Péché

Nécessairement vu dans une perspective religieuse judéo-chrétienne un péché peut être considéré comme le dernier niveau de classification des actes humains sur un territoire spécifique, pendant une durée déterminée et à la merci d'un législateur presque omniprésent. Ou une offense faite à Dieu et une transgression délibérée ou non de la loi divine, à savoir les commandements considérés comme sacrés en tant qu'ils fondent la communauté humaine dans ses relations avec Dieu et avec les autres, et la rendent pérenne. Il est souvent défini comme une désobéissance, un refus, un obstacle au salut ou encore, lorsque le péché est grave, comme une cause de « mort de l'âme », et plus généralement, de désordre au sein d'un groupe identitaire ou rassemblé autour d'une même orthodoxie.

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La Chute de l'homme par Lucas Cranach, illustration du XVIe siècle.

Dans une frange du christianisme, la négation du péché (n'impliquant pas pour autant la négation de la grâce) est le pélagianisme, doctrine de Pélage qui fut déclarée hérétique par l'Église.

Étymologie

Selon le dictionnaire Le Petit Robert (édition 2003), ce terme vient du latin peccatum, qui signifie faute, erreur. Son origine serait inconnue. L'adjectif correspondant est peccamineux et a aussi donné impeccable[1]. On retrouve cette étymologie dans le mot peccadille, qui désigne une faute légère. Le mot italien qui désigne le péché est peccato. Selon Bénaben[2], l'origine de peccare est inconnue.

Dans la Bible Hébraïque, le français péché et le latin peccatum traduisent généralement l'hébreu ḥattath (חַטָּאת), qui voudrait dire à l'origine manque, manquement ; c'est l'image de manquer la cible, qui apparaît en Jg 20,16. Dans la Septante, les juifs hellénisés d’Alexandrie l’ont traduit par hamartia (ἁμαρτία), terme repris ensuite dans le Nouveau Testament, et signifiant égarement, erreur, faute, puis dans une interprétation théologique détournement, éloignement de Dieu[3].

Péché, religions et athéisme

Voir également l'article détaillé du péché dans chaque religion :

Pour les chrétiens : notions de péchés originel et effectif

Le christianisme, en particulier, distingue deux notions :

  • le péché originel que tous les hommes héritent d’Adam. Ce péché s’étend sur tous les hommes « à la base » sans qu'ils aient dû faire quoi que ce soit de mal. Dans cette vision, l'homme est originellement pécheur, à partir du moment de sa conception. Cette vision repose notamment sur le psaume 51:7 « Voici, je suis né dans l'iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché. »
  • le péché effectif, qui est celui qu'un homme commet en fait réellement. L'apôtre Paul estime que les gens commettent des péchés effectifs parce que la nature originellement pécheresse, corrompue, est a priori en eux (Romains 7:14-23).

Péché pour le chrétien peut aussi et surtout vouloir dire : « agir de façon contraire à l'objectif ultime recherché soit : la sainteté ».

Péchés capitaux

Les péchés capitaux correspondent aux vices dont découlent tous les péchés. Saint Thomas d'Aquin précise d'ailleurs qu'il est plus exact de parler de « vices capitaux ».

Les sept péchés capitaux identifiés par saint-Thomas d'Aquin sont l'acédie (devenue la paresse), l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, la colère et l'envie.

Diverses formes de péchés

Le confiteor affirme que le chrétien peut pécher « par pensée, par parole, par action, ou par omission ».

Péchés contre la Création

Dans l'encyclique Laudato si', le pape François se fait l'écho du Patriarche Bartholomée Ier de Constantinople, qui s’est référé particulièrement à la nécessité de se repentir, parce que « dans la mesure où tous nous causons de petits préjudices écologiques », nous sommes appelés à reconnaître « notre contribution – petite ou grande – à la défiguration et à la destruction de la création ». Il invite à « reconnaître les péchés contre la création » : « Que les hommes dégradent l’intégrité de la terre en provoquant le changement climatique, en dépouillant la terre de ses forêts naturelles ou en détruisant ses zones humides ; que les hommes portent préjudice à leurs semblables par des maladies en contaminant les eaux, le sol, l’air et l’environnement par des substances polluantes, tout cela, ce sont des péchés ; car un crime contre la nature est un crime contre nous-mêmes et un péché contre Dieu »[4]. Il reprend ce thème dans son message pour la deuxième journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création, soulignant la nécessité de l'examen de conscience et du repentir, et d'avoir recours au sacrement de pénitence et de réconciliation[5].

Péché véniel et péché mortel

C'est une manière de hiérarchiser les péchés. Depuis le Moyen Âge, on distingue le péché véniel, c'est-à-dire de faible importance ou commis sans se rendre compte du mal, et le péché mortel, d'importance grave et commis en connaissance de cause. Ce dernier péché est mortel pour la personne qui le commet dans le sens où il la coupe définitivement de la relation d'avec Dieu, ce qui la conduit en enfer si elle ne s'en repent pas. Cependant si nous pouvons juger qu’un acte est en soi une faute grave, nous devons confier le jugement sur les personnes à la justice et à la miséricorde de Dieu[6].

Péché et athéisme

Il existe plusieurs visions de l'athéisme, mais toutes se rejoignent pour refuser la notion de péché[réf. nécessaire]. Elles peuvent en revanche se montrer attachées à une morale, ainsi qu'au respect de la loi.

Péché et droit

En droit[7], on ne parle pas de péché mais de contravention, de délit ou de crime, qui sont alors des transgressions de la loi humaine. Les lois des différents pays ne recoupant pas forcément toutes les diverses lois divines, ce qui est un péché peut ne pas être un délit et vice versa.

Dans certains pays, la loi civile s'enracine dans la loi religieuse, par exemple :

  • la charia, en droit musulman, à partir du moment où un État la reconnaît comme telle dans sa constitution ;

et d'une manière générale, à chaque fois qu'un État inclut dans sa loi organique et dans ses différentes codes civils, une référence à la religion et à un texte considéré comme révélé.

Expressions

  • Péché de chair : désigne le péché de luxure.
  • Doux péché : désigne un péché qui ne semble pas provoquer de conséquences néfastes immédiates ou futures car il est lié au plaisir et au bien être. Cette expression est une manière de s'excuser, mais surtout de relativiser son acte.
  • Péché mignon : expression désignant une cause de péché qu'une personne se permet par faiblesse. Par exemple, « La tarte aux pommes, c'est mon péché mignon » se rapporte au péché de gourmandise que le sujet se permet ou se sent incapable de surmonter dans ce cas précis. Utiliser cette expression est également une manière de s'excuser ou de relativiser.
  • Sept péchés capitaux.
  • Mea culpa : expression latine signifiant « c'est ma faute », parfois utilisée lorsque quelqu'un reconnaît son erreur. Cette expression est extraite de la version latine du « Je confesse à Dieu » (en latin « Confiteor ») de la religion catholique, texte proclamé en début de messe qui demande le pardon des péchés.

Citation

  • « La lutte contre le péché, combat mené avec le secret désir d'être vaincu. » (Péguy)
  • « Il ne peut exister de péché sinon volontaire. » (Saint Augustin)

Notes et références

  1. Bénaben, Michel, Dictionnaire étymologique de l'espagnol, Ellipse, Paris, 2000, (ISBN 2-7298-7986-2) p. 241
  2. Bénaben, 2000, p. 364
  3. Alliance biblique universelle, La Nouvelle Bible Segond, édition d'étude, Bibli’O, 2002, p. 1736-1737
  4. Encyclique Laudato si', n° 8
  5. Message pour la deuxième journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création, 2016
  6. Catéchisme de l'Eglise catholique, §1861
  7. En droit français

Voir aussi

Articles connexes

Types de péchés

Autres

Lien externe

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