Spartiates ont déjà entrepris des actions militaires hostiles. Le rassemblement de l'armée spartiate à Corinthe est considéré comme une « action hostile »[123]. Voyant sa dernière tentative de négociation rejetée, Archidamos envahit l'Attique et n'y trouve aucun Athénien. Périclès, conscient que la stratégie de l'ennemi serait d'envahir et de ravager le territoire, a déjà fait évacuer toute la population de la région à l'intérieur des Longs Murs[124].

Périclès durant son oraison funèbre.

Aucune archive n'existe sur la manière exacte dont Périclès a réussi à convaincre les habitants de l'Attique d'accepter de se déplacer dans une zone urbaine densément peuplée. Pour la plupart, ce déplacement force l'abandon de leurs terres ancestrales et de sanctuaires en changeant complètement leur mode de vie[125]. Par conséquent, bien qu'ils aient accepté de partir, de nombreux résidents des régions rurales sont insatisfaits de cette décision[126]. Ce dernier a également donné des conseils à ses compatriotes sur les affaires en cours et leur a assuré que, si l'ennemi ne pillait pas ses propres terres, il offrirait sa propriété à la ville. Cette promesse est motivée par sa crainte qu'Archidamos, qui était l'un de ses amis, pourrait éviter de toucher à ses terres, soit par un geste d'amitié ou par un geste politique visant à aliéner Périclès de ses électeurs[127]. Périclès désamorce donc d'éventuelles jalousies et contestations de la part de ses concitoyens.

Voyant le pillage de leurs fermes, les Athéniens sont scandalisés et ne tardent pas à exprimer indirectement leur mécontentement envers leur stratège, que beaucoup d'entre eux considèrent comme responsable de la guerre. Même si face à la pression croissante, Périclès ne cède ni aux exigences d'une action militaire immédiate contre l'ennemi ni à la révision de sa stratégie initiale. Il a également évité la convocation de l'ecclésia, craignant que le peuple et en particulier les paysans, indignés par le ravage des terres, puissent imprudemment décider de défier la puissante armée spartiate[128]. Comme les réunions de l'ecclésia sont appelées à la discrétion de ses présidents tournants (prytanie), Périclès n'a aucun contrôle officiel sur leur programmation, mais son influence est encore suffisamment grande pour qu'il les persuadent de faire ce qu'il veut[129]. Bien que l'armée spartiate soit restée dans l'Attique, Périclès a envoyé une flotte de 100 navires pour piller les côtes du Péloponnèse et charge la cavalerie de garder les fermes ravagées près des Longs Murs[130]. Quand l'ennemi se retire et que le pillage prend fin, Périclès propose un décret pour thésauriser 1 000 talents et tenir prêt 100 navires en cas d'attaque navale sur la ville. Selon les dispositions les plus strictes du décret, même proposer une utilisation différente de l'argent ou des navires entraînerait la peine de mort. Au cours de l'automne de l'année 431 av. J.-C., Périclès dirige une expédition contre Mégare et quelques mois plus tard (hiver 431-430 av. J.-C.), il prononce son oraison funèbre la plus fameuse, honorant les Athéniens qui sont morts pour leur cité[131].

Dernières opérations militaires et mort

Anaxagore et Périclès par Augustin-Louis Belle (1757–1841).

En 430 av. J.-C., l'armée spartiate pille l'Attique pour la deuxième fois, mais Périclès maintient sa stratégie initiale[132]. Refusant d'affronter directement la phalange spartiate, il conduit de nouveau un raid naval pour piller les côtes du Péloponnèse, en prenant cette fois 100 navires avec lui[133]. Selon Plutarque, juste avant le départ, une éclipse solaire a effrayé les équipages, mais Périclès a utilisé les connaissances astronomiques qu'il a acquises auprès d'Anaxagore pour les calmer[134]. Dans l'été de la même année, une épidémie éclate et décime la population d'Athènes[135],[Note 8]. Elle est aggravée par « l'affluence des gens de la campagne dans la ville : ces réfugiés étaient particulièrement touchés »[136]. La maladie exacte est incertaine, et a été la source de beaucoup d'échanges entre historiens[Note 9]. Cette catastrophe supplémentaire déclenche une nouvelle vague de protestations publiques, et Périclès est forcé de se défendre dans un discours, dont une interprétation est présentée par Thucydide[139]. Ceci est considéré comme un discours monumental, révélant la vertu de Périclès mais aussi son amertume à l'égard de ses compatriotes pour leur ingratitude[30]. Temporairement, il réussit à dompter le ressentiment de la population et à traverser la tempête, mais les attaques de ses adversaires politiques finissent par porter leur fruit. Ils réussissent ainsi à le priver du mandat de stratège et à lui infliger une amende d'un montant estimé entre 15 et 50 talents. Il aurait été aussi déchu de ses droits civiques (atimia). Selon Plutarque, Cléon, nouveau venu sur la scène politique athénienne et promis à un grand avenir, a été l'accusateur dans ce procès[140].

Néanmoins, dans l'année, -en 429, les Athéniens non seulement pardonnent à Périclès, mais le réélisent comme stratège[Note 10]. Il est réintégré dans le commandement de l'armée athénienne et mène toutes ses opérations militaires pendant l'année 429 av. J.-C., ayant une fois de plus sous son contrôle les leviers du pouvoir[30]. Cette même année, il est témoin de la mort des deux fils légitimes qu'il avait eu de sa première épouse, Xanthippe et Paralos, à la suite de l'épidémie. Son moral miné, il fond en larmes[141]. Il meurt à l'automne de -429, durant l'épidémie qui touche Athènes.

Le poète Aristophane et l'historien Thucydide sont des Athéniens comme lui et l'ont connu de son vivant. Thucydide, auteur de l’Histoire de la guerre du Péloponnèse, l'admire tandis que le poète comique Aristophane s'en moque et caricature aussi bien son physique que sa politique. De nombreux autres poètes, dont il ne reste que des fragments des œuvres, ont moqué Périclès, sa soif de pouvoir ou ses amours[142]. Le philosophe Platon, né l'année suivant la mort de Périclès, est un Athénien et appartient à l’aristocratie et au parti oligarchique. Farouche adversaire de la démocratie, il le considère dans ses textes comme responsable d'un affaiblissement moral de la société. Les autres disciples de Socrate, comme Antisthène, sont aussi hostiles à Périclès[143]. Aristote, auteur de la Constitution d'Athènes, brosse un portrait plus nuancé de l'homme politique[144]. La Vie de Périclès de Plutarque, auteur grec né en 46 à l'époque romaine, est une source majeure très utilisée par les historiens jusqu'au XXIe siècle. Il utilise de nombreuses sources différentes dont certaines ont aujourd'hui disparu. Parfois admirateur du stratège, il reste un critique de son œuvre politique dans l'héritage de la pensée platonicienne. Vivant à l'époque des empereurs romains, il a parfois du mal à comprendre le fonctionnement du Ve siècle av. J.-C. et que le peuple puisse détenir réellement la souveraineté échappe à sa compréhension[145]. Les sources épigraphiques et archéologiques sont rares[146], les ostraca au nom de Périclès, parfois écrits de mains différentes, parfois de la même main indiquant ainsi qu'ils ont été préparés à l'avance, apportent des enseignements sur sa vie politique mouvementée. Juste avant sa mort, les amis de Périclès sont réunis autour de son lit, énumérant ses vertus en temps de paix et en soulignant ses neuf trophées de guerre. Bien que moribond, il les entend et les interrompt, faisant remarquer qu'ils ont oublié de signaler que son plus grand et plus honorable titre pour mériter leur admiration, est qu'il n'a « fait prendre de vêtements noirs à aucun Athénien »[147] (c'est-à-dire qu'il n'avait pas eu recours à la violence politique). Périclès a vécu les deux premières années et demie de la guerre du Péloponnèse et, selon Thucydide, sa mort a été un désastre pour Athènes puisque ses successeurs ne furent pas de sa trempe. Toujours selon Thucydide, ces derniers préféraient encourager les mauvais penchants de la foule et ont suivi une politique opportuniste, cherchant à être populaires plutôt qu'utiles[148]. Par ces commentaires amers, Thucydide ne se contente pas de déplorer la perte d'un homme qu'il admire, il annonce également l'effacement de la gloire et de la grandeur d'Athènes.

Évaluation historiographique

Périclès a marqué toute une époque et a inspiré des jugements contradictoires sur ses décisions importantes. Le fait qu'il soit à la fois homme d'État, stratège et orateur rend plus complexe l'évaluation objective de ses actions.

Le rapport à la démocratie

Un ostracon portant l'inscription ΠΕΡΙΚΛΗΣ ΞΑΝΘΙΠΠΟΥ (Περικλῆς Ξανθίππου) : « Périclès, fils de Xanthippe », Musée épigraphique d'Athènes.

De l'Antiquité jusqu'au XXIe siècle, Périclès a suscité de nombreuses interrogations et polémiques sur son rapport au pouvoir : ses contemporains, ses successeurs politiques du IVe siècle, les penseurs des révolutions anglaises, américaines et françaises des XVIIe et XVIIIe siècles, les intellectuels des XIXe et XXe siècles l'ont tantôt présenté comme le père de la démocratie tantôt comme un démagogue populiste tantôt comme un monarque régnant sur des masses consentantes[45].

Certains chercheurs contemporains, à l'image de la traductrice et commentatrice d'Aristophane, Sarah Ruden, le jugent populiste, démagogue et belliciste[5]. En 2012, l'érudit et romancier italien Umberto Eco dénonce l'image positive dont jouit Périclès dans les démocraties modernes alors qu'il n'était qu'un populiste[149]. Ils reprennent ainsi une tradition initiée par Platon qui affirmait « que je sache, Périclès a rendu les Athéniens paresseux, bavards et cupides, en initiant le système des indemnités publiques »[150]. Plutarque mentionne d'autres critiques envers Périclès :

« Suivant plusieurs autres, c’est Périclès qui introduisit la coutume de faire participer le peuple aux distributions des terres conquises, et de lui donner de l’argent pour assister aux spectacles et pour s’acquitter de ses devoirs civiques ; ce qui le gâta, lui inspira le goût de la dépense, le poussa à l’insubordination, et lui fit perdre l’amour de la sagesse et du travail[151]. »

Les réformes civiques comme la mistophorie poussent les critiques de Périclès à le considérer comme responsable de la dégénérescence progressive de la démocratie athénienne. Constantin Paparrigopoulos, un historien grec moderne, a fait valoir qu'il a cherché à étendre et à stabiliser toutes les institutions démocratiques[152]. Par conséquent, il a adopté une législation accordant aux classes inférieures l'accès au système politique et aux magistratures publiques, dont elles étaient jusqu'alors écartées en raison de leurs moyens limités ou de leur humble naissance[153]. Selon Samons, Périclès a estimé qu'il était nécessaire d'élever le peuple, dans lequel il voyait une source inexploitée de puissance pour Athènes et l'élément crucial de sa domination militaire[154] (à titre d'exemple, les membres des classes inférieures formaient la presque totalité des équipages de la flotte, épine dorsale de la puissance de la cité depuis l'époque de Thémistocle[155]).

Cimon, quant à lui, croyait apparemment qu'il n'existait aucun espace supplémentaire pour l'évolution démocratique, que la démocratie avait atteint son apogée et que les réformes de Périclès conduisaient à l'impasse du populisme. Selon Paparrigopoulos, l'histoire a donné raison à Cimon, parce qu'Athènes, après la mort de Périclès, a sombré dans l'abîme de l'agitation politique et de la démagogie. Paparrigopoulos soutient qu'une régression sans précédent s'est abattue sur la ville, dont la gloire s'est évanouie du fait de sa politique populiste[152]. Selon un autre historien, Justin Daniel King, la démocratie radicale a bénéficié aux personnes, mais a porté atteinte à l'État[156]. De son côté, l'historien Donald Kagan affirme que les mesures démocratiques mises en œuvre par Périclès ont été la base d'une force politique presque inattaquable[157]. En effet, Cimon a finalement accepté la nouvelle démocratie et ne s'est pas opposé à la loi sur la citoyenneté, après son retour d'exil en 451 av. J.-C.[59].

Selon Plutarque, après avoir assumé la direction d'Athènes, « il n'était plus le même homme. Ce n’était plus ce démagogue voguant à tous les vents populaires, si dévoué, si facile à céder à tous appétits de la multitude […] Périclès tint les rênes avec une vigueur nouvelle »[158]. Lorsque son adversaire politique Thucydide a été invité par le roi de Sparte Archidamos II et interrogé sur la question de savoir lequel de lui ou de Périclès est le meilleur combattant, Thucydide répond sans aucune hésitation que Périclès est le meilleur, parce que même quand il est battu, il réussit à convaincre le public qu'il a gagné[30]. En matière de caractère, Périclès est irréprochable aux yeux des historiens antiques, car sa réputation n'est entachée par aucune affaire de corruption, même s'il n'a pas dédaigné s'enrichir[159].

Thucydide, admirateur de Périclès, soutient qu'Athènes a « [le nom de] démocratie mais, en fait, [est] régi par son premier citoyen[148] ». À travers ce commentaire, l'historien illustre ce qu'il perçoit des capacités de Périclès à commander, convaincre et, parfois, manipuler. Bien qu'il mentionne l'amende de Périclès, il ne rapporte pas les contenus des accusations, mais se concentre plutôt sur son intégrité[Note 11],[148]. Pour lui, Périclès « n'a pas été emporté par le peuple, il a été celui qui a guidé le peuple[148] ». Cette appréciation est contestée par certains historiens du XXe siècle, tels Malcolm F. McGregor et John S. Morrison qui ont suggéré qu'il a pu être charismatique en public et à la fois agissant en tant que défenseur des propositions des conseillers ou du peuple lui-même[160],[161]. Selon King, en faisant grandir la puissance du peuple, les Athéniens se sont privés de chef autoritaire. Pendant la guerre du Péloponnèse, pour gouverner, la dépendance de Périclès vis-à-vis du soutien populaire est évidente[156].

Paradoxalement, si les poètes comiques athéniens dénonçaient l'ambition et le pouvoir de Périclès, leur existence prouve la tolérance, la liberté et la réalité de la démocratie au sein de la cité[142].

Pour Vincent Azoulay, si le pouvoir de Périclès fut réel, il a été surestimé à la fois par ses contemporains comme l'historien Thucydide et par les historiens modernes : il n'était qu'un stratège parmi dix élus en même temps que lui (direction collégiale), son autorité était sans cesse mise en tension par ses adversaires, sa réputation entachée par les caricatures et les comiques comme Aristophane, la peur d'être accusé de tyrannie et d'être ostracisé l'obligeait à construire et appliquer un modèle de gouvernant vertueux[45].

Réalisations militaires

Sur plus de vingt ans, Périclès a conduit de nombreuses expéditions militaires, principalement navales. Selon Plutarque, il aurait élevé neuf trophées militaires[162] mais les sources antiques insistent peu sur ses capacités sur le champ de bataille. Edmond Lévy en conclut qu'il avait plus « la compétence d'un ministre de la guerre que d'un général »[163].

Toujours prudent, il ne s'est jamais engagé de son propre gré dans une bataille incertaine et il n'a pas cédé aux « vaines impulsions des citoyens[164] ». Il a fondé sa politique militaire sur le principe de Thémistocle selon lequel la prédominance d'Athènes dépend de la supériorité de sa marine de guerre et a estimé que les Péloponnésiens étaient quasi-invincibles sur la terre ferme[165]. Périclès a également tenté de minimiser les avantages de Sparte en reconstruisant les Longs Murs. Selon Josiah Ober, professeur à l'université de Princeton, la stratégie de reconstruction des murs a radicalement modifié l'utilisation de la force dans les relations internationales grecques[166].

Pendant la guerre du Péloponnèse, Périclès a lancé une « grande stratégie » défensive dont le but était l'épuisement de l'ennemi et la préservation du statu quo[167]. Selon Platias et Koliopoulos, Athènes, le plus fort des deux adversaires, n'avait pas besoin d'affronter directement Sparte sur le plan militaire et a plutôt « choisi de déjouer la stratégie spartiate[167] ». Les deux principes de base de la « Grande Stratégie de Périclès » ont été de rejeter toute conciliation mais d'éviter l'extension du conflit[Note 12]. Selon Donald Kagan, sa prudence s'explique par le souvenir amer de la campagne d’Égypte, dont il aurait été blâmé[169]. Sa stratégie est dite d'avoir été « intrinsèquement impopulaire », mais Périclès a réussi à convaincre le peuple de le suivre[170]. C'est pour cette raison que Hans Delbrück le considère comme l'un des plus grands hommes d'État et chefs militaires de l'histoire[171]. Bien que ses compatriotes se soient engagés dans plusieurs actions agressives peu de temps après sa mort[172], Platias et Koliopoulos soutiennent que, jusqu'à l'expédition de Sicile, les Athéniens sont restés fidèles à la stratégie de Périclès en cherchant à préserver et non à étendre l'empire[170]. Pour sa part, Ben X. de Wet conclut que cette stratégie aurait réussi s'il avait vécu plus longtemps[173].

Les critiques sont cependant aussi nombreux que ses partisans. Une critique commune est que Périclès a toujours été un meilleur homme politique et orateur que stratège[174]. Donald Kagan considère que sa stratégie a été « une forme de pensée magique qui a échoué », Barry S. Strauss et Josiah Ober ont déclaré « qu'en tant que stratège, il a échoué et mérite une part du blâme pour la grande défaite d'Athènes » et Victor Davis Hanson croit que Périclès n'avait pas élaboré une stratégie claire pour une action offensive efficace qui rende possible l'arrêt de la guerre par Thèbes ou Sparte[175],[176],[177]. Kagan insiste sur quatre points faibles : a) en rejetant des concessions mineures, Périclès a conduit à la guerre, b) pas assez connu par l'ennemi, il manque de crédibilité, c) trop faible, il ne peut exploiter toutes les possibilités et d) tout le plan reposait sur son chef, il fut donc totalement fragilisé par sa mort[178]. Kagan estime le coût de cette guerre à environ 2 000 talents par an et, que sur cette base, Périclès aurait eu assez d'argent pour tenir seulement trois ans. Il affirme que, comme il devait avoir connaissance de ces limites, il a probablement prévu une guerre beaucoup plus courte[179],[180]. D'autres, comme Donald W. Knight, conclurent que la stratégie était trop défensive pour réussir[181].

Platias et Koliopoulos rejettent ces critiques et estiment que « les Athéniens ont perdu la guerre quand ils ont radicalement inversé la stratégie de Périclès qui leur enjoignait explicitement de s'abstenir de nouvelles conquêtes »[182]. Hanson souligne que cette stratégie n'était pas novatrice, mais pouvait conduire à une stagnation en faveur d'Athènes[179]. Enfin, une conclusion populaire est que ceux qui lui ont succédé ont manqué de ses capacités et de son caractère[183].

Maîtrise de la rhétorique

Périclès et Aspasie dans l'atelier de Phidias, toile de Louis Hector Leroux.

Les historiens modernes sont partagés sur la question de savoir quelle est la proportion, dans les discours de Périclès rapportés par Thucydide, de ce qui a été réellement prononcé par l'orateur et de ce qui est dû à la création littéraire de l'auteur[Note 13]. Comme Périclès n'a jamais écrit ses discours[Note 14], les historiens ne sont pas en mesure de répondre avec certitude à cette question. Thucydide a recréé trois d'entre eux de mémoire et, par conséquent, il n'est pas sûr qu'il n'ait pas ajouté ses propres notions et pensées[Note 15]. Bien que Périclès ait été l'une des principales sources de son inspiration, certains historiens ont noté que le style littéraire passionné et idéaliste du discours rapporté par Thucydide est complètement en désaccord avec le style froid et analytique des écrits de ce dernier[Note 16]. Cela pourrait toutefois être le résultat de l'incorporation de la rhétorique dans l'historiographie. Concrètement, cela veut dire que Thucydide aurait pu simplement utiliser deux styles d'écriture pour deux raisons différentes.

Kagan estime que Périclès a adopté « un style élevé de discours, sans le vulgaire et les friponneries des harangueurs de foules » et, selon Diodore de Sicile, « il surpassait tous ses concitoyens dans les compétences de l'éloquence »[194],[195]. Selon Plutarque, il a évité les artifices oratoires dans ses discours et a toujours parlé d'une manière calme et tranquille[196]. Le biographe souligne, toutefois, que le poète Ion de Chios pensait que le style oratoire de Périclès était « une manière présomptueuse et un peu arrogante de discourir, et que dans son orgueil transparaissait du dédain et du mépris pour les autres »[189]. Gorgias, dans le dialogue homonyme de Platon, utilise Périclès comme un exemple d'orateur puissant[197]. Cependant Socrate jette le discrédit sur la rhétorique renommée de Périclès, affirmant ironiquement que, depuis qu'il a été éduqué par Aspasie, formatrice de nombreux orateurs, il serait supérieur en rhétorique à une personne instruite par Antiphon[198]. Il attribue également la paternité de l'oraison funèbre à Aspasie et fustige la vénération de ses contemporains pour Périclès[199]. Richard Claverhouse Jebb conclut :

« unique en tant qu'homme d'État athénien, Périclès l'était également à deux égards en tant qu'orateur, d'abord parce qu'il avait un ascendant personnel que nul n'avait eu avant lui et ensuite parce que sa pensée et sa force morale lui ont valu chez les Athéniens une réputation d'éloquence que personne n'avait atteint auparavant[185] »

Les auteurs anciens grecs, vivant dans son siècle comme Aristophane ou postérieurs comme Diodore de Sicile, qualifient Périclès « d'olympien » et vantent ses talents : « tonnant, éclairant et passionnant la Grèce » et portant les armes de Zeus quand il discourt[200]. Selon Quintilien, il a toujours préparé assidûment ses discours et, avant d'aller à la tribune, il a toujours prié les Dieux, afin de ne pas prononcer un mot inadéquat[201].

Postérité

Buste de Périclès au Palais des Arts de Marseille.

Si Périclès a été le sujet de nombreuses réflexions philosophiques, politiques et historiographiques, dans l'art, après la période romaine, il n'a suscité que peu d’œuvres majeures. Absent des représentations de la Renaissance, il faut attendre le XIXe siècle pour qu'il soit l'objet principal de peintures et de sculptures, le premier tableau Périclès au lit de mort de son fils est réalisé par François Chifflart et date de 1851. Personnage secondaire de quelques romans au XXe siècle, aucun peplum, bande dessinée ou jeu vidéo ne lui est consacré[202].

L'héritage le plus visible de Périclès se trouve dans les œuvres littéraires et artistiques de l'âge d'or d'Athènes, dont la plupart survivent à ce jour. L'Acropole, bien qu'en ruines, est toujours un symbole de l'Athènes moderne. Paparrigopoulos écrit que ces chefs-d'œuvre sont « suffisants pour rendre immortel le nom de la Grèce dans notre monde[174] ».

En politique, Victor Ehrenberg fait valoir qu'un élément de base de l'héritage de Périclès est l'impérialisme athénien, qui nie la véritable démocratie et la liberté aux gens, sauf d'un État dominant[203]. La promotion d'un tel impérialisme arrogant aurait ruiné Athènes[204]. Périclès et ses politiques « expansionnistes » ont été au centre des arguments de promotion de la démocratie dans les pays opprimés[205]. En philosophie, il continue à inspirer les penseurs modernes comme Gilles Deleuze qui publie en 1988 Périclès et Verdi et pour qui la passivité de Périclès est le symbole du « pathos dans la raison, le désespoir du monde, l’éventualité du désastre »[206].

D'autres analystes maintiennent qu'un humanisme athénien s'est illustré dans l'âge d'or[207]. La liberté d'expression est considérée comme l'héritage durable découlant de cette période[208]. Périclès est salué comme « l'idéal-type de l'homme d'État parfait dans la Grèce antique » et son oraison funèbre est aujourd'hui synonyme de la lutte pour la démocratie participative et la fierté civique[174],[209].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Pericles » (voir la liste des auteurs).

Notes

  1. La date de naissance de Périclès est incertaine. Il ne peut pas être né plus tard que 492-491 av. J.-C. et a été en âge de présenter Les Perses en -472. Il n'est pas signalé comme ayant pris part aux batailles des guerres médiques de -480/-479 et certains historiens affirment qu'il était peu probable qu'il soit né avant -498, mais cet argument a également été rejeté[6]. Pierre Brulé indique qu'il est né en -494[7].
  2. Plutarque dit « petite fille » de Clisthène[9], mais c'est chronologiquement improbable, et il y a consensus pour dire qu'elle serait plutôt sa « nièce[10] ».
  3. Selon Aristote, l'assassin d'Éphialtès est Aristodicus de Tanagra[51]. Plutarque cite un Idoménée accusant Périclès de ce meurtre, mais n'est pas convaincu car il juge cela incompatible avec son caractère[52].
  4. Ce Thucydide n'est pas l'historien du même nom.
  5. Le contenu de ce décret et son éventuelle date de promulgation sont discutées. Hélène Nicolet-Pierre le situe vers 425-421 av. J.-C. (Hélène Nicolet-Pierre, Numismatique grecque, Paris, Armand Collin/VUEF, coll. « U-Histoire », , 301 p. (ISBN 2-200-21781-1, notice BnF no FRBNF38924994)).
  6. D'après Plutarque, il poursuit les Samiens pour satisfaire Aspasie de Milet[88].
  7. Vlachos soutient que la narration de Thucydide donne l'impression que l'alliance d'Athènes est devenue un empire autoritaire et oppressif, tandis que l'historien ne fait pas de commentaire sur la dureté équivalente de la domination spartiate. Vlachos souligne cependant que la défaite d'Athènes pouvait rendre l'empire spartiate beaucoup plus impitoyable, ce qui s'est effectivement produit. Par conséquent, l'affirmation de l'historien, qui laisse entendre que l'opinion publique grecque a épousé sans difficulté les promesses de Sparte de libérer la Grèce, semble tendancieuse[111]. G. E. M. de Ste. Croix fait valoir que l'imperium d'Athènes est bien accueilli et est précieux pour la stabilité de la démocratie dans toute la Grèce[112]. Selon Fornara et Samons, « n'importe quel point de vue proposant que la popularité ou son contraire peut être déduite de seules considérations idéologiques étroites est superficiel[113] ».
  8. Cette affluence est la conséquence de la stratégie de Périclès qui recommande à la population de la région de se réfugier à l'intérieur des Longs Murs[124]. Il est donc, involontairement, responsable de cette épidémie.
  9. Prenant en considération les symptômes, la plupart des chercheurs et des scientifiques croient, au début du XXIe siècle, que la population a été touchée par le typhus ou une fièvre typhoïde et non le choléra, la peste bubonique ou la rougeole[137],[138].
  10. Il a été stratège de 444 à 430 av. J.-C. sans interruption[94], soit quinze élections de suite.
  11. Vlachos critique l'historien de cette omission et soutient que l'admiration de Thucydide pour l'homme d'État lui fait ignorer non seulement le bien-fondé des accusations contre lui afin de se mettre en valeur[85].
  12. Selon Platias et Koliopoulos, le « mélange de politiques » de Périclès a été guidé par cinq principes : a) la balance du pouvoir de l'ennemi, b) l'exploitation des avantages concurrentiels et le refus de ceux de l'ennemi, c) le découragement de l'ennemi par la négation de son succès et par l'utilisation habile de représailles, d) la sape de la base de puissance internationale de l'ennemi et e) la préparation de l'environnement domestique de l'adversaire à votre avantage[168].
  13. Selon Vlachos, Thucydide a dû être âgé d'environ trente ans quand Périclès a prononcé son oraison funèbre et il était probablement parmi les spectateurs[184].
  14. Vlachos fait remarquer qu'il ne sait pas qui a écrit l'oraison, mais « ce sont les mots qui auraient été prononcées à la fin de 431 av. J.-C.[184] ». Selon Richard C. Jebb, les discours de Périclès rapportés par Thucydide rapportent fidèlement ses idées générales et il est possible, en outre, qu'ils aient pu contenir des citations transcrites « mais il est certain qu'ils ne peuvent pas être considérés comme donnant la forme oratoire des paroles de l'homme d'État[185] ». John F. Dobson estime que « si la langage est celle de l'historien[style à revoir], quelques-unes des pensées peuvent être ceux de l'homme d'État[186] ». C. M. J. Sicking fait valoir que « nous entendons la vraie voix de Périclès », tandis qu'Ioannis T. Kakridis estime que l'oraison funèbre est une création presque exclusive de Thucydide, car « le vrai public ne consiste pas seulement en les Athéniens du début de la guerre, mais aussi ceux de la génération de 400 av. J.-C. qui souffrent des répercussions de la défaite[187],[188] ». Gomme, en désaccord avec Kakridis, insiste sur sa croyance dans la fiabilité des écrits de Thucydide[137].
  15. C'est ce que Plutarque indique[189]. Néanmoins, selon la Souda, encyclopédie byzantine du IXe siècle, Périclès serait le premier orateur à systématiquement écrire ses discours[190]. Cicéron parle des écrits de Périclès, mais ses remarques ne sont pas jugées crédibles[191]. Très probablement, d'autres écrivains utilisent son nom[192].
  16. Ioannis Kalitsounakis fait valoir qu'« aucun lecteur ne peut négliger le rythme somptueux de l'oraison funèbre dans son ensemble et la corrélation singulière entre l'émotion impétueuse et le style merveilleux, les qualités du discours que Thucydide n'attribue à aucun autre orateur que Périclès[30] ». Selon Harvey Yunis, Thucydide a créé l'héritage rhétorique confus de Périclès qui a dominé depuis[193].

Références

  1. Plutarque XXXIX, 2.
  2. Ysaline Homant, « 461 av. J.-C. - Périclès à la tête d'Athènes - Herodote.net », sur herodote.net (consulté le )
  3. Azoulay 2010, p. 13
  4. (en) Lukas de Blois, An Introduction to the Ancient World, Routledge, , 352 p. (ISBN 978-0-415-12774-5, présentation en ligne), p. 99
  5. (en) Aristophanes (trad. Sarah Ruden), Lysistrata, Hackett Publishing, , 126 p. (ISBN 978-0-87220-603-8, présentation en ligne), p. 80
  6. (en) Fornara-Samons, Athens from Cleisthenes to Pericles, p. 24-25
  7. Pierre Brulé, Périclès, p. 30
  8. Donald Kagan, Périclès, p. 42
  9. Plutarque [lire en ligne : 353]
  10. (en) « Pericles », dans Encyclopædia Britannica, , 11e éd. (lire en ligne)
  11. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], Livre sixième - Érato
  12. Plutarque [lire en ligne : 354]
  13. (en) Victor Ehrenberg, From Solon to Socrates, p. a239
  14. Donald Kagan, Périclès, p. 233
  15. (en) Lawrence S. Cunningham et John J. Reich, Culture And Values, Thomson Wadsworth, (ISBN 0-534-58228-1), p. 73
  16. Mossé 1999, p. 139
  17. Pierre Brûlé, Les Femmes grecques à l'époque classique, Hachette Litterature, p. 145
  18. Pauline Schmitt-Pantel, Athènes et le Politique, Albin Michel, p. 199
  19. Xénophon 2014, p. 21
  20. Azoulay 2010, p. 105
  21. Jouanna 2005, p. 28
  22. Plutarque [lire en ligne 398 et 399]
  23. Azoulay 2010, p. 126
  24. Jouanna 2005, p. 94
  25. Robert Flacelière, La Vie quotidienne en Grèce au temps de Périclès, , p. 96
  26. Jouanna 2005, p. 47
  27. Jouanna 2005, p. 52
  28. Jouanna 2005, p. 96
  29. Jouanna 2005, p. 105
  30. (en) « Pericles », Encyclopaedia The Helios, 1952
  31. Richard Goulet (dir.), Dictionnaire des philosophes antiques, t. II, CNRS Éditions, , 1018 p. (ISBN 978-2-271-05195-0, présentation en ligne), p. 600-607
  32. Azoulay 2010, p. 111
  33. 2015 Lucien de Samosate, p. 306.
  34. Plutarque [lire en ligne : 355]
  35. Plutarque [lire en ligne : 356]
  36. Platon, Phèdre [détail des éditions] [lire en ligne], 270a
  37. Azoulay 2010, p. 113
  38. Pierre Brulé, Périclès, p. 41
  39. Plutarque [lire en ligne : 400 et 401]
  40. (en) William Smith, A History of Greece : From the Earliest Times to the Roman Conquest, General Books, , 300 p. (ISBN 978-1-4432-8493-6), p. 271
  41. (en) Simon Hornblower (dir.) et Antony Spawforth (dir.), « Pericles », dans Oxford Classical Dictionary, Oxford University Press, , 1704 p. (ISBN 978-0198661726)
  42. (en) Simon Hornblower, The Greek World, p. 33-34
  43. Plutarque [lire en ligne : 374]
  44. Plutarque [lire en ligne : 359]
  45. Azoulay 2010, p. 108
  46. Aristote, Constitution d'Athènes [lire en ligne] (27)
  47. Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Cimon
  48. (en) Loren Samons, What's Wrong with Democracy?, p. 80
  49. Plutarque [lire en ligne : 363]
  50. Mossé 1999, p. 155
  51. Aristote, Constitution d'Athènes [lire en ligne] (25)
  52. Plutarque [lire en ligne : 364]
  53. (en) Fornara-Samons, Athens from Cleisthenes to Pericles, p. 67-73
  54. Lévy 1997, p. 215
  55. « La citoyenneté de naissance : loi de 451 » (consulté le ).
  56. Thucydide (I:CXI ou 1.111)
  57. (en) P. J. Rhodes, A History of the Classical Greek World, Blackwell Publishing, , 424 p. (ISBN 0-631-22565-X), p. 44
  58. (en) Anthony J. Podlecki, Perikles and his Circle, Routledge, , 264 p. (ISBN 978-0-415-06794-2, présentation en ligne), p. 44
  59. (en) Donald Kagan, The Outbreak of the Peloponnesian War, p. 135-136
  60. (en) J. M. Libourel, The Athenian Disaster in Egypt, The Johns Hopkins University Press (American Journal of Philology), , p. 605–615
  61. (en) Hamish Aird, Pericles : The Rise and Fall of Athenian Democracy, Rosen Publishing Group, , 112 p. (ISBN 978-0-8239-3828-5, présentation en ligne), p. 52
  62. (de) Karl Julius Beloch, Griechische Geschichte, vol. 2, Berlin et Leipzig, De Gruyter, (réimpr. 1924-1927) (1re éd. 1893-1904) (lire en ligne), partie 1, p. 205
  63. (en) John Fine, The Ancient Greeks, p. 359-361
  64. (en) E. Badian, « The Peace of Callias », Journal of Hellenic Studies, vol. 107, , p. 1–39
  65. (en) Donald Kagan, The Outbreak of the Peloponnesian War, p. 108
  66. Plutarque [lire en ligne : 376 et 377]
  67. (en) H. T. Wade-Grey, « The Question of Tribute in 449/8 B. C. », Hesperia: The Journal of the American School of Classical Studies at Athens, The American School of Classical Studies at Athens, vol. 14, no 3 passage=212-229,
  68. (en) Terry Buckley, Aspects of Greek History, p. 206
  69. Thucydide (I:CXII ou 1.112)
  70. Plutarque [lire en ligne : 380]
  71. Plutarque [lire en ligne : 378]
  72. John Fine, The Ancient Greeks, p. 368-369
  73. Thucydide (II:XXI ou 2.21) et Aristophane, Les Acharniens [détail des éditions] [lire en ligne], 832
  74. Plutarque [lire en ligne : 381]
  75. Plutarque, qui nomme cette ville « Hestiée » [lire en ligne : 381 et 382]
  76. Plutarque [lire en ligne : 372]
  77. (en) Terry Buckley, Aspects of Greek History, p. 196
  78. (en) Howard Butler, The Story of Athens, Kessinger Publishing, , 556 p. (ISBN 978-1-4179-7092-6), p. 195
  79. (en) Donald Kagan, The Outbreak of the Peloponnesian War, p. 98
  80. (en) Terry Buckley, Aspects of Greek History, p. 204
  81. (en) Raphæl Sealey, A History of the Greek City States, 700–338 BC, University of California Press, , 537 p. (ISBN 978-0-520-03177-7, présentation en ligne), p. 275
  82. Simon Hornblower, The Greek World, p. 120
  83. (en) Jeffrey M. Hurwit, The Acropolis in the Age of Pericles, Cambridge University Press, , 330 p. (ISBN 978-0-521-82040-0), p. 87 et suivantes
  84. Azoulay 2010, p. 78
  85. (en) Angelos Vlachos, Thucydides' Bias, p. 62
  86. Saber Mansouri (préf. Claude Mossé), La Démocratie athénienne, une affaire d'oisifs ? : Travail et participation au IVe siècle av. J.-C., Bruxelles, André Versaille éditeur, , 272 p. (ISBN 978-2-87495-019-3, présentation en ligne), p. 114
    L'éditeur met en ligne un fichier au format PDF qui contient 56 pages extraites de l'ouvrage.
  87. Thucydide (I:CXV ou 1.115)
  88. Plutarque [lire en ligne : 384]
  89. Plutarque [lire en ligne : 386]
  90. (en) Raphæl Sealey, A History of the Greek City States, 700–338 BC, University of California Press, , 310 p. (ISBN 978-0-520-03177-7, présentation en ligne), p. 275
  91. (en) C.J. Tuplin, Pontus and the Outside World, 28
  92. Plutarque [lire en ligne : 366]
  93. Thucydide, 455e
  94. (en) Fornara-Samons, Athens from Cleisthenes to Pericles, p. 31
  95. d’après Théophraste
  96. d’après Héraclide du Pont
  97. d’après Idoménée de Lampsaque
  98. Gorgias de Platon (515a)
  99. Plutarque [lire en ligne : 392]
  100. Souda, Aspasie.
  101. Plutarque [lire en ligne : 393]
  102. 2015 Lucien de Samosate, p. 308.
  103. Robert Flacelière, La vie quotidienne en Grèce au siècle de Périclès, Paris, Hachette, coll. « La vie quotidienne », , 369 p., p. 14
  104. Marie Delcourt, Périclès, Paris, Gallimard, , p. 77
  105. Plutarque [lire en ligne : 390, 391, 392 et 393]
  106. (de) Beloch, Die Attische Politik seit Perikles, BiblioBazaar, , 378 p. (ISBN 978-1-110-71588-6), p. 19–22
  107. Plutarque : Vie des Hommes illustres : Périclès (1)
  108. Thucydide (I:CXXXIX ou 1.139)
  109. (en) A. W. Gomme, An Historical Commentary on Thucydides, vol. 1 : Introduction and Commentary on Book I, Oxford University Press, , 492 p. (ISBN 978-0-19-814126-6), p. 452
  110. (en) Angelos Vlachos, Remarks on Thucydides, p. 141
  111. (en) Angelos Vlachos, Thucydides' Bias, p. 60
  112. (en) G. E. M. de Ste. Croix, « The Character of the Athenian Empire », Historia: Zeitschrift für Alte Geschichte, Franz Steiner Verlag, vol. 3, no 1, , p. 1–41
  113. (en) Fornara-Samons, Athens from Cleisthenes to Pericles, p. 77
  114. (en) Anthony J. Podlecki, Perikles and his Circle, Routledge, , 264 p. (ISBN 978-0-415-06794-2, présentation en ligne), p. 158
  115. Thucydide (I:XXXI-LIV ou 1.31–54)
  116. (en) George Cawkwell, Thucydides and the Peloponnesian War, Routledge, , 176 p. (ISBN 978-0-415-16552-5), p. 33
  117. (en) Terry Buckley, Aspects of Greek History, p. 322
  118. Thucydide (I:CXXVII ou 1.127)
  119. Thucydide (I:CXL-CXLIV ou 1.140–144)
  120. (en) Koliopoulos et Platias 2010, p. 100–03
  121. (en) Angelos Vlachos, Thucydides' Bias, p. 20
  122. (en) Victor Ehrenberg, From Solon to Socrates, p. 264
  123. Thucydide (II:XII ou 2.12)
  124. Thucydide (II:XIV ou 2.14)
  125. (en) Josiah Ober, The Athenian Revolution, Princeton University Press, , 224 p. (ISBN 978-0-691-00190-6, présentation en ligne), p. 72–85
  126. Thucydide (II:XVI ou 2.16)
  127. Thucydide (II:XIII ou 2.13)
  128. Thucydide (II:XXII ou 2.22)
  129. (en) Donald Kagan, The Peloponnesian War, p. 69
  130. Thucydide (II:XVIII ou 2.18) et (en) Xenophon(?), Constitution of Athens, 2
  131. Thucydide (II:XXXV-XLVI ou 2.35–46)
  132. Thucydide, La Guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (II:LV ou 2.55)
  133. Thucydide (II:LVI ou 2.56)
  134. Plutarque [lire en ligne : 397]
  135. Thucydide (II:XLVIII et II:LVI ou 2.48 et 2.56)
  136. Thucydide (II:LII ou 2.52)
  137. (en) A. W. Gomme, An Historical Commentary on Thucydides, vol. 2 : The Ten Years' War Books II-III, Oxford University Press, , 448 p. (ISBN 978-0-19-814003-0), p. 145–62
  138. (en) Angelos Vlachos, Remarks on Thucydides, p. 177
  139. Thucydide (II:LX-LXIV 2.60–64)
  140. Plutarque [lire en ligne : 395 et 398]
  141. Plutarque [lire en ligne : 399]
  142. Azoulay 2010, p. 14
  143. Azoulay 2010, p. 16
  144. Lévy 1997, p. 226
  145. Azoulay 2010, p. 17
  146. Azoulay 2010, p. 12
  147. Plutarque [lire en ligne : 401]
  148. Thucydide (II:LXV 2.65)
  149. (it) Umberto Eco, « Non citate più Pericle era un populista », La Repubblica, (lire en ligne [PDF])
  150. Platon, Gorgias, 515e
  151. Plutarque [lire en ligne : 362]
  152. (en) Constantin Paparrigopoulos, History of the Hellenic Nation, p. Ab, 145
  153. Aristote, Constitution d'Athènes [lire en ligne] (24) et La Politique (1274a)
  154. (en) Loren Samons, What's Wrong with Democracy?, p. 65
  155. (en) John Fine, The Ancient Greeks, p. 377-378
  156. (en) Justin Daniel King, Athenian Democracy & Empire (lire en ligne [PDF]), p. 24-25
  157. (en) Donald Kagan, The Outbreak of the Peloponnesian War, p. 79
  158. Plutarque [lire en ligne : 372-373]
  159. Plutarque [lire en ligne : 373-374]
  160. (en) Malcolm Francis McGregor, « Government in Athens », dans The Athenians and Their Empire, University of British Columbia Press, (ISBN 9780774802697), p. 122–23
  161. (en) J. S. Morrison et A. W. Gomme, « Pericles Monarchos », Journal of Hellenic Studies, The Society for the Promotion of Hellenic Studies, vol. 107, , p. 76–77 (DOI 10.2307/629294)
  162. Plutarque [lire en ligne : 401]
  163. Lévy 1997, p. 209
  164. Plutarque [lire en ligne : 377, 378, 379, 395]
  165. (en) Koliopoulos et Platias 2010, p. 105
  166. (en) Josiah Ober, « National Ideology and Strategic Defence of the Population, from Athens to Star Wars », dans Richard Ned Lebow, Hegemonic Rivalry: From Thucydides to the Nuclear Age : New Approaches to Peace and Security Series, Westview Pr., (ISBN 978-0813377445), p. 254
  167. (en) Koliopoulos et Platias 2010, p. 98–99.
  168. (en) Koliopoulos et Platias 2010, p. 104 et suivantes
  169. (en) Donald Kagan, The Outbreak of the Peloponnesian War, p. 83
  170. (en) Koliopoulos et Platias 2010, p. 119–120
  171. (en) Hans Delbrück, Warfare in Antiquity : History of the Art of War, vol. I, University of Nebraska Press, , 604 p. (ISBN 978-0-8032-9199-7, présentation en ligne), p. 137
  172. (en) Victor Ehrenberg, From Solon to Socrates, p. 278
  173. (en) B. X. de Wet, « This So-Called Defensive Policy of Pericles », Acta classica, vol. 12, , p. 103–19
  174. Constantin Paparrigopoulos, History of the Hellenic Nation, p. Aa, 241-242
  175. (en) Victor Davis Hanson, A War Like No Other : How the Athenians and Spartans Fought the Peloponnesian War, Random House, , 397 p. (ISBN 978-1-4000-6095-5), p. 58
  176. (en) Donald Kagan, « Athenian Strategy in the Peloponnesian War », dans Williamson Murray (dir.), Alvin Bernstein (dir.) et MacGregor Knox (dir.), The Making of Strategy: Rulers, States, and War, Cambridge University Press, , 704 p. (ISBN 978-0521566278), p. 54
  177. (en) Barry S. Strauss et Josiah Ober, The Anatomy of Error : Ancient Military Disasters and Their Lessons for Modern Strategists, St. Martin's Press, , 272 p. (ISBN 978-0-312-07628-3), p. 47
  178. (en) Donald Kagan, The Archidamian War (A New History of the Peloponnesian War), Cornell University Press, , 392 p. (ISBN 978-0-8014-9714-8, présentation en ligne), p. 28, 41
  179. (en) Victor Davis Hanson, A War Like No Other : How the Athenians and Spartans Fought the Peloponnesian War, Random House, , 397 p. (ISBN 978-1-4000-6095-5), p. 74-75
  180. (en) Donald Kagan, The Peloponnesian War, p. 61–62
  181. (en) D. W. Knight, « Thucydides and the War Strategy of Pericles », Mnemosyne, 4e série, vol. 23, , p. 150–60
  182. (en) Koliopoulos et Platias 2010, p. 138
  183. (en) Loren Samons, What's Wrong with Democracy?, p. 131-132
  184. (en) Angelos Vlachos, Remarks on Thucydides, p. 170
  185. (en) Sir Richard C. Jebb, The Attic Orators from Antiphon to Isaeos, Londres, Macmillan, (lire en ligne)
  186. (en) J. F. Dobson et Anne Mahoney, The Greek Orators, Londres, Perseus. Methuen and Co., (lire en ligne)
  187. (en) C. M. J. Sicking, Distant Companions : Selected Papers, Brill Academic Publishers, , 268 p. (ISBN 978-90-04-11054-0, présentation en ligne), p. 133
  188. (en) I. Kakridis, Interpretative comments on the Funeral Oration, 6
  189. Plutarque
  190. Souda, Périclès.
  191. (la) M. Tullius Cicero, De Oratore, vol. 2 : Liber Secundus, A. S. Wilkins, (lire en ligne), p. 93
  192. (la) Quintilian, Institutio Oratoria, vol. III (lire en ligne), « M. FABII QVINTILIANI INSTITVTIO ORATORIA LIBER TERTIVS », [1]
  193. (en) Harvey Yunis, Taming Democracy : Models of Political Rhetoric in Classical Athens (Rhetoric and Society), Cornell University Press, , 336 p. (ISBN 978-0-8014-8358-5, présentation en ligne), p. 63
  194. (en) Donald Kagan, The Peloponnesian War
  195. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], XII, 39
  196. Plutarque [lire en ligne : 401 et 402]
  197. Platon, Gorgias, 455d
  198. Platon, Ménexène [détail des éditions] [lire en ligne], 236a
  199. (en) Sara Monoson, Plato's Democratic Entanglements : Athenian Politics and the Practice of Philosophy, Princeton University Press, , 256 p. (ISBN 978-0-691-04366-1), p. 182–186
  200. Aristophane, Les Acharniens [détail des éditions] [lire en ligne], [lire en ligne 30] et Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], XII, 40
  201. (la) Quintilian, Institutio Oratoria, vol. XII (lire en ligne), « M. FABII QVINTILIANI INSTITVTIO ORATORIA LIBER DVODECIMVS », p. 9
  202. Azoulay 2010, p. 234
  203. (en) Victor Ehrenberg, From Solon to Socrates, p. 332
  204. (en) Chester G. Starr, A History of the Ancient World, Oxford University Press, , 784 p. (ISBN 978-0-19-506628-9, présentation en ligne), p. 306
  205. (en) Victor Davis Hanson, A War Like No Other : How the Athenians and Spartans Fought the Peloponnesian War, Random House, , 416 p. (ISBN 978-1-4000-6095-5)
  206. François Ewald, « Hommage à François Chatelet », Le Magazine littéraire,
  207. (en) Edward J. Power, A Legacy of Learning : A History of Western Education, State University of New York Press, , 414 p. (ISBN 978-0-7914-0611-3, présentation en ligne), p. 52
  208. (en) James J. Murphy, Richard A. Katula, Michael Hoppmann, Forbes I. Hill et Donovan J. Ochs, A Synoptic History of Classical Rhetoric, Routledge, , 352 p. (ISBN 978-1-880393-35-2), p. 18
  209. (en) Kevin Mattson, Creating a Democratic Public : The Struggle for Urban Participatory Democracy During the Progressive Era, Penn State University Press, , 216 p. (ISBN 978-0-271-01723-5), p. 32

Annexes

Sources primaires

Sources secondaires

Sur Périclès
  • Vincent Azoulay, Périclès : La démocratie athénienne à l'épreuve du grand homme, Paris, Armand Colin, coll. « Nouvelles biographies historiques », , 280 p. (ISBN 978-2-200-24418-7)
    Réédition chez Dunod, 2020, 408 p. (ISBN 9782100807437)
  • Pierre Brulé, Périclès : L'apogée d'Athènes, Éditions Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard », (réimpr. 1994), 160 p. (ISBN 978-2-07-053229-2)
  • François Châtelet, Périclès et son siècle, Éditions Complexe, coll. « Historiques », , 295 p. (ISBN 978-2-87027-332-6, présentation en ligne)
  • Danielle Jouanna, Aspasie de Milet : Egérie de Périclès, Histoire d'une femme, histoire d'un mythe, Fayard, (ISBN 978-2-213-61945-3)
  • Donald Kagan (trad. de l'anglais), Périclès : La Naissance de la démocratie, Paris, Librairie Jules Tallandier, coll. « Texto », , 363 p. (ISBN 978-2-84734-798-2)
  • Jean Malye, La Véritable Histoire de Périclès, Paris, Belles Lettres, coll. « La véritable histoire », , 177 p. (ISBN 978-2-251-04001-1)
  • Claude Mossé, Périclès : L'Inventeur de la démocratie, Paris, Payot, coll. « Biographie », , 280 p. (ISBN 2-228-89953-4)
Autres
  • Luc Brisson (dir.) et Monique Canto-Sperber (trad. du grec ancien), Gorgias : Platon, Œuvres complètes, Paris, Éditions Flammarion, (1re éd. 2006), 2204 p. (ISBN 978-2-08-121810-9). 
  • (en) Terry Buckley, Aspects of Greek History 750 - 323 BC : A Source-Based Approach, Routledge, , 560 p. (ISBN 978-0-415-09958-5, présentation en ligne)
  • (en) Donald Kagan, The Peloponnesian War, Viking Adult, , 544 p. (ISBN 978-0-670-03211-2)
  • (en) Victor Ehrenberg, From Solon to Socrates : Greek History and Civilization During the 6th and 5th Centuries BC, Routledge, , 2e éd., 528 p. (ISBN 978-0-415-04024-2, présentation en ligne)
  • (en) John V. A. Fine, The Ancient Greeks : A Critical History, Cambridge (Mass.)/London, Harvard University Press, , 720 p. (ISBN 0-674-03314-0)
  • (en) Simon Hornblower, The Greek World 479-323 BC, Routledge, , 396 p. (ISBN 0-415-15344-1)
  • (en) Donald Kagan, The Outbreak of the Peloponnesian War, Cornell University Press, , 208 p. (ISBN 978-0-8014-9556-4, présentation en ligne)
  • (en) Williamson Murray, Alvin Bernstein et MacGregor Knox, The Making of Strategy : Rulers, States, and War, Cambridge University Press, , 704 p. (ISBN 978-0-521-56627-8, présentation en ligne)
  • (en) Charles W. Fornara et Loren J. Samons, Athens from Cleisthenes to Pericles, University of California Press, , 216 p. (ISBN 978-0-520-06923-7)
  • Edmond Lévy, La Grèce au Ve siècle, Points, , 316 p. (ISBN 978-2-02-013128-5)
  • Claude Mossé, Politique et société en Grèce ancienne : Le modèle athénien, Paris, Flammarion, , 242 p. (ISBN 978-2-08-081438-8)
  • (en) Loren J. Samons, What's Wrong with Democracy? : from Athenian practice to American worship, Berkeley, University of California Press, , 307 p. (ISBN 0-520-23660-2, présentation en ligne)
  • D. Panomitros, « Le droit du plus fort et sa legitimation dans les relations entre la démocratie Athénienne et les autres États d’après Thucydide », dans Actes de la Société hellénique de recherche philosophique et historique du droit, motivation, légitimation et droit, t. 6A, Athènes / Baden-Baden / Paris, Sakkoulas-Nomos-L'Harmattan, , p. 598-603
  • (en) Constantin Paparrigopoulos et Pavlos Karolidis, History of the Hellenic Nation, Eleftheroudakis,
    Cet ouvrage a été rédigé en grec la première fois par Constantin Paparrigopoulos et publié en six volumes de 1860 à 1877. Une version relue et augmentée par Pavlos Karolidis a été publiée en 1925. Plus tard, l'ouvrage a encore été augmenté et publié en 15 volumes. National Geographic a aussi publié une version en 26 volumes.
  • (en) Constantinos Koliopoulos et Athanassioss G. Platias, Thucydides on Strategy : Athenian and Spartan Grand Strategies in the Peloponesian War and Their Relevance Today, Columbia University Press, , 197 p. (ISBN 978-0-231-70133-4), p. 100–03
  • (en) Angelos Vlachos, Remarks on Thucydides' History of the Peloponnesian War (Α΄-Δ΄), vol. I, Estia,
  • (en) Angelos Vlachos, Thucydides' Bias, Estia,

Liens externes

  • Portail de la Grèce antique
  • Portail de la politique
  • Portail de l’histoire militaire
La version du 19 juillet 2012 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.