Pénis

Le pénis (ou la verge) est l’organe mâle de copulation et de miction chez les animaux.

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Il constitue, avec les testicules, l’appareil génital externe du mâle. L'organe reproducteur mâle s'appelle également pénis chez d'autres animaux.

Pénis d'éléphant d'Asie en phase d'érection.

Chez les tétrapodes amniotes

Un baculum (os pénien) de morse mesurant 59 cm de long. Le morse est l'animal possédant le plus grand baculum, et sa femelle a un os clitoridien (dit baubellum) mesurant 10 à 30 mm[1].
Le bulbus glandis (en) (1) du pénis du chien (en) se dilate de façon énorme pendant la copulation, ce qui favorise le nouage[2].

Dans l'histoire évolutive du vivant, les doigts et les organes génitaux externes sont apparus au dévonien, il y a environ 410 millions d’années, lorsque les tétrapodes sont sortis de l'eau pour coloniser les terres émergées. Le pénis permet en effet un mode de fécondation interne qui pallie l'absence de milieu liquide environnant. Ce processus est confirmé par le gène du développement HOXD13 qui contrôle la formation des extrémités, doigts des mains et des pieds (organes développés lors de terrestrialisation en lien avec le mode de locomotion terrestre (en)), mais aussi celle du pénis[3]. Selon le biologiste Michel Morange, « le nombre de doigts ne serait que la conséquence de contraintes situées ailleurs ; peut-être avons-nous cinq doigts pour que notre pénis soit plus efficace[4] ».

Chez les tétrapodes amniotes, les pénis érectiles sont apparus au moins quatre fois indépendamment, chez les mammifères, les tortues, les reptiles à écailles et les Archosauriens (crocodiliens chez qui le sperme glisse sur le phallus via une sorte de gouttière, tandis que 97 % des oiseaux ont perdu cet organe, à l'exception des Paléognathes et des Anseriformes)[5].

La plupart des marsupiaux, sauf les deux espèces les plus grandes des kangourous, ont un pénis bifurqué, c’est-à-dire qu’il se divise en deux colonnes indépendantes qui peuvent chacune s'introduire dans le double vagin des femelles[6].

Les éléphants, les tapirs et les dauphins ont un pénis préhensile qui facilite la copulation[7],[8],[9]

Le plus gros pénis du règne animal appartient à la baleine bleue. Celui-ci peut atteindre 2,4 m[10].

Chez certains mammifères euthériens (à l'exclusion des monotrèmes et des marsupiaux), le pénis est renforcé par le baculum (mot latin signifiant « canne »), ou os pénien. Il est absent chez les humains, mais présent chez presque tous les autres primates, comme le gorille et le chimpanzé. Cet os facilite le rapport sexuel.

Le pénis est homologue au clitoris femelle, puisque les deux se développent à partir de la même structure embryonnaire.

Le pénis (et le clitoris) des mammifères ont une fonction importante dans la copulation. Les récepteurs sensoriels péniens (et clitoridiens) transmettent les sensations de la copulation au niveau du système de récompense[11], ce qui favorise le développement de la motivation sexuelle[12].


Chez l’homme

Le pénis humain.

Le pénis humain se constitue de trois couches de tissu :

Le bout distal du corps spongieux élargi et côniforme constitue le gland du pénis (glans penis). Le gland est entouré par le prépuce (preputium), un pli de peau qui peut se retirer pour découvrir le gland et qui est supprimé lors de la circoncision. Le prépuce s’attache au-dessous du gland par une bande de peau, le frein.

L’urètre (urethra), qui constitue la dernière partie du tractus urinaire, traverse le corps spongieux ; sa sortie, le méat urétral (meatus urethralis), se trouve au bout du gland. L’urètre sert également à la miction et à l’éjaculation.

Le pénis est capable d’érection lors de stimulation sexuelle, ce qui permet le coït. L’éjaculation accompagne la plupart du temps l’orgasme.

L’anatomie du pénis humain se distingue de celle du pénis de la plupart des autres mammifères par l’absence de baculum, un os qui sert à ériger le pénis avant l’acte de copulation. Les corps caverneux du pénis humain se gorgent de sang pour atteindre l’érection. L’homme ne peut pas rétracter son pénis dans son corps. Le pénis humain est un peu plus important, relativement à la masse corporelle, que celui des autres mammifères.

De même origine embryonnaire que le clitoris, le pénis présente une structure identique : le corps caverneux – corpus cavernosum – correspondant aux piliers du clitoris, convergeant en avant vers la symphyse pubienne pour former le corps du clitoris (constitué du coude – appelé aussi genou – et de la hampe) [13].

Chez les autres animaux

Chez les insectes, le pénis peut comprendre plusieurs pièces dont l'organe d'intromission appelé édéage, correspondant à la partie terminale sclérifiée du canal éjaculateur. Chez certaines punaises, le mâle est muni d'un pénis qui perfore le corps de la femelle, dans un acte que les entomologues appellent copulation traumatique.

La plupart des mâles céphalopodes pratiquent leur copulation à l'aide d'un bras modifié, l'hectocotyle mais le calmar géant et le poulpe ont un vrai pénis, alors que leur hectocotyle est rudimentaire[14].

Les reptiles squamates mâles possèdent deux organes sexuels reproducteurs appelés « hémipénis », logés dans des poches à la base de la queue[15],[16].

L'organe reproducteur mâle s'appelle également « pénis » chez les gastéropodes[18].

Variété et typologies de formes et tailles dans le monde animal

Les anatomistes et les biologistes évolutionnistes s'étonnent depuis longtemps du fait que les mâles de nombreuses espèces sont dotés d'un pénis de forme complexe (ex : fourchue, double, en spirale, épineux). On a longtemps pensé que les formes de vagins étaient chez les femelles moins variées. En réalité l'étude anatomique du vagin est plus difficile ; elle a caché la diversité des formes de vagins selon l'espèce[19].

Une idée récente, issue de la biologie intégrative et comparative, est que la complexité de certains organes génitaux femelles (chez les baleines, les canards ou les serpents par exemple) a été sous-estimée, et la complexité des formes génitales a coévolué chez les mâles et femelles. La complexité croissante des formes du vagin pourrait (chez de nombreuses espèces) être l'origine même de la diversité phallique[19].
Selon cette hypothèse, la sélection naturelle a pu favoriser des femelles capables de mieux contrôler l'accouplement et mieux « choisir » le(s) mâle(s) les fécondant, en créant de nouveaux obstacles à des accouplements forcés. Ainsi, lors de l'évolution, des organes génitaux femelles sont devenus plus complexes. Des "contre-mesures" adaptatives sont alors apparues chez les mâles, un processus qui pourrait avoir contribué aux phénomènes de spéciation[19].

Chez les insectes du genre Neotrogla, ce sont les femelles qui sont équipées d'un pénis et qui pénètrent les mâles[20], seul cas connu à ce jour dans le monde animal.

Coutumes

Dans certaines traditions culinaires, le pénis entre dans la composition d’un plat préparé. C'est le cas de l'ahkoud ou akoud en Tunisie, dans lequel du pénis de taureau est mélangé avec d'autres abats.

Notes et références

Notes

    Références

    1. (en) Leonard Janet et Alex Cordoba-Aguilar, The Evolution of Primary Sexual Characters in Animals, Cambridge University Press, (lire en ligne), p. 452
    2. Les deux chiens restent collés après leur saillie.
    3. (en) Pascal Dollé, Andrée Dierich, Marianne LeMeur, Thomas Schimmang, Brigitte Schuhbaur, Pierre Chambon et Denis Duboule, « Disruption of the Hoxd-13 gene induces localized heterochrony leading to mice with neotenic limbs », Cell, Cell Press et Elsevier, vol. 75, no 3, , p. 431–441 (ISSN 0092-8674 et 1097-4172, OCLC 1792038, PMID 8106170, DOI 10.1016/0092-8674(93)90378-4)
    4. Michel Morange, La part des gènes, Odile Jacob, , p. 182.
    5. (en) D. A. Kelly, « The Functional Morphology of Penile Erection: Tissue Designs for Increasing and Maintaining Stiffness », Integrative and Comparative Biology, vol. 42, no 2, , p. 216-221.
    6. (en)Discoveries about Marsupial ReproductionDiscoveries about Marsupial Reproduction, Anna King, 2001. Consulté le 20 février 2010.
    7. (en) J. S. Perry, « The Reproduction of the African Elephant, Loxodonta africana », Philosophical Transactions of the Royal Society of London. Series B, Biological Sciences, vol. 237, no 643, , p. 93-149.
    8. (en) Anon, « Tapir Penis », Nature Australia, vol. 25, no 8, , p. 10–11.
    9. (en) David Strorm, How Animals Have Sex, Gotham Books, , p. 65.
    10. (en)The Largest Penis in the World - Both for humans and animals, size does matter!, Stefan Anitei, Science Editor, posté sur Softpedia le 5 janvier 2007. Consulté le 20 février 2010.
    11. Matsumoto J., Urakawa S., Hori E., de Araujo M.F., Sakuma Y., Ono T., Nishijo H. Neuronal responses in the nucleus accumbens shell during sexual behavior in male rats. The Journal of Neuroscience, 32(5):1672-1686, 2012
    12. Pfaus J.G., Kippin T.E., Coria-Avila G.A., Gelez H., Afonso V.M., Ismail N., Parada M. Who, what, where, when (and maybe even why)? How the experience of sexual reward connects sexual desire, preference, and performance. Archives of Sexual Behavior, 41(1):31-62, 2012
    13. HELEN E. O’CONNELL,*,† KALAVAMPARA V. SANJEEVAN AND JOHN M. HUTSON, « ANATOMY OF THE CLITORIS », THE JOURNAL OF UROLOGY, (lire en ligne)
    14. Angel Guerra et Michel Segonzac, Éants des profondeurs, éditions Quæ, , p. 47.
    15. (en)Hemipenes - Melissa Kaplan’s - Herp Care Collection, dernière mise à jour faite le .
    16. (fr) Définition de hémipénis, Dictionnaire des sciences animales.
    17. « Les études qui sondent l’horreur de la sexualité chez les canards », sur gurumed.org, .
    18. « Les gastéropodes - Gastropoda » (consulté le )
    19. Elizabeth Pennisi (2016) Beyond the penis: Vaginas shaped evolutionary history ; Biology Evolution, 14 janvier 2016 ; DOI: 10.1126/science.aae0233
    20. Le Point.fr, « Cet insecte dont la femelle a un pénis et le mâle un vagin », sur lepoint.fr, (consulté le ).

    Voir aussi

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